Mon enfant souffre d’asthme

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Près d’un enfant sur dix en âge scolaire souffre d’asthme. Et trois fois sur quatre, cet asthme est d’origine allergique. Assez souvent, il existe des antécédents d’allergies du côté des parents, en tout cas le médecin doit chercher cette éventualité.

L’asthme est un trouble respiratoire chronique qui se caractérise par l’inflammation et la constriction, la fermeture des voies respiratoires.

Cette constriction entraîne des crises de dyspnée, des difficultés à respirer. La respiration devient sifflante. Ce sifflement étant le témoin de la fermeture brutale du calibre des bronches. En fait, comme il est précisé plus loin dans l’article, les symptômes de l’asthme chez un enfant peuvent être différents en fonction de l’âge.

Malheureusement (trop) souvent, le diagnostic d’asthme n’est pas fait, alors que l’enfant présente des symptômes qui le gênent (toux nocturnes, oppressions thoraciques…), sans être vraiment typiques de crises d’asthme. Chez l’enfant, l’asthme survient généralement avant l’âge de 5 ans.

Cette maladie peut parfois gêner considérablement le quotidien de l’enfant, et en particulier sa scolarité. Une fois le diagnostic établi, il est important que l’enfant soit suivi régulièrement par le médecin pour analyser l’efficacité du traitement mis en place.

Découvrez cet article rédigé avec un médecin spécialiste, qui explique, en particulier, pourquoi il est important de prendre en charge le plus tôt possible l’asthme de votre enfant.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : professeur Jocelyne Just, centre de l’asthme et des allergies à l’hôpital Armand Trousseau, Paris.
Denière remise à jour : mars 2017.

Asthme chez un enfant : les causes

Les causes de l’asthme (chez un enfant comme chez un adulte) sont une inflammation de la paroi des bronches et une constriction de leur calibre.

L’inflammation provoque une hypersécrétion des muqueuses des poumons et des fosses nasales, de la trachée… Les voies aériennes sont alors encombrées de mucus. La cage thoracique se contracte, l’enfant éprouve une sensation d’angoisse intense et parvient de plus en plus difficilement à expirer.

Chez l’enfant, trois asthmes sur quatre sont d’origine allergique.

Durant l’enfance, ce sont les garçons les plus fréquemment concernés par la maladie. Alors qu’à l’âge adulte, c’est l’inverse, ce sont les femmes les plus fréquemment touchées.

Sans parler de véritable causes, il existe des facteurs favorisants pour qu’un enfant développe un asthme :

  • du tabagisme passif.
  • des infections respiratoires : les bronchiolites peuvent faire le lit de l’asthme.
  • des allergies : quand l’allergène est repérable, il faut l’éliminer.

Reste la prédisposition génétique contre laquelle on ne peut pas grand-chose. On sait en effet qu’avoir un parent asthmatique double le risque de souffrir des mêmes symptômes.

L’asthme est la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant. On estime qu’1 enfant sur 10 est concerné. Pourtant, dans de très nombreux cas, le diagnostic n’est pas posé. L’asthme reste méconnu. Et donc, les traitements ne sont pas prescrits correctement.

Asthme chez un enfant : les symptômes

L’asthme peut commencer à n’importe quel âge. Plus les symptômes apparaissent précocement, plus l’asthme risque d’être sévère.

On peut classer la sévérité de l’asthme, en fonction de la fréquence de ces crises :

  • L’asthme intermittent (occasionnel) : symptômes < 1 fois / semaine.
  • L’asthme persistant (régulier) : symptômes < 1 fois / semaine.

* Pour plus de détails: cf tableau ci-dessous.

Nous connaissons tous les symptômes de la grande crise d’asthme typique, avec ses difficultés à respirer et ses sifflements.

Cependant, avant d’en arriver à cette crise, il existe toute une panoplie de symptômes asthmatiformes, difficiles à repérer, notamment chez le petit enfant.

Note : l’asthme peut changer de forme, chez un même enfant au cours du temps.

Les degrés de sévérité de l’asthme

Asthme intermittentAsthme persistant
Léger
Asthme persistant
Modéré
Asthme persistant
Sévère
Symptômes< 1 / semaine≥ 1 fois/semaineQuotidiensPermanents
Symptômes nocturnes≤ 2 fois/mois> 2 fois/mois> 1 fois/semaineFréquent

Le nourrisson

Un nourrisson peut souffrir de symptômes asthmatiques d’origine virale, puis, en grandissant, développer un asthme allergique. Pour éviter que la maladie ne s’aggrave, il est donc très important de savoir la repérer le plus tôt possible, dès les premiers signes, des signes, encore une fois, qui ne ressemblent pas forcément à la crise d’asthme telle qu’on la connaît…

Les symptômes peuvent donc différer selon l’âge de l’enfant.

