Une douleur au talon

Douleur au talonPin

La douleur au talon est un problème courant qui peut survenir lors de circonstances très différentes. Il existe heureusement des moyens pour la traiter, mais aussi la prévenir…

Dans la plupart des cas, la douleur de talon a une cause bénigne. On n’en meurt pas ! Cela dit, lorsque la douleur est trop vive, trop importante, et surtout, lorsqu’elle se répète trop souvent, elle peut se transformer en véritable handicap.

Il ne faut pas, alors, la banaliser, mais la prendre en charge de manière efficace. Le pire serait surtout passé un certain âge, de s’enfermer chez soi et ne plus oser sortir par crainte de la douleur. Les choses ne pourraient alors qu’empirer par le jeu de la dégénérescence des tissus. Sans compter les conséquences psychologiques d’une douleur qui peut être lancinante…

Pour mieux comprendre ce qui nous « casse tant les pieds », le talon est constitué du calcaneum et au-dessus d’un autre os : l’astragale. Ces os empilés l’un au-dessus de l’autre, ne sont pas d’une grande stabilité, ce qui peut expliquer parfois l’origine d’une douleur au talon.

Sous la peau de la plante des pieds, existe une structure en éventail ressemblant un peu à une palmure constituée d’un tissu solide, légèrement élastique, tendu du talon jusque vers les orteils. Cette structure plantaire est en cause dans la courbure et la cambrure du pied. Et elle peut être en cause en cas de douleur au talon.

Dernier détail anatoque : au niveau du talon se trouve aussi une sorte « d’amortisseur » naturel constitué de graisse. Sauf que, à l’inverse de la graisse qui augmente au fil du temps, cette graisse-là, au niveau du talon, diminue avec le temps ! Ce qui fait qu’avec l’âge, cette espèce d’amortisseur naturel, de coussinet, tend à s’appauvrir, expliquant que l’on ait parfois mal au talon (ou les deux) !

Bref, le pied est d´une structure anatomique assez complexe, qui est soumis à d´importantes pressions mécaniques à chaque fois que nous marchons ou que nous courrons. Pas étonnant que le talon puisse être une zone sensible susceptible de souffrir parfois…

Douleur au talon : les causes

Il est difficile d’énumérer toutes les causes responsables d’une douleur du talon. En voici quelques-unes liées à des pathologies (…ou à un traumatisme) :

> Les fractures. Elles sont dues en général à des chutes brutales. Elles sont le plus souvent pluri-fragmentaires (constituées de plusieurs fragments). Le recours à la chirurgie n’est pas souvent nécessaire. Un traitement orthopédique (plâtre) est généralement suffisant.
> La calcanéite est l’inflammation de la zone entourant le calcaneum : les tendons situés à la plante du pied, sous le calcaneum. La calcanéite se traduit par une douleur au talon, se réveillant à la marche, et par un oedème (gonflement).
> A l’adolescence et en particulier, si l’on est sportif, on peut se plaindre de problèmes concernant des cartilages osseux situés dans le calcanéum (maladie de Sever) : une ostéonchondrose de croissance.
> Lors d’un rhumatisme inflammatoire (spondylarthrite ankylosante), on peut se plaindre d’une douleur aux deux talons, mais aussi de la colonne vertébrale, de la cage thoracique…
> Certaines atteintes squelettiques, telles qu’une arthrose entre l’astragale et le calcanéum, peut engendrer une douleur au talon.
L’épine calcanéenne : il s’agit d’une excroissance de tissu osseux qui se développe sur la face inférieure du calcaneum. Les douleurs s’installent lentement, jusqu’à devenir parfois très invalidantes. Des déformations, en forme de « bec de perroquet » peuvent apparaître. Si la mésothérapie et les anti-inflammatoires sont inefficaces, on peut envisager une opération chirurgicale.
> Les souffrances neurologiques. Les douleurs peuvent venir des nerfs qui traversent la région ou du nerf sciatique qui se font sentir jusque-là.

A côté d’une maladie spécifique pour expliquer une douleur au talon, voici quelques-uns des problèmes les plus fréquents qui peuvent encore survenir :
> Les anomalies de morphologie du pied. Ce que l’on appelle les troubles architecturaux, tels que le pied creux ou le pied cambré pouvant provoquer une douleur au talon.
> La diminution du coussinet graisseux au talon. Une diminution liée à l’âge, mais aussi à des traumatismes répétés.
> L’aponévrosite ou facilite plantaire. Il s’agit d’une inflammation caractérisée par une douleur, le plus souvent, qui survient au côté interne du talon. L’aponévrosite est fréquente chez les coureurs à pied. Elle peut être liée à ce que l’on appelle une épine calcanéenne.
> Les tendinites des tendons qui traversent ou qui terminent cette région anatomique. La plus connue étant la tendinite du tendon d’Achille !

Bien sûr, pour établir un diagnostic précis et connaître les causes dúne douleur au talon, on peut commencer par consulter son médecin généraliste, et éventuellememt un spécialiste qui prescrira certainememt des examems spécifiques.

