La péritonite est une inflammation du péritoine, une membrane qui enveloppe l’ensemble des organes contenus dans la cavité abdominale.
Cette inflammation le plus souvent liée à une infection, provoque généralement de fortes douleurs abdominales qui peuvent survenir dans une zone délimitée du ventre ou alors se manifester au niveau de l’abdomen entier.
Qu’est-ce que le péritoine est à quoi sert-il ?
Le péritoine est une membrane très fine qui entoure tous les organes de l’abdomen situés en-dessous du diaphragme jusqu’au petit bassin.
Le péritoine a différentes fonctions. D’un côté il assure que les organes glissent entre eux, en cas de mouvement, sans frottement les uns sur les autres. D’un autre côté, il sépare les différents organes les uns des autres et les maintient dans la bonne position.
Il existe cependant certains organes qui ne sont pas enveloppés du péritoine : les reins par exemple se situent derrière le péritoine – on parle alors d’organes rétro-péritonéaux. Les voies urinaires, sont en revanche situées dans le péritoine.
La péritonite est pratiquement toujours une maladie secondaire : c’est-à-dire qu’elle est souvent provoquée par une autre maladie déjà présente, ou encore par un facteur externe (intervention chirurgicale, blessure…).
La péritonite constitue généralement une urgence médicale ou plus précisément chirurgicale qui doit être opérée le plus rapidement possible. Sans traitement, la péritonite peut se transformer en une septicémie (colonisation de bactéries dans le sang) mettant la vie du patient en danger.
Si une péritonite est détectée à un stade précoce, et à condition qu’aucun organe ne soit endommagé ou enflammé, la péritonite peut éventuellement être traitée par des antibiotiques, sans qu’une intervention chirurgicale ne soit nécessaire. Mais la plupart du temps, une opération est indispensable.
Péritonite : définition
La définition d’une péritonite est simple. Elle correspond à une inflammation du péritoine (fine membrane présente dans l’abdomen qui entoure les organes digestifs). Cette inflammation est généralement d’origine infectieuse.
Selon la gravité, on distingue deux formes de péritonite :
- la péritonite localisée (ou locale) : seule une zone délimitée du péritoine est enflammée,
- la péritonite généralisée (ou diffuse) : l’inflammation s’est répandue dans toute la cavité abdominale.
Pour encore mieux définir ce qu’est une péritonite, une classification permet d’établir son origine et son évolution.
La classification des péritonites
Dans environ 95 % des cas, la péritonite est la conséquence d’une infection, le plus souvent par des bactéries. En fonction de la manière dont les bactéries se sont introduites dans l’abdomen, on distingue différentes formes de péritonite :
- la péritonite primaire ou primitive (appelée aussi : péritonite spontanée ou idiopathique),
- la péritonite secondaire,
- la péritonite tertiaire.
La péritonite primaire :
La péritonite primaire est plutôt rare et concerne surtout les enfants. On parle de péritonite primaire lorsqu’aucune maladie ayant pu provoquer l’inflammation du péritoine n’est détectée dans l’abdomen, en fait on ne retrouve pas de cause précise (c’est pour cette raison que l’on parle de péritonite spontanée ou idiopatique). Les bactéries s’introduisent vraisemblablement dans la cavité abdominale via la circulation sanguine ou lymphatique.
Une forme particulière de la péritonite primaire est la péritonite spontanée bactérienne qui peut être provoquée par une ascite suite à une cirrhose du foie (cirrhose hépatique).
La péritonite secondaire :
La péritonite secondaire est de loin la forme de péritonite la plus répandue. Le plus souvent elle est provoquée par la perforation d’une petite partie de la paroi de l’estomac ou de l’intestin suite à une maladie, par exemple une appendicite. Les bactéries de l’organe infecté se répandent dans la cavité abdominale, transmettant ainsi l’inflammation au péritoine.
Mais la péritonite n’a pas forcément des origines internes : des lésions provenant de l’extérieur – par exemple par un coup de couteau – peuvent également provoquer l’introduction de bactéries dans l’abdomen et, par conséquent, l’inflammation de la cavité abdominale.
