Le stress au travail est une réalité pour des milliers de salariés en France. Comprendre les sources du mal-être et apprendre à gérer le stress professionnel permettront de lutter plus efficacement contre ce poison quotidien.
Non pas que la précarité du travail soit un élément nouveau de notre siècle, mais le chômage menaçant fait s’accrocher à son travail, même dans des conditions peu satisfaisantes. La flexibilité est de plus en plus souvent exigée de la part du salarié qui doit s’adapter à des rythmes en dents de scie.
Ainsi, des coups de pression pour un projet important ou un retard dans les délais, mais aussi un conflit avec un collègue ou une relation tendue avec son chef… sont autant de facteurs quotidiens favorisant le stress au travail.
En fait, le stress vient souvent d’un décalage entre les exigences du travail à accomplir et les ressources (temps, bonne santé, confort matériel, collaborateurs) dont l’intéressé dispose : quand les exigences sont trop lourdes, on devient plus réceptif au stress.
Selon l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail de Bilbao, « un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ».
Il faut souligner que la notion, le ressenti du “stress” diffère selon les personnes : chacun est différent face au stress. Tout comme les causes du stress au travail seront différentes chez chacun, et que tout le monde ne réagira pas de la même façon. Aussi, la définition du stress reste assez floue et subjective.
Mais quelle que soit la tolérance individuelle au stress : les tensions ressenties ou subies, qui peuvent se manifester de plusieurs manières, peuvent agir sur les émotions et entrainer des troubles comportementaux et mêmes physiques. Il est donc important de ne pas se laisser enfermer dans la spirale du stress professionnel, mais de rester actif et de réagir. Car oui, il existe des solutions !
Si vous souffrez d’une situation de stress au travail, sachez que les avis du médecin traitant et du médecin du travail sont indispensables.
Le cas échéant une consultation chez un psychologue ou un psychiatre peuvent également aider. Différentes méthodes (comme la thérapie comportementale) peuvent en effet être proposées et agir sur les causes et les manifestations du stress.
Il existe même des consultations concernant la souffrance au travail dans les services de maladies professionnelles.
Dans cet article, commencez par comprendre les causes et l’origine de votre stress professionnel. Analysez aussi vos éventuels problèmes avec la hiérarchie et les collègues afin de pouvoir envisager les différentes solutions pour vous en sortir.
Lisez enfin l’interview d’un médecin du travail et le témoignage d’une salariée qui a souffert du stress au travail.
Stress au travail : symptômes et conséquences
Tout le monde ne dispose pas de la même résistance face aux différentes formes de stress. Aussi, ce dernier peut se manifester de différentes manières. Cela dit, il existe certains symptômes typiques qui font souvent surface dans des situations de stress. Et il est certain qu’un stress prolongé peut avoir des conséquences néfastes pour la santé.
Les symptômes
Comme pour n’importe quelle autre agression extérieure, le stress, quand il devient chronique, engendre certains “déséquilibres” dans l’organisme. Celui-ci sécrète, en particulier, des substances comme le cortisol qui à la longue entraîne différents symptômes : augmentation de la tension artérielle, fragilisation des muscles et tendons, risque de diabète, etc.
Certains signes doivent alerter :
- Manifestations émotionnelles : nervosité, angoisse, tristesse, crises de larmes…
- Troubles comportementaux : changement des conduites alimentaires, isolement…
- Manifestations physiques : douleurs au ventre, articulaires, troubles digestifs, sueurs inhabituelles…
Souvent face à ces troubles, le premier réflexe est d’avoir recours à des “dopants” : café, vitamine C, magnésium, ou parfois même à d’autres produits (médicaments, substances illicites). Inutile de dire que ces “mesures” ne constituent pas une solution face au stress. Et encore moins le recours au tabac ou à l’alcool qui risquent, au contraire, d’empirer la situation.
Lorsque le stress au travail devient trop lourd, le mieux est d’aller consulter son médecin traitant et le médecin du travail. Il faut éviter de minimiser ses problèmes, de les nier, et se refermer sur soi, au risque de s’enfoncer davantage. De manière dramatique !
Les conséquences
Nous avons déjà évoqué que le stress au travail est loin d’être un problème purement “professionnel” : il touche à notre personnalité intime et peut avoir un impact considérable non seulement sur notre performance professionnelle, mais aussi sur notre vie privée – et sur notre santé.
