Un saignement entre les règles

Un saignement entre les règlesPin

Tout saignement en dehors des règles nécessite d’aller consulter un médecin ou un gynécologue. Même si ce n’est qu’un tout petit filet de sang. C’est le message à retenir, quel que soit son âge. Il peut s’agir d’une cause toute bête et sans gravité.

Mais il est important de pouvoir détecter une cause plus grave qui demande un traitement spécifique. Que ce saignement survienne à l’adolescence avant les premières règles, quand on est enceinte ou après la ménopause.

Tout saignement qui survient en dehors des périodes de règles correspond à une métrorragie (en terme médical). Quelle que soit son abondance. On parle de métrorragie, aussi bien pour un tout petit saignement ou des glaires sanglantes, que pour une hémorragie importante (à ne pas confondre avec les ménorragies qui sont des règles anormalement longues et abondantes).

Il est bien évident que la conduite à tenir sera différente dans un premier temps, selon que le saignement est important ou léger. Face à une hémorragie importante, il faudra agir vite. Il peut s’agir d’une urgence.

Un saignement entre les règles important et régulier peut entraîner une anémie et devra donc être traité rapidement. Mais même un petit saignement doit vous amener rapidement à consulter.

En cas de saignement entre les règles, le médecin peut prescrire ou effectuer des examens.
Ils sont simples, indolores (pour la plupart), et fiables. Ils sont le plus souvent effectués au cabinet du gynécologue.

Echographie : l’échographie : c’est le premier examen que vous proposera votre médecin. Soit une échographie pelvienne (sur la peau du ventre), soit une échographie par voie endovaginale (par le vagin).
Cette échographie permet de mesurer l’épaisseur de l’endomètre (la muqueuse de l’utérus). Lorsque l’endomètre est fin : tout va bien. Lorsque l’endomètre est épais de plus de 10 mm, il va falloir effectuer d’autres examens.

Hystéroscopie : cet examen permet d’aller voir à l’intérieur de l’utérus. Pour cela, sous anesthésie locale, le gynécologue introduit à l’intérieur de l’utérus, un endoscope (un petit instrument d’optique médicale). Ainsi, le praticien pourra vérifier la présence éventuelle de polypes, de fibromes, d’une hyperplasie de l’endomètre ou d’un cancer de l’endomètre. Des prélèvements ou des biopsies peuvent être pratiqués en même temps que l’hystéroscopie.

Attention : soyez sûre de ne pas être enceinte avant de pratiquer une hystéroscopie.

Saignement entre les règles : les causes

Les causes d’un saignement entre les règles sont nombreuses. Même si statistiquement ces causes varient en fonction de votre âge, on peut retrouver pratiquement les mêmes pathologies à tous les âges.

La première cause de métrorragie que votre médecin va devoir détecter, est une grossesse, ou plutôt un problème durant la grossesse (grossesse extra-utérine ; fausse couche). Donc, même si vous avez envie de garder ça pour vous, dites-lui bien si vous avez une chance d’être enceinte. Pas de petit secret avec le gynéco ! C’est très important.

Chez la femme jeune : le médecin va vous interroger pour chercher si vous risquez d’être enceinte. Il va également vous demander si vos saignements surviennent au moment des rapports sexuels ou s’ils surviennent spontanément.
Au moment des rapports sexuels : il peut s’agir d’une lésion du col de l’utérus. En cas de saignement spontané : il peut s’agir de polypes, par exemple.

Au moment de la ménopause : les saignements peuvent être fonctionnels. C’est la période des grands chamboulements hormonaux, de quoi perturber le rythme de l’endomètre et provoquer des saignements anarchiques. Mais il peut s’agir aussi d’un fibrome ou d’une adénomyose (une maladie inflammatoire due à la présence de glandes de l’endomètre dans le muscle de l’utérus).

Après la ménopause : on redoute un cancer du corps ou du col de l’utérus, ou encore un cancer de l’ovaire. D’où l’intérêt de ne pas attendre pour aller voir le médecin et faire pratiquer les examens nécessaires.

Au total, le médecin va tout envisager en cas de saignement entre les règles :

  • une maladie bénigne du col ou du corps de l’utérus,
  • une affection du vagin,
  • une endométriose,
  • une adénomyose.

Mais le médecin doit aussi s’assurer qu’il n’existe pas de cancer du col de l’utérus (rare mais à ne pas méconnaître), ou un cancer du corps de l’utérus.

Saignement entre les règles : les traitements

Le traitement des saignements entre les règles vont dépendre de la cause qui est à l’origine de ce symptôme.