La péritonite post-opératoire fait également partie des péritonites dites secondaires. Comme son nom l’indique, la péritonite survient alors après une intervention chirurgicale, par exemple en cas de rupture de la cicatrice après une opération intestinale.
La péritonite tertiaire :
On parle de péritonite tertiaire lorsque la péritonite persiste et évolue. Elle peut se développer chez des personnes souffrant d’une immunodéficience, comme une infection par le VIH, une immunosuppression (inhibition du système immunitaire), ou en présence d’une maladie concomitante grave.
Dans des cas très rares, la péritonite ne résulte pas d’une infection, mais l’inflammation et l’irritation du péritoine sont provoquées par des substances chimiques toxiques, comme la bile, l’urine ou des substances de contraste radiologiques… qui s’introduisent dans la cavité abdominale après la lésion d’un organe.
Péritonite : les causes
En règle générale, la péritonite est due à une infection bactérienne. Les bactéries en cause proviennent d’un organe lésé et enflammé dans l’abdomen. Pour une raison liée à une maladie touchant cet organe, ce dernier s’ouvre dans l’abdomen (par une petite brèche) : les bactéries migrent alors dans le péritoine où elles se répandent et provoquent une inflammation.
Le plus souvent la péritonite est donc une complication résultant d’une autre maladie, comme par exemple une appendicite (une des causes les plus fréquentes).
Dans des cas rares, la cause initiale de la péritonite se situe en-dehors de l’abdomen, par exemple dans le cas d’une inflammation des organes sexuels. Les bactéries parviennent alors jusqu’à l’abdomen en empruntant la circulation sanguine ou lymphatique, et non pas à travers la paroi de l’estomac ou la paroi intestinale.
La péritonite survient donc le plus souvent suite à la lésion d’un organe (estomac, intestin, vésicule biliaire, appendicite), lorsque des agents pathogènes se répandent dans la cavité abdominale, provoquant ainsi l’inflammation du péritoine. Mais qu’est-ce qui peut provoquer ou favoriser une telle lésion ? Selon les causes, il peut s’agir d’une :
- péritonite infectieuse (généralement provoquée par des bactéries intestinales),
- péritonite chimique ou toxique (surtout des fluides corporels),
- péritonite due aux rayonnements (inflammation de l’intestin grêle après une radiothérapie).
La péritonite infectieuse
Dans 95% des cas, une infection bactérienne est à l’origine de la péritonite. Les bactéries proviennent généralement d’une inflammation dans l’abdomen, par exemple suite à une appendicite.
Peuvent ainsi être la cause initiale d’une péritonite différentes maladies inflammatoires siégeant dans l’abdomen, par exemple :
- une appendicite (inflammation de l’appendice),
- une cholécystite (inflammation de la vésicule biliaire),
- une pancréatite (inflammation du pancréas),
- une diverticulite (inflammation d’un diverticule de la paroi intestinale).
Le déroulement de la péritonite est pratiquement identique à celui de toutes les infections et inflammations des organes de l’abdomen : sans traitement, l’inflammation se développe progressivement, fragilisant ainsi de plus en plus la paroi intestinale et de l’estomac. A un certain stade d’avancement de l’inflammation, les lésions sont telles que la paroi n’est plus perméable et peut même se fissurer, se léser complètement. Les bactéries s’introduisent alors dans la cavité abdominale, provoquant une péritonite.
Prenons un exemple : au stade avancé d’une appendicite, appendicite peut se fissurer. Il peut se produire une « perforation » de l’appendice. Suite à cette perforation, l’inflammation gagne le péritoine.
Plus rarement, une inflammation provoquant la péritonite peut se situer à l’extérieur de la cavité abdominale, par exemple concerner les organes sexuels en cas d’infection par des gonocoques, par exemple. En cas de traitement inadapté ou trop tardif de la gonorrhée, les gonocoques peuvent migrer, via la circulation sanguine, dans l’abdomen et provoquer une péritonite.
