« Je tremble… j’ai peur que ça ne soit grave ! » Voilà ce que craignent les personnes qui se sentent moins sûrs avec leurs mains (ou parfois avec leurs jambes) en raison de tremblements.
Et pourtant, les tremblements, nous connaissons tous ça. Une émotion trop vive, un stress, un coup de froid ou un coup de fièvre, et notre corps se met à trembler. Tout cela est très normal. Physiologique. C’est quand le tremblement devient permanent qu’il peut devenir un véritable handicap.
Il faut d’abord analyser de quel type de tremblement il s’agit : tremblement d’action, tremblement de repos, ou tremblement d’attitude. Ensuite, il faut en déterminer la cause pour pouvoir la traiter.
Les tremblements sont des mouvements rythmiques, oscillatoires, autour d’une position d’équilibre, secondaires à l’alternance répétitive de contractions et de détentes musculaires. Voilà pour la définition classique.
Les tremblements sont plus précisément définis par :
- leur fréquence : lent : 3 à 5 par seconde ; ou rapide : 6 à 12 par seconde.
- leur rythme.
- leur topographie : s’ils affectent plutôt le haut du corps (le cas le plus fréquent), les membres ou le bas du corps.
- la circonstance de leur apparition : au repos, à l’action ou dans une certaine attitude.
Si des tremblements occasionnels sont donc un phénomène tout à fait normal : à quel moment faut-il agir ? Quand et qui consulter lorsque les tremblements deviennent inquiétant ?
Quelles sont les éventuelles causes des tremblements ? Une maladie grave peut-elle se cacher derrière ce symptôme ? Et quels sont les traitements dont on dispose pour y remédier ?
Tremblements : la première consultation
Face à un tremblement gênant, répétitif, vous allez consulter votre médecin généraliste, puis éventuellement un neurologue. Le praticien va rechercher la cause de votre tremblement.
Pour cela, il va d’abord devoir analyser de quel type de tremblement il s’agit. Il va vous poser toutes sortes de questions précises. Et c’est à partir de cet interrogatoire que pourra être posé le diagnostic. Les examens complémentaires ne sont pas toujours nécessaires ensuite.
Le médecin vous interrogerz sur les circonstances d’apparition du tremblement :
- si le tremblement survient au repos : par exemple, vous marchez, le bras ballant et votre main se met à trembler.
- si le tremblement survient lors d’une action : vous prenez, par exemple, un verre d’eau et votre main se met à trembler.
- si le tremblement survient lors d’une attitude : vous avez le bras tendu et la main tremble.
- ou si le tremblement est mixte, c’est-à-dire qu’il peut survenir dans différentes de ces situations.
Ensuite, il observerra la topographie de votre tremblement :
- si le tremblement est unilatéral (d’un seul côté)
- si le tremblement est bilatéral,
- si le tremblement affecte votre voix,
- si le tremblement affecte le haut ou le bas de votre corps, etc.
Le médecin doit pouvoir déterminer avec vous depuis quand vous souffrez de ce tremblement, s’il est apparu dans l’enfance ou à l’âge adulte ou s’il s’est modifié.
Il vous interrogera sur une pathologie dont vous pouvez souffrir : un problème thyroïdien, par exemple.
Il cherchera vos antécédents médicaux personnels et familiaux. Il existe des tremblements, que l’on appelle « essentiels », à la fois d’attitude et d’action, qui sont d’origine génétique et affectent plusieurs membres d’une même famille.
Pour finir, il vous interrogera sur les éventuels médicaments que vous prenez. En effet, de nombreux médicaments peuvent provoquer des tremblements, notamment les neuroleptiques ou les antidépresseurs.
A partir de toutes ces questions et vos réponses qui peuvent permettre, d’emblée, un diagnostic, le médecin demandera, ou non, des examens complémentaires.
Tremblements : les examens
La plupart du temps, c’est au cours de la première consultation chez le neurologue que le type de tremblement et sa cause pourront être définis. Cependant le médecin peut avoir besoin d’examens complémentaires pour confirmer son diagnostic.
> L’examen électrophysiologique : ce sont des petites électrodes qui vont permettre de mesurer la fréquence, l’intensité des tremblements.
> Si vous souffrez d’amaigrissement, de troubles de l’humeur, de manque d’appétit, le médecin devra vérifier le fonctionnement de votre glande thyroïde. Certains tremblements proviennent d’un problème thyroïdien. Il demandera alors un bilan sanguin.
> Chez les petits enfants, c’est un dosage de cuivre, qui sera demandé (à la recherche d’une maladie de Wilson, peut-être, une maladie génétique qui provoque une accumulation de cuivre dans l’organisme et affecte le système nerveux).
> L’IRM est rarement demandée (sauf dans certains cas particuliers).
Tremblements : les causes
La cause de votre tremblement va être déterminée par le type de tremblement dont vous souffrez.
Le tremblement de repos :
Il peut avoir pour origine une maladie de Parkinson. Mais, il faut savoir que tous les patients souffrant de cette maladie ne vont pas trembler et que tous les tremblements ne sont pas parkinsoniens.
Cependant, dans le cas d’une maladie de Parkinson, le tremblement est, la plupart du temps, asymétrique et disparaît lors de l’action. La fréquence du tremblement est de 4 à 8 par seconde et, le tremblement est maximal au repos, diminué au cours du mouvement, et il disparaît lors du sommeil.