Ainsi, un coup de stress ponctuel peut engendrer des symptômes physiques, comme un rougissement du visage, une accélération du coeur ou un taux de sucre plus élevé dans le sang.
A la longue, le stress chronique peut entraîner des conséquences bien plus lourdes :
- une tension élevée,
- un risque accru de diabète,
- une fragilisation des muscles et des tendons,
- des troubles du sommeil,
- des douleurs et des raideurs
- des désordres digestifs (ballonnement, diarrhée, maux de ventre)
- une fatigue,
- une nervosité,
- des perturbations de la libido,
- des problèmes dermatologiques (psoriasis, dermite séborrhéique, eczéma).
Viennent aussi tous les troubles de nature psychologique, comme les crises d’angoisse ou une dépression, voire même le suicide. La tension au travail pousse certains vers l’agressivité, la susceptibilité.
Les médecins du travail essaient de déterminer les signes d’un stress important chez les employés pour éviter une crise ou une réelle dépression. Les absences ou retards répétés, l’agressivité, les variations de poids, les maux de ventre, une boule à la gorge peuvent constituer autant de sonnettes d’alarme.
Stress au travail : les causes
Lorsqu’on parle du stress au travail, il faut rappeler que le travail ne répond pas seulement à un besoin matériel (se nourrir), mais également à un besoin primordial de reconnaissance de sa valeur dans la société : nous avons besoin de fournir un travail que nous jugeons utile, où nous avons le sentiment d’apporter quelque chose, un travail dans lequel nous pouvons nous reconnaître.
Le travail est donc un composant essentiel de notre identité. Etant donné qu’un emploi occupe en moyenne le tiers du temps de la vie d’un actif, on comprend donc bien que le stress au travail devient rapidement épuisant et lourd à supporter.
Les causes du stress au travail
Contrairement à ce qu’on imagine souvent, aucune situation n’est stressante en elle-même : le stress, c’est toujours le résultat de deux évaluations : « que me demande-t-on ? » et « de quelle ressource je dispose » pour réaliser ce qu’on attend de moi ?
Une part des causes du stress au travail relève donc d’éléments plus ou moins subjectifs, liés à la perception que chacun se fait de ses conditions de travail :
- la quantité de travail, et notamment le “coût” et l’effort que l’exécution du travail demande au salarié,
- sentiment d’un travail bâclé : ne pas arriver à concilier les objectifs qui sont fixés – vite et bien, en général, donne le sentiment de ne jamais faire un travail de bonne qualité,
- l’autorité d’un chef,
- le manque de reconnaissance : l’impression de faire un travail qui n’a d’importance pour personne,
- des responsabilités trop lourdes,
- des tâches (trop) répétitives,
- des tâches qui sont opposées à nos valeurs, notre éthique, notre tempérament,
- une incertitude sur l’avenir professionnel dans l’entreprise…
En même temps, certains facteurs peuvent jouer sur notre capacité de gérer des situations de stress, par exemple :
- l’ambiance au travail, le soutien social (soutien des collègues, du chef…),
- l’éventuelle récompense pour les efforts fournis (augmentation, prime, sécurité de l’emploi),
- le regard porté par les autres sur son travail,
- l’autonomie, le degré de liberté dont dispose le salarié pour effectuer son travail,
- l’éventuelle récompense (augmentation, sécurité de l’emploi…),
- l’appréciation de l’hiérarchie,…
Prenons deux exemples :
- Une charge de travail importante est plus facile à gérer lorsqu’on dispose d’une marge de manœuvre assez grande dans l’organisation de son travail.
- La pression (par exemple un dossier important à traiter d’urgence) est plus facile à gérer lorsqu’on se sent soutenu par son équipe.
De bonnes relations avec les collègues constituent une aide précieuse pour résister au stress au travail. Alors qu’une mauvaise entente, le harcèlement moral (loi de 2002 dans le code du travail) ou sexuel peuvent vite tourner au cauchemar dans son rapport avec autrui.
Stress au travail : stressé par le chef ?
