Les otites représentent, chaque année, trois millions de consultations. Deux enfants sur trois souffrent d’une otite avant leur troisième anniversaire. Autant dire que l’otite est une affection extrêmement fréquente chez le petit enfant, surtout en hiver.
En cause, la pollution, peut-être, mais aussi et surtout, la promiscuité entres les enfants dans les écoles ou dans les crèches. Les enfants attrapent facilement des rhumes, qui sont parmi les causes principales de l’otite.
Il existe des solutions pour éviter l’otite, mais il faut savoir que quand celle-ci se manifeste il faut savoir agir et vite. Mal à une oreille et fièvre sont les symptômes les plus classiques qui peuvent nous alerter. Chez les plus petits, une otite peut également se manifester par des douleurs abdominales. Les enfants peuvent beaucoup souffrir à cause d’une otite, ce qui peut inquiéter les parents.
De plus, quand elles récidivent, les otites peuvent altérer à la longue le bon fonctionnement de l’audition. C’est pour cela qu’il ne faut prendre à légère cette pathologie chez l’enfant.
Alors, comment faire pour les éviter ? Et, surtout, comment éviter que les otites ne se répètent ?
Les réponses à vos questions et les conseils d’un pédiatre vous attendent dans ce dossier.
Otites à répétition chez l’enfant : les causes
Les causes de la survenue d’une otite sont liées à la trompe d’Eustache. C’est le petit conduit qui relie l’oreille moyenne à l’arrière-nez (ou rhinopharynx).
L’oreille est divisée en trois partie : l’oreille externe (le pavillon et le conduit), l’oreille interne (où se trouve le liquide qui reçoit les vibrations sonores), et l’oreille moyenne, entre les deux autres, qui comprend le tympan et les trois osselets (le marteau, l’enclume et l’étrier).
Le rôle de la trompe d’Eustache est d’empêcher les agents pathogènes, les microbes et les sécrétions nasales, d’aller jusque dans l’oreille moyenne. Son rôle est également de maintenir une pression équilibrée entre l’oreille et le milieu extérieur. Le problème survient quand la trompe d’Eustache se bouche ! On en connaît tous les symptômes : bourdonnements, sensation de tension, de pression et douleur.
Infection de l’oreille moyenne
Il existe toutes sortes d’otites : otite externe, otite moyenne aigue, otite purulente otite phlycténulaire, otites perforées… et bien d’autres encore. Mais lorsque l’on parle d’otite, c’est d’ otite moyenne aiguë dont nous parlons.
Son mécanisme, sa cause est facile à comprendre : l’enfant a un rhume. Son nez et surtout, son arrière-nez est encombré. Les sécrétions finissent par boucher la trompe d’Eustache.
Mais, surtout, ces sécrétions, pleines de microbes, virus ou bactéries, stagnent dans la trompe d’Eustache et finissent par infecter la muqueuse.
Il survient une otite moyenne aiguë : les sérosités, le pus poussent sur le tympan qui se bombe et se tend, jusqu’à parfois se casser. C’est cette pression sur le tympan qui fait si mal !
Pourquoi l’otite est-elle si fréquente chez l’enfant ?
Mais pourquoi l’otite est-elle si fréquente chez l’enfant ? Il est vrai que l’otite est surtout une maladie du petit enfant. Rares sont les adultes qui en souffrent.
Alors, si l’otite est si fréquente chez l’enfant, c’est tout simplement que les enfants font beaucoup de rhumes. Et que, dans l’enfance, le fonctionnement de la trompe d’Eustache n’est pas toujours très efficace, et surtout les obstructions fréquentes.
Résultat : à chaque rhinopharyngite, à chaque rhume, la trompe d’Eustache risque d’être touchée. Les sécrétions, le mucus contenant plein de bactéries ou de virus, s’accumulent dans l’oreille et vont l’infecter. Et, c’est entre six mois et trois ans que cela est le plus fréquent, surtout pendant l’automne et l’hiver : les périodes de rhumes.
Outre les saisons, un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache, un environnement favorisant, comme une crèche ou une garderie, ou encore le tabagisme passif, favorisent la survenue des otites.
Otites à répétition chez l’enfant : les symptômes
Les symptômes de l’otite sont souvent les mêmes : l’enfant a mal à l’oreille, et il a de la fièvre.
Chez le nourrisson, l’otite est souvent associée à des signes digestifs : il a mal au ventre, il refuse le biberon, souffre de diarrhées, parfois, de vomissements.
