La schizophrénie est une psychose, c’est-à-dire une maladie où l’individu a perdu tout contact avec la réalité et n’a donc pas conscience de souffrir d’un trouble mental.
Le terme schizophrénie vient du grec skhizô, « je divise » et « phrên », esprit. Il désigne tous les états mentaux qui présentent comme caractère essentiel la rupture de l’unité psychique du sujet. Ceci se traduit par une dissociation entre l’idée, le comportement, et la teneur affective présents normalement de façon harmonieuse.
Cette pathologie touche 1% de la population, avec une légère prédominance chez les garçons. La majorité des cas apparaissent entre 15 et 35 ans.
La schizophrénie est une maladie du cerveau qui affecte sévèrement la pensée, la vie émotionnelle et le comportement général de celui qui en est atteint.
Le diagnostic même de schizophrénie n’est pas évident parce que cette maladie n’est probablement pas un trouble unitaire et que nous n’en connaissons pas clairement les causes. Actuellement, il n’existe pas d’examens qui permettent de poser le diagnostic de schizophrénie avec certitude.
L’avenir des patients dépend beaucoup de l’environnement socio-familial et de la précocité de la prise en charge.
Il convient d’aller consulter un psychiatre en cas de survenue, chez un adolescent ou un jeune adulte, de plusieurs des symptômes évoqués dans cet article. Ceci est d’autant plus vrai s’il existe, dans la famille, d’autres personnes atteintes de troubles psychiatriques.
Schizophrénie : les causes
Il n’y a pas une seule cause de schizophrénie mais plusieurs facteurs favorisants, dont l’association peut influencer la survenue d’une schizophrénie.
Il y en existe trois grands types de cause de schizophrénie :
- les causes ou facteurs génético-biologiques,
- les causes environnementales précoces (comme des complications à la naissance ou une infection pendant la grossesse),
- les facteurs environnementaux tardifs (comme la consommation de cannabis ou certaines difficultés communicationnelles familiales).
Ces trois types de facteurs de risque favoriseraient la survenue de la maladie en agissant de manière indépendante, en se potentialisant mutuellement.
Les psychiatres développent depuis une trentaine d’années cette notion de vulnérabilité multifactorielle à la schizophrénie, plutôt que d’envisager un tout biologique ou un tout psycho-éducatif.
Sur le fond de cette vulnérabilité, la consommation de cannabis ou l’avènement d’un stress important, peuvent déclencher un début de schizophrénie. Mais ces facteurs déclenchant ne sont pas considérés comme des causes à elles seules.
Le début de la schizophrénie peut être brutal par un premier épisode délirant. Mais ce peut être plus insidieux avec un fléchissement de l’activité du sujet et une baisse du niveau scolaire ou professionnel.
Il peut s’agir également d’une modification progressive de l’affectivité et de la personnalité, ou d’un attrait pour des activités étranges, ou de troubles du comportement, ou encore d’un isolement social progressif.
Schizophrénie : les symptômes
Les psychiatres répertorient deux grands types de symptômes dans cette maladie :
- Des symptômes liés au délire, dits « positifs » :
Par exemple des idées délirantes de persécution, des hallucinations auditives, des angoisses de transformations corporelles, des crises d’agitation.
- Des symptômes dits « négatifs » qui sont liés à une baisse des capacités physiques et psychiques :
Par exemple une tendance au repli sur soi et au retrait social pour se réfugier dans un monde intérieur ; des difficultés de concentration, d’attention et un appauvrissement du discours.
Selon les symptômes présentés par les patients, il existerait au moins sept formes cliniques de schizophrénie. Ainsi, les psychiatres préfèrent utiliser le terme de « schizophrénies » au pluriel plutôt qu’au singulier.
Il existe ainsi sept formes principales de schizophrénie :
1 – La zchizophrénie simple
Les symptômes négatifs sont au premier plan : appauvrissement des relations socioprofessionnelles, tendance à l’isolement et au repli autistique dans un monde intérieur. Il y a peu ou pas de symptômes délirants. Cette forme évolue lentement mais très souvent vers un déficit de plus en plus marqué.
2 – La schizophrénie paranoïde.
C’est la forme la plus fréquente de schizophrénie. Le délire domine le tableau clinique et répond le plus souvent aux traitements antipsychotiques.
3 – La schizophrénie hébéphrénique.
La dissociation de l’unité psychique du sujet est prédominante. C’est la forme la plus résistante aux thérapeutiques.
4 – La schizophrénie catatonique.
Le patient est comme figé physiquement et conserve les attitudes qu’on lui impose, comme une poupée de cire. Il est enfermé dans un mutisme, voire répète toujours les mêmes phrases. Actuellement, cette forme se traite et est donc rarement définitive.
5 – La schizophrénie dysthymique.
Les accès aigus ont la particularité d’être accompagnés de symptômes dépressifs, avec risque suicidaire, ou au contraire de symptômes maniaques. Ces formes répondent au moins en partie aux traitements par lithium.
6 – La schizophrénie pseudonévrotique.
Elle associe des symptômes de schizophrénie et des symptômes importants de névrose (hystérique, phobique, anxieuse ou obsessionnelle).
7 – La schizophrénie pseudo-psychopathique ou « héboïdophrénique ».
Il coexiste des passages à l’acte très violents et des symptômes dissociatifs comme une grande froideur affective.
Schizophrénie : les traitements
Le traitement de la schizophrénie est multidisciplinaire.
Le traitement médicamenteux :
Le traitement médicamenteux de la schizophrénie repose sur les neuroleptiques principalement, qui agissent au niveau cérébral sur les neurotransmetteurs impliqués dans la schizophrénie (dopamine, sérotonine). Il doit être pris de manière régulière, sans arrêt intempestif, au risque de provoquer une décompensation de la maladie. Si le médecin n’est pas certain que le patient prend régulièrement ses médicaments, le traitement peut être donné sous forme d’injection retard, prescrit toutes les 2 à 4 semaines.
L’éducation thérapeutique :
Les équipes soignantes apprennent aux patients à gérer sa maladie et ses traitements.
La psychothérapie :
La psychothérapie peut être institutionnelle (dans un hôpital de jour par exemple), cognitivo-comportementale, de soutien, etc.
La prise en charge socio-professionnelle :
Une grande importance est donnée aux mesures d’aide à l’insertion socioprofessionnelle.
L’évolution de la schizophrénie est variable, en fonction du type de schizophrénie, de l’étayage familial, de l’insertion sociale, etc. Tout peut se voir depuis une insertion socioprofessionnelle et familiale de qualité jusqu’à une absence totale d’indépendance. Dans les formes les plus graves, le maintien à vie dans une institution psychiatrique peut s’avérer nécessaire.
Selon les chiffres rapportés par les études scientifiques : 25% des patients évolueraient vers une guérison, 25 % vers une forme grave de la maladie et 50% auraient une forme intermédiaire avec un retentissement variable sur les domaines socioprofessionnels et familiaux.
Schizophrénie: Sources et notes
– La prise en charge de votre schizophrénie. Vivre avec une schizophrénie, Haute Autorité de Santé, novembre 2007.
– Schizophrénies, Guide Affection Longue durée, Haute Autorité de Santé, juin 2007.
Auteurs : Dr F. Duncuing-Butlen et Dr Ada Picard.