Avant 5 ans

Avant l’âge de 5 ans, vous devez penser à la possibilité d’un asthme, chez votre jeune enfant :

  • s’il a parfois une respiration sifflante.
  • s’il éprouve une gêne respiratoire à l’effort, lorsqu’il court ou lorsqu’il rit.
  • s’il tousse la nuit.
  • si ses rhumes, guéris, se prolongent en toux traînantes.
  • s’il présente une crise typique (gêne respiratoire, sifflements respiratoires, toux, cherche sa respiration, la région en haut de la clavicule se creuse lors de la respiration…).

A partir de trois ou quatre ans, il est possible de confirmer le diagnostic par des épreuves fonctionnelles respiratoires où sera recherchée une hyperactivité bronchique.

Un bilan allergique pourra également être nécessaire.

Mais avant cet âge, chez le nourrisson, le diagnostic est souvent difficile à poser. Les épreuves fonctionnelles respiratoires sont difficiles à effectuer. On parlera d’asthme à partir de trois épisodes sifflants, avant l’âge de deux ans.

Le diagnostic précoce est pourtant essentiel chez le très jeune enfant pour mettre en place un traitement efficace et éviter la détérioration des bronchioles.

Après 5 ans

Après l’âge de 5 ans, l’asthme est dans la plupart des cas d’origine allergique.
Comme chez les plus petits, le médecin doit penser à un asthme en cas de toux nocturnes, de rhinites chroniques, de difficultés respiratoires à l’effort, pendant le sport ou au cours d’un fou rire et évidemment en cas d’épisodes sifflants.

Cependant à partir de cinq ans, le diagnostic sera plus facile à établir. Les épreuves fonctionnelles respiratoires sont possibles. Les tests allergiques plus aisés.

On estime que sur cent enfants asthmatiques dont l’asthme est d’origine allergique, 40% sont en âge pré-scolaire, 80% en âge scolaire. Et, après cinq ans, les crises, elles-mêmes, deviennent plus typiques. Il est donc plus difficile de passer à côté.

Asthme chez un enfant : les traitements

Plus le traitement est précoce, moins les risques d’aggravation sont importants. Des traitements qui passent, en tout premier lieu, par le contrôle de l’environnement :

  • Ne pas fumer près d’un enfant, ça va de soi, encore moins près d’un enfant asthmatique.
  • Diminuer la présence des allergènes si votre enfant souffre d’asthme : pas de moquette, pas d’animaux dans la chambre de l’enfant (au moins…), faire la chasse aux acariens et utiliser des draps ou des housses anti-acariens. Attention à la poussière. Aérez ! L’air est toujours moins pollué dehors que dedans !
  • Apprenez, à lui comme à vous, à reconnaître les prodromes, les signes avant-coureurs de la crise d’asthme, pour pouvoir y faire face. Apprenez à bien manier les sprays (médicaments à inhaler).

Un traitement de fond ne sera envisagé qu’en fonction de la persistance des symptômes.

Le traitement de la crise

Le traitement de la crise d’asthme : l’inflammation des bronches, le rétrécissement de leur calibre provoque la crise d’asthme avec ses difficultés à respirer, ses sifflements particuliers, l’anxiété, l’oppression.

Les enfants asthmatiques connaissent bien les symptômes avant-coureurs de la crise. Pour eux, des sprays existent, très actifs et rapides d’action : ce sont les broncho-dilatateurs. Des sprays ou des poudres faciles d’utilisation chez le grand enfant à condition qu’on lui ait appris à s’en servir.

Petit rappel :

  • Agitez l’aérosol,
  • Soufflez pour bien vider vos poumons,
  • Entourez l’embout de vos lèvres, hermétiquement fermées,
  • Inspirez en appuyant sur la cartouche du spray,
  • Retenez votre respiration 5 à 10 secondes.

Pour les tout petits, incapables encore d’utiliser les sprays, il existe des masques spéciaux auxquels sont adaptés des sortes de chambres d’inhalation, des réservoirs en plastique qui évitent au médicament de se volatiliser. Le maniement en est simple.

Si la crise ne cède pas aux broncho-dilatateurs, appelez très rapidement le médecin ou le 15.

Le traitement de fond

Un traitement de fond est parfois nécessaire, si les symptômes persistent.

