Surmonter le baby-blues

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L’accouchement peut être bouleversant pour les jeunes mamans. Mettre un enfant au monde n’est pas anodin et bouscule des repères aussi bien physiologiques que psychologiques. Ce remue-ménage peut se manifester par un baby blues, débordement émotionnel que traversent de nombreuses mamans.

Après l’accouchement et l’euphorie des premiers moments avec son bébé, il est courant que la femme soit en proie à ce qu’on appelle le baby-blues.

Le baby-blues tel qu’on le nomme communément, est ce coup de blues que la femme peut ressentir quelques jours après l’accouchement. Il est l’ensemble des réactions psychiques négatives qui font suite à l’accouchement, aux bouleversements physiques et hormonaux, aux modifications psychiques, aux changements de la représentation familiale.

Le baby-blues toucherait près de 30 à 75% des femmes, avec une intensité plus ou moins violente.

Lorsqu’il survient, le baby-blues est une sorte de “crise” adaptative, nécessaire à la prise de conscience d’être mère. Cette phase bénéficie du soutien affectif des proches, du père et des parents en particulier. En revanche si ce coup de blues dure plusieurs semaines, il est important de consulter un spécialiste afin de prévenir ou soigner une dépression du post-partum, qui nécessite une prise en charge professionnelle.

Découvrez notre dossier pour savoir comment surmonter et soigner un baby-blues. Et retrouvez le témoignage de Vanessa qui a vécu un baby-blues la veille de son départ de la maternité.

Auteur : Charlène Salomé.
Expert consultant : 
Nicole Fabre, psychologue et psychanalyste.
Dernière mise à jour : 
février 2017 – Dr Ada Picard.

Surmonter le baby-blues : les symptômes

Les symptômes du baby blues sont variés et très différents d’une maman à l’autre.

Dans certains cas, des symptômes de blues peuvent se manifester dès la grossesse. Dans cette période pendant laquelle le corps se transforme, les femmes sont émotionnellement plus sensibles et plus promptes à se remettre en question. Certaines choses deviennent soudainement éprouvantes, des souvenirs rejaillissent, des questionnements de l’enfance et de l’adolescence réapparaissent… La grossesse n’est pas une période reposante que ce soit sur le plan psychique ou physique !

On peut donc fréquemment observer, avant ou après l’accouchement, une hyperémotivité, une anxiété, voire parfois une certaine agressivité. Le baby blues peut également se manifester par une fatigue intense, des crises de larmes sans raisons apparentes, des sautes d’humeur, un découragement et des doutes sur leurs capacités de mère.

Attention, ces symptômes peuvent durer quelques jours… Si les symptômes du baby blues persistent au delà de deux semaines, on parle de dépression du post-partum.

Prévenir la dépression du post-partum

Le baby-blues peut se transformer en véritable dépression post-natale, beaucoup plus préoccupante ! Les symptômes de la dépression du post-partum sont : un sentiment de tristesse prolongée, des crises de larmes, des troubles de l’appétit, un manque d’intérêt pour son environnement et en particulier son bébé, le sentiment de ne pouvoir s’en occuper, une culpabilité, la peur de faire du mal au bébé, etc. La dépression du post-partum est liée à un dysfonctionnement psychique, éventuellement relié à une prédisposition familiale.

La dépression du post-partum risque d’engendrer des difficultés relationnelles avec le bébé, d’autant plus que la maman n’est pas accompagnée. Si les symptômes du baby blues durent plus que 2 semaines, il est essentiel de consulter un psychothérapeute, idéalement spécialisé en périnatalité.

Surmonter le baby-blues : les causes

Comme vous l’aurez compris, chaque femme vit son propre baby blues avec ses propres causes. Les causes du baby-blues peuvent donc être très différents d’une femme à l’autre.