Un chef peut facilement constituer un facteur de stress important. En effet, la plupart d’entre nous avons un chef au-dessus de nous, et bien souvent il n’est pas étranger à notre éventuelle situation de stress. Il faut dire que, dans la catégorie ” chef “, cohabitent aussi bien des spécimens délicieux que d’autres invivables.
Voici 5 manières de savoir si son chef est un bon manager… ou un moins bon :
> Un chef définit clairement les missions.
Au travail, naviguer dans le flou, ce n’est positif pour personne. Un bon chef doit définir qui fait quoi et comment. Sans quoi, tout le monde s’y perd.
> Un bon chef sait rester à sa place.
Ni trop loin, ni trop proche : la juste distance est difficile à trouver, mais elle est nécessaire. Un chef ne doit pas non plus passer sans cesse du registre professionnel au registre affectif. Il n’est pas là non plus pour séduire ou être aimé.
> Un chef est juste.
Mettre en concurrence les salariés de son équipe, c’est assez fréquent, mais contreproductif. Celui qui est félicité ce mois-ci par le manager risque d’être pris en grippe par l’équipe. Et ceux qui ne sont pas au tableau d’honneur se sentiront blessés, au point qu’ils y perdront peut-être toute motivation.
> Un chef sait recruter.
Trouver la bonne personne pour un job, c’est compliqué. C’est en ajustant au plus près les compétences d’un candidat aux qualités requises pour tel ou tel job qu’on fabrique un salarié heureux. Car le bien-être au travail provient de ce sentiment qu’on fait bien le travail pour lequel on a l’impression d’être fait.
> Un chef ne mélange pas vie privée et vie publique.
Il est habituel que le chef sache sur un salarié des choses que les autres ignorent : son conjoint est gravement malade, c’est pour cela qu’il a dû s’absenter ces temps-ci ; il rencontre des difficultés financières car son conjoint est au chômage, etc. Un chef ne doit pas utiliser ces éléments de la vie privée pour faire pression sur son salarié. En jouant ainsi sur les deux tableaux, il risque de rompre le contrat de confiance qui l’unit – normalement – à son salarié.
Stress au travail : analyser son stress
Afin de trouver des solutions pour combattre son stress au travail, il est essentiel d’analyser la nature de ce stress.
Les différentes formes de stress
Il serait illusoire de vouloir résister à toutes les formes de stress au travail ! De même qu’on ne peut pas répondre à tous les besoins imaginables, personne n’est capable de résister à toutes les formes de stress en même temps : travailler plus de 10 heures sans se fatiguer, faire deux tâches en même temps, être leader d’une équipe, consensuel, serein face à un chef désagréable, etc.
Toutes ces qualités n’existent pas chez une seule et même personne ! Aussi, il est injuste de dire que certains salariés résistent au stress contrairement à d’autres, qui seront alors considérés comme faibles ou peu performants : il y a différentes formes de stress et certains salariés sont faits pour résister à telle forme de stress, et d’autres capables de résister à telle autre forme.
Prenons un facteur de stress bien connu : l’inconnu. Tout le monde appréhende d’une certaine manière une situation nouvelle. Mais même face à ce facteur de stress classique, nous ne sommes pas tous pareils, car chacun réagit en fonction de ce qu’il est au fond de lui : plus ou moins anxieux, optimiste, ouvert au changement, à l’aise avec d’autres personnes, doué pour travailler en groupe, etc.
Exemple : Un nouveau chef d’équipe arrive, précédé d’une réputation de perfectionniste :
- Chez un salarié anxieux, cela cause une réaction de stress : « J’ai peur que ce nouveau chef ne me trouve pas assez compétent ».
- Un salarié optimiste, lui, pense plutôt : « Je va lui montrer qu’il peut me faire confiance ».
Ce qui est stimulant (un défi) pour l’un peut être anxiogène (source de stress) pour l’autre.
Analyser son stress
À chacun donc d’analyser ce qui le met en situation de stress au travail. En fonction des réponses, chaque salarié sera mieux à même d’identifier l’origine du problème, de définir s’il occupe un poste qui correspond ou non à sa personnalité, ou de voir sur quels points il peut par exemple faire un travail personnel.
Avant d’établir un plan d’action, il est important de bien évaluer la situation, de manière honnête (pas d’orgueil déplacé ni de modestie exagérée).
