Les os et le squelette sont la charpente du corps humain. Ils sont retenus entre eux par les ligaments, les muscles et leurs tendons. Les os sont des tissus durs constitués par une trame minérale formée de minéraux comme le calcium, le phosphore, le magnésium…
Ce capital osseux est primordial. En cas de défaut, les os peuvent être plus fragiles. On parle alors d’ostéoporose.
L’ostéoporose est une maladie où le capital osseux a diminué. Elle touche le métabolisme du calcium, et il survient une diminution de la masse calcique osseuse, l’os devient poreux et alors fragile. D’autres minéraux interviennent dans l’apparition de la fragilité osseuse.
L’ostéoporose est un problème de santé publique : la population étant vieillissante, de plus en plus de maladies liées à l’âge apparaissent. Et l’ostéoporose en fait partie. Comme c’est une maladie silencieuse, elle n’est appréhendée que par ses complications redoutables qui sont fréquemment en cause dans la perte d’autonomie des personnes âgées.
L’ostéoporose est due au vieillissement, c’est certain, mais elle n’est pas inéluctable : la prévention est essentielle et aujourd’hui : maintien du capital osseux, correction des carences en Calcium et vitamine D, maintien d’une activité physique, et exposition modérée au soleil. Si l’ostéoporose est dépistée, un traitement par médicaments peut permettre de reconstituer une trame osseuse solide. Cependant ce traitement, à base de biphosphonates, est actuellement controversée.
Numéro utile : Allo Ostéoporose : 0810 43 03 43 (N° Azur)
Auteurs : Hélène Hodac, Christine Vilnet et Dr Duncuing-Butlen.
Consultant expert : Dr Eric Lespessailles, praticien hospitalier au CHR d’Orléans, directeur de l’Institut de prévention et de recherche sur l’ostéoporose (Ipros).
Ostéoporose : les causes
La cause de l’ostéoporose est une régression quantitative (baisse de densité osseuse) et qualitative (détérioration de la micro-architecture de l’os) qui entraîne une fragilité accrue du squelette. Avec l’âge, les cellules osseuses se renouvellent moins bien et les os deviennent plus poreux, plus fragiles. On parle d’ostéoporose lorsque la densité de l’os (mesurée par la densitométrie) passe en dessous d’un certain seuil. Fréquente, cette maladie touche environ 1 femme ménopausée sur 3, mais elle est sous-diagnostiquée et donc sous-traitée.
Pour les deux sexes, la perte osseuse commence vers la trentaine. Elle est lente et régulière (0,5 % par an). Chez les femmes, l’arrêt des oestrogènes à la ménopause est en cause, et accélère cette perte de densité osseuse. La diminution des oestrogènes est un facteur favorisant l’apparition de l’ostéoporose. Les femmes ménopausées sont donc sujettes à cette maladie d’autant plus si la ménopause est précoce.
Elle est surtout importante les 2 ou 3 premières années, puis un peu moindre, heureusement, pendant les 5 à 10 ans qui suivent.
Globalement, les 10 ans suivant la ménopause sont ainsi potentiellement “à risque” car le capital osseux peut être entamé de 10 à 35 % selon les femmes. Pour beaucoup, le seuil critique (c’est-à-dire une densité trop faible) est franchi à ce moment-là, sans que rien ne se voie ou ne se sente.
Voici quelques problèmes de santé (ou traitements), considérés comme des facteurs de risque d’ostéoporose :
- Des fractures ou tassements vertébraux chez ses parents ;
- Des traitements prolongés ou répétés aux corticoïdes ;
- Des périodes d’ aménorrhée et/ou d’anorexie ;
- Une hyperthyroïdie ou la prise d’extraits thyroïdiens (médicament) ;
- Des périodes d’alitement prolongé ;
- Une maigreur avec un IMC (indice de masse corporelle) inférieur à 19 ;
- Le tabagisme, une consommation excessive d’ alcool, des régimes stricts pauvres en calcium
Ostéoporose : les symptômes
L’ostéoporose évolue sans symptôme… mais gare aux complications. Cette maladie est indolore, il n’y a aucun signe clinique. Ce sont généralement les fractures qui signent l’évolution de la maladie. En effet une fracture signe la fragilité de l’os, et donc le risque de faire une autre fracture.