Douleur au talon : les traitements

Déjà, avoir conscience que la douleur au talon n’est pas facile, ni rapide à traiter. Armez-vous d’abord de patience ! Il vous faudra parfois plusieurs semaines et la mise en place de tout un arsenal thérapeutique pour obtenir une amélioration. Il va falloir déterminer la cause de votre douleur au talon. Et ce n’est pas toujours simple (sauf en cas de traumatisme).

Pour faire passer une douleur au talon qui survient de façon soudaine, vous pouvez bien sûr prendre un traitement antalgique durant quelques jours. La douleur pourra peut-être disparaître, ou ce médicament vous soulagera en attendant la consultation et avoir l’avis du médecin.

Pour commencer, votre médecin généraliste, le rhumatologue, le médecin spécialiste de rééducqtion fonctionnelle, le médecin du sport, voire le chirurgien orthopédiste, effectuera un examen clinique attentif. Une radiologie classique peut être suffisante, dans un premier temps, pour poser le diagnostic.

Si cela ne suffit pas, l’IRM doit permettre de visualiser l’aponévrose plantaire (l’aponévrose est cette membrane fibreuse qui enveloppe les muscles et qui les sépare les uns des autres). On pourra voir ainsi s’il existe des zones de rupture.

L’électromyogramme permet parfois d´objectiver la compression d’un nerf plantaire. Une prise de sang (bilan biologique) peut être demandée pour détecter une éventuelle maladie rhumatismale (spondylarthrite ankylosante).

Dans un premier temps, le médecin va tenter de chercher les causes mécaniques de la douleur… si la douleur au talon est bien due à cela.

Si vous souffrez aux talons après un footing, changez de sport !
Si vous souffrez dans certains types de chaussures, choisissez un chaussage plus confortable. Pour soulager la douleur, vous pouvez utiliser des packs de refroidissement locaux.

Et bien sûr, pour faire passer une douleur au talon qui survient de façon soudaine, vous pouvez bien sûr prendre un traitement antalgique durant quelques jours.

Lorsque les douleurs vous gênent pour marcher, si vous ressentez des fourmillements, si vous en venez à devoir marcher sur la pointe des pieds, tant votre talon est sensible, alors vous devrez envisager des mesures plus radicales : des coques talonnières ou des talonnettes d’amortissement (qui joueront le rôle des coussinets graisseux disparus ou atrophiés).

Le kinésithérapeute peut vous apprendre certains mouvements, comme des étirements sélectifs pour vous soulager. Des massages locaux d’anti-inflammatoires pourront vous être prescrits.

Si ces traitememts anti-inflammatoires locaux ne sont pas assez efficaces, des anti-inflammatoires par voie orale ou en piqûres pourront soulager la douleur au talon. Lorsque la douleur est trop vive, des infiltrations locales d’anesthésiant et d’un corticoïde seront possibles.

Ce n’est que lorsque tous ces traitements auront échoué et uniquement si une certaine pathologie le nécessite, que vous pourrez avoir recours à une opération chirurgicale. Une opération, par exemple, pour libérer un nerf comprimé ou pour corriger un problème sur l’aponévrose plantaire.

Cela dit, dans la plupart des cas, le traitement consistera à redonner force et flexibilité aux tissus du talon, soit les muscles fléchisseurs plantaires, soit l’aponévrose plantaire, soit encore les muscles du pied.
Les exercices permettent de traiter mais aussi d’éviter un processus dégénératif propre à la tendinose. En général, les exercices d’étirement suffisent pour regagner la mobilité normale des tissus et prévenir ainsi une douleur au talon.

Douleur au talon : quelques petits exercices

Voici quelques petits exercices pour renforcer les muscles des pieds et soutenir le fascia plantaire. Ils seront surtout utiles en cas de douleurs d’origine mécanique, quand existent des faiblesses musculaires au niveau du pied, de la voute plantaire. Ces exercices pourront éviter la survenue d’une douleur au talon. Pour de bons résultats, mieux vaut les pratiquer régulièrement, de manière la plus douce possible et lentement. Ces exercices ne doivent jamais engendrer une douleur.

Exercices assis :
> Mettre un mouchoir en papier par terre et le ramasser avec les orteils. Recommencer plusieurs fois.
> Faire rouler une bouteille ou une balle de tennis sous la voute plantaire.
> Passer une serviette autour du bout du pied, jambe allongée, tirer doucement pour ramener le pied vers soi, puis relâcher.

Exercices debout :
> Se tenir debout, à environ deux pieds, face au mur. Placer la paume des mains contre le mur. Faire un pas vers l’arrière avec un pied, de façon à ce que la jambe à l’arrière soit tendue, l’autre jambe étant fléchie. Garder la position une petite minute.
> Fléchir le genou, afin qu’il s’aligne, juste au-dessus du pied, de façon à étirer doucement le talon d’Achille. Maintenir cette position une petite minute.

Sources et notes

> Mathieu Assal, Xavier Crevoisier, Fractures du calcanéum : du traumatisme aux séquelles, Rev Med Suisse 2008.
> Rammelt S., Zwipp H., Calcaneus fractures : Facts, controversies and recent developments. Injury 2004.
> T. Fulpius C. Gabay, Talalgies plantaires : aspects cliniques et pratiques, Rev Med Suisse, 2008.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Dr Charles Msika, chirurgien orthopédiste, membre de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique.

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