Parmi les causes multiples au baby-blues :

  • Les modifications hormonales : la chute des hormones après l’accouchement perturbe les fonctions hypothalamiques (dans le cerveau) du contrôle des émotions. Résultat : les jeunes mamans sont plus émotives, d’où les crises de larmes et les sautes d’humeur.
  • L’extrême fatigue : la perte de sang due à l’accouchement peut provoquer une anémie.
    Résultat : les jeunes mamans se sentent plus vulnérables et se découragent facilement.
  • Les éventuelles complications de l’accouchement : certains actes ou expériences durant l’accouchement ont pu être éprouvants, voire traumatisants.
  • L’inconfort physique : il empêche de s’occuper de son enfant comme on le voudrait dès sa naissance, surtout après une césarienne. Cela peut déclecher un sentiment de frustration et de culpabilité.
  • Les circonstances environnementales : un contexte affectif instable, un isolement, un évènement difficile…sont autant de causes déclenchantes potentielles d’un baby blues et/ou d’une dépression du post-partum.
  • Les circonstances psychologiques : une fragilité psychologique antérieure, quelle qu’elle soit, peut favoriser un baby blues, voire une dépression du post-partum.

En revanche, toutes les femmes ne sont pas sujettes au baby-blues, et vous ne devez pas vous culpabiliser si vous ne faites pas de mini-dépression après votre grossesse. Chaque femme est différente, chaque accouchement l’est aussi.

Surmonter le baby-blues : les traitements

Le baby blues est un phénomène passager, commun à beaucoup de jeunes mamans. Les premiers traitements du baby blues sont la présence et l’attention données par l’entourage proche. 

Le baby blues n’est pas grave en soi et passe généralement de lui-même, sans traitements. Rien de sert donc de paniquer ! Pour que cette “crise” soit bénéfique, voici quelques conseils à pratiquer :

  • N’hésitez pas à parler de vos pensées et angoisses aux médecins, sages-femmes ou infirmières. N’ayez pas honte de révéler ce que vous ressentez, de pleurer, de craquer. Ils pourront vous conseiller, vous rassurer et vous orienter. Des séances d’initiation au massage de votre enfant peuvent vous être proposées en maternité. N’hésitez pas à y assister, il peut être très bénéfique d’y participer afin de renforcer votre attachement à votre bébé. Cela peut être une aide, mais ne vous forcez pas, si vous n’en avez pas envie.
  • Reposez-vous. Privilégiez les siestes, découragez les visites, afin de recouvrer vos forces et de consacrer votre séjour à la maternité à votre bébé et votre récupération physique. Afin de combattre l’anémie, à l’origine de votre extrême fatigue, une supplémentation en fer et acide folique est parfois nécessaire.
  • Appuyez-vous sur votre entourage. Il est essentiel que vous soyez entourée au moment de votre sortie de la maternité. L’aide du papa dans les tâches quotidiennes et son soutien affectif et psychologique sont essentiels pour surmonter cette période de baby-blues. Il a d’ailleurs la possibilité de prendre un congé paternité afin de vous épauler au mieux. S’il est absent, faites appel à un membre de votre famille ou une amie, indispensables pendant les premiers jours.
  • Si aucune amélioration ne se fait sentir au cours des deux semaines suivant votre retour au domicile, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Un traitement spécifique (avec un psychologue, voire des médicaments) de ce baby-blues devra être mis en place.

Surmonter le baby-blues : les conseils du psychologue

Entretien avec Nicole Fabre, psychologue et psychanalyste.

Comment reconnaît-on un baby-blues ?

Le baby-blues est un état dépressif, passager, qui se caractérise par des crises de larmes, une tristesse incontrôlable, que la maman a souvent du mal à comprendre. C’est un état de tristesse qui survient juste après l’accouchement, que la jeune mère ne parvient pas à justifier, c’est pourquoi il est souvent jugé absurde par l’entourage.

Quelles sont les causes du baby-blues ?