L’ostéoporose est une maladie qui évolue sournoisement. C’est très souvent à un stade avancé que l’on fait le diagnostic. A l’occasion d’une petite chute, ou d’un léger traumatisme… une fracture (parfois très grave) survient. Le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose arrivent souvent trop tard. Eviter une deuxième fracture, c’est bien… mais éviter la première, c’est encore mieux !
Il est donc important de connaître les manifestations de la maladie et certains facteurs constituant un risque prédictif. Il faut donc faire attention à certains symptômes. Par exemple, une diminution de la taille (supérieure ou égale à 3 cm) et/ou des douleurs dorso-lombaires sont souvent le signe de fractures vertébrales. Un tiers d’entre elles sont asymptomatiques : ne génèrent ni douleur, ni handicap notable.
Attention aussi aux fractures de faible niveau d’énergie, c’est-à-dire celles qui sont le résultat d’un choc faible, par exemple une fracture due à une chute de sa hauteur.
Les fractures les plus problématiques, et souvent les plus graves, sont les fractures de la hanche. Les plus fréquentes sont celles du poignet. Dans ces cas-là, un bilan doit être effectué pour rechercher une éventuelle ostéoporose.
Notre conseil : n’hésitez pas à en parler avec votre médecin dès 50 ans, même avant si vous présentez des facteurs de risque. Si vous avez souffert de problèmes de santé particuliers, le médecin peut éventuellement pratiquer un bilan d’ostéoporose, et réaliser un examen spécifique indolore appelé ostéodensitométrie.
Ostéoporose : les complications
L’ostéoporose donnant par définition des os fragiles, ceux-ci risquent de se casser : c’est ce qui fait toute la gravité de cette maladie. Les fractures les plus fréquentes sont celles du col du fémur (au niveau de la hanche), les fractures du poignet et celles des vertèbres.
Parmi les complications : les fractures des vertèbres passent quelquefois inaperçues. On parle improprement de tassements vertébraux. Ce sont des personnes « qui se tassent », leur dos se voûte, la taille diminue. Une radiographie de la colonne vertébrale montrera des vertèbres fracturées, plus ou moins bien consolidées et une ostéoporose.
Un traumatisme minime, une chute de sa hauteur, un faux pas, peuvent entraîner une fracture chez une personne souffrant d’ostéoporose.
Les fractures chez les personnes âgées peuvent entraîner d’importantes conséquences. Elles risquent d’engendrer une invalidité et une perte de leur autonomie voire le décès. Après une fracture du col du fémur, le risque de décès est de 20% dans l’année suivante.
Il est impossible de prévoir la gravité de la première fracture due à l’ostéoporose et le traumatisme qu’elle va engendrer. On sait en revanche qu’après cette première fracture, les autres risquent de s’enchaîner : pour 25 % des personnes touchées, une seconde fracture survient ainsi dans l’année qui suit la première.
Ostéoporose : les examens
L’ostéodensitométrie permet de diagnostiquer de manière précise une ostéoporose et de déterminer sa gravité. C’est un examen radiologique qui mesure la Densité Minérale Osseuse (DMO). Totalement indolore, il s’effectue un peu comme une radiographie, sauf que l’on reste plus longtemps sous l’appareil (pas de panique : les rayonnements émis sont peu importants).
L’os est plus ou moins dense à la radio. Quand la densité osseuse est diminuée par rapport à la moyenne d’une tranche d’âge, il y a une ostéoporose plus ou moins importante. Le résultat est exprimé par le T-score. T-score > – 1 : densité normale.
On différencie plusieurs stades dans l’évolution de l’ostéoporose en fonction de la mesure de la densité osseuse et de la présence de fractures ou non : l’ostéopénie (-2,5 > T-score > – 1) qui est une diminution de la densité osseuse, l’ostéoporose sans fracture ou la densité osseuse est plus faible encore, l’ostéoporose sévère avec fracture (T-score > 2,5).
L’ostéodensitométrie est remboursée pour toutes les personnes dites « à risque », quel que soit l’âge, à partir du moment où le médecin fonde la demande de remboursement sur des facteurs de risque reconnus. Concrètement, il est préférable que l’ordonnance mentionne : « examen remboursable pour raison de … »
Ostéoporose : les traitements
Il est important de bénéficier du bon traitement contre l’ostéoporose quand le diagnostic est établi.
