Le syndrome de Münchhausen (parfois mal orthographié syndrome de Münchausen) est une pathologie mentale touchant des personnes qui s’inventent des maladies.
Le but est d’attirer l’attention du corps médical sur elles et de le convaincre de l’existence de cette pseudo-maladie. Pour cela, ces personnes vont jusqu’à prendre des médicaments ou faire subir à leur corps des mutilations afin de provoquer les symptômes.
Le Baron de Münchhausen était connu pour ses aventures extravagantes. C’est de là que le premier médecin ayant diagnostiqué ce mal, a nommé ce syndrome.
Il existe une variante de ce syndrome, c’est le syndrome de Münchhausen par procuration. Dans ce cas, ce même trouble est projeté sur l’enfant, par la mère le plus souvent. Il s’agit d’une forme grave de maltraitance.
Le syndrome de Münchhausen se différencie par certains points de l’hypocondrie. À l’inverse des premiers, les hypocondriaques craignent de souffrir d’une maladie. Ils sont dans une angoisse permanente de développer un problème médical. A l’écoute continue de lui-même, l’hypocondriaque scrute le moindre signe qu’il traduit en symptôme d’une maladie dont il aura étudié tous les détails.
Celui qui est atteint du syndrome de Münchhausen, connaît également parfaitement toute maladie dont il aura décidé qu’il serait atteint. Là où l’hypocondriaque, plutôt névrosé, va aller voir son médecin pour être soigné, le patient souffrant d’un syndrome de Münchhausen va véritablement se créer des symptômes visibles.
Syndrome de Münchhausen : les causes
Les causes exactes du syndrome de Münchhausen ne sont pas connues. Certains auteurs psychanalytiques attribuent ce trouble à un mécanisme de défense contre des pulsions sexuelles et agressives. D’autres supposent que le syndrome de Münchhausen est une manière de se punir pour des raisons le plus souvent inconscientes.
La présence de conflits familiaux et de troubles de la personnalité peuvent être en cause dans cette pathologie. De surcroit, une expérience professionnelle en milieu médical peut être un facteur de risque.
Il n’y a pas de statistiques réelles, ni d’études épidémiologiques sur les personnes souffrant du syndrome de Münchhausen.
Il semblerait toutefois que les hommes soient davantage concernés par le syndrome de Münchhausen, tandis que les femmes sont plus sujettes à sa forme sous procuration.
Le syndrome de Münchhausen par procuration
Dans cette forme du syndrome de Münchhausen, c’est la mère qui est responsable de cette maltraitance dans 85% des cas. L’enfant est en moyenne âgé de 3-4 ans. Il n’existe pas de cause bien définie de ce trouble, mais certains facteurs de risque ont été identifiés.
L’auteur de ces sévices est le plus souvent une femme mariée, intelligente, exerçant parfois dans le milieu médical, et souffrant d’une vie affective et sociale peu satisfaisante. Des traumatismes sont fréquemment retrouvés dans l’histoire de l’auteur, sans qu’un lien de cause à effet ne soit clairement établi.
Syndrome de Münchhausen : les symptômes
La personne atteinte du syndrome de Münchhausen jette son dévolu sur une maladie précise. Une fois qu’elle l’aura étudiée, elle va trouver les moyens de provoquer les symptômes y correspondant. Pour cela, elle ne va pas hésiter à s’empoisonner, en faisant appel à des aides chimiques, voire à s’infliger des traumatismes qui orienteront le médecin vers la pathologie que la personne aura préalablement choisie.
Plus cette affection sera complexe et demandera des soins spécifiques, plus la personne ressentira de la satisfaction. Si le médecin montre une hésitation, la personne atteinte du syndrome de Münchhausen le guidera vers la maladie choisie. Et si le médecin fait preuve de réticence ou se montre suspicieux… elle changera de praticien.
Il faut savoir que c’est également grâce à ce mode opératoire que ces personnes malades peuvent être repérées.
Les effets combinés de maladies plus loufoques les unes que les autres, d’un nombre élevé de cicatrices dues à des opérations chirurgicales, ou d’une absence d’effets des médicaments prescrits, finissent par orienter le médecin vers le diagnostic de syndrome de Münchhausen.
Le syndrome de Münchhausen par procuration
Il est aussi appelé syndrome de Meadow d’après le pédiatre, qui en 1977, diagnostique une pathologie mentale similaire au syndrome de Münchhausen. Dans ce cas, il s’agit d’une personne qui administre des produits entraînant une maladie à une tierce personne, sans son accord.
Dans la majorité des cas, on rencontre des mères qui créent ainsi des symptômes d’une maladie chez leur enfant. Derrière une apparente sollicitude envers ce dernier, ces mères ne semblent pas éprouver d’empathie envers leur enfant. Elles ne semblent pas souffrir de ses symptômes, qu’elle a elle-même induits, comme la douleur, par exemple. De manière générale, les victimes sont souvent des personnes vulnérables, dépendantes de cet adulte. C’est le cas des enfants, mais aussi des personnes âgées ou handicapées.
Par procuration, cette pathologie est considérée comme une véritable maltraitance.
Syndrome de Münchhausen : les traitements
Comme toute maladie psychiatrique, il est difficile de faire entendre raison à une personne atteinte du syndrome de Münchhausen ou d’un Münchhausen par procuration.
Souvent, une hospitalisation est nécessaire. Outre l’importance de surveiller ces patients, afin qu’ils ne puissent plus avoir accès à des médicaments, il s’agit également de les séparer de la tierce personne dans le cas de sa forme sous procuration.
Le traitement du syndrome de Münchhausen par procuration est complexe. Il doit se baser sur une évaluation fine du fonctionnement familial, du terrain psychologique sous-jacent de l’enfant et de son parent, etc. Cette évaluation peut être faite pas un pédiatre, un psychologue ou un pédopsychiatre. De toutes les manières, le traitement devra s’instituer en équipe, avec l’aide d’éducateurs, etc.
Parfois, les sévices subits par l’enfant dans le cadre d’un syndrome de Münchhausen par procuration sont tels qu’une hospitalisation est nécessaire. En fonction des conséquences sur la santé de l’enfant, le traitement devra prendre en charge les symptômes induits tels que la douleur par exemple.
Un suivi parent-enfant devra être proposé lorsque cela est possible.
Si le retour à domicile n’est pas possible, que le danger de récidive est trop important, un signalement devra être conduit dans le but de séparer l’enfant de son parent maltraitant.
Syndrome de Münchhausen : sources et notes
– Fiche mémo : outil de repérage de la maltraitance des enfants, 2014, HAS.
– Ascher R, Müncchausen’s syndrom, Lancet, 1951.
– Eliacheff C., Figures de la psychanalyse, Erès, 2005.
Auteur : Ladane Azernour-Bonnefoy.
Consultant expert : docteur Christine Radel, psychiatre.