Avoir des règles douloureuses (dysménorrhée) peut entraîner un vrai désagrément ainsi qu’une sensation d’impuissance extrême chez la femme. Le ventre qui tire, les crampes, les nausées, le mal de dos… tout un assortiment de douleurs qu’on aimerait mieux éviter.
Il est reconnu que ce problème toucherait plus particulièrement les jeunes filles. Heureusement pour beaucoup de femmes, les dysménorrhées s’apaisent voire disparaissent avec l’âge (entre 25 et 28 ans), ou après une grossesse.
Les règles douloureuses constituent probablement un des troubles gynécologiques les plus fréquents : 50 à 80 % des femmes souffriraient ou auraient souffert de douleurs, nausées, sensations de malaise au moment des règles. Et au moins 15 % souffriraient de ce que l’on appelle des dysménorrhées sévères. Les dysménorrhées sont handicapantes et peuvent entraîner des arrêts de travail et un absentéisme scolaire.
Ces douleurs de règles ne sont pas toujours prises assez au sérieux et on les considère encore, à tort, comme une fatalité. Contrairement à ce qui se dit, les douleurs ressenties pendant les règles sont réelles et non psychologiques.
Les règles douloureuses reposent sur deux sortes de dysménorrhées :
- Les dysménorrhées sont dites primaires lorsque les douleurs apparaissent lors des premières règles de la jeune fille
- Les dysménorrhées secondaires, en revanche, correspondent à des douleurs qui se manifestent plus tard dans la vie, après une période de règles normales, et peuvent correspondre à une maladie gynécologique.
Règles douloureuses : les causes
Les causes des règles douloureuses restent encore méconnues, elles touchent le plus souvent les adolescentes et les jeunes filles.
Chez les adolescentes et les jeunes filles, les douleurs de dysménorrhées primaires apparaissent lors des toutes premières règles.
Les symptômes peuvent en être très violents, avec :
- des crampes dans le bas du dos et l’intérieur des cuisses,
- des nausées et/ou des vomissements,
- des diarrhées,
- des maux de têtes,
- des vertiges.
On en connaît encore mal la cause. On sait qu’il existe des familles “à règles douloureuses”. La génétique est peut-être en cause, mais ce n’est pas démontré.
Les gynécologues évoquent aussi la possibilité d’un col de l’utérus insuffisamment ouvert. Le flux menstruel aurait mécaniquement des difficultés à s’évacuer. Le col, trop résistant, provoquerait les douleurs et parfois un malaise. Une hypothèse appuyée par le fait que ces dysménorrhées primaires, disparaissent, la plupart du temps, après le premier accouchement. Le gynécologue devra donc rassurer sa jeune patiente : cela disparaît avec le temps et avec le premier bébé.
Chez les femmes plus âgées, les dysménorrhées secondaires doivent toujours être prises au sérieux. Elles apparaissent à tout âge après une période de règles normales. Elles peuvent être liées à une maladie gynécologique.
Les règles douloureuses peuvent avoir pour cause une endométriose (de petits fragments de la muqueuse qui recouvre l’intérieur de l’utérus migrent et se retrouvent dans d’autres endroits de l’abdomen, provoquant des douleurs cycliques).
Autre éventualité à laquelle pensera le médecin : il peut également s’agir d’un fibrome (une tumeur bénigne du muscle utérin, très fréquente, qui atteint une femme sur deux après 40 ans).
Les causes de ces dysménorrhées secondaires peuvent provenir également de polypes, ou d’une infection.
Règles douloureuses : les traitements
Après avoir fait pratiquer un examen, pour éventuellement détecter une maladie spécifique à l’origine des règles douloureuses, le médecin pourra vous prescrire un traitement médicamenteux. Mais une alimentation et une hygiène de vie adaptées peuvent également aider à soulager les douleurs.
Les médicaments
- Les antalgiques
Des antalgiques (paracétamol) ne sont pas toujours très efficaces en cas de douleurs et de malaise intense.
- Des médicaments anti-inflammatoires
C’est ce qui marche le mieux. En effet, les dysménorrhées primaires sont liées à la libération de prostaglandines (une molécule qui servirait de médiateur cellulaire, au cours de certains processus, comme les contractions utérines ou les réactions inflammatoires). Les anti-prostaglandines sont donc efficaces. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’ibuprofène) ont la faculté d’entraver la formation des prostaglandines. A condition que la jeune fille puisse les supporter. Ils entraînent parfois des douleurs à l’estomac.
- La pilule
La pilule contraceptive provoquant des cycles artificiels, des règles moins abondantes, peut être un très bon traitement pour les jeunes filles. Le contraceptif oral empêche l’ovulation, mais réduit également la production de prostaglandines. Il est même possible de prendre une pilule contraceptive en continu, ce qui évite, purement et simplement, d’avoir ses règles. Le médecin saura prescrire la pilule la mieux adaptée à l’adolescente.
Chez les femmes les plus âgées
Le traitement de ces dysménorrhées secondaires, consistera à traiter la cause, c’est-à-dire la pathologie responsable des douleurs, si le médecin la trouve. Le médecin devra donc procéder à un examen approfondi pour découvrir la maladie responsable.
Attention : lorsque des dysménorrhées apparaissent après 25 ou 30 ans, il faut absolument aller consulter un médecin généraliste ou un gynécologue. Toute automédication est alors à proscrire.
Des conseils alimentaires
Certains spécialistes estiment qu’une alimentation riche en oméga-3 (des acides gras que l’on trouve en grande quantité dans certains poissons gras, le lin, la noix ou le colza), peut réduire ce problème de règles douloureuses, et cela, grâce à leur activité anti-inflammatoire. Il est donc conseillé de :
- Réduire sa consommation de sucres raffinés. Les sucres entraînent une surproduction d’insuline qui favorise la production de prostaglandines pro-inflammatoires.
- Consommer davantage de poissons gras (maquereau, saumon, hareng, sardines…) qui contiennent beaucoup d’oméga-3.
- Manger moins de margarine et de graisses végétales.
- Manger moins de viandes rouges qui contiennent un acide gras à la source des prostaglandines.
- Vérifier avec un nutritionniste qu’il n’y a pas de carence en vitamine C, en vitamine B6 ou en magnésium. Ces micro-nutriments sont indispensables au métabolisme des prostaglandines.
- Éviter le café lors des épisodes douloureux.
Éviter le stress
Rien ne montre que des causes d’ordre psychologique, puissent être à l’origine des dysménorrhées. Cependant, on sait que le stress est un facteur aggravant. En effet, les hormones du stress (adrénaline et cortisol) entraînent la production de prostaglandines pro-inflammatoires. On peut alors recommander des méthodes de relaxation, comme la massothérapie ou le yoga.
utres petits conseils
Ce sont des méthodes de grand-mère qui peuvent agir contre les règles douloureuses. Elles ne remplacent pas les effets d’un traitement médicamenteux ou contraceptif, mais elles peuvent aider à passer les moments les plus désagréables :
- Placer une bouillotte sur le ventre ou sur le dos.
- Prendre un bain ou une douche chaude.
- Faire de l’exercice, des étirements, de la marche.
- Tenter d’éviter les situations stressantes lorsque les règles approchent.
Règles douloureuses : Sources et notes
> Auteroche B, Navailh P, Maronnaud P, Mullense, « Acupuncture en gynécologie et obstétrique », édition Maloine, Paris, 1986.
> Auteroche B, Navailh P, « Le Diagnostic en médecine chinoise, ed Maloine, Paris, 1983.
> Kespi J-M, « Céphalées et sang », Revue française d’acupuncture, 1981.