Face à ces symptômes, pour confirmer le diagnostic, le médecin doit utiliser un petit appareil, détesté de la plupart des enfants : l’otoscope. Il fait peur, il est froid et le médecin veut le mettre, pile là où l’enfant a mal. L’otoscope est un petit spéculum qui permet au praticien de visualiser le tympan.
Lorsque le tympan est sain, il est gris nacré. Lorsqu’il est infecté, il est rouge et parfois purulent.
L’otoscopie permet de différencier trois types d’otites :
- L’otite congestive : la membrane du tympan est rosée ou rouge. Le tympan congestif est très douloureux. Difficile alors de savoir s’il s’agit d’une réaction inflammatoire ou d’un début d’otite purulente.
- L’otite exsudative : le tympan est épais, opaque, congestif ou grisâtre. Les reliefs sont peu visibles.
- L’otite suppurée : le tympan est bombé. La douleur est permanente. Dans la plupart des cas, l’otite est effectivement d’origine infectieuse, bactérienne ou virale. Et, plus souvent encore, d’origine virale, d’où l’adage : les antibiotiques, c’est pas automatique ! Rappelons-nous que les antibiotiques ne servent à rien face aux virus.
Otites à répétition chez l’enfant : les complications
Une otite, même si elle est fréquente et banale dans la petite enfance, doit toujours être prise au sérieux. Elle peut en effet entraîner des complications :
> Lorsque l’infection progresse et envahit, elle peut provoquer une méningite.
> Elle peut provoquer une mastoïdite : les cavités de l’oreille moyenne communiquent toutes entre elles. Il faut penser à une mastoïdite, lorsque l’otite ne guérit pas dans les délais habituels, lorsque l’enfant cesse de grossir, lorsque des troubles digestifs persistent, ainsi que la fièvre.
> Elle peut engendrer des séquelles auditives (encore fréquentes) lorsque l’otite n’est pas diagnostiquée suffisamment tôt. Il faut savoir qu’à chaque otite, l’enfant perd un peu d’audition, le temps de la maladie. Une fois guérie, l’audition redevient normale.
> L’otite séreuse est une complication fréquente des otites à répétition. Après l’épisode aigu, du liquide séreux reste derrière le tympan provoquant parfois une surdité partielle.
> La complication la plus fréquente reste la récidive et l’apparition d’otites à répétition.
Selon qu’elle est virale ou bactérienne, le traitement de l’otite ne sera pas le même. Le traitement antibiotique n’étant efficace que sur les infections bactériennes.
L’idéal pour déterminer s’il s’agit d’une otite d’origine virale ou d’origine bactérienne, serait d’effectuer un prélèvement, de le faire analyser et de ne commencer le traitement qu’après les résultats obtenus.
On sait bien que, dans la plupart des cas, ce n’est pas comme cela que ça se passe. En fait, il est possible, juste à l’examen clinique, de déterminer si l’otite est virale ou bactérienne.
Dans le cas d’une otite bactérienne, la fièvre est forte, les douleurs aigues et l’aspect du tympan est purulent, voire déjà perforé. Lorsque l’otite est bilatérale, c’est-à-dire qu’elle touche les deux oreilles, elle est d’origine bactérienne.
Dans le cas des otites virales, l’état général de l’enfant est meilleur.
Otites à répétition chez l’enfant : les traitements
Le premier des traitements de l’otite est symptomatique :
> D’abord, déboucher le nez. Bien le laver pour évacuer les sécrétions et les microbes. Pour cela, vous pouvez allonger votre enfant sur le côté et nettoyer son nez avec du sérum physiologique.
Vous faites pénétrer le liquide dans une narine, jusqu’à ce qu’il ressorte par l’autre narine (en mettant le sérum dans la narine du haut quand il a la tête penchée sur le côté). Ce n’est pas un moment de plaisir, mais c’est le moyen le plus efficace pour éliminer les microbes et décongestionner.
> Traiter la fièvre. Une otite bactérienne donne beaucoup de fièvre. Ne laissez pas cette fièvre monter. Les médicaments contre la fièvre s’imposent.
> Traiter la douleur. Une otite, ça fait mal. Ne laissez pas votre enfant souffrir. Donnez un traitement comme le paracétamol parfois avec de la codéine après un an.
> Ce n’est qu’ensuite, lorsque le médecin juge cela nécessaire, que le traitement consistera à administrer des antibiotiques. L’idéal est d’attendre 48 heures avant de prendre des antibiotiques. Si, au bout de ces 48 heures, l’otite n’a pas cédé, alors on peut prendre des antibiotiques. Avant l’âge de 2 ans, le médecin prescrira systématiquement des antibiotiques à votre enfant.
