Trouble bipolaire

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Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique chronique qui se traduit par des changements d’humeur profonds étalés sur plusieurs semaines voire mois.

Il est normal d’avoir “des hauts et des bas” mais chez les personnes qui souffrent de trouble bipolaire, les hauts sont très hauts – on parle d’épisode maniaque – et les bas sont très bas – on parle d’épisode dépressif. Ce trouble est également appelé psychose maniaco-dépressive.

La durée des épisodes maniaques ou dépressifs varie de quelques semaines à plusieurs mois. Leur fréquence est également variable. Lorsque la personne n’est ni en phase maniaque, ni en phase dépressive, elle fonctionne normalement et se sent généralement bien. Ces périodes “normales” peuvent durer plusieurs années.

Chaque malade a donc son propre “cycle” qui évolue tout le long de la maladie, en fonction des traitements, de l’environnement et du travai psychologique amorcé avec un professionnel. On parle de trouble bipolaire à cycles rapides lorsque les patients présentent au moins quatre cycles par an. Lorsque les émotions changent très rapidement (par exemple dans une même journée), de manière anarchique, on parle de cyclothymie. Cette affection, très fréquente, est cependant de plus en plus considérée comme une pathologie distincte du trouble bipolaire, qui ne doit pas bénéficier des mêmes traitements.

Les chiffres de trouble bipolaire sont difficiles à évaluer car ils reposent sur le nombre de personnes diagnostiquées. On estime cependant à 1% à 2,5 % le nombre de personnes atteintes par cette maladie. Les femmes sont autant touchées que les hommes. En moyenne, le trouble bipolaire apparaît entre 15 et 25 ans.

Les recherches actuelles sont en faveur de l’importance des facteurs génétiques et biologiques à l’origine de ce trouble. Cependant, différentes sources de stress extérieurs semblent capables de favoriser la survenue d’un épisode. Les saisons affecteraient aussi les troubles de l’humeur : la manie est plus fréquente en été et la dépression en hiver.

Trouble bipolaire : les causes

Le trouble bipolaire concerne aussi bien les hommes que les femmes, quels que soient leur classe sociale. Ses causes sont multifactorielles, avec une forte composante endogène, c’est à dire génétique et biologique.

Le trouble bipolaire apparaît chez l’adulte jeune avec un âge de début entre 15 et 40 ans. De manière plus précise, l’âge de début moyen est aux alentours de 20 ans. Les causes du trouble bipolaire seraient en grande partie génétique et biologique, sans écarter pour autant les causes environnementales, elles-mêmes impliquées dans l’expression des gènes.

La prévalence relativement uniforme dans différentes cultures, la tendance familiale et l’âge de déclenchement plus précoce que dans la dépression unipolaire (dépression sans manie ou hypomanie) font penser à une forte composante génétique. Si l’un des parents souffre d’un trouble bipolaire, le risque qu’un des enfants en soit atteint est d’environ 20 %. Si le père et la mère ont un trouble bipolaire, ce risque monte à 50–60 %. Ainsi, l’existence d’antécédents de trouble bipolaire dans la famille va dans le sens d’une susceptibilité génétique à la maladie.

Cependant, comme toutes les pathologies psychiatriques, les causes environnementales jouent un rôle dans l’apparition de la maladie. L’existence d’événements traumatiques ou de carences affectives dans le passé familial ou personnel, plus particulièrement dans la petite enfance, peut favoriser l’apparition d’un trouble bipolaire.

Ces causes environnementales auraient un impact, seulement si un terrain de susceptibilité génétique serait présent. Selon la théorie épigénétique, l’existence de facteurs environnementaux (affectifs, infectieux, inflammatoires, etc.) influencerait l’expression de certains gènes, et favoriserait l’apparition d’un trouble bipolaire.

Trouble bipolaire : les symptômes

Dans un trouble bipolaire, les changements d’humeur se répètent avec une alternance de : épisodes dépressifs, épisodes (hypo)maniaques et épisodes euthymiques.

En fonction du type d’humeur, le trouble bipolaire est classé selon différents types : trouble bipolaire de type 1 (au moins un épisode maniaque), de type 2 (au moins un épisode hypomaniaque), à cycles rapides, etc.  On parle d'”épisode” lorsque les symptômes durent plus de 2 semaines et ne sont pas provoqués par une prise médicamenteuse ou une affection toxique.