Ce tremblement est lié à une carence de dopamine au niveau de cerveau. La dopamine est le neurotransmetteur responsable, entre autres, de la coordination des mouvements. Lorsqu’elle vient à manquer, la coordination se fait mal, d’où les tremblements.
Ce tremblement de repos eut être aussi lié à la prise de certains médicaments. Nombreux sont les médicaments qui provoquent des tremblements. Il est donc important de signaler à votre médecin, tous les traitements que vous suivez.
Le tremblement d’attitude :
Il peut être dû à la prise de certains médicaments, des neuroleptiques ou des antidépresseurs ou de la cortisone (corticoïdes).
Il peut être lié aussi à un problème thyroïdien.
Le tremblement d’action :
Il peut avoir pour origine une atteinte du cervelet. Les tremblements sont alors très amples et très gênants. Cette atteinte du cervelet peut être due à une cause vasculaire, un accident vasculaire cérébral, une sclérose en plaques, etc.
Dans ce cas, l’IRM pourra permettre d’en savoir davantage.
Les tremblements familiaux :
C’est ce qu’on appelle un tremblement essentiel. Il peut survenir dès l’enfance ou apparaître plus tard dans la vie. Ce tremblement est d’origine génétique. Les chercheurs tentent encore d’isoler le gêne responsable.
En France, 400 000 personnes, environ, souffrent d’un tremblement essentiel. Il s’agit d’un tremblement, la plupart du temps fin, de faible intensité et qui affecte le haut du corps et gène les mouvements précis.
Il peut s’agir d’un tremblement des doigts, de la tête, de la langue des lèvres. La voix, peut également être chevrotante. S’il est sans gravité, ce tremblement essentiel peut devenir, chez certaines personnes, invalidant et provoquer un véritable handicap social.
Une association existe, qui peut venir en aide aux personnes atteintes d’un tremblement de ce type.
Il s’agit de l’Association des Personnes Concernées par le Tremblement Essentiel : APTES
Site internet : www.aptes.org
Tremblements : les traitements
Les traitements des tremblements vont dépendre de leur cause.
S’il s’agit d’un problème thyroïdien, c’est la thyroïde qu’il faudra traiter. S’il s’agit d’une sclérose en plaques ou d’un AVC, c’est la cause neurologique qu’il faudra traiter.
Si le tremblement est lié à la prise d’un certain médicament, le médecin devra juger si vous pouvez stopper le traitement ou remplacer le médicament gênant par un autre.
Dans le cas d’un tremblement essentiel, plusieurs traitements pourront être proposés.
- les bêtabloquants, en particulier le propanolol.
- les anxiolytiques, en particulier le clonazepam.
- les anti-épileptiques.
- la neurochirurgie peut être nécessaire lorsque le tremblement est trop invalidant.
Dans le cas des tremblements cérébelleux, liés à une atteinte du cervelet, le traitement peut être difficile. Le clonazepam est souvent utilisé.
La neurochirurgie et stimulations cérébrales profondes
Lorsque le tremblement devient trop invalidant ou que les traitements médicamenteux se sont montrés inefficaces, le médecin peut avoir recours à la neurochirurgie, et notamment aux stimulations cérébrales profondes.
Il s’agit de petites électrodes, implantées chirurgicalement, dans le cerveau, au niveau du thalamus. Cette sonde est reliée à un neurostimulateur, implanté sous la peau, au niveau de la clavicule. La stimulation est réglée en fonction des besoins de chacun.
L’intervention est pratiquée sous anesthésie locale, dans un premier temps. Le patient doit rester éveillé et conscient pour tester, avec le neurochirurgien, l’efficacité de la stimulation. Ensuite, l’opération se déroule sous anesthésie générale, le temps d’implanter le neurostimulateur sous la peau, près de la clavicule. Cette technique chirurgicale peut être très efficace sur les symptômes de la maladie de Parkinson.
La solution psy
Certains tremblements peuvent avoir une cause psychologique ou psychiatrique. Une émotivité trop à fleur de peau, une trop grande timidité, une réponse trop importante au stress, tout cela peut provoquer des tremblements. Lorsque ces tremblements sont trop gênants, des thérapies existent qui permettent de gérer mieux les émotions liées au stress.
Les thérapies comportementales et cognitives, notamment, peuvent permettre d’acquérir de nouveaux réflexes, dans les situations de stress. Et, dans tous les cas, lorsque le tremblement invalide trop la vie sociale, la consultation d’un psychologue ou d’un psychiatre peut aider à gérer le handicap lié au tremblement.
Tremblements : sources et notes
Auteur : Sylvie Charbonnier.
Expert consultant : Docteur Stéphane Thobois, neurologue, praticien hospitalier au CHU de Lyon.
Sources :
– Findley LJ. Epidemiology and genetics of essential tremor. Neurology 2000; 54: S8-S13.
– Bain PG, Findley LJ, Thompson PD et al. A study of hereditary essential tremor. Brain 1994; 117: 805-24.
– Deuschl G, Bain P, Brin M. Consensus statement of the Movement Disorder Society on Tremor. Ad Hoc Scientific Committee. Mov Disord 1998;13 : 2-23.
– Bain PG, Findley LJ, Atchison P et al. Assessing tremor severity. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1993; 56: 868-73.