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Psychoses : comment les soigner ?

La psychose (on devrait parler de psychoses, au pluriel) est un trouble mental qui se définit par la perte de contact avec la réalité.

C’est la grande différence avec les névroses. Une personne atteinte de névrose (ne le sommes-nous pas tous un peu ?) garde la notion du réel : quelqu’un peut souffrir d’une phobie des souris, et savoir que les souris ne vont pas le manger pour autant. Il reste critique par rapport à son symptôme.

Une personne atteinte de psychose, au contraire, n’est pas consciente de ses symptômes : elle les considère comme faisant partie de la réalité. Si elle souffre d’un délire paranoïaque, par exemple, elle va se sentir réellement menacée, dans sa vie même, par les autres et par son environnement, au point de suspecter jusqu’aux fils électriques, parfois.

Il existe deux grands types de psychose : la schizophrénie et le délire chronique, qui comprend lui-même plusieurs formes et thématiques de délires. Entre autres, le délire paranoïaque et la psychose hallucinatoire chronique.

Comment diagnostiquer cette maladie si étrange et étonnante qu’est la psychose ? D’où vient ce trouble, et quels en sont les traitements ? Voici nos réponses, établies grâce à notre expert, le Docteur Youssef Mourtada, psychiatre.

Psychose – Psychoses: Les causes

Si l’on ne connaît pas les causes exactes des psychoses, on sait qu’elles sont en partie liées à l’histoire personnelle du malade. Une histoire qui remonte toujours à la petite enfance.

Au moment de la naissance, le bébé n’a pas encore d’existence psychique. C’est le regard de ses parents qui le font exister. C’est dans ce regard qu’il développe sa personnalité. Avant quatre mois, le bébé sourit à sa mère parce qu’elle-même sourit : par mimétisme. Par réflexe conditionné, aussi : il sait que la mère, c’est la nourriture. Puis, il y a la phase de l’ angoisse du huitième mois : il commence à se différencier du monde extérieur et de sa mère. À dix-huit mois, il atteint sa « majorité » : c’est le stade du non et du début de la vie sociale.

Les enfants qui ne parviennent pas à s’approprier leur propre image, à ces différents stades, peuvent développer une psychose infantile. Ils n’ont pas de représentation, d’image d’eux mêmes. Si la psychose ne se développe pas à ce moment-là, parce que l’entourage est suffisamment présent pour protéger le jeune, il peut arriver, à l’âge adulte que, au détour d’un stress, d’un deuil, d’un traumatisme, la personnalité fragilisée, craque. Et c’est l’entrée dans la psychose. Le délire est alors une forme de symptôme qui permet au malade de « dire » sa réalité, sa vérité. Le travail de thérapie consistera à rétablir un lien social, malgré ce délire. Il est de très bons botanistes, persuadés d’être eux-mêmes une plante !

Il existe différentes formes de psychoses, mais on peut en distinguer deux grands types :

– Les schizophrénies
Les causes de la schizophrénie restent encore inconnues, même si l’on a constaté qu’il existe des familles de schizophrènes. Les causes retenues sont plurifactorielles : la génétique, l’histoire familiale et l’environnement.

– Les délires chroniques
On ignore toujours les causes exactes des délires chroniques. On sait cependant qu’un délire paranoïaque survient le plus souvent chez un homme, après 35 ans. Il se développe sur des personnalités paranoïaques, ces personnes toujours méfiantes, suspicieuses, orgueilleuses, un peu psychorigides et autoritaires, dont les jugements sont basés sur des a priori.

Psychose : les symptômes

Les symptômes différent en fonction du type de psychose qui affecte la patient.

1 – La schizophrénie

La schizophrénie est une forme de psychose qui débute, généralement, chez le jeune adulte. Mais on peut parfois en deviner les premiers symptômes dès l’enfance. On considère que 1% de la population est concerné par ce trouble mental.

La maladie se traduit par un bouleversement de la personnalité (un jeune calme, d’ordinaire, qui devient agité, ou l’inverse, par exemple), par des réactions inappropriées (une grande indifférence), par un mutisme soudain et bien souvent par une forte phobie sociale.

Pour les personnes schizophrènes, on parle d’une personnalité “morcelée”. En fait, la personne peut avoir du mal à intégrer son corps d’adulte. Elle n’a pas conscience des limites de son propre corps. Tout fait partie d’elle, le paysage, l’entourage, les arbres, les murs, etc. Un exemple : une personne schizophrène atteinte d’un délire sur la nature peut s’assimiler aux feuilles des arbres et, lorsque celles-ci tombent, se mettre à hurler. Mais elle peut, dans le même temps, développer un savoir considérable en botanique : un moyen, pour elle, de s’approprier son corps différemment.

