Syndrome du canal carpien

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Le syndrome du canal carpien correspond à la compression d’un nerf au niveau du poignet. Il se traduit par des picotements, des fourmillements dans les mains, une douleur ou une difficulté à effectuer des gestes fins des doigts.

Cette maladie se traite par des médicaments ou des soins chez un kinésithérapeute, mais assez souvent une opération chirurgicale est nécessaire.

Le canal carpien correspond à une région précise située à l’intérieur du poignet et de la main. Ce canal est une sorte de gouttière constituée par les os du poignet (du carpe) fermée par un ligament rigide. A l’intérieur de ce canal passent les tendons fléchisseurs des doigts et un nerf très important pour les doigts : le nerf médian. Celui-ci permet la mobilité du pouce et la sensibilité des trois premiers doigts.

Ce problème est assez fréquent, mais heureusement, les traitements sont nombreux. Les femmes sont plus touchées que les hommes, surtout à partir de la quarantaine. Parfois, ces symptômes se révèlent lors de la grossesse (et peuvent s’atténuer après).

En cas de picotements, de fourmillements, de troubles de la sensibilité des doigts persistant plusieurs jours, une consultation est recommandée. N’attendez pas avant de consulter. La récupération sera d’autant meilleure que le traitement a été mis en place rapidement.

Adressez-vous d’abord à votre médecin traitant. Celui-ci vous prescrira peut-être des soins chez un kinésithérapeute, ou vous adressera chez un rhumatologue.

Auteur : Corinne Soulay.
Consultant expert : Pr Christian Dumontier, chirurgien orthopédique à l’Institut de la main et à l’Hôpital Saint-Antoine (Paris).

Syndrome du canal carpien : Les causes

La cause du syndrome du canal carpien (scc) est la compression d’un nerf (nerf médian) dans un passage étroit : juste en dessous du poignet, entre les muscles du pouce. Ce nerf, qui descend le long du bras jusqu’à la main, est très important. Il assure la sensibilité des trois premiers doigts (pouce, index et majeur) et commande la motricité du pouce.

Comment expliquer cette compression ? La plupart du temps, on n’en connaît pas précisément la cause. D’autres fois, le rétrécissement du canal carpien peut être provoqué par les séquelles d’une fracture du poignet, par un kyste ou une inflammation de l’articulation…

Sans en être la cause, certains gestes répétitifs dans le cadre professionnel ou sportif peuvent favoriser le syndrome du canal carpien. Ainsi, les travailleurs manuels sont plus souvent concernés : les ouvriers se servant de machines, les bouchers, les caissiers…

Dans des cas plus rares, ce syndrome peut se manifester en raison d’une maladie rhumatismale, de séquelles d’une fracture du poignet, etc.

Le syndrome du canal carpien concernerait entre 3 et 16 % de la population (selon les études). Cette affection touche trois à cinq fois plus les femmes que les hommes. En particulier après 40 ans et pendant leur grossesse. Le surpoids, le manque d’exercice physique, des perturbations hormonales, et surtout un travail répétitif et pénible avec ses mains, favorisent la survenue de ce problème. Que les adeptes d’informatique soient rassurés, le travail sur clavier ne serait pas un facteur favorisant.

Syndrome du canal carpien : Les symptômes

Ce syndrome se manifeste par des symptômes comme des picotements et des engourdissements des doigts, sur une ou les deux mains. A un stade plus avancé, les douleurs surviennent. Elles peuvent être gênantes la nuit. Une douleur peut remonter dans le bras.

Le syndrome du canal carpien s’explique par une compression du nerf médian au poignet. Dans les cas les plus extrêmes, le nerf peut se trouver très altéré par la compression. Ce problème peut toucher les deux mains simultanément, avec des intensités différentes. Ces symptômes sont généralement évolutifs.

Au départ, on éprouve des fourmillements dans les doigts pendant la nuit, voire un engourdissement de la main, souvent douloureux. Ces symptômes peuvent réveiller en plein sommeil.

Les fourmillements peuvent ensuite apparaître durant la journée lorsque la main est maintenue immobile. En lisant ou en conduisant, par exemple. Puis d’autres signes apparaissent, indiquant que le nerf est abîmé. On devient plus maladroit, on a tendance à lâcher les objets. Puis on a l’impression d’avoir du coton ou du sable sur les doigts. Bref, la sensibilité est altérée.