Outre ces maladies, d’autres problèmes peuvent provoquer le passage et la migration de bactéries dans l’abdomen, et donc une péritonite, par exemple :
- un ulcère (notamment l’ulcère de l’estomac),
- une tumeur,
- une opération de l’abdomen,
- une lésion de la paroi abdominale (par exemple une blessure à l’arme blanche
La péritonite chimique
La péritonite chimique, beaucoup plus rare que la péritonite infectieuse, est causée par des substances non-infectieuses introduites dans la cavité abdominale suite à une maladie, une lésion ou après une opération. De telles substances non-infectieuses peuvent être :
- du sang,
- du suc gastrique,
- des sécrétions de bile ou de foie,
- des sécrétions du pancréas,
- de l’urine provenant de la vessie,
- un agent de contraste radiologique contenant du baryum.
Péritonite : les symptômes
Les symptômes typiques d’une péritonite sont des douleurs abdominales soudaines et intenses. C’est pourquoi les personnes touchées adoptent souvent une posture courbée pour limiter les douleurs. Généralement, la paroi abdominale est très tendue et dure, les muscles abdominaux se contractant un peu sous forme de crampes, de contractures.
A un stade avancé, la péritonite peut, comme toutes les maladies inflammatoires, provoquer des symptômes moins spécifiques et communs à ceux de maladies plus courantes, par exemple :
- de la fièvre,
- des nausée et vomissements,
- de la constipation ou diarrhée,
Les symptômes de la péritonite diffèrent selon s’il s’agit d’une péritonite localisée ou d’une péritonite généralisée.
Les symptômes de la péritonite localisée
En cas de péritonite localisée, les douleurs abdominales se limitent à la zone de l’inflammation initiale. Le plus souvent, le ventre est tendu et sensible aux pressions ou au toucher à cet endroit. La localisation des douleurs dépend surtout de la maladie, du problème initial à l’origine de la péritonite. Si une appendicite est la cause de la péritonite, les douleurs se manifestent souvent dans la région inférieure droite de l’abdomen.
D’autres symptômes d’une péritonite localisée peuvent être : une fièvre légère, des nausées ou une constipation.
Les symptômes de la péritonite généralisée
Dans le cas d’une péritonite généralisée (péritonite diffuse), l’inflammation s’est étendue à toute la cavité abdominale, ce qui provoque des douleurs dans tout l’abdomen. En réaction aux douleurs, les muscles abdominaux se contractent sous forme de crampes, d’une contracture, provoquant un durcissement de toute la paroi de l’abdomen. Pour soulager ces douleurs, la personne concernée adopte automatiquement une posture spécifique : couchée sur le côté, le dos courbé et les jambes fléchies.
De larges parties de l’abdomen étant touchées par l’inflammation lors d’une péritonite généralisée, les symptômes d’accompagnement sont également plus forts. Souvent le patient :
- a une forte fièvre,
- se sent agité et étourdi,
- souffre de nausées et de vomissements,
- est couvert de sueurs froides,
- a un pouls accéléré.
Comme une péritonite généralisée touche également l’intestin, elle provoque souvent des symptômes comme des diarrhées, une constipation voire un arrêt complet des selles.
Note : les symptômes caractérisant une péritonite peuvent aussi se manifester pour d’autres maladies… pour cette raison, le médecin cherchera éventuellement ces autres pathologies, et devra établir un diagnostic précis. Etant donné que la péritonite généralisée (diffuse) peut mettre la vie du patient en danger, il est important de consulter rapidement un médecin en présence d’un ou de plusieurs des symptômes décrits ci-dessus, pour poser un diagnostic précis. Il est essentiel que la péritonite soit rapidement prise en charge.
Le diagnostic
A l’hôpital ou chez votre médecin, plusieurs examens seront effectués afin de déterminer si vous souffrez effectivement d’une péritonite et en trouver la cause :
- une analyse de sang afin d’évaluer – entre autres – le degré d’infection,
- une échographie du ventre pour visualiser l’intérieur de la cavité abdominale,
- une radiographie de l’abdomen afin de déterminer s’il y a de l’air dans la cavité abdominale, ou analyser d’autres symptômes anormaux…
Afin d’identifier les agents pathogènes ayant provoqué la péritonite, le médecin peut éventuellement également prélever un échantillon du liquide de l’abdomen (ascite). Cette ponction d’ascite est importante notamment lorsque le patient souffre d’une péritonite primaire.
