Phobie sociale

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Il y a ceux pour qui ça commence tout petit : la maitresse interroge en classe et c’est le phare assuré. Il y a ceux qui plus tard redoutent le colloque où ils doivent prendre la parole. Normal !

Et puis, il y a ceux qui en viennent à redouter les soirées entre amis, les lieux publics et qui préfèrent se terrer chez eux, plutôt que devoir affronter le regard des autres.

La phobie sociale, ça fait mal et ça fait honte. On n’ose pas en parler. Et c’est dommage, parce qu’il faut savoir qu’elle se guérit très bien !

La phobie sociale va bien au-delà de la timidité. Mais entre timidité et phobie sociale, il y a des ressemblances : peur de parler en public, sentiment d’infériorité, manque de confiance en soi, etc.

Mais ce qui différencie la timidité de la phobie sociale est l’intensité de la gêne et tous les comportements d’évitement que l’on va développer (inventer) pour contourner le problème.

Certes, parler en public, que cela soit lors d’une conférence ou tout simplement pour demander son chemin dans la rue, ça peut impressionner. On a le sentiment d’être ridicule, de ne pas être à la hauteur. Cela peut arriver.

Le problème se pose quand la crainte de ne pas être à la hauteur se transforme en une peur d’être jugé. Et surtout quand toute la vie en est modifiée. Parce que ceux qui souffrent de phobie sociale vous le diront, toute leur vie, toute leur énergie est tournée vers un seul but : éviter la situation qui les handicape. Et c’est donc toute leur vie qui est altérée.

Phobie sociale : Les causes

Plusieurs causes à la fois biologiques, psychologiques… de la phobie sociale sont recensées :

> Les causes biologiques : un déséquilibre au niveau de l’ amygdale cérébrale. L’amygdale cérébrale est une petite zone du cerveau, dans le lobe temporal, juste devant l’hippocampe qui joue un rôle dans les réponses émotionnelles, et, notamment, la peur et l’ anxiété.

En fait, son rôle est de décoder les signaux qui pourraient être menaçants pour notre organisme. Autant dire que l’amygdale cérébrale est essentielle à notre survie. Imaginez que nous n’ayons plus peur de rien, nous ne survivrions pas longtemps. Mais lorsque cette amygdale repère un signal comme menaçant, alors qu’il ne l’est pas, c’est là que peut arriver la phobie… Et oui, la phobie sociale a une origine cérébrale !

> Les causes environnementales : notamment le mode d’éducation. Un enfant surprotégé pour lequel on limite les rencontres avec les autres… une éducation trop en repli sur la famille immédiate… des parents eux-mêmes très anxieux… (l’anxiété, c’est contagieux !)

> Les causes réactionnelles : un contact qui s’est mal passé. Cela peut être un instituteur violent qui humilie l’enfant. Cela peut venir de tout autre adulte, parents ou entourage qui blesse l’enfant, en public. Et avec le temps, la personne développe une phobie sociale.

Phobie sociale : Les symptômes

La phobie sociale touche entre 6 % et 10 % de la population. On sait que ça peut commencer très tôt, dès l’enfance, mais surtout dès l’ adolescence. Les premiers symptômes de phobie sociale peuvent se révéler entre 11 et 15 ans. Alors, est-ce qu’il y a un lien avec cet âge difficile où l’on doute de soi ? Où les changements du corps touchent aussi l’âme ? Où l’on a du mal à affronter son propre regard ? Où les hormones sont en pleine ébullition ? Pas sûr ! Si la phobie arrive à l’adolescence, c’est qu’elle a fait son nid bien plus tôt. Dans l’enfance.

D’ailleurs, il n’est pas rare que, chez les plus jeunes, la phobie sociale s’exprime par une phobie scolaire. Et c’est ainsi que les parents conduisent leur enfant chez le psychologue ou le psychiatre.

Lorsque la phobie est diagnostiquée tôt, dans l’enfance, ou à l’adolescence et que la prise en charge intervient rapidement, alors le traitement est mis en place et les choses s’arrangent assez vite.

Le problème se pose lorsque la phobie n’est pas repérée, risquant alors de s’installer. Des années de souffrance peuvent s’écouler, avant une prise en charge. Le phobique est très fort pour développer une panoplie de situations d’évitement. Il va construire sa vie, non plus en fonction de ses désirs et de ses intérêts, mais en fonction de sa phobie sociale. Et cela peut durer longtemps.

Phobie sociale : Les conséquences

La première des conséquences de la phobie sociale, est la souffrance au quotidien. C’est l’anticipation permanente de toutes ces situations qui vont mettre en souffrance ou mal à l’aise. C’est la planification, pour chaque jour, de stratégies qui évitent la situation anxiogène (se faire livrer pour ne pas avoir à aller faire ses courses, prendre ses cours par correspondance pour ne pas avoir à aller en classe, trouver une excuse pour échapper à la réunion de famille ou à la soirée entre amis, se trouver à soi même une bonne raison pour rester à la maison et seul…).

Au fil du temps, le sentiment de dévalorisation (d’infériorité), d’incapacité, augmente. On arrive à se fabriquer une vie d’évitement confortable – du point de vue de la phobie sociale, mais l’image de soi reste dégradée. Et le risque est la dépression, l’ addiction (à l’alcool ou aux anxiolytiques…).