Pour traiter l’ostéoporose, il existe 3 grandes catégories de médicaments :
- Contre la destruction osseuse.
Les “anti-résorbeurs” luttent contre les destructions osseuses : les SERMs (modulateurs sélectifs des récepteurs aux oestrogènes) et les biphosphonates. Ces traitements agissent sur les hormones sexuelles. Mais attention ils sont différents du traitement hormonal de la ménopause.
Ils freinent ou bloquent l’activité des cellules responsables de la destruction de l’os (ostéoclastes) et permettent une diminution du risque de fracture, des vertèbres et des hanches pour les biphosphonates.
Les bisphosphonates sont les traitements de référence de l’ostéoprose. Cependant, leurs bénéfices sont aujourd’hui largement discutés.
Les SERMs (analoques de récepteurs aux oestrogènes), comme le raloxifène sont surtout indiqués pour des femmes après la ménopause. Ils permettent de diminuer le risque de fracture de vertèbres. Ce traitement diminue également le risque de développer un cancer du sein.
- Pour la formation osseuse.
Un médicament anabolique favorise la formation osseuse : le tériparatide. Il s’administre par injection, une fois par jour.
Ce médicament stimule les cellules de la formation des os (ostéoblastes). Ce médicament, coûteux, n’est remboursé qu’aux femmes ayant déjà eu deux fractures vertébrales, et sa prescription est limitée dans le temps (18 mois).
- Le deux-en-un
Le ranélate de strontium est un médicament à la fois anabolique et anti-résorbeur. Il augmenterait la formation osseuse tout en diminuant sa destruction. Cependant, ce médicament est actuellement de moins en moins utilisé, en raison de ces effets secondaires, en particulier cardio-vasculaires. Ses effets bénéfiques sont par ailleurs jugés insuffisants par la Haute Autorité de Santé.
- Un nouveau médicament
Un anticorps monclonal est désormais disponible pour les patients : le denosumab (en injection sous-cutanée deux fois par an).
Ostéoporose : la prévention
Aussi bizarre que cela puisse paraître, la prévention de l’ostéoporose devrait commencer dès l’enfance et plus spécialement dès l’adolescence lorsque le capital osseux se forme définitivement.
C’est en effet vers 18 ans que l’on atteint son pic osseux : c’est-à-dire le niveau maximal de densité osseuse. Celui-ci ne fera que décroître par la suite. Plus il est élevé au départ, plus il mettra évidemment du temps à décliner avec l’âge. Mais quel que soit l’âge, des os solides sont indissociables du trio : activité physique, alimentation équilibrée et apport suffisant en Vitamine D.
- L’activité physique
L’activité physique est un « stimulateur » naturel des ostéoblastes, les cellules qui fabriquent et régénèrent l’os. Et plus précisément les sports dits « en charge » (ceux où l’on porte le poids du corps), et de façon générale tous les exercices qui opèrent une contrainte sur le squelette et forcent les ostéoblastes à travailler davantage. A contrario, l’inactivité est un facteur de risque de l’ostéoporose.
Notre conseil : pratiquez la course à pied, les sports collectifs, le tennis, la marche rapide, la musculation, la danse…
- La vitamine D
Indispensable à l’absorption du calcium et à la minéralisation des os, la vitamine D est essentiellement synthétisée par la peau lors de l’exposition solaire.
Pour avoir “sa dose”, il faudrait en moyenne s’exposer (visage + avant-bras) au moins 3 fois 20 minutes par semaine. A moins d’être un adepte du foie de morue (et de son huile), mieux vaut ne pas compter sur l’alimentation pour en faire le plein.
Notre conseil : pour tous ceux qui sortent peu (zone urbaine) ou qui ne bénéficient pas d’un rayonnement solaire suffisant (région du nord), la prise de vitamine D est utile en cas de carence avérée. Parlez-en à votre médecin qui pourra vous prescrire un dosage de vitamine D.
- Le calcium
Quantitativement, le calcium est le minéral le plus important de l’organisme. On le trouve à 99 % dans le squelette et il est essentiel à la construction et au renouvellement osseux.