Dernière étape, dans les formes très évoluées, le gros muscle du pouce fond ! Et on est gêné par une perte totale de sensibilité des doigts. D’où l’importance de consulter le plus tôt possible son médecin traitant !

Les gestes les plus simples de la vie quotidienne, comme numéroter son téléphone portable, écrire, conduire, deviennent douloureux et difficiles. Les personnes qui ont un travail manuel précis peuvent se trouver fortement handicapées.

Syndrome du canal carpien : Les examens

L’examen porte bien entendu sur la main ou les mains malades. En réalisant par exemple le test de Tinel : le médecin tape avec son doigt ou un petit marteau (médical), sur le pli du poignet, là où passe le nerf. Si on ressent une décharge au niveau des doigts, c’est le signe d’une atteinte nerveuse.

Le test de Phalen permet de détecter une sensibilité à la compression. On doit plier le poignet au maximum pendant une minute. Le test est positif en cas de fourmillement. Par ailleurs, le médecin examine précisément la sensibilité des doigts.

Généralement le médecin traitant adresse le patient à un rhumatologue pour confirmer le diagnostic, envisager d’autres pathologies (maladie neurologique, etc…), et pour évaluer la gravité du syndrome.

Des examens complémentaires sont souvent réalisés :

> L’ électromyogramme. A l’aide d’électrodes, on étudie la conduction électrique des fibres nerveuses sensitives et motrices. En clair, on stimule électriquement le nerf médian à différents endroits de son trajet (bras, avant-bras, poignet) puis on mesure la vitesse de transmission du message à la main. En fonction des résultats (vitesse ralentie au niveau du poignet, message moins intense…), on peut ainsi confirmer le diagnostic et mesurer la gravité de l’atteinte.

> L’ échographie, moins utilisée que l’électromyogramme, permet entre autres d’étudier la forme du nerf.

Syndrome du canal carpien : Les traitements

Au début de la maladie, lorsque les symptômes restent supportables, pas de mystère : le premier traitement du syndrome du canal carpien est le repos. Le mieux est d’utiliser une attelle généralement pendant la nuit. C’est une sorte de gouttière en plastique qui permet d’immobiliser main et poignet.

Côté médicaments, le médecin prescrit des antidouleurs, en particulier des anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène…), le tramadol qui pourront être efficaces temporairement (environ un mois). Attention aux effets secondaires. A forte dose, certains de ces traitements peuvent entraîner des maux d’estomac voire des ulcères.

Les douleurs ne passent pas ? Le rhumatologue peut proposer des infiltrations de “cortisone” (corticoïdes) dans le haut de la main. On peut éprouver une légère douleur due à l’injection, pendant 24 heures. Mais ensuite, si le traitement fonctionne, c’est pour plusieurs mois. Un bémol cependant, on ne peut pas effectuer plus de trois infiltrations. Au-delà, il peut y avoir des risques de déminéralisation ou de ruptures de tendons.

Pour soulager les douleurs, on peut essayer différents traitements. Des séances de kinésithérapie ont parfois un effet positif. Rééducation par glissement du nerf, cryothérapie (traitement par le froid), ultrasons… Le kiné dispose de nombreuses techniques mais, généralement, leur efficacité reste limitée dans le temps.

L’homéopathie peut être aussi utilisée et l’acupuncture peut s’avérer un bon complément. Quelques séances seront nécessaires au patient pour évaluer son effet antalgique.

Syndrome du canal carpien : La chirurgie

Dans les formes avancées de la maladie, ou si les autres traitements n’ont pas montré d’efficacité, reste la chirurgie. Généralement, on n’a pas besoin d’être hospitalisé. L’intervention, réalisée par un chirurgien de la main (orthopédiste ou plasticien) ne dure qu’une quinzaine de minutes. Sous anesthésie locale ou régionale. On peut en principe arriver le matin et ressortir le soir.

L’objectif est simple : le “tunnel” dans lequel passe le nerf médian au niveau du poignet est trop serré. Il suffit de l’élargir. Le chirurgien doit donc sectionner le ligament qui recouvre le nerf médian sur toute sa longueur pour dégager le canal carpien… et ainsi décomprimer le nerf.

Deux méthodes sont possibles :

La méthode classique qui exige une incision d’environ quatre centimètres entre la base du poignet et le centre de la paume.
La technique endoscopique : on introduit une minuscule caméra par un trou d’un centimètre puis on fait passer une lame pour découper le ligament.

