Vitiligo

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En Afrique, on pense que c’est un petit lézard qui est la cause du vitiligo. Ou le mauvais oeil. Chez nous, on ne connaît toujours pas l’origine de cette maladie de la peau. Une affection qui touche plus d’un million de personnes en France.

Le vitiligo, même si vous ne connaissez pas son nom, vous en connaissez les effets : des taches claires, blanches, de dépigmentation, sur le visage ou sur les mains, sur les régions axillaires ou les parties génitales.

Ces taches qui d’autant plus visibles que l’on est bronzé ou que l’on a la peau foncée par nature.

Cela ne fait pas mal, ça n’est pas grave, mais ceux qui en souffrent, en ressentent quotidiennement les conséquences psychologiques. C’est malheureusement le sort de beaucoup de personnes souffrant d’une maladie de peau, comme un psoriasis, un eczéma… ou un vitiligo.

Plus loin, cet article traite en détail des répercutions psychologiques de cette affection dermatologique.

Cet article rédigé avec un médecin dermatologue, fait le point sur les causes, les symptômes, et les traitements du vitiligo. Pour ce dernier domaine, il est indéniable que des progrès restent à faire. Et des informations pratiques sont aussi données pour savoir ce qu’il faut faire vis-à-vis du soleil… 

Vitiligo : les causes

On en sait encore très peu sur le vitiligo et les causes de cette maladie de la peau. On sait juste que ce n’est pas contagieux, ni infectieux, ni grave.

Les médecins spécialistes estiment que, pour un tiers des cas, l’origine d’un vitiligo est familiale ou génétique, que, pour un autre tiers, un choc émotionnel, un choc affectif, pourrait être en cause ou encore une maladie auto-immune (l’organisme qui reconnaît une partie du corps comme étranger et qui lutte contre lui). Quant au tiers restant : mystère ! Aucune explication à ce jour.

Le vitiligo n’est pas contagieux, mais souvent il s’agit d’une maladie familiale.

Dans 30% des cas, on retrouve des vitiligo, dans la famille. L’hérédité est donc l’une des pistes sérieuses. Une mutation sur le gène NALP1 a été identifiée.

La théorie du stress, du choc émotionnel est retenue également, sans être clairement établie. Une accumulation de neuromédiateurs et leur libération massive lors d’un choc pourrait favoriser l’arrêt brutal du travail des mélanocytes.

La théorie auto-immune est, peut être, la plus tangible. On retrouve, en effet, des cas de vitiligo, chez des personnes atteintes d’une maladie auto-immune, comme :

  • une thyroïdite d’Hashimoto,
  • une maladie de Basedow,
  • une maladie d’Addison
  • un diabète de type 1.

Cela dit, même si l’on a trouvé et soigné, la maladie auto-immune, le vitiligo ne guérit pas pour autant.

Vitiligo : les symptômes

Le vitiligo est lié à la dépigmentation de certaines zones de la peau. En dehors des mains ou des pieds, ce sont les régions situées autour des orifices du visage qui sont le plus touchées : autour de la bouche, du nez, des yeux ou des oreilles.

En fait, ce sont les mélanocytes qui « s’endorment ». On ne sait pas pourquoi. Les mélanocytes, ce sont les cellules qui permettent la pigmentation de la peau et des poils.

Tout à coup, souvent avant 20 ans, ces mélanocytes ne produisent plus de mélanine. C’est la concentration de la mélanine qui détermine la couleur de la peau. Si les mélanocytes ne produisent plus de mélanine, la peau et les poils deviennent blancs.

Parfois, la pigmentation redémarre. Cela peut arriver : la pigmentation reprend, les mélanocytes se réveillent. Cela peut arriver à la suite d’un traitement ou spontanément.

Là encore, on ne sait pas pourquoi. Et, quand la pigmentation redémarre, c’est, la plupart du temps, au niveau d’un poil ! Pourquoi ? Parce que, sous le poil, au niveau du pore de la peau, tout au fond, se trouve une gaine. Dans cette gaine pilaire, parfois, se trouvent encore quelques mélanocytes.

