La procrastination est l’« art » de remettre à plus tard ce que l’on devrait faire à l’instant. L’origine du mot vient du latin : pro (qui est pour) et crastinus (du lendemain).
Le procrastinateur, confronté à la réalisation d’une tâche donnée, va trouver un tas de raisons pour ne pas la commencer tout de suite. Souvent plein de bonne volonté, la personne souffrant de procrastination se fait la promesse de débuter la tâche à un autre moment.
Même si elle met en place les éléments nécessaires pour attaquer la tâche, elle trouvera toujours autre chose à faire : rédiger un courrier, ranger ses livres, aller faire une course au lieu de remplir sa déclaration de revenus…
Tout le monde, à un moment ou à un autre de sa vie, a une tendance à remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même. Chez les individus qui souffrent de procrastination, c’est une habitude difficile à défaire.
Outre le fait de ne pas avancer dans sa vie professionnelle, la procrastination met des freins à la vie personnelle. Si on a un projet de vie, le fait de le remettre continuellement à plus tard, risque de ne jamais le voir aboutir. C’est ainsi que la procrastination peut un obstacle à la vie quotidienne…et à l’épanouissement tout simplement.
Procrastination : les causes
Les causes de la procrastination sont psychologiques, c’est à dire reliées à des traits de personnalité et/ou des difficultés cognitives. Ces difficultés sont elles-mêmes partiellement expliquées par les gènes et la neurobiologie.
Parmi les causes de procrastination psychologiques, on retrouve :
- La peur de l’échec
La peur de l’échec est une des causes principales de la procrastination. Le procrastinateur a souvent peur de ne pas être à la hauteur, et c’est pour cela il n’arrête pas de repousser sa réalisation. Toutefois, assez fréquemment, il n’admet pas qu’il a peur d’échouer. Les personnes qui ont une tendance à la procrastination sont en effet des perfectionnistes. Souvent, elles procrastinent parce qu’elles ont peur de ne pas pouvoir exécuter une tâche comme il faut. Ces personnes sont rarement satisfaites de leur travail ou de leur vie, et pensenttoujours qu’elles pourraient « faire mieux ». - La peur de perdre le contrôle
Une autre cause qui peut être à l’origine de la procrastination est la peur de perdre le contrôle. Le procrastinateur a envie d’avoir le pouvoir décisionnel sur les tâches à accomplir : c’est lui qui doit pouvoir décider comment et quand s’en occuper. - Le manque de motivation
Le manque de motivation peut aussi expliquer la procrastination. Si on ne voit pas l’utilité d’une tâche, ou que l’on n’anticipe pas de plaisir immédiat, il est moins aisé de passer à l’action ! - Les difficultes de concentration
Parfois, des difficultés de concentration peuvent être la cause d’une tendance à la procrastination. Plus particulièrement, la procrastination – et les difficultés d’organisation au sens large – est fréquente chez les personnes qui souffrent de TDA/H (Trouble de déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité).
Procrastination : les symptômes
Culpabilité, insatisfaction, stress, déprime… peuvent être les symptômes de la procrastination.
Ce qui caractérise la personne souffrant de procrastination, c’est l’incapacité à respecter les priorités initialement identifiées.
Si elle doit rendre un dossier important pour le soir même à 18h00, elle répondra à des emails amicaux ou classera des papiers… Et n’arrivera pas, au final, à respecter la priorité du dossier en s’éparpillant sur d’autres activités.
Cependant, cette personne peut travailler dans l’urgence quand elle n’a plus le choix.
La procrastination ne concerne pas les paresseux ou les individus qui n’ont aucune velléité, c’est même l’inverse. Souvent organisées à l’intérieur de leur procrastination, ces personnes grouillent d’idées et de projets. Ce sont bien souvent des personnes très créatives !
Cependant, leur perfectionnisme et/ou leur peur de l’échec est un frein au passage à l’acte, et donc à l’avancée de leurs projet. Ce qui provoque une perte de confiance en eux-mêmes. L’anxiété s’accroît et favorise le cercle vicieux de la procrastination. La personne est encore plus bloquée, et en difficulté pour passer à l’action.
Attention, la procrastination peut être elle-même le symptôme d’une pathologie telle que la dépression, l’anxiété ou la phobie, par exemple.
Procrastination : les traitements
Il n’existe pas de traitement, ni de patch… pour arrêter la procrastination.
Toutefois, il y a des astuces et petites solutions pour une meilleure organisation :
- Hiérarchiser
Parmi les solutions à mettre en place si l’on souffre de procrastination, il faut commencer par hierarchiser les choses importantes à réaliser. - Fractionner
Les spécialistes conseillents « la technique dite du salami » qui permet de tronçonner une activité en sous-activités de petite taille, afin de ne pas se retrouver face à une montagne de tâches infranchissable. A chaque étape, il faut s’offrir une récompense pour en tirer une véritable satisfaction. Petit à petit, la personne pourra augmenter le rythme des actions à effectuer. - Chronométrer
Pour avoir le courage de démarrer, on conseille d’utiliser l’astuce du « plan de 5 minutes » : s’engager dans une action en se limitant à 5 minutes d’essai, au lieu des 8 heures prévues et décourageantes. Dans une majorité des cas, on doit continuer ce challenge en surfant sur ces 5 minutes qui permettront peut-être de terminer ce que l’on a commencé il y a… 6 mois ! - Écrire
Les to do list sont très à la mode chez les procrastinateurs. Certains les déconseillent, d’autres les promeuvent. Pour être bénéfique, une bonne to do list doit être unique (ne pas en avoir 5 en attente…) et remise à jour quotidiennement. Les tâches incluent doivent être fractionnées, avec un indice de “temps” à respecter. En fait, la meilleure to do list est un…planning. Prenez exemple sur le bullet journal, qui permet de s’organiser et de sublimer sa créativité.
Mais bien entendu, l’avis d’un médecin et plus précisément d’un psychiatre ou d’un psychologue peut être utile si l’on ne parvient pas à vaincre cette procrastination.
Pour savoir si elle fait partie d’un cortège de symptômes lié à une dépression, une phobie, un TDAH, etc. Et surtout pour trouver une solution en s’aidant d’une psychothérapie comportementale.
Procrastination : Sources et notes
– Bruno Koeltz , Comment ne pas tout remettre au lendemain, Editions Odile Jacob, 2006.
– Michaël Ferrari, Stop à la procrastination, c’est malin, Quotidien Malin, 2014.
– Patrice Ras, Aujourd’hui, j’arrête de tout remettre à demain. Halte à la procrastination !, Jouvence, 2011.