Les conséquences de cette phobie sociale vont s’exprimer à des occasions très diverses. Les situations à l’origine de véritables crises de panique et donc de fuite, d’évitement, peuvent se trouver aussi bien dans les domaines scolaire, professionnel que familial. La phobie sociale peut se manifester au moment d’un exposé à l’école ou, tout simplement, lorsque l’on rencontre la voisine et qu’il va falloir lui parler de la pluie ou du beau temps.

Cela peut arriver lorsque l’on est amené à donner son point de vue, à défendre une idée ou, tout simplement, lorsque l’on mange, que l’on boit, que l’on écrit ou que l’on est dans le métro, et que l’on se sent observé, jugé. Les situations les plus banales, se transforment alors en cauchemar.

Phobie sociale : Les traitements

Les traitements les plus efficaces de la phobie sociale, ce sont les médicaments antidépresseurs associés aux thérapies comportementales et cognitives ( TCC). Ces thérapies permettent de modifier des comportements d’évitement, de modifier les réflexes de vie, construits depuis des années, depuis l’enfance souvent, mais mal adaptés au quotidien (à la réalité).

En cas de crise d’angoisse, bien sûr, le premier traitement sera un médicament anxiolytique. Mais cet anxiolytique doit être pris uniquement en cure ponctuelle. On le sait, il peut créer des dépendances.

En cas de dépression, qu’elle soit la cause ou la conséquence de la phobie sociale, le traitement sera un antidépresseur (venlafaxine, escitalopram, paroxétine…). Des antidépresseurs qui agissent également sur l’angoisse.

Mais, si l’on veut régler le problème au fond et s’en débarrasser, il faut oser s’engager dans une thérapie comportementale et cognitive. Même si, pour un phobique, affronter sa phobie sans chercher à l’éviter, est le plus grand défi ! C’est la liberté et la qualité de vie qui en dépendent.

Les traitements de la phobie sociale font intervenir les thérapies comportementales et cognitives.
Si l’on veut résumer, on peut dire que le principe des thérapies comportementales et cognitives (TCC) est le réapprentissage. Vous avez appris à réagir d’une certaine manière, face à une certaine situation, et bien, vous allez désapprendre ce que vous savez, pour réapprendre une nouvelle réponse. Quitter vos anciennes habitudes pour en adopter de nouvelles, mieux adaptées et plus confortables pour vous. Sur le principe de Pavlov et des réflexes conditionnés, en quelque sorte.

Les thérapies comportementales et cognitives sont des thérapies courtes. Pas de longues années sur le divan du psy. Quelques semaines ou quelques mois suffisent. Leur principe n’est pas d’analyser en profondeur votre personnalité, mais, de régler un problème précis.

Face à votre phobie sociale, le psy va vous aider à identifier les situations les plus effrayantes pour vous et surtout, il va vous aider à décrypter ce qu’il y a d’effrayant pour vous, dans ces situations. Vous allez d’abord mettre des mots dessus, apprendre à les nommer.

Ensuite, le psy vous donne des exercices à effectuer. Comme des devoirs à la maison. Et progressivement, à votre rythme, il va vous guider pour affronter la situation qui vous effraie.

Les séances associent des exercices pratiques (de déconditionnement) et l’analyse de vos modes de pensée.

Concrètement, ces séances durent 45 minutes, se répètent toutes les semaines, pendant une petite année (maxi).

Phobie sociale : S’en débarrasser

Tout cela est très logique : quand quelque chose fait peur, on l’évite ! Quand il s’agit d’un lion, d’un animal sauvage ou d’une situation dangereuse, c’est le bon réflexe ! Lorsque, au contraire, il s’agit d’une situation indispensable à votre vie, utile pour votre travail ou votre vie sociale ou affective, l’évitement est le plus mauvais des choix.

Si pour soigner votre phobie sociale, vous optez pour une thérapie comportementale et cognitive, vous allez apprendre à identifier tous vos réflexes inappropriés. Vous allez en apprendre de nouveaux. Vous allez apprendre à vous libérer de vos peurs et à vivre libre. Vous allez progressivement parvenir à vous débarrasser (de façon plus ou moins définitive) de votre phobie sociale. C’est un traitement qui est de plus en plus évaluer par les spécialistes et qui permet des résultats relativement rapides !

Et si, un jour, vous êtes invité à une soirée quelconque et que vous refusez, posez vous bien cette question (que nous devrions tous nous poser à chaque fois, d’ailleurs…) « est-ce que je refuse par ce que j’en ai envie ou est-ce un évitement ? ».

Et, surtout, si vous êtes en souffrance à cause d’une phobie sociale, osez aller en parler. Les psy connaissent bien ce trouble et ils proposent des prises en charge adaptées à chaque cas.

Phobie sociale : Sources et notes

> DMS IV, American Psychiatric Association, 1994.
> Servant D., Soigner les phobies sociales, Masson, 2002.
> Antony M.M., Assessment and treatment of social phobia, Can J Psychiatry, 1997. Review.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : docteur Anne Gut-Fayand, psychiatre, praticien hospitalier à l’hôpital Sainte-Anne (Paris).

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