Péritonite : les traitements
La péritonite constitue souvent une urgence médicale (et même chirurgicale), le patient devant alors être opéré le plus vite possible. En cas de prise en charge insuffisante ou inadaptée, la péritonite peut entraîner de graves complications, voire le décès du patient.
Le traitement dépend notamment de la cause ayant provoqué la péritonite. Si des organes internes sont enflammés et perforés, le chirurgien peut enlever l’organe en question (par exemple : la vésicule biliaire, l’appendicite, ou une portion de l’intestin), ou recoud l’organe perforé.
Il arrive aussi dans certains cas que le chirurgien soit obligé d’effectuer une colostomie : mise en place d’un anus artificiel (si par exemple une partie du gros intestin, côlon doit être enlever).
Le chirurgien procède ensuite à un lavage de la cavité abdominale, en utilisant une solution saline afin d’enlever les accumulations de pus et de bactéries qui se sont formées suite à l’inflammation et l’infection.
Est également effectué un drainage de l’abdomen : un tube très fin est introduit dans la cavité abdominale permettant d’évacuer l’exsudat, même après l’opération. Lorsque, dans des cas graves, le drainage n’est pas suffisant, il peut être nécessaire de procéder à un deuxième lavage de le la cave abdominale par intervention chirurgicale.
Après l’opération, le patient reste d’abord en soins intensifs, car une péritonite généralisée peut entraîner une septicémie grave, mettant en danger la vie du patient.
Dans le cadre de ces soins intensifs, le patient a besoin de différents soins spécifiques et d’une surveillance médicale attentive, en attendant que l’intestin reprenne son fonctionnement normal (péristaltisme intestinal – mouvements intestinaux), et que le cœur et la circulation sanguine se soient stabilisés.
Des soins spécifiques peuvent concerner :
- la mise en place d’un anus artificiel (colostomie),
- une respiration (ventilation) artificielle,
- une alimentation par une sonde gastrique.
Sont également administrés au patient des antibiotiques et des antidouleurs.
Dans des cas rares, lorsque la péritonite a été diagnostiquée très tôt et à condition qu’aucun autre organe ne soit enflammé ou blessé, un traitement par antibiotiques peut être suffisant pour soigner la péritonite, sans qu’une intervention chirurgicale ne soit nécessaire.
Péritonite : l’évolution et la prévention
La péritonite est une maladie grave qui nécessite souvent une hospitalisation. L’évolution et le pronostic de la péritonite dépendent largement de la cause de l’inflammation et de l’infection, de la gravité de la maladie initiale et de l’âge du patient et de son état de santé…
Le pronostic est particulièrement favorable en cas d’une péritonite localisée, liée à une opération de l’appendicite par exemple. Cependant, lorsque l’inflammation se développe dans toute la cavité abdominale (péritonite généralisée) suite à la perforation soudaine d’un organe, les suites opératoires peuvent être plus complexes, et le pronostic moins bon…
Globalement, le taux de mortalité en cas de péritonite se situe entre 5 et 30 %.
La prévention
Il est impossible de prévenir de façon spécifique une péritonite, puisque la maladie initiale et les lésions susceptibles de provoquer l’inflammation du péritoine peuvent être très diverses. Cependant, les personnes sujettes à des diverticules devront être vigilantes, en connaissant les signes d’une diverticulite pour éviter que les choses ne dégénèrent…
Il est d’autant plus important d’identifier et de traiter à temps la péritonite – ou la maladie initiale. Il est donc conseillé de consulter un médecin dès que vous observez des symptômes comme des douleurs abdominales soudaines et intenses.
La règle générale étant : plus la péritonite évolue, plus les traitements risquent d’être lourds, importants et compliqués… et cela diminue les chances de guérison. Il faut bien avoir conscience qu’il s’agit d’une urgence médicale, ou plutôt chirurgicale.
Péritonite : sources et notes
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