Stress au travail : les solutions
Afin de trouver des solutions pour éviter que le stress ne devienne pesant au quotidien au point de nous rendre malheureux, il est donc essentiel d’identifier la ou les causes du stress au travail afin de trouver son équilibre personnel dans son travail !
D’ailleurs, il n’y a pas de solution miracle, ni de solution unique : car chaque travail procure plus ou moins de récompense, exige plus ou moins d’effort, offre plus ou moins de soutien social, etc.
Par exemple, un vendeur dans un grand magasin a un travail pénible physiquement, qui exige d’être disponible, diplomate. De plus, les conditions de travail se sont peut-être dégradées avec le temps (le salaire a diminué, les objectifs ont augmenté…). Mais si le vendeur travaille dans une équipe où il est considéré, apprécié de ses collègues, et les clients lui montrent qu’il fait bien son travail, alors il pourra être satisfait de son travail.
Seul le salarié sait de quoi se compose son travail, là où il lui convient bien et là où il ne lui convient pas.
Aussi, c’est à chacun de savoir poser ses limites et de dire ” stop ” avant qu’il ne soit trop tard, puis d’adopter un plan d’action ou un traitement adapté à sa situation et à sa personnalité individuelle.
Une fois les problèmes identifiés, on peut agir sur deux grands axes pour maîtriser le stress au travail :
- Modifier son environnement de travail
- Faire un travail sur soi
Modifier l’environnement de travail
Afin de modifier l’environnement – et donc les conditions de travail – qui nous mettent dans des situations de stress, il est important s’adresser aux personnes et instances compétentes : n’hésitez pas à en parler à la personne responsable dans votre travail. (voir chapitre “se faire aider”).
Selon les causes du stress, il est peut-être possible de trouver des solutions au sein de votre entreprise : en demandant un délai supplémentaire, une équipe plus nombreuse, en discutant avec les collaborateurs, en consultant le médecin du travail…
Dans certains cas, un changement de poste, de servie, voire d’entreprise ou de métier peut constituer une solution.
Le travail sur soi
Le principe paraît simple : si nous ne pouvons pas changer l’environnement, il faut essayer de changer notre propre perception de et réaction à ce qui nous pose problème. Or, il est évident qu’une réaction de panique, d’angoisse, est le meilleur moyen pour … perdre tous nos moyens et nous laisser submerger par le stress. La première chose à faire consiste donc à se détendre. C’est seulement en se relaxant et en prenant du recul qu’on peut garder les idées claires et trouver les ressources nécessaires afin de gérer la situation.
La relaxation pour augmenter sa résistance au stress
Différentes techniques de relaxation peuvent aider à combattre les symptômes typiques d’une situation de stress (le cœur qui bat, la respiration qui s’accélère, les muscles qui se tendent,…). Car outre le fait que ces symptômes sont désagréables à vivre, ils nous empêchent surtout de maîtriser la situation – au contraire !
Parmi ces méthodes, qui peuvent être des techniques de relaxation physiologique ou psychologiques, on peut citer : la sophrologie, l’hypnose, le yoga, la méditation, …
Mais les deux principales techniques de relaxation (physique) utilisées à travers le monde sont : le training autogène de Schultz et la relaxation musculaire de Jacobson. Deux méthodes simples et efficaces pour se détendre mentalement et physiquement. A chacun de voir quelle méthode lui est bénéfique et facile à pratiquer au quotidien.
Stress au travail : se faire aider par les personnes et instances compétentes
Lorsque le stress au travail commence à peser, il ne faut pas rester seul, mais trouver les (bons) interlocuteurs à qui parler pour trouver de l’aide. A commencer par :
– le responsable hiérarchique : en principe, chaque année un entretien individuel est obligatoire. Cela peut être une bonne occasion pour discuter de vos difficultés, mais il est inutile d’attendre plusieurs semaines avant d’aborder le sujet.
– le délégué du personnel ou encore le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) : un CHSCT est mis en place dans les entreprises de plus de 50 salariés. Ce comité est constitué au moins d’un membre de la direction, de représentants du personnel, du médecin du travail.
– le médecin du travail : tout salarié peut, quand il le désire, aller le voir. Comme tout médecin, il est couvert par le secret médical.
>> A lire aussi notre interview du médecin du travail !
