La tachycardie qu’est-ce que c’est ?
Les palpitations, sentir son cœur battre de façon anormale ou plus fort, sont un motif fréquent de consultation. Mais elles ne sont pas forcément synonymes de tachycardie. Une tachy cardie est une accélération de la fréquence cardiaque (le nombre de battements du cœur par minute) objectivée par la prise du pouls ou un électrocardiogramme.
Rappel physiologie du rythme dit normal (ou rythme sinusal)
Le cœur est une pompe chargée de distribuer le sang à tous les organes, via les artères. Pour cela il se contracte afin d’éjecter le sang. C’est cette éjection qui est ressentie dans toutes les artères comme le pouls.
A retenir : Au repos on compte en moyenne 50 à 80 contractions ou battements par minute.
Un battement cardiaque est initialement une impulsion électrique générée par une zone spéciale du cœur appelée nœud sinusal, située à la base de la veine cave et de l’oreillette. Il est sous la commande du système nerveux autonome qui peut lui donner l’ordre d’accélérer ou de ralentir (régulation non consciente).
Le signal traverse le cœur très rapidement en utilisant des cellules spécialisées agissant comme des fils électriques.
Le signal traverse d’abord les oreillettes (sorte d’antichambre du cœur) pour rejoindre la jonction oreillette-ventricule puis les ventricules (les muscles permettant la contraction du cœur).
Toutes les cellules des ventricules reçoivent l’ordre en même temps et se contractent de façon synchrone.
Les causes
Quelles sont les différentes formes de tachycardie ?
Il existe 2 types de tachycardie :
> Tachycardie réactionnelle, adaptée
- Il s’agit d’un rythme normal mais plus rapide. Il nait du nœud sinusal et utilise les voies normales de conduction du signal. Le cœur s’accélère à la demande de l’organisme qui secrète de l’adrénaline (ex. peur, stress).
- En accélérant le rythme cardiaque, l’organisme augmente aussi le débit cardiaque et les apports d’oxygène à tout l’organisme, ce qui est nécessaire en cas d’exercice physique ou dans certains états pathologiques (fièvre, anémie, infection, décompensation cardiaque etc…)
- Dans ce cas, la tachycardie est un symptôme témoignant de l’adaptation de l’organisme et non une pathologie cardiaque. L’accélération est souvent progressive. La gravité est fonction de la cause. Le premier bilan est effectué par le médecin traitant et peut comporter un bilan sanguin.
> Tachycardie inadaptée :
- Le rythme enregistré sur l’électrocardiogramme ou ECG est anormal, il s’agit d’un trouble du rythme cardiaque (arythmie).
- Les troubles du rythme sont liés à un court-circuit ou à un foyer automatique (groupe de cellules générant un rythme comme le nœud sinusal, mais anormal puisque ce n’était pas sa fonction).
- Ces mécanismes peuvent avoir lieu dans les 3 structures du cœur (oreillettes, jonction, ventricules).
Le saviez-vous ? : L’ECG permet, à l’aide d’électrodes collées sur la peau, d’enregistrer les influx électriques générés par les cellules cardiaques ; l’analyse de leur axe permet de savoir où ils sont créés dans le cœur et quel chemin ils prennent.
Différents troubles du rythme cardiaque
Troubles du rythme cardiaque au niveau des oreillettes :
> Fibrillation auriculaire (FA)
- De nombreux foyers automatiques dans l’oreillette génèrent un rythme cardiaque irrégulier et rapide.
- Cela peut être due à une véritable maladie « fibrillation atriale », mais dans certains cas la fibrillation auriculaire survient comme le témoin d’une pathologie aiguë (embolie pulmonaire, infection grave, déshydratation sévère) et disparaît avec sa cause.
> Tachycardie atriale
- Un seul foyer automatique dans l’oreillette génère un rythme cardiaque rapide et régulier.
> Flutter atrial
- Un court-circuit à 300 battements par minute tourne dans l’oreillette, heureusement la jonction auriculo-ventriculaire fait le filtre et le rythme cardiaque n’est en général que de 150 bpm.
Ces différents troubles du rythme auriculaire posent des problèmes dus à la rapidité et au fonctionnement anormal du cœur (perte de la contraction des oreillettes). Cela fatigue le cœur et peut entraîner une décompensation cardiaque ou un œdème aigu pulmonaire (OAP), surtout lorsqu’il existe déjà une pathologie cardiaque.
A savoir : On parle de décompensation cardiaque lorsque l’insuffisance cardiaque se complique. L’organisme ne parvenant plus à “compenser” les défaillances dues à l’insuffisance cardiaque.
Autre particularité, du fait de la non contraction des oreillettes, la circulation du sang se fait moins bien dans ces cavités avec risque de formation de caillots. Ces caillots peuvent alors partir dans les artères, les boucher et provoquer des dégâts sur les organes (ce sont les accidents emboliques comme les AVC ou les ischémies de membres) obligeant à la mise en route d’un traitement anticoagulant.
