Mon bébé a un oeil qui pleure

Oeil qui pleure chez bébéPin

Votre bébé a un oeil qui pleure ? Le larmoiement persistant chez le nourrisson est un des motifs les plus fréquents de consultation d’ophtalmologie pédiatrique. Il est en effet courant qu’un bébé présente un larmoiement uni ou bilatéral à la naissance.

La sécrétion lacrymale est le produit d’un équilibre entre la production et l’évacuation des larmes. Celles-ci ont une fonction de protection de l’oeil contre les agressions externes (poussières, microbes). Elles sont un complexe multicouche qui assure la vitalité de la cornée et permet la respiration de l’oeil, puisque c’est à travers le film lacrymal que passe l’oxygène qui participe à la vie de la cornée.

Normalement, la quantité de larmes qui arrivent sur l’oeil correspond à celle des larmes évacuées. Il se peut toutefois que cet équilibre soit perturbé, provoquant un larmoiement : les larmes ne sont pas évacuées à la vitesse voulue, elles rendent l’oeil brillant et coulent sur les joues…

Chez le nourrisson, le larmoiement peut être déclenché par deux mécanismes : une surproduction de larmes (larmoiement par hypersécrétion) ou un blocage du système de drainage des larmes (obstruction de la voie lacrymale). Il se peut que ces deux mécanismes se conjuguent.

Précision : le canal lacrymal qui évacue les larmes se situe à l’angle interne de chaque paupière inférieure.
En cas de larmoiement qui perdure chez l’enfant, il faut consulter rapidement, et le diagnostic exact doit être fait par un ophtalmologiste.

La première étape du diagnostic est l’examen du bébé : un seul oeil pleure ou les deux ; sécrétions « propres » ou infectées ; test au colorant ; éventuellement un examen du fond d’oeil et si les conditions le permettent, une endoscopie nasale. L’ophtalmologiste pourra ainsi identifier le mécanisme du larmoiement et établir le protocole de traitement le mieux adapté.

Auteur : Elide Achille.
Consultant expert : Dr Jean-Antoine Bernard, ophtalmologiste, directeur scientifique de la Société Française d’Ophtalmologie.

Oeil qui pleure chez bébé : les causes

Chez l’enfant, le larmoiement peut avoir deux principales causes. On peut en effet distinguer deux types de larmoiement : le larmoiement par hypersécrétion, et le larmoiement par obstruction de la voie lacrymale.

Le larmoiement par hypersécrétion
En cas de larmoiement par hypersécrétion, l’augmentation des sécrétions lacrymales peut être une réaction à une pathologie de la surface de l’oeil ou des paupières (irritation, inflammation, conjonctivite, infection). Une sécheresse de l’oeil provoquant une irritation peut déclencher une production anormale de larmes avec larmoiement paradoxal, mais cela est rare chez le petit enfant.

Clairs ou chargés de sécrétions, les larmoiements par hypersécrétion sont souvent bilatéraux. Ils s’accompagnent souvent de symptômes fonctionnels : douleurs avec yeux maintenus fermés, enfant grognon… Les larmoiements par hypersécrétion sont en général faciles à diagnostiquer, notamment dans le contexte d’une infection rhinopharyngée (rhume, grippe…).

Le larmoiement par obstruction de la voie lacrymale
C’est aussi une cause fréquente d’oeil qui pleur chez le bébé. Quand les larmes ne se drainent pas convenablement dans le nez, on est dans la plupart des cas en présence d’un ou plusieurs obstacles sur la voie lacrymale. Chez le bébé, dans ce cas, l’oeil qui pleure est habituellement d’origine congénitale.

Dans ce type de larmoiement chez le nourrisson, l’atteinte est le plus souvent unilatérale, du côté où siège l’obstacle. Il ne faut pas se laisser tromper par des conjonctivites à répétition qui font que le nourrisson se gratte les yeux et, par effet secondaire, les irrite.

Les voies lacrymales ne sont pas ouvertes à la naissance, il y a une petite membrane située à l’extrémité du conduit lacrymo-nasal provoquant le larmoiement. Normalement, les voies lacrymales s’ouvrent très rapidement avec les pleurs et éternuements du nourrisson. L’obstruction du conduit lacrymo-nasal finit ainsi par disparaître spontanément dans la première année de vie du bébé. Si dans ce laps de temps l’oeil qui pleure persiste, il faut intervenir par un « sondage » (on enlève l’obstruction du canal lacrymal avec un petit instrument) ou, beaucoup plus rarement, par une intervention chirurgicale.

Dans tous les cas, il est important de consulter un ophtalmologiste qui est le seul à pouvoir établir un diagnostic précis, diagnostiquer une éventuelle maladie plus grave (glaucome congénital, uvéite, kératite) et finalement faire la différence entre les cas de larmoiements par hypersécrétion réactionnelle à une infection (conjonctivite), et ceux liés à une obstruction du conduit lacrymo-nasal.

Oeil qui pleure chez bébé : les traitements

En cas de larmoiement par hypersécrétion, le larmoiement n’est qu’un symptôme : pour résoudre ce problème il faut donc d’intervenir sur la cause de l’hypersécrétion. En général, cela se solde par la prescription d’un collyre antiseptique et par des soins locaux.

En cas de conjonctivite, le médecin commence généralement par traiter l’infection avec un collyre antiseptique et si nécessaire antibiotique, et par des soins locaux : massages dans l’angle interne de l’oeil afin de comprimer le sac lacrymal et, par la pression, rompre la membrane faisant obstacle.

Dans près de 90 % des cas, on parvient à résoudre le problème d’oeil qui pleure chez le bébé, avec ce simple traitement.
En cas d’échec de ce traitement, il y a consensus en France pour recourir à partir de l’âge de 6 à 9 mois à un ou deux « sondages » des voies lacrymales. C’est une procédure rapide qui peut être facilement réalisée en ambulatoire.

Si la sténose du canal lacrymal est trop importante pour être reperméabilisée par cette seule manoeuvre instrumentale, on pourra envisager la pose, sous anesthésie générale, d’une intubation bicanaliculo-nasale ou monocanaliculo-nasale. La fine sonde en silicone est laissée en place pendant quelques semaines (2 ou 3 en général). Son ablation est facile, en une seconde. La présence prolongée sur ces quelques jours, de la sonde dans la voie lacrymale s’oppose à la re-sténose immédiate et assure, dans la plupart de ces cas initialement résistants au traitement, une réouverture définitive du canal lacrymal.

Au terme de ces traitements, il reste quelques cas très minoritaires où il n’est pas possible d’effectuer une intubation ou bien celle-ci est suivie d’un échec. En dernier recours, une intervention chirurgicale plus lourde est envisagée : elle consiste à réaliser un « by pass » entre le sac lacrymal et les cavités nasales : c’est la dacryocystorhinostomie qu’on essaiera de repousser jusqu’à l’âge de 4 ans, lorsque le développement du visage et de la face permettra une opération chirurgicale endo-nasale, évitant l’incision cutanée.

Oeil qui pleure chez bébé : sources et notes

> Site de la Société Française d’Ophtalmologie, 2013.

> Dépistage des troubles visuels chez l’enfant, Guide Pratique de la Société Française de Pédiatrie, 2009.

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