Paranoïa 

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Paranoïa : le délire de la persécution

La paranoïa est un délire interprétatif dont la principale thématique est la persécution.

La paranoïa regroupe trois types de délires : interprétatif, sensitif, passionnel. Ces derniers étant eux-mêmes divisés en trois types différents : délire de jalousie, délire de préjudice et érotomanie.

Typiquement, la personne qui souffre de paranoïa est un homme qui consomme de l’alcool ou d’autres toxiques.

Le grand risque de la paranoïa est le passage à l’acte agressif sur la personne soupçonnée de complot. La dépression est également une complication, surtout dans les délires sensitifs.

Le traitement de la paranoïa est délicat. Toute la difficulté est de susciter la confiance du patient pour son médecin ou son psychothérapeute. Son efficacité est variable, et dépend du type et de l’intensité du délire.

La personnalité paranoïaque est une autre entité diagnostique, caractérisée par des traits de personnalité propres aux paranoïaques : méfiance excessive, altération du jugement, inadaptation sociale, et surestimation de sa propre personne.

Ce trouble de la personnalité a des conséquences néfastes sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, en famille, au travail, dans le couple, etc. La personnalité paranoïaque peut évoluer vers une paranoïa, c’est-à-dire vers l’élaboration de délires paranoïaques. Ce trouble est relativement fréquent dans la population générale.

Paranoïa : les causes

La paranoïa est une maladie psychiatrique relativement rare, qui concerne environ 0,03 % de la population générale. Les troubles de la personnalité paranoïaques sont quant à eux plus fréquents, avec 0,4 à 4,4 % de la population atteinte.

Les causes de la paranoïa sont multifactorielles. Familiales d’abord. L’existence d’antécédents familiaux de schizophrénie est en effet associée à un risque plus important de développer une personnalité paranoïaque ou une paranoïa. Sans que le lien entre schizophrénie et paranoïa ne soit bien compris.

De la même façon, il est plus fréquent de souffrir d’une personnalité paranoïaque lorsqu’un parent de premier degré a souffert d’une paranoïa. Ces agrégations familiales ont été corroborées par des études génétiques. On sait cependant que l’influence génétique existe, au même titre que les facteurs de l’environnement.

Au XIXème siècle, Sigmund Freud décrivait la paranoïa comme une névrose destinée à lutter contre des tendances homosexuelles inconscientes. Mais heureusement, de nos jours, cette compréhension a évolué. Les psychanalystes pensent aujourd’hui qu’une souffrance précoce du développement (carence affective, humiliation, maltraitance) pourrait être en cause dans l’apparition d’une paranoïa ou d’une personnalité paranoïaque. La représentation de soi comme quelqu’un de grandiose cacherait en réalité un profond sentiment d’infériorité.

Certaines pathologies psychiatriques sont susceptibles de provoquer un délire paranoïaque, notamment dans les moment de décompensation anxieuse ou délirante : le trouble bipolaire, la démence et la schizophrénie.

Enfin, les causes d’un délire paranoïaque peuvent être toxiques, sans que l’on puisse parler à proprement parler de paranoïa. L’alcool, le cannabis et la cocaïne peuvent notamment provoquer l’apparition d’un délire paranoïaque temporaire.

Paranoïa : les symptômes

Les délires paranoïaques sont construits et peuvent parfois être convaincants. En dehors des thèmes sur lesquels il délire, le paranoïaque peut tenir des propos tout à fait cohérents. Mais les symptômes délirants sont bien du registre des psychoses. C’est-à-dire que l’individu perd contact avec la réalité et n’a pas conscience de souffrir d’un trouble mental. Le grand risque de ces délires est alors le passage à l’acte sur la personne visée par le délire.

Il existe trois types de délires paranoïaques. En voici les symptômes :

1 – Les délires passionnels

Ils sont centrés autour d’une idée de base qui est fausse. En dehors du thème sur lequel il délire, le paranoïaque peut tenir des propos tout à fait cohérents.

On distingue trois types de délires passionnels, dont voici les symptômes :

> Les délires de revendication : procès multiples pour demande de réparation de préjudices que le paranoïaque est convaincu d’avoir subi (exemple : inventeur dépossédé de son invention, revendication d’une filiation, etc.)