Il s’agit principalement d’anti-inflammatoires qui permettent de réduire l’inflammation des bronches et leur hyper-réactivité. C’est sur ces deux plans qu’il faut traiter. Pour cela, sont utilisés les corticoïdes inhalés, ou les antileucotriènes.

Les bronchodilatateurs sont également associés aux anti-inflammatoires dans les formes persistantes modérées à sévères. Des bronchodilatateurs différents de ceux utilisés pour palier la crise. Leur durée d’action est plus longue, ce qui permet de maintenir le diamètre des bronches à un certain niveau d’ouverture, tout au long de la journée.

La désensibilisation peut marcher, à condition que l’élément allergène puisse être déterminé précisément (notamment certains pollens, et les acariens de la poussière de maison), que les allergies ne soient pas multiples.
Chez l’enfant, la désensibilisation ne sera envisagée que lorsque les crises sont régulières ou la gêne trop présente, et après stabilisation de la maladie par les traitements.

Asthme chez un enfant : la surveillance médicale

Sans vivre dans l’angoisse permanente, il est utile d’effectuer une surveillance régulière de la capacité respiratoire de votre enfant.

Des appareils existent pour mesurer son niveau respiratoire. A utiliser selon l’avis médical. Notez bien les résultats sur un petit cahier que vous remettrez à votre médecin, lors des visites.

Dès que l’enfant est assez grand, à partir de cinq ans, les parents peuvent se munir d’un débitmètre de pointe, un appareil qui permet de surveiller l’état respiratoire, notamment l’état de rétrécissement des bronches.

Facile d’utilisation :

  • Placer le curseur au bas de l’échelle graduée,
  • Se tenir debout,
  • Tenir l’appareil horizontalement,
  • Gonfler les poumons au maximum, bouche ouverte,
  • Mettre l’embout dans la bouche,
  • Fermer les lèvres autour de l’embout,
  • Souffler d’un coup, le plus fort et le plus vite possible,
  • Recommencer trois fois de suite et noter la valeur la plus élevée.

L’évolution

Certes, les parents d’enfants asthmatiques le savent, les crises sont extrêmement angoissantes. Cependant, il faut savoir que dans la plupart des cas, l’asthme de l’enfant aura une évolution favorable, spontanément ou avec l’aide d’un traitement.

On estime qu’un tiers seulement des petits enfants asthmatiques souffriront encore de leur asthme à 30 ans. Ce sont les formes sévères dès l’enfance qui ont tendance à continuer plus tard à l’âge adulte.

Dans la plupart des cas, un asthme modéré disparaît avant la puberté, même s’il peut revenir plus tard. Ces récidives sont favorisées généralement par le mode de vie, le tabagisme ou la fréquence des infections respiratoires.

Et le sport ?

Si autrefois on avait tendance à couver les petits asthmatiques et à les empêcher de courir, de peur d’une crise, on n’en est plus là à présent. Au contraire, les spécialistes recommandent une activité sportive comme pour tous les enfants.

Si l’asthme a été diagnostiqué suffisamment tôt, si le traitement est bien adapté, ça veut dire que les capacités respiratoires de votre enfant sont redevenues normales. Il n’y a donc plus aucune raison qu’il ne pratique pas une activité physique, comme tous les autres enfants.

Il est important de bien choisir l’activité en question. Un sport comme l’équitation où les risques allergènes sont importants, n’est pas recommandé.
Le professeur d’éducation physique doit être prévenu, bien sûr.
Mais, nager (attention : pas de plongée en bouteille), courir, marcher, skier, ou lutter… sont à la portée de tous les enfants asthmatiques.

Asthme chez un enfant : les conseils du médecin spécialiste

Est-ce que l’on doit toujours avoir aussi peur de l’asthme chez un enfant ?

Avoir peur, non ! Nous avons maintenant les moyens de lutter contre ce syndrome. En revanche, il faut être très vigilant. Pour ne pas passer à côté.

L’asthme chez l’enfant, peut prendre différentes formes. Il ne faut pas banaliser les choses, lorsqu’un enfant tousse régulièrement la nuit, par exemple, ou lorsqu’il perd son souffle en riant ou en courant. Il est important d’y penser. Pour la simple raison que plus on prend les choses tôt, plus on a de chance de limiter les dégâts après.

Certes, la mortalité a considérablement baissé. Les hospitalisations concernent essentiellement les tout-petits, les nourrissons, notamment. Les bronchiolites du nourrisson peuvent induire un asthme de l’enfant, par exemple.