A savoir : ces médicaments antalgiques, antipyrétiques et antibiotiques existent sous forme générique, adaptés à une posologie pédiatrique.
Les germes les plus fréquents, responsables d’une otite, s’appellent pneumocoques, Hemophilus influenzae… Les antibiotiques sont généralement efficaces contre ces germes-là, mais les résistances sont fréquentes.
Et la paracentèse ?
La paracentèse a longtemps été à la fois le traitement le plus fréquent de l’otite et le plus redouté des petits ! Si vous n’en avez pas eu, vous-même, lorsque vous étiez enfant, vous avez certainement entendu les cris de vos copains, moins chanceux qui, eux, en avaient eu une !
Aujourd’hui, il peut arriver que le médecin ait encore recours à la paracentèse, mais c’est de plus en plus rare, et elle se fait sous anesthésie générale. Ce n’est que lorsque l’otite résiste aux antalgiques ou aux antibiotiques, qu’on la pratique.
La paracentèse consiste à percer le tympan pour permettre aux sécrétions de s’évacuer. La paracentèse calme instantanément les douleurs. Les antibiotiques, de mieux en mieux ciblés, permettent aujourd’hui de pouvoir s’en passer… en principe !
Otites à répétition chez l’enfant : comment les éviter ?
La cause de ces répétitions est très souvent liée aux conditions de vie. Un enfant qui fréquente la crèche, la petite école ou la garderie, aura bien plus de risques de s’enrhumer plus souvent, d’attraper les microbes des autres enfants, et donc de développer plus souvent des otites.
En cause également : les végétations hypertrophiées. Les végétations, ce sont ces glandes lymphoïdes, en forme d’éponges, situées à l’arrière des fosses nasales. Leur rôle : piéger les microbes et stimuler les défenses immunitaires. Lorsque ces végétations sont trop grosses, elles peuvent provoquer l’obstruction nasale et donc favoriser la formation des otites.
Plus rarement : la cause des otites à répétition, peut être liée à un déficit immunitaire.
Solutions pour les éviter
Face à des otites récidivantes, le médecin devra chercher les facteurs favorisant ces récidives :
> Des facteurs anatomiques : comme des végétations hypertrophiées. Il peut s’agir également d’une malformation.
> Des facteurs environnementaux : les enfants des villes, sont plus sensibles aux otites que les enfants des champs ! La pollution y est pour quelque chose. La vie en collectivité également favorise les récidives d’épisodes infectieux.
> Le tabagisme passif : ne fumez jamais à côté de votre enfant. Profitez d’être parent de nourrissons pour arrêter de fumer !
> A la maison ou en voiture, ne fumez jamais devant votre enfant.
> Si vous le pouvez, attendez qu’il ait trois ans pour le placer en collectivité. Ou, tout au moins, limitez au maximum ses séjours en collectivité.
> Si cela vous est possible, mais il s’agit d’une question épineuse, choisissez la crèche ou la garderie, la plus spacieuse. Là, où la promiscuité ne sera pas trop importante.
> L’allaitement maternel semble être une bonne prévention de l’ otite.
> Veillez qu’il ne souffre pas d’un reflux gastro-oesophagien qui pourrait irriter ses muqueuses.
> Il est important de moucher régulièrement son enfant et de lui nettoyer le nez au sérum physiologique, dès qu’il est enrhumé.
Et le diabolo ?
Si la trompe d’Eustache ne fait pas bien son travail, il peut arriver qu’une accumulation séreuse se forme. C’est un liquide un peu épais qui stagne dans la trompe d’Eustache. Le liquide devient alors de plus en plus visqueux et ne peut plus être drainé.
Dans ce cas, le médecin peut avoir recours aux diabolos (aussi appelés yoyos). Ce sont des aérateurs trans-tympaniques.
En clair, il s’agit d’un petit tube perforé, en forme de diabolo. Il permet à l’oreille moyenne d’être aérée lorsque la trompe d’Eustache ne remplit plus son rôle.
Le principe en est le même que celui de la boîte de conserve. Vous faites un trou : le liquide ne coule pas. Vous faites deux trous, ça coule. Le diabolo permet donc aux sécrétions de s’évacuer, avec les microbes qu’elles contiennent.
Otites à répétition chez l’enfant : les conseils du médecin spécialiste
Quelle est la meilleure prévention contre la récidive des otites, quels sont vos conseils ?