Les délires érotomaniaques : conviction délirante d’être aimé(e) par une personne, en général de statut social plus élevé. Ce délire est plus fréquent chez la femme et débute vers la trentaine. Il évolue en trois phases : espoir d’être aimé, dépit lorsque la personne s’aperçoit qu’elle ne l’est pas et enfin rancune. Lors de cette dernière phase, il faut se méfier d’un risque de passage à l’acte agressif sur l’être qui a été aimé.

Les délires de jalousie : conviction délirante d’être trompé dans sa relation de couple. Les hommes seraient plus souvent atteints que les femmes. Là aussi il y a un grand risque de passage à l’acte agressif sur le conjoint et le présumé amant.

2 – Le délire d’interprétation

Ce délire est centré autour de plusieurs idées. En effet, il s’enrichit progressivement d’idées fausses et le sujet se sent de plus en plus persécuté. Les complots présumés sont d’abord professionnels puis familiaux. Finalement, tout fait nouveau est interprété comme ayant une signification dans ce délire de persécution.

3 – Le délire de relation des sensitifs

Il survient chez des personnes ayant une personnalité dite sensitive, c’est-à-dire marquée par la méfiance, la susceptibilité, la tendance au scrupule, à la culpabilité et à l’hyperémotivité.

Ce délire comporte aussi des idées de persécution. Le sujet, souvent une femme, a l’impression que ses collègues ou ses proches se moquent de lui, le critique. Mais, au lieu d’être revendicative et agressive, la personne sensitive va développer des sentiments de honte et d’infériorité par rapport aux accusations dont elle se croit victime.

Paranoïa : les traitements

La personnalité paranoïaque

La personnalité paranoïaque est composée de quatre traits principaux :

L’hypertrophie du moi : cette surestimation de soi-même est au centre de la personnalité paranoïaque. Elle entraîne la mégalomanie, l’orgueil, le mépris des autres, la vanité parfois cachée derrière une fausse modestie superficielle.

La psychorigidité : le paranoïaque est incapable de se remettre en cause, de se plier à une discipline collective. Il a toujours raison et est autoritaire. Cette inadaptation sociale fait qu’il finit souvent par s’isoler et privilégier les apprentissages autodidactes.

La méfiance et la suspicion : le paranoïaque pense que les autres cherchent à le tromper car ils sont jaloux de sa supériorité. Il se sent en permanence entouré de personnes envieuses et malintentionnées. Du coup, il est susceptible et toujours sur ses gardes.

> La fausseté du jugement : le paranoïaque suit sa propre logique, laquelle est basée sur une série d’interprétations fausses mais dont il est absolument convaincu. Il cherche d’ailleurs souvent à imposer ses opinions de manière tyrannique et intolérante à ses proches.

Les traitements de la paranoïa

En cas de paranoïa, l’évolution de ces délires est émaillée de moments paranoïaques très aigus où la possibilité d’un passage à l’acte contre autrui est à craindre. On observe également des phases d’effondrement avec des dépressions qui peuvent être accompagnées d’idées suicidaires.

Un isolement social et affectif, plus ou moins important, est souvent la conséquence de ces interprétations délirantes.

Le traitement de ces délires paranoïaques est délicat. Toute la difficulté étant, pour le psychiatre, de susciter la confiance du sujet paranoïaque. D’autant qu’il faut le plus souvent du temps avant que le malade n’accepte de consulter.

Cependant, lorsque ce dernier est agressif et devient menaçant pour son entourage, une hospitalisation sous contrainte est indiquée. Une hospitalisation simple, à la demande du patient, doit être favorisée mais est plus difficile à mettre en place.

Le traitement de la paranoïa repose sur l’association de médicaments (neuroleptiques) et d’une action psychothérapeutique. Le psychothérapeute doit être vigilent avec le malade. Le cadre de suivi, défini à l’avance, devra être strictement respecté, dans les règles de bienséance qui se doivent. Tout manquement étant susceptible de provoquer une interprétation délirante chez le paranoïaque.

Un traitement antidépresseur et/ou anxiolytique pourra également être associé si la paranoïa se complique d’une dépression ou d’une anxiété.

Paranoïa : sources et notes

– F. Ferreri, Psychiatrie, Encyclopédie Médico-chirurgicale, 2012.

– P. Le Bihan, Personnalité paranaïaques, Encyclopédie Médico-chirurgicale, 2010.

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