Un saignement pendant la grossesse concerne en moyenne 20% des grossesses. Ce n’est donc pas un phénomène rare, mais il n’empêche qu’il suscite de l’inquiétude chez la femme enceinte. Et en effet, mieux vaut en vérifier la cause !
Si le saignement pendant la grossesse n’est pas forcément synonyme de fausse couche, ce symptôme n’est jamais banal et il nécessite de consulter, qu’il survienne en début de grossesse ou pendant les derniers mois de grossesse.
Les complications ne sont pas les mêmes au début et en fin de grossesse : au premier trimestre, le risque de fausse couche est à craindre, alors qu’au dernier trimesetre, il existe le risque d’accouchement prématuré.
Dans tous les cas, si un saignement pendant la grossesse apparaît, l’avis d’un médecin ou d’une sage-femme est nécessaire. Un examen du col est réalisé ainsi qu’une échographie afin de pouvoir établir les causes du saignement. Si l’échographie montre un foetus dont le coeur bat normalement, le médecin pourra rassurer la femme. Si cet examen met en évidence une anomalie, les mesures nécessaires seront prises au plus vite.
En fonction de l’importance du saignement, du moment où ce saignement survient lors de la grossesse, des autres symptômes qui éventuellement surviennent, différents diagnostics peuvent être évoqués…
Dans cet article, rédigé avec un médecin gynécologue, seront expliqués les potentielles causes d’un saignement pendant la grossesse, ainsi que les éventuels risques et les traitements à envisager.
On comprendra alors qu’un saignement pendant la grossesse ne signifie pas forcément un problème grave… mais qu’il est toujours recommandé de consulter son médecin si ce symptôme survient !
Saignement pendant la grossesse : les causes
Les causes d’un saignement pendant la grossesse peuvent être très diverses. Elles ne sont pas forcément graves… pourtant – par précaution – il faut toujours rester vigilante et prendre l’avis d’un professionnel de la naissance.
Les saignements ” bénins ” :
Si les saignements surviennent environ un mois après les dernières règles, il peut s’agir de saignements dit d’implantation, qui apparaissent dans de rares cas, lorsque l’oeuf s’implante dans l’endomètre (muqueuse utérine).
D’autre part, des examens pratiqués par le médecin ou la sage femme, chez la femme enceinte peuvent révéler un saignement bénin qui n’aura pas d’impact sur le déroulement de la grossesse.
Autre cause : durant la grossesse, le col de l’utérus est fragilisé, il peut donc arriver que de légers saignements surviennent, notamment après un rapport sexuel. Ils peuvent également être dus à une infection du col ou à un polype (tumeur bénigne). Ces types de saignement peuvent se produire à n’importe quel moment de la grossesse.
Mais d’autres fois, un saignement durant la grossesse peut avoir une cause grave… et signer la fin de la grossesse.
En images : les échograhpies de la grossesse, semaine après semaine…
Les causes ” graves ” du saignement pendant la grossesse
Au cours du premier trimestre de grossesse, en début de grossesse, un saignement peut malheureusement révéler un problème majeur. L’échographie est primordiale pour identifier ce problème.
Il peut s’agir d’une fausse couche. Les avortements spontanés sont en grande majorité dus à des anomalies chromosomiques et concernent 18 à 20 % des grossesses. Des fausses couches tardives peuvent se produire au deuxième trimestre.
Il peut aussi s’agir d’une grossesse extra-utérine, les saignements s’accompagnent alors souvent de douleurs.
Dans de très rares cas, il se peut qu’il n’y ait pas de foetus du tout : c’est la maladie trophoblastique ou grossesse molaire. Le test de grossesse est néanmoins positif, car le placenta est bien présent et secrète l’hormone hCG détecté par le test. Mais le placenta se développe de façon anormale, voire cancéreuse. L’avortement doit être déclenché rapidement et un suivi est nécessaire du fait d’un risque de métastase dans les formes les plus graves.
Autre cause d’un saignement pendant la grossesse : des anomalies liées au placenta (organe qui permet les échanges entre le foetus et la mère), qui peuvent être détectées à l’échographie.
Normalement, le placenta est situé au fond de l’utérus, loin du col. Parfois, il s’insère mal au début de la grossesse. L’échographie de la 32ème semaine d’aménorrhée sert, entre autres, à regarder où se situe le placenta. Quand il se trouve près du col, on parle de placenta bas inséré au premier et au deuxième trimestre, et de placenta prævia au dernier trimestre. Ceci peut engendrer des saignements. Le placenta est dit recouvrant lorsqu’il recouvre totalement le col de l’utérus.
Lorsque des saignements surgissent au dernier trimestre de la grossesse, il se peut aussi que le placenta se soit décollé de l’utérus, on parle d’hématome rétroplacentaire. Cela se produit en général de façon spontanée, notamment si la femme est diabétique ou a de l’hypertension artérielle. L’hématome rétroplacentaire peut survenir de façon précoce au deuxième trimestre et entraîner un avortement si l’enfant n’est pas viable. Ce peut être également le cas lorsque le décollement est dû à un traumatisme important, lors d’un accident de la route par exemple.
Saignement pendant la grossesse : les traitements
Les traitements d’un saignement lors de la grossesse diffèrent bien sûr en fonction de la cause.
Ainsi, si le saignement est bénin, dû à un col de l’utérus fragilisé, par exemple, lié à une infection locale, le médecin prescrira un traitement adapté (prises d’ovules ou d’antibiotiques).
Quand un saignement survient en début de grossesse, un arrêt de la grossesse sera bien sûr évoqué.
> En cas de fausse couche, il n’y pas de traitement particulier, le gynécologue s’assure que la totalité du sac gestationnel a bien été expulsée.
> Si l’échographie ne montre pas de foetus dans l’utérus, il peut s’agir d’une grossesse extra-utérine. En général, ce type de grossesse se développe dans les trompes. Une intervention chirurgicale peut être alors nécessaire au plus vite, pour éviter que le foetus se développe et que les trompes ne se rompent. D’autres fois, un médicament (méthotrexate) peut être injecté chez la femme pour expulser le sac gestationnel.
> Si les saignements sont dus à une placenta praevia ou bas inéséré, il arrive que les choses s’arrangent d’elles mêmes avec un peu de repos. Dans 90 % des cas, en fin de grossesse, le développement du segment inférieur de l’utérus peut être tel que le placenta va remonter et s’éloigner du col. L’accouchement par voie naturelle peut alors être envisagé, sinon, la césarienne est nécessaire. Si celle-ci est retardée au maximum pour éviter que l’enfant ne naisse trop prématurément, l’apparition de saignement et le risque d’hémorragie peuvent précipiter l’intervention.
> En cas de décollement placentaire important, l’accumulation de sang entre l’utérus et le placenta peut entraîner un manque d’oxygénation du foetus, voire sa mort ainsi que des troubles de la coagulation du sang chez la maman. Une césarienne est donc de rigueur et le risque d’accouchement prématuré est important.
Saignement pendant la grossesse : sources et notes
> Le grand livre de ma grossesse, Collège national des gynécologues obstétriciens, Eyrolles, 2014