Quelle que soit la méthode, c’est particulièrement efficace. Généralement, si le nerf n’a pas été trop altéré, au bout de huit jours, parfois même le lendemain, les fourmillements ont disparu.

Nos conseils et astuces

Chacun à sa méthode pour calmer les fourmillements ou les douleurs. Voici quelques conseils, astuces utiles pour ne plus avoir mal aux mains et aux poignets (testés par des patients eux-mêmes).

  • Secouez votre main, bougez vos doigts.
  • Appliquez une bouillotte chaude ou, au contraire, un sac de glace (en vous protégeant la peau par une serviette) ou de l’ eau froide sur la région sensible. Le chaud stimule la circulation sanguine et le froid a tendance à “anesthésier” la zone en bloquant l’influx nerveux.
  • Si vous pratiquez une tâche répétitive et pénible qui implique d’utiliser votre poignet, pensez à faire des micro-pauses régulièrement.
  • Alternez si possible avec d’autres activités, moins traumatisantes pour votre main.
  • Modifiez aussi votre façon de faire : utilisez des outils, et adaptez au mieux la position de votre poignet pour un confort maximum.

Syndrome du canal carpien : Les conseils du médecin spécialiste

Interview du Pr Christian Dumontier, chirurgien orthopédique à l’Institut de la main et à l’Hôpital Saint-Antoine (Paris).

Quelle attitude adopter en cas de fourmillements nocturnes ?

Il faut éviter d’attendre pour consulter son médecin traitant. Je vois souvent des patients, en majorité des hommes, peu sensibles à la douleur, qui arrivent au dernier moment. Les muscles du pouce ont fondu, ils n’ont plus de force dans les mains et ils ont déjà perdu toute leur sensibilité au niveau des doigts. Or, les différents traitements sont d’autant plus efficaces que le nerf n’est pas trop abîmé. La chirurgie pourra bien sûr les aider mais ils mettront du temps à récupérer leur sensibilité. Et, malheureusement, la fonte musculaire est quasi-irréversible.

Quels sont les résultats et les risques de l’opération ?

Comme pour toute opération, des complications sont possibles, notamment une hypersensibilité du nerf ou une algodystrophie, caractérisée par un gonflement des doigts. Mais, la plupart du temps, cela se passe bien. Quelques jours après, le patient ne souffre plus de fourmillements nocturnes. Seuls 10 % des personnes opérées continuent à ressentir des picotements de temps en temps. Mais, ces “fourmis” apparaissent de temps en temps, le plus souvent à l’effort, quand on tape dans sa main par exemple. Côté sensibilité, il faudra attendre plus longtemps pour retrouver ses capacités d’avant la maladie. Mais, globalement, au bout de six mois, tout est rentré dans l’ordre.

Syndrome du canal carpien : Le témoignage d’un patient

Témoignage de Géraldine, 40 ans.

Comment les symptômes sont apparus ?

J’ai souffert d’un syndrome du canal carpien pendant mes deux grossesses. La nuit, je devais laisser ma main pendre du lit pour que les fourmis disparaissent. Mais, les symptômes sont partis après l’ accouchement. En 2004, les symptômes sont revenus, mais ils étaient bien plus handicapants. J’étais réveillée par des douleurs intenses. Ma main était engourdie, comme si elle était prise dans un étau. Et les fourmillements irradiaient jusque dans mon bras. C’est ce qui m’a poussé à consulter mon médecin traitant. Après plusieurs examens, dont un électromyogramme chez un neurologue, il a conclu au syndrome du canal carpien.

Vous avez eu quels traitements ?
Les antidouleurs ont fonctionné un temps mais ils me fatiguaient. J’ai subi une infiltration et des séances chez le kinésithérapeute… sans succès. J’ai

donc opté pour la chirurgie. J’ai été opérée il y a deux ans et demi. Dès la première nuit, les fourmillements avaient disparu. Ne reste plus que la petite cicatrice de quatre centimètres à la base de ma main.

Sources et notes

– Chabaud B, Flocard F, Dasse Y, Ribot C, Bady B, Sindou M., Applications chirurgicales des variations anatomiques du nerf médian au poignet, Neurochirurgie 1993;39(2):92-100
– Chirurgie du syndrome du canal carpien idiopathique : étude comparative des techniques à ciel ouvert et des techniques endoscopiques, Décembre 2000, Haute Autorité de Santé.

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