Troubles du rythme cardiaque au niveau de la jonction :
> Tachycardie jonctionnelle pouvant être liée aux 2 mécanismes :
- Court-circuit (faisceau de Kent)
- ou foyer automatique (tachycardie de Bouveret).
La tachycardie jonctionnelle est une pathologie fréquente et non grave car elle survient souvent sur un cœur sain, capable de tolérer la tachycardie. Il s’agit de crises à début et fin brutale, à environ 170 bpm, souvent bien tolérées (même si ces crises peuvent paraître inconfortables et stressantes).
Au niveau ventriculaire :
> Tachycardie ventriculaire (TV) :
- Foyer automatique ou court-circuit, la tachycardie ventriculaire est souvent moins bien tolérée que les troubles du rythme précédents car la fréquence est rapide et la contraction du ventricule non homogène (toutes les cellules n’ont pas l’information en même temps).
- Elle peut entrainer une décompensation cardiaque, une perte de connaissance et, si elle n’est pas prise en charge à temps : un arrêt cardiaque.
- Elle survient plus souvent sur un cœur déjà malade ou à la suite d’une souffrance aiguë du cœur (infarctus (crise cardiaque), chirurgie, manque d’oxygène, trouble du potassium sanguin…).
> Fibrillation ventriculaire :
- Le rythme cardiaque est complètement anarchique et ne permet pas une bonne circulation sanguine : c’est l’arrêt cardiaque.
- La fibrillation ventriculaire fait suite à une souffrance aiguë du cœur.
Les symptômes
Les symptômes varient donc en fonction de la cause de la tachycardie et de la préexistence ou non d’une cardiopathie, allant de l’absence complète de symptôme, à la sensation de battements anormaux, voir à la décompensation cardiaque ou même à l’arrêt cardiaque.
Les troubles du rythme ont généralement un début brutal et peuvent céder spontanément ou nécessiter un traitement médical.
A noter la particularité des troubles du rythme auriculaire qui peuvent donner des accidents emboliques.
Les traitements
Crise de tachycardie : quand s’inquiéter ?
- En cas de crise de tachycardie, il ne faut pas paniquer et s’agiter pour ne pas augmenter les besoins de l’organisme auquel le cœur ne pourra pas répondre.
- Si dans l’entourage une personne est formée aux gestes de secourisme il faut « prendre le pouls » pour connaître la fréquence cardiaque et la régularité. Mieux, il faut se rapprocher d’une structure pour permettre la réalisation d’un ECG (auprès du médecin traitant ou des urgences).
- En cas de signe de gravité (malaise cardiaque, sensation de vertige, essoufflement, douleur thoracique) il faut appeler les secours (SAMU 15).
Important :
- En cas d’arrêt cardiaque, si vous n’êtes pas formé aux premiers secours, les intervenants du SAMU (numéro d’appel 15 ou 112 en Europe) pourront vous aider, car chaque minute compte !
- Les lieux très fréquentés (gares, centres commerciaux…) sont équipés de défibrillateurs semi automatique (DSA), qu’il ne faut pas hésiter à utiliser lorsque le patient est inconscient et ne respire pas.
- En cas de fibrillation ventriculaire ils sauvent la vie !
- Ces défribillateurs parlent et sont équipés de notices dessinées simplement, mais restent semi-automatiques, il faut donc les installer (coller les électrodes comme indiqué sur la notice simple), appuyer sur le bouton et suivre les instructions.
Quel traitement médical ?
- Le traitement est celui de la cause si elle existe. En particulier pour les tachycardies réactionnelles et dans certains cas de fibrillation atriale ou tachycardie ventriculaire.
Que faire en cas de troubles du rythme cardiaque ?
- Des procédures d’ablation : méthode consistant à passer un tuyau par les veines, remonter jusqu’au cœur pour enregistrer les zones problématiques et les détruire. Elles sont plus ou moins simples et efficaces en fonction de la localisation du trouble du rythme et ne peuvent pas être proposées dans tous les cas de figure.
- Des médicaments peuvent être prescrits en fonction de la tolérance et de la fréquence des crises, ils peuvent être proposés quotidiennement (pour empêcher les crises), ou seulement en cas de crise.
- Un choc électrique (défibrillation) peut être nécessaire (le fameux « on dégage » des séries télévisées). Il existe différentes formes :
- le choc électrique externe pour arrêter le trouble du rythme, en urgence en cas de perte de connaissance,
- ou programmé avec une anesthésie générale.
- Des défibrillateurs internes : il s’agit d’une sorte de gros pacemaker qui analyse le rythme et intervient en cas de trouble du rythme ventriculaire en donnant un choc (généralement ressenti par le patient). Ces défibrillateurs internes sont mis en place chez les patients à risque.
Sources et notes
Auteur : Dr Marion Angue, cardiologue et réanimatrice médicale