Quand le ou les saignements entre les règles sont fonctionnels

Une fois que le médecin a éliminé une cause organique (une maladie), il reste la cause fonctionnelle. Cela est souvent le cas au moment de la ménopause. Tout se dérègle et des saignements anarchiques surviennent.

Au total, rien de grave… mais cela peut vous perturber dans votre vie de tous les jours. Certaines femmes sont tellement gênées qu’elles n’osent plus aller se baigner ou n’osent plus porter des vêtements clairs. Il faut savoir qu’il existe des traitements simples et efficaces pour vous aider :

  • Les progestatifs : ils permettent à l’endomètre de ne plus être soumis aux oestrogènes. Ils peuvent parfois provoquer des mini-saignements, mais le taux de réussite de ce traitement dépasse les 50%. Le traitement doit durer le temps d’un cycle, du 8ème au 26ème jour, et au strict minimum 12 jours.
  • Les agonistes de la LHRH sont surtout utiles en cas de fibrome au début ménopause.
  • Les stérilets à la progestérone : il s’agit d’un stérilet hormonal qui diffuse un progestatif localement au contact de l’endomètre. La paroi de l’endomètre diminue et devient de plus en plus fine.

Ce traitement est efficace, avec un taux de réussite à trois mois, de 80% pour ne plus avoir de saignement entre les règles.

Il faut savoir que les trois premiers mois, vous pouvez avoir de petits saignements dus au stérilet hormonal. Cette solution doit être utilisée que si on a la certitude de ne pas être enceinte, évidemment.

Une opération

Si les traitements médicamenteux sont inefficaces, alors le gynécologue pourra vous proposer des traitements chirurgicaux. Ce sera le cas si vous êtes ménopausée ou si vous n’avez plus de désir d’enfant. Ces interventions ont pour but de réduire la muqueuse de l’utérus (l’endomètre).

1 – La résection de l’endomètre sous hystéroscopie :

c’est le traitement chirurgical le plus efficace. On lui attribue 85 à 90% de bons résultats, à six mois. Et 60 à 85% à deux ans. Il s’agit cependant d’une technique assez difficile qui peut provoquer, comme le curetage, des complications, notamment des perforations. Choisissez bien votre praticien, si c’est la technique que vous retenez.

2 – Le ballonnet et la thermorégulation.

Il s’agit d’un petit ballonnet que l’on introduit dans l’utérus avant de le gonfler. Lorsqu’il tapisse bien toute la paroi de l’utérus, tout l’endomètre, on le chauffe à 87°C. Cela provoque la destruction de l’endomètre.

– Avantage : cela marche très bien : 90% de réussite à cinq ans. La technique est facile à utiliser.
– Inconvénient : la thermorégulation est encore très peu employée en France. Le matériel, à usage unique, n’est pas remboursé.

3 – Le curetage :

Le curetage est de moins en moins pratiqué. Il est effectué avec une curette, une sorte de petite lame recourbée en forme de cupule et dont le chirurgien se sert pour gratter la paroi de l’endomètre. Le curetage est effectué sous anesthésie générale.

Quand effectuer une hystérectomie ?

C’est, évidemment, la méthode radicale : l’ablation de l’utérus. Cela peut être indiqué quand, par exemple, les saignements entre les règles sont liés à un important fibrome. Cependant, il s’agit d’une amputation définitive. L’intervention est assez lourde, mais en général les suites – si les ovaires ont été conservés – sont simples.

Si la technique est fréquemment utilisée dans les pays anglo-saxons, pour vaincre les métrorragies, les médecins français rechignent à l’employer. Ils la gardent pour les cas les plus graves.

Saignement entre les règles : sources et notes

Auteur : Sylvie Charbonnier
Expert consultant : Docteur Jean Belaisch, gynécologue, ancien président de la société française de gynécologie.

Sources : 

> LEE, J.R. (2000). Tout savoir sur la préménopause : approches naturelles et équilibre hormonal. Vanne : Sully, 384 p.

> Boubnova J, Héry G, Louis-Borrione C., Hémorragies génitales prépubertaires. Encyclopédie Médico-Chirurgicale : Gynécologie. 2009; 802-A-31.

> Doridot V, Audibert F., Hémorragie génitale de la femme en dehors de la grossesse. AKOS, Encyclopédie Pratique de Médecine. 1998; 1-0680.

> Gueddi S, Boehlen F, de Ziegler D, de Moerloose P., Ménorragies et anomalies de l’hémostase : diagnostic et traitements. Revue Médicale Suisse. 2005;1(4):279-282.

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