– Sachez enfin que dans beaucoup de gros centres hospitaliers (CHU), il existe désormais une consultation de souffrance au travail dans les services de maladies professionnelles.
Que dit la loi ?
Pour tenter de mieux résoudre les problèmes de stress dans les entreprises, un accord interprofessionnel sur le stress au travail de 2008 a été signé par les partenaires sociaux. Il propose des indicateurs pour évaluer et dépister le stress au travail, ainsi qu’un cadre pour le prévenir. Cet accord a été étendu par un arrêté ministériel en avril 2009, ce qui lui donne valeur réglementaire donc obligatoire pour toutes les entreprises.
Par ailleurs, le stress est considéré comme une manifestation des RPS (risques psychosociaux) : d’après le code du travail, l’employeur a obligation légale d’évaluer les risques et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Ce qui implique donc de prendre en compte le stress au travail.
Dans la notion de RPS sont regroupés principalement : le stress, l’épuisement professionnel ou « burnout », la souffrance au travail, les relations sociales de travail vécues difficilement et objectivement difficiles, le management et l’organisation du travail négligeant le facteur humain, la violence et les différentes formes de harcèlement moral et sexuel.
Le CHSCT et le médecin du travail jouent un rôle important pour s’assurer que l’entreprise honore cette obligation.
En dehors du travail
Il n’est faut pas oublier que le travail n’est pas tout ! Il existe à côté du travail, une autre vie… qu’il ne faut pas négliger et sur laquelle chacun peut réellement s’appuyer. Les loisirs, les sorties, les activités sportives ne doivent pas être considérés comme de simples “dérivatifs”. Ils peuvent être une aide majeure pour traverser une période professionnelle difficile.
Par exemple faire du sport régulièrement pour évacuer la tension et faire le vide dans la tête permet de se sentir mieux dans son corps – et dans sa tête. C’est aussi le moment de se réinvestir dans des petits plaisirs… qui comptent tant !
Et surtout : il est essentiel de bien s’entourer, de se retrouver en famille, avec des amis. Vous pourrez parler de vos problèmes, prendre des conseils, mais aussi retrouver des instants de complicité si importants dans ces circonstances.
L’aide d’une psychothérapie. Quand il existe une réelle souffrance par rapport au stress, l’avis d’un psychologue, voire d’un psychiatre peut être utile. Par exemple, une thérapie comportementale et cognitive peut apporter des solutions concrètes en cas de difficultés au travail. Elle agit sur les pensées et comportements qui gênent et qui peuvent être sources de stress.
Stress au travail : les conseils de l’expert
Qu’est-ce que le stress ?
Le stress est une réaction biologique de notre corps face aux menaces extérieures. Une réaction qui nous a permis de survivre depuis la nuit des temps. Cela provoque la sécrétion d’hormones et de médiateurs chimiques qui nous permettaient de réagir vite, de fuir ou de nous défendre… Aujourd’hui, nous vivons heureusement dans un environnement très différent, mais ce type de réaction existe encore et peut être déclenchée même par des menaces qui ne mettent pas en danger notre vie, mais juste notre ego. C’est la survie de notre image qui est menacée.
Ainsi, on a la même réaction à un froncement de sourcil des autres, que nos ancêtres avaient quand ils entendaient un rugissement… Et au final les sécrétions d’hormones et de médiateurs chimiques ne vont pas servir à fuir ou nous défendre. Ces substances sécrétées en quantités importantes risquent de dérégler notre système immunitaire, et au final notre santé…
Est-il possible d’apprivoiser le stress ?
Aujourd’hui, notre plus grande source de stress est cette voix que nous avons dans la tête, ces pensées qui occupent notre esprit toute la journée : jugements, regrets, soucis… C’est comme s’il s’agissait d’un « hamster pensouillard » en train de courir sur sa roue et de répéter des pensées négatives en boucle. Comment maîtriser cette réaction et débrancher la roulette du hamster ? Il est tout à fait possible de s’entraîner à « calmer la bête » avant que la réaction de stress ne se déclenche.