2 – Les délires chroniques

Il existe plusieurs types de délires chroniques, définis en fonction de leurs symptômes. En voici deux d’entre eux : les psychoses hallucinatoires chroniques, et les délires paranoïaques.

Les psychoses hallucinatoires chroniques

Les psychoses hallucinatoires (hallucinations) touchent plutôt les personnes âgées (les femmes, souvent). Les PHC se traduisent par la perception de quelque chose qui n’existe pas dans la réalité. Les cinq sens sont touchés. La personne peut souffrir de ces symptômes :

  • hallucinations visuelles (elle voit des images qui n’existent pas dans la réalité),
  • hallucinations auditives (elle entend des voix ou une musique dans sa tête),
  • hallucinations tactiles (elle sent qu’on la touche),
  • hallucinations olfactives (elle sent des odeurs provenant de chez des voisins qui la persécutent, par exemple), ou
  • hallucinations gustatives (on a mis quelque chose dans sa nourriture).

Il s’agit d’une forme de psychose très invalidante : la personne a tendance à se cloîtrer chez elle.

Les délires paranoïaques

En fonction des symptômes, on classe les délires paranoïaques en trois grands types : les érotomanies ; les délires passionnels ; le délires en réseau.

Comme dans toutes les psychoses, le premier symptôme de la maladie est l’apparition d’un délire. Délire amoureux (érotomanies), délire passionnel (jalousie) ou délire en réseau, dans tous les cas, il s’agit de délires d’interprétation. Un ou plusieurs domaines de la vie quotidienne sont interprétés, en fonction du délire. Le malade paranoïaque est souvent très convaincant, et parvient à persuader son entourage (parfois même son médecin) qu’il est effectivement victime d’un complot.

– L’érotomanie : Un érotomane, c’est quelqu’un qui se croit aimé d’une personne, qui, la plupart du temps, ne le connaît même pas. Il s’agit bien souvent de femmes qui font une fixation sur un médecin ou une vedette, le suivent, interprètent tous ses gestes comme autant de signes qui lui sont adressés à elle. Les personnalités, les vedettes, les journalistes, les médecins, toutes les personnes en contact avec le public, peuvent, un jour, rencontrer un ou une érotomane.

– Les délires de jalousie : C’est le délire passionnel. Le malade (délirant) se croit trompé par sa compagne. Il cherche des preuves de la tromperie et interprète tous les gestes comme autant de signes de la trahison imaginaire. Il devient le bourreau, le persécuteur.

– Les délires en réseau : Le délire se fixe sur un aspect de la vie du malade. Il peut s’agir d’une revendication judiciaire, dans un procès sans fin, d’une revendication après une découverte (imaginaire) qui ne serait pas reconnue, d’une revendication sur la santé, si le malade estime ne pas être soigné correctement de sa maladie (imaginaire) ou une revendication métaphysique, avec la construction de système politique ou religieux (délirants).

Psychose : les traitements

Il est souvent nécessaire d’hospitaliser les personnes atteintes de schizophrénie pour permettre la mise en place des traitements appropriés. Tout au moins au début de la maladie, lorsqu’elle débute par une poussée délirante. Cela est nécessaire afin de faire un bilan d’entrée dans la maladie, notamment des examens, afin d’envisager d’éventuels autres diagnostics.

Le principe du traitement est de calmer les pensées délirantes et d’apaiser l’angoisse qui y est associée. Cela passe par un traitement neuroleptique. Les médicaments ayant pour effet d’atténuer les symptômes, un travail psychothérapique peut ensuite être mis en place. La psychothérapie aura pour but d’équilibrer suffisamment la personne pour qu’elle puisse retrouver un lien social et une activité normale ou presque.

Les traitements des délires chroniques sont basés sur les neuroleptiques qui aident à diminuer les effets du délire. Le malade peut être hospitalisé, lorsque sa vie ou celle des autres est mise en danger.

Le paranoïaque, se sentant menacé, peut aller jusqu’à l’agression, dans l’intention de se défendre. Sa peur est tellement forte, qu’il peut, parfois, choisir de se suicider pour échapper à ses agresseurs (imaginaires).

Là encore, les traitements médicaments ne suffisent pas et un suivi psychothérapique doit être mise en place. Les thérapies comportementales et cognitives sont bien indiquées : elles permettent de traiter les symptômes, notamment dans les phases aiguës de la maladie.

Psychose – Psychoses: Sources et notes

– DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, mai 2013, Société Américaine de psychiatrie.
– P. Sizaret, La classification française des délires chroniques L’encéphale, Vol. 36, N° 4 (2010).

Auteurs : Sylvie Charbonnier et Dr Ada Picard (psychiatre).
Consultant expert : Docteur Youssef Mourtada, psychiatre.

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