Les conseils dont on parle précédemment. Pas de tabagisme passif, par exemple, ou bien nettoyer le nez en cas de rhume. Effectuer les lavages au sérum physiologique pour drainer les mucosités et évacuer les microbes. Mais, surtout, éviter une trop forte promiscuité entre les enfants. Et ça, cela relève du politique. Les mamans des villes n’y peuvent rien. Les crèches ou les garderies ne sont pas assez spacieuses. Les enfants y sont bien souvent entassés. Ils manquent d’espace. C’est aux politiques d’agir dans ce sens. Il faudrait que les parents puissent garder leur enfant un peu plus longtemps à la maison. Cela veut dire, imaginer des congés parentaux un peu plus longs…
Que pensez-vous de l’usage des antibiotiques ?
Comme le dit la formule, les antibiotiques, c’est pas automatique. Il faut même en faire un usage beaucoup plus raisonnable qu’on ne le fait actuellement. Les otites, c’est comme les angines chez l’enfant, ce sont des affections extrêmement fréquentes. Si on utilise des antibiotiques à chaque fois, forcément, on va finir par engendrer des résistances. Les bactéries s’habituent à ces antibiotiques, et deviennent de plus de plus fortes, de plus en plus résistantes. Du coup, les antibiotiques perdent de leur efficacité, et il faut en créer d’encore plus puissants également. C’est un cercle vicieux. D’autant que l’on trouve partout des antibiotiques. Lorsque nous mangeons de la viande, par exemple, il y a des traces d’antibiotiques dedans. Tout cela contribue à la résistance bactérienne.
Face à une otite, le médecin suit les recommandations françaises : traitement antibiotique au-dessous de deux ans et attendre 48 heures au-dessus de deux ans, sauf s’il existe un facteur de gravité. Et si au bout de ces 48 heures, ça ne va pas mieux, alors, on peut envisager de prendre des antibiotiques. Dans beaucoup de cas, l’évolution de l’otite se fait spontanément vers la guérison qu’elle soit bactérienne ou virale.
Et les vaccins ?
Deux vaccins : contre l’hemophilus influenzae et contre le pneumocoque sont recommandés dans le calendrier vaccinal français depuis plusieurs années. Leurs indications étaient initialement liées à la prévention contre les méningites à ces deux germes. Plusieurs études ont montré leur efficacité dans la prévention des complications des otites.
Otites à répétition chez l’enfant : le témoignage d’une maman
Le témoignage de Colette, maman du petit Paul, quatre ans.
Votre enfant a souffert de nombreuses otites à répétition. Racontez-nous.
Cela a commencé quand Paul avait 7 mois. Une otite, des antibios. Le mois suivant, rebelote. Et, comme ça, quasiment tous les mois. J’exagère à peine. Pendant les mois d’hiver, c’était tout le temps. Une horreur. Les antibios finissaient par ne plus marcher. On ne savait pas quoi faire. Mon médecin était un peu débordé. Il m’a conseillé d’aller consulter un ORL. J’en ai parlé avec ma mère, avec des amies aussi. J’ai essayé l’ homéopathie. Cela n’a pas marché. J’ai essayé l’ ostéopathie. Cela n’a pas marché non plus. On était désespérés. J’étais vraiment inquiète. Je me disais qu’à force de faire des otites tout le temps, comme ça, il allait finir par devenir sourd. C’était vraiment très angoissant. En plus de le voir souffrir et de l’entendre hurler, comme ça, c’était pénible.
Que vous a dit l’ORL ?
De le faire opérer des végétations. On l’a fait. Cette intervention m’embêtait un peu. Ce n’est pas une grosse intervention chirurgicale, mais quand même, c’en est une. Bref, on l’a faite quand il a eu trois ans. Et, en effet, pendant un certain temps, la situation fut meilleure. Mais, en même temps, c’était l’été. Et pendant les beaux jours, cela va toujours mieux. Et puis, l’hiver suivant, ça a recommencé. Et là, l’ORL nous a proposé la pose de yoyos, ce qui m’a effrayé.
Vous l’avez fait ? Il a eu des yoyos ?
Oui. Et j’en suis ravie. Et c’est vraiment ça que je conseille. D’abord l’intervention est simple. C’est une toute petite anesthésie. Cinq minutes. Et, depuis qu’il a ça, c’est fini. Il n’a quasiment plus d’otites. Et, du coup, plus d’antibiotiques non plus. Et il n’a plus mal. Cela fait six mois maintenant, qu’il a ça. Et vraiment, ça a changé nos vies.
Otites à répétition chez l’enfant : sources et notes
– Recommandations de bonnes pratiques. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et l’enfant., HAS, novembre 2011.
– Société des pathologies infectieuses de langue française, Société française de pédiatrie, Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique. Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et de l’enfant. Paris, 2011.