Cette maman a attendu son bébé pendant neuf mois, elle s’est préparée à l’accueillir tout au long de sa grossesse. Une fois l’accouchement passé, l’acte est accompli… on ne l’attend plus. L’excitation de l’attente est terminée. Pendant la grossesse, le bébé était en elle, elle et lui ne faisaient qu’un, il se nourrissait par elle sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Lorsque la maman n’allait pas bien, le bébé le ressentait. Il lui faut quitter ce sentiment de fusion avec son bébé. Ce sentiment la renvoie à sa propre enfance, lorsqu’elle était petite fille, et qu’elle-même dépendait de sa maman. Désormais, c’est elle à son tour qui devra prendre soin de son enfant, en tant qu’être à part entière. Le baby-blues est vécu par la mère comme un état de confusion.

Quels conseils donneriez-vous à une jeune maman confrontée au baby-blues ?

Tout d’abord, je pense qu’il faut essayer de la rassurer, en lui rappelant que c’est quelque chose de banal, et d’essayer d’en comprendre les causes, d’où ça vient. En principe, le baby blues ne dure que 2 ou 4 jours, et il est normal d’éprouver cette tristesse après l’accouchement.

Comment surmonter le baby-blues ?

En l’admettant tout simplement. La femme doit savoir le reconnaître, savoir que c’est une réaction normale, et le comprendre surtout. Je pense que pendant ces quelques jours, elle a le droit de se laisser aller, de pleurer si elle en a envie, sans pourtant s’y installer. Elle doit savoir aussi que ce n’est pas quelque chose de grave, mais juste un état passager, qui passera de lui-même au bout de quelques jours.

Surmonter le baby-blues : le témoignage d’une femme

Témoignage de Vanessa, 25 ans, maman de Kerryann, 9 mois.

Comment s’est déroulé l’accouchement ?

On m’a déclenché l’accouchement le 4e jour après le terme prévu. Le travail s’est fait rapidement sans douleur jusqu’à la dilatation.
Au bout d’un certain temps, la péridurale ne remplissait plus son rôle, j’étais complètement essoufflée. On on a dû alors me faire une césarienne. Après l’accouchement, la douleur de la césarienne était telle que je ne pouvais pas me lever, mais je tenais absolument à faire la tétée.

Comment avez-vous su que vous avez fait un baby-blues ? Quels ont été vos symptômes ?

La veille de quitter la maternité, Kerryann a dormi pendant toute la journée, il ne s’est même pas réveillé pour téter. J’ai fondu en larmes, j’étais complètement paniquée, et il était impossible de me calmer. J’ai alterné panique et crises de larmes pendant toute une journée. Le lendemain j’étais censée sortir de la maternité, et j’ai eu peur qu’il perde du poids, et qu’en le ramenant à la maison, je ne sache pas gérer la chose. J’ai angoissé pour rien finalement.

Comment avez-vous surmonté ce coup de blues ?Le papa était très présent, mais quelque peu impuissant. Ma mère a essayé de me rassurer, de me réconforter. Mais c’est encore la puéricultrice qui y est le mieux parvenu. Elle a su trouver les mots, m’a rassuré, m’a expliqué que ce que je vivais était tout à fait normal. Elle m’a conseillé de me faire confiance et surtout de faire confiance à mon bébé. Le lendemain à la pesée, malgré son petit appétit, il avait repris du poids. Là, je me suis rendue compte à quel point j’avais angoissé pour rien. De retour à la maison, mes inquiétudes et mes doutes se sont peu à peu dissipés.

Surmonter le baby-blues : sources et notes

Auteur : Charlène Salomé.
Expert consultant : Nicole Fabre, psychologue et psychanalyste.
Dernière mise à jour : février 2017 – Dr Ada Picard.

Sources :

– Le grand livre de la grossesse, Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, ed. Eyrolles, 2016.

– Guillaumont C. Les troubles psychiques précoces du postpartum. Paris : Érès, 2002 : 120 p.

– Dayan J. Maman, pourquoi tu pleures ? Paris : Odile Jacob, 2002 : 280 p.

– Delassus J.-M. Le sens de la maternité. Paris : Dunod, 2007 : 340 p.

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