Le secret est dans la vigilance : l’attention ne peut pas être en deux endroits en même temps. Le cerveau privilégie de mettre l’attention sur ce qu’il perçoit comme une menace pour notre ego. Il faut développer la vigilance, pour comprendre où est notre attention et la ramener dans le moment présent. Pour y arriver il faut s’entraîner avec beaucoup de discipline. Loin d’être une contrainte à la liberté, la discipline nous permet de mettre en place des habitudes pour faire que la voix dans notre tête se taise.
Pourriez-vous donner des pistes d’action pour calmer nos angoisses intérieures?
Afin d’apprivoiser le « hamster pensouillard », il faut bouger notre attention sur quelque chose d’autre que cette voix qui parle dans notre tête. Une technique possible est d’apprendre à placer son attention sur la respiration, en se concentrant sur la sensation de l’air qui entre par le nez et gonfle notre abdomen. Cela déclenche une réaction physique, agit sur le diaphragme, stimule le système nerveux parasympathique. Celui-ci envoie alors au cerveau le message de stopper les hormones du stress.
En vous entraînant à placer votre attention sur la respiration, vous allez mettre en place de nouveaux réflexes. Des synapses vont s’activer dans votre cerveau, qui vous permettront de recentrer votre attention et favoriser le calme dans toutes sortes de circonstances. Cette vigilance permet de ne pas être piège de l’ego.
Comment retrouver du plaisir et du sens dans la vie professionnelle de tous les jours ?
Cela fait 30 ans que je soigne de personnes qui ont craqué au travail. Quand elles arrivent dans mon bureau, elles sont vidées, épuisées. Elles prononcent souvent cette phrase : « je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus où je vais ». Le burn-out professionnel touche donc à la question de l’identité. Il est alors important de se reconnecter avec les ressources qu’on a à l’intérieur de nous, en commençant par l’estime de soi, et de tracer une direction, en envisageant des résultats.
Il est important d’identifier quelle est la peur qui déclenche la réaction de stress. Qu’est qu’il fait qu’on se sent menacé. Dans le domaine professionnel, il nous arrive souvent de devoir gérer es situations de stress dans les rapports avec nos supérieurs ou nos collègues. Le conflit nait quand l’ego cherche à « gagner », à prévaloir sur l’autre. Mais plutôt qu’être dans le conflit, il faudrait communiquer. Se concentrer sur ce qui est semblable dans les opinions au lieu de chercher ce qui est différent. Et quand on arrive à l’analyse des divergences, il faudrait savoir apprendre quelque chose de l’autre, plutôt que vouloir détruire à tout prix son point de vue, pour que notre ego gagne.
Stress au travail : témoignage d’une salariée
Anne, 39 ans, chargée de communication, a énormément souffert du stress sur son lieu de travail. Elle a partagé son expérience avec nous :
Pendant plus de 10 ans, j’ai travaillé dans la même entreprise. Puis un jour mon directeur a changé, et ma situatioin professionnelle est devenue infernale.
Mes proches, ma famille en ont souffert. J’ai bien sûr envisagé de changer de boulot et j’ai commencé à effectuer certaines démarches pour ne pas rester là plantée ! Mais je ne me suis pas assez investie pour changer d’air…
Heureusement, il y avait certains avantages – je dirais une sorte de compensation, en particulier une charge de travail pas trop élevée. Je me suis raisonnée et j’ai essayé de profiter des autres moments, comme ma vie de famille et de mes amies.
Mais il était vraiment difficile de prendre sur moi dans une ambiance de travail aussi catastrophique. Heureusement, au bout de quelques mois, les choses ont changé, l’entreprise a été rachetée et mon supérieur hiérarchique a disparu de la circulation.
Stress au travail : Sources et notes
– Charles-André Pigeot, Romain Pigeot, Le guide du bien-être au travail, ed. Eyrolles, 2012.
– Dr Michel Niezborala, Anne Lamy, Travailler sans dérouiller, Editions Milan, 2007.
– Patrick Légeron, Le stress au travail – un enjeu de santé, Editionc Odile Jacob, 2015
– Romain Pigeot et Charles-André Pigeot, Guide du bien-etre au travail, ed. Eyrolles, 2012.
– Serge Marquis, On est foutu, on pense trop, Editions de la Martinière, 2015.
– Dépister les risques psychosociaux. INRS, ED 6012, février 2010.
– Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles : http://www.inrs.fr/
– Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social : http://travail-emploi.gouv.fr/