La question actuelle concerne une des origines de la bronchopathie chronique de l’adulte : cette maladie ne serait-elle pas liée à des infections respiratoires ou à de l’asthme mal pris en charge ?

Est-ce que les cures thermales, très recommandées autrefois, sont toujours envisagées ?

Les cures thermales, pas trop. Mais les cures climatiques, oui. On a constaté qu’à partir d’une certaine altitude, on trouvait moins de polluants, moins d’acariens. Envoyer un enfant à la montagne, c’est une bonne manière de prévention ou de traitement. Les vacances aux sports d’hiver, sont une bonne chose pour les petits asthmatiques.

De la même manière, il faut, à la maison, mener une guerre sans merci aux acariens et à tous les allergènes connus. Il faut toujours beaucoup aérer la maison et notamment la chambre de l’enfant. Eviter aussi les animaux de compagnie, si c’est possible. Ou, si l’on a déjà un animal à la maison, éviter absolument qu’il n’entre dans la chambre de l’enfant.

Votre principal conseil, c’est agir vite ?

Oui. Malheureusement beaucoup d’asthmes de l’enfant ne sont identifiés que très tard. Il faut être très vigilent dans les premières années. L’asthme du nourrisson n’est pas toujours facile à déceler. L’enfant tousse, fait des rhinites ou des bronchites à répétition. On traite ces épisodes au coup par coup, mais on ne pense pas à un problème plus global, comme l’asthme. Et ce n’est que lorsque l’enfant fait sa première crise typique que l’on fait le diagnostic. Alors qu’on aurait pu y penser bien avant et réduire les risques ultérieurs. Il faut pouvoir intervenir avant que l’organe lui-même ne soit lésé.

Donc, face à un enfant qui multiplie les infections respiratoires ou qui tousse la nuit ou le matin au réveil, il faut penser à l’asthme et faire effectuer les examens nécessaires.

Asthme chez un enfant : le témoignage d’une maman

Le témoignage de Patricia, maman d’une petite fille asthmatique.

Comment vous êtes-vous aperçue que votre fille souffrait d’asthme ?

Elle était petite. Elle avait cinq ans et demi quand ça a commencé. C’est une petite fille qui nous avait fait beaucoup de rhinites, de bronchites quand elle était plus jeune. Elle avait toujours un peu le nez qui coule. Elle toussait un peu tout le temps. Mais cela ne nous inquiétait pas trop.

Et puis les choses se sont aggravées quand on a eu notre chien. Un petit chien que nous lui avions offert pour son anniversaire dès cinq ans. Ma fille adorait ce chien, un bichon. Au début, on n’a rien remarqué. Puis les choses se sont accélérées.

C’est-à-dire ? Quelles ont été les conséquences ?

Elle était toujours avec ce chien. Elle dormait avec. Elle l’adorait et ne le quittait jamais. Mais elle était enrhumée tout le temps. Mais vraiment tout le temps. Une espèce de rhinite chronique. On n’a pas fait le rapprochement tout de suite. Petit à petit, quand elle riait, elle perdait son souffle. En fait, son rire se terminait en toux. Tout le temps. Quand elle courait, aussi. Elle toussait.

On y était habitués, mais c’est devenu quand même inquiétant. Elle même s’en rendait compte. Au point qu’elle se retenait de rire. Nous sommes allés chez les médecins, une fois de plus. On nous a conseillé d’aller consulter un allergologue. En fait, elle était belle et bien allergique à la salive de son chien. Et aux acariens. Elle a dû prendre un traitement pendant des mois. Des sprays qu’elle devait inhaler plusieurs fois par jour.

Et cela a été actif ?

Non ! En fait, un soir, elle a fait une crise typique d’asthme. L’horreur. Pour elle, comme pour nous. C’était extrêmement angoissant. Elle n’arrivait plus à respirer. Cela ne sifflait pas. Mais, la gêne était impressionnante.

C’est là que nous avons décidé de nous séparer du chien. Cela a été un déchirement pour elle, pour ma fille. Mais elle avait eu tellement peur, qu’elle a accepté de se séparer de son bichon.

Et, en quelques jours, elle a été transformée. Plus rien. Cela a été très rapide. En plus, nous avons déménagé quelques mois plus tard. Nous avons changé de région. Elle n’a plus jamais eu aucun problème.

Asthme chez un enfant : sources et notes

– Education thérapeutique de l’enfant asthmatique et de sa famille en pédiatrie. HAS-AFPA 2005.

– Delacourt C, Asthme de l’enfant, Item 226, Campus national de prédiatrie et chirurgie pédiatrique, Ticem, Umvf, MAJ, 20/06/2006.

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