On recommande un apport de 1 200 mg de calcium par jour pour les ados et les seniors, et 900 mg pour les adultes. Une alimentation équilibrée est sensée fournir ces apports. En cas de carence avérée, le mieux est de demander conseil à son médecin, ou à un diététicien. Les conseils diététiques sur l’apport en calcium sont actuellement discutés. Les produits laitiers ne sont pas les seules sources en calcium et ne doivent pas être consommés en excès.
Nos conseils diététiques :
Quelques recommandations particulières permettent d’éviter la “fuite” de calcium :
– Evitez de manger trop salé : au-delà de 7 g de sel par jour, il y a obligatoirement une déperdition de calcium dans les urines ;
– Evitez les sodas : leur richesse en phosphates réduit l’absorption du calcium ;
– Accordez plus de place aux fruits et légumes : ils rééquilibrent le pH de l’organisme en le « basifiant », et optimisent la fixation du calcium sur les os.
Ostéoporose : les conseils du médecin spécialiste
Entretien avec le Dr Eric Lespessailles, rhumatologue au CHR d’Orléans. Ce médecin spécialiste répond à nos questions et donne plein de conseils…
Comment se fait le choix d’un médicament ?
La prescription s’effectue au cas par cas. On prend en compte l’âge, le sexe du patient, les bénéfices osseux et extra-osseux qu’il est possible d’obtenir, ainsi que la compatibilité des effets secondaires avec l’état de santé général.
En plus du traitement médicamenteux, que recommandez-vous?
Surtout de l’exercice physique régulier ! Tous les sports sont bénéfiques pour entretenir les réflexes, le sens de l’équilibre et les muscles. C’est important pour limiter le risque de chute. En revanche, pour obtenir un effet bénéfique sur les os, je recommande 1/2 heure à 3/4 d’heure de marche rapide trois fois par semaine, si possible avec un sac à dos de quelques kilos pour accentuer l’effet de charge, en l’absence de douleur rachidienne bien sûr. A la ménopause, l’exercice physique ralentit vraiment la diminution de la masse osseuse.
Quelques conseils nutritionnels ?
Chez les femmes et les hommes ne bénéficiant que d’une faible exposition solaire, la prise de vitamine D est recommandée. En ce qui concerne le calcium, tout dépend de la consommation en produits laitiers et en eaux calciques. Avant 65 ans, les apports calciques ne sont recommandés que chez les patients carencés mais après 65 ans, c’est plus systématique.
Ostéoporose : le témoignage d’un patient
Entretien avec Agathe, âgée de 65 ans, chez qui on a découvert une ostéoporose après une fracture du poignet.
Quelle a été votre réaction après le diagnostic ?
La surprise d’abord car rien ne pouvait laisser penser que mes os devenaient « poreux » comme disent les médecins. Mais dès que ma fracture du poignet a été consolidée, j’ai décidé avec Guy, mon mari, qui a quelques années de plus que moi – et qui n’a eu qu’un tassement de vertèbres car il est très grand et assez maigre – de réagir pour empêcher la maladie de progresser.
Qu’avez-vous fait en pratique ?
Tout d’abord, j’ai demandé conseil à un ergothérapeute pour éviter les chutes à la maison. Ensuite j’ai consulté un kinésithérapeute pour apprendre à faire des exercices avec des poids et des élastiques pour « densifier » les os. Avec mon mari, on fait 15 min d’exercice tous les matins et puis on fait de la marche 2 fois par semaine : avec le club de randonnée, on a même essayé la nordic walk !
Vous êtes une adepte de la phytothérapie…
Un médecin phytothérapeute nous prescrit du calcium marin, de la vitamine D, de la vitamine C naturelle, du magnésium, et un mélange de plantes (ortie + prêle).
Sources et notes
– Comment prévenir les fractures dues à l’ostéoporose, HAS, mai 2007.
– Diagnostic de l’ostéoporose en rhumatologie chez les femmes ménopausées. Rapport d’élaboration de référentiel d’évaluation des pratiques professionnelles, ANAES, juillet 2004.
– Levy P. The cost of osteoporosis in men: the French situation. Bone 2002; 30 (4): 631-6.
– Le sie internet de l’AFLAR : www.tout-sur-osteoporose.fr ou www.aflar.org/l-osteoporose
Une ligne téléphonique : Allo Ostéoporose de l’AFLAR 0810 43 03 43
Une application pour smartphone “Le voleur d’Os”