Le pigment peut alors remonter. On observe au niveau du poil, et au milieu d’une zone dépigmentée (blanche), une petite tache sombre qui se reforme. Comme un îlot de repigmentation au milieu d’une plaque blanche.

Vitiligo : les traitements

Pendant longtemps, le traitement du vitiligo reposait sur des cures d’ultra-violets. L’idée était de provoquer des coups de soleil, dans l’espoir de faire « redémarrer » les mélanocytes… En fait, cela ne marche pas, et cela présente même des risques.

Facile à comprendre : ce qui protège la peau des effets nocifs du soleil, c’est précisément la concentration de mélanine. On sait bien qu’une peau foncée est moins sensible au soleil (et donc aux risques de cancers de la peau) qu’une peau claire.

Alors, une peau totalement dépigmentée est, évidemment, une peau particulièrement fragile. Il est donc nécessaire de se protéger du soleil, lorsque l’on est atteint de vitiligo.

D’autant que, du point de vue esthétique, les plaques blanches sont d’autant plus visibles, que le reste du corps est bronzé !

Les traitements

C’est bien là le problème : il n’existe guère de traitement vraiment efficace. C’est un dermatologue, le médecin spécialiste que l’on peut consulter.

  • D’abord : éviter les frictions sur les zones touchées. C’est le phénomène de Koebner : trop frotter la peau peut provoquer l’apparition de lésions dermatologiques, jusqu’alors en sommeil.
  • Les irradiations par UVB. Ces cures sont proposées dans les formes généralisées de vitiligo.
  • La cortisone en crème. C’est le premier traitement proposé en cas de vitiligo récent. Généralement, c’est efficace, mais pas forcément durable dans le temps.
  • Les vitamines : notamment la vitamine B 10 (l’acide para-amino-benzoïque)… mais cela ne marche pas bien.
  • Le laser excimer : à tenter sur un vitiligo stabilisé.

Et la greffe de peau ?

La greffe pour cette pathologie est encore un traitement considéré comme expérimental. On effectue une sorte de greffe de mélanocytes. Elle ne peut être tentée que pour un vitiligo stabilisé depuis au moins un an.

Une sorte de carotte est prélevée sur une zone pigmentée du corps. Elle est réimplantée dans une zone atteinte. Au préalable, la zone dépigmentée aura dû être traitée : on aura retiré la couche supérieure de l’épiderme (kératinocytes et mélanocytes) par dermabrasion au laser (sous anesthésie locale ou générale). Une fois la greffe effectuée, un pansement devra être gardé au moins une semaine.

L’épiderme se reconstruit en une semaine, mais les mélanocytes demandent 4 à 6 semaines, pour produire de nouveau de la mélanine.

Vitiligo : les répercutions psychologiques

On peut parler de handicap quand on souffre d’un vitiligo. Un handicap esthétique qui peut entraîner une véritable souffrance psychologique. On cite parfois le cas de cette boulangère, boudée par ses clients, parce qu’elle était atteinte de vitiligo au niveau des mains.

Mais, on peut penser à tous ces jeunes gens (et plus spécialement des jeunes filles), qui, vers vingt ans, commencent à développer la maladie, et les complexes immenses qui vont avec. Jusqu’à redouter toute vie sociale. Jusqu’à plonger dans la dépression.

Il est donc important, lorsque la maladie apparaît, de pouvoir en parler. Des associations existent (association française du vitiligo : 01 45 26 15 55). Il ne faut pas hésiter à demander leur adresse au médecin généraliste.

Et puis, il faut savoir que, même si les traitements contre le vitiligo ne marchent pas toujours, des réponses peuvent être apportées par les esthéticiennes. Les correcteurs de teint sont efficaces. Et puis, il faut garder l’espoir : une petite réserve de mélanine se cache peut être quelque part.

Vitiligo : sources et notes

Auteur : Sylvie Charbonnier

Consultant expert : Docteur Joelle Sébaoun, dermatologue.

Sources :

> Halder RM, et al. New and emerging therapies for vitiligo. Dermatol Clin, 2000, 18 : 79-89.
> Picardo Mauro, Taïeb Alain (Eds.), Vitiligo, Springer. 1st Edition. 2010.

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