1 – Les symptômes de la dépression

La phase dépressive est marquée par :

  • Une baisse de l’estime de soi avec une tendance excessive à la dévalorisation et la culpabilité.
  • Une grande tristesse, parfois mélancolique, qui s’accompagne souvent de pensées morbides ou suicidaires.
  • Une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités habituelles (autrement appelée anhédonie).
  • Une baisse de la libido
  • Une perte de poids par diminution de l’alimentation (de façon atypique, on peut aussi observer une prise de poids).
  • Une insomnie avec une grande fatigue (de façon atypique, on peut aussi observer une hypersomnie dite “refuge”).
  • Un ralentissement de l’activité physique avec une tendance au repli sur soi et à l’inactivité (autrement appelé apragmatisme).
  • Un ralentissement de l’activité psychique avec des difficultés de concentration et d’attention.

2 – Les symptômes de la manie

Dans le langage courant, le terme maniaque est employé pour qualifier quelqu’un de tatillon, d’exigent. En psychiatrie, il en est tout autre : un sujet maniaque présente les symptômes inverses de ceux d’une dépression. A savoir :

  • Une excellente confiance en soi avec des idées de grandeur, de grands projets.
  • Une euphorie excessive.
  • Une réduction importante du temps de sommeil sans aucune fatigue.
  • Une augmentation de l’appétit sans prise de poids.
  • Une activité physique très importante.
  • Une accélération psychique : leur pensée va trop vite et ils passent sans cesse du coq à l’âne dans une logorrhée impressionnante (débit verbal augmenté).
  • Une désinhibition comportementale avec un désir sexuel accru, des dépenses excessives (voitures, maison, etc.), une augmentation des tendances au jeu…
  • Une irritabilité importante avec un comportement provocateur voire agressif.

3 – L’hypomanie

On retrouve les mêmes symptômes que dans la manie mais en moins intenses. L’hypomanie ne gêne pas le fonctionnement normal d’un sujet contrairement à la manie. Une hypomanie peut dégénérer en épisode maniaque ou en dépression.

4 – Des états mixtes

Le patient présente au cours d’un même épisode des symptômes de la phase dépressive et de la phase maniaque.

5 – Des symptômes psychotiques

Parfois, les personnes atteintes de troubles bipolaires perdent le contact avec la réalité et se mettent à entendre des voix ou à interpréter des choses de manière délirante. Ces symptômes sont dits “psychotiques” car ils se retrouvent dans d’autres pathologies psychiatriques : les psychoses, et plus particulièrement la schizophrénie.

Trouble bipolaire : les traitements

Le traitement du trouble bipolaire doit associer un traitement médicamenteux et une psychothérapie.

Chaque accès dépressif et maniaque doit être traité avec les médicaments appropriés.

Dans le cas de la dépression, on donnera des antidépresseurs ou des thymorégulateurs, pour aider le patient à se redynamiser.

En cas de manie, un traitement par lithium, anticonvulsivants ou neuroleptiques aidera à apaiser et réguler le sujet.

Ces traitements médicamenteux devront être prescrits avec une grande vigilance, afin d’éviter une décompensation vers l’extrême inverse (par exemple en rendant un maniaque dépressif). C’est le cas notamment des antidépresseurs, à risque de provoquer une tentative de suicide chez la personne déprimée qui se retrouve désinhibée par le traitement.

Ensuite, le traitement du trouble bipolaire implique de mettre une prise en charge médicamenteuse préventive. Ce traitement des rechutes passe par un mode de vie sain et un traitement par thymorégulateur. Le lithium est prescrit en premier. Il est efficace chez environ 80% des patients bipolaires. La prescription de lithium comporte certaines contre-indications que le médecin devra rechercher avant la mise en place du traitement. Si le lithium est contre-indiqué ou mal toléré, un traitement par acide valoproïque, ou antipsychotique atypique, sera proposé.

Associée au traitement médicamenteux, la psychothérapie est toujours nécessaire que ce soit lors des accès aigus ou lors des périodes d’accalmies.

L’idéal est de suivre d’une part un psychiatre référent des soins, et d’autre part un psychothérapeute, à même d’accompagner la personne vers un mieux-être psychologique. Les thérapies cognitives et comportementales, la psychanalyse, l’art-thérapie, etc. sont autant de traitements dont l’efficacité dépend de l’alliance thérapeutique et de la motivation du patient à “changer”. Des groupes de soutiens, de psycho-éducation, ou de thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, ont également un intérêt établi dans le trouble bipolaire.

Trouble bipolaire : Sources et notes

– Prise en charge et suivi des patients atteints de troubles bipolaires, FOCUS HAS Actualités & Pratiques – N° 14 – Décembre 2009.

– Troubles bipolaires : repérage et diagnostic en premier recours – Note de cadrage, HAS (Haute Autorité de Santé), juin 2014.

– Recommandations HAS, juin 2015

Mise à jour : janvier 2017 – Dr Ada Picard

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