Mon bébé régurgite sans cesse

Mon bébé régurgite sans cessePin

Un bébé qui régurgite du lait après les tétées, c’est fréquent. Banal même. Le bébé est toujours un peu baveur ou cracheur. Environ deux tiers des nourrissons (jusqu’à 4 mois) présenteraient ces symptômes.

Il n’empêche : quand bébé régurgite trop souvent, ou de manière abondante, les parents sont inquiets… à la recherche de la meilleure solution.

Il faut d’abord savoir qu’un bébé qui régurgite est un bébé en bonne santé. Il n’y lieu de s’inquiéter que sous certaines conditions, par exemple si cela lui cause des problèmes respiratoires, une perte de poids, des malaises… Dans ces cas de figures, des examens sont nécessaires et des traitements existent.

Des solutions naturelles peuvent être mises en œuvre : ne pas trop serrer bébé dans ses vêtements, arrêter sa consommation de jus d’orange, ou encore coucher bébé sur le dos.

Si cela ne vient pas à bout de cette abondance de rejets gastriques, il existe des solutions médicales adaptées. Pansements gastriques, médicament luttant contre l’acidité… Les issues sont nombreuses. Des laits anti-régurgitation ont même été mis au point, plus épais, afin d’éviter que bébé régurgite.

Dans ce dossier, retrouvez les recommandations d’un pédiatre, ainsi que le témoignage d’une maman qui a connu, avec son bébé, l’angoisse de ces reflux gastro-œsophagiens.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Docteur Georges Picherot, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes.
Dernière mise à jour : mai 2014.

Bébé régurgite sans cesse : Les causes

Une régurgitation, c’est le renvoi, le reflux brusque et sans effort, d’une quantité plus ou moins importante du contenu gastrique ou oesophagien.
Il s’agit d’une coulée de lait caillé, le long de la bouche. Rien à voir avec les vomissements qui sont un renvoi actif du contenu gastrique, beaucoup plus abondant et qui jaillit avec des efforts, notamment des contractions des muscles abdominaux.

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce reflux est un phénomène fréquent chez les bébés. On estime que 67 % des nourrissons ont trois ou quatre régurgitations par jour, jusqu’à l’âge de quatre mois et qu’ils sont encore 24 % à en avoir, jusqu’à l’âge de sept mois.

Dans la plupart des cas, le bébé qui régurgite est un bébé qui se porte bien, et qui grandit tout à fait normalement.

Les causes sont tout simplement mécaniques ou physiologiques. Les régurgitations peuvent avoir trois origines :

> Un nourrisson ne se nourrit que de liquide en quantités très importantes, par rapport à sa petite taille. Imaginez : un bébé de trois mois absorbe environ 750 ml de liquide par jour, pour un poids de six kilos. Si on transposait cela sur un adulte de 60 kilos, cela reviendrait à lui faire absorber 7 litres et demi de liquide, par jour. Lui aussi pourrait avoir des régurgitations !

> Mais, la quantité de liquide absorbée, n’est pas la seule cause de renvois. Il y a, également, une question de maturation du système digestif. Les petits enfants ont un déficit physiologique, c’est-à-dire normal, du cardia. Le cardia, c’est ce (petit) sphincter qui se trouve entre l’œsophage et l’estomac et qui empêche, justement, le reflux des aliments. Sauf que, chez les nourrissons, ce cardia n’est pas totalement au point, qu’il reste encore ouvert et qu’ainsi, le lait peut « remonter ».

> Dernière cause, mécanique, celle-là encore : le nourrisson passe beaucoup de temps couché. Il appuie donc sur son estomac, ce qui peut expliquer aussi les petites remontées. Tout cela disparaît dès que l’enfant reçoit une alimentation plus solide et qu’il se met plus volontiers en position verticale.

Les signes d’alerte

Répétons-le, une régurgitation pathologique, c’est rare ! Mais évidemment, cela peut arriver. Il est donc important de surveiller les signes d’accompagnement, c’est-à-dire les indices qui pourraient faire penser qu’il s’agit d’un trouble pathologique, anormal.

> D’abord, vérifiez la courbe de poids du nourrisson. Si le bébé cracheur perd l’appétit ou ne grossit pas normalement, alors il faut consulter un médecin,

> Si les régurgitations provoquent des troubles respiratoires, c’est-à-dire, s’il existe un retentissement physique, lié à des fausses routes (avaler de travers),

> Lorsque les régurgitations provoquent des malaises,

> Lorsque les régurgitations sont sanglantes. Même un petit filet de sang, peut indiquer une irritation trop importante de l’œsophage.

Bébé régurgite sans cesse : Les examens

Tant que l’enfant se porte bien et grandit bien, les examens ne sont pas nécessaires, sauf, éventuellement, pour rassurer les parents… Cependant, il existe des examens permettant de différencier une régurgitation naturelle, d’un reflux gastro-oesophagien pathologique : la pH-métrie, la radiographie, la fibroscopie ou la manométrie.

> La PHmétrie : c’est l’examen le plus fréquemment prescrit lorsque le bébé présente, par exemple, des malaises. Il va permettre de mesurer l’acidité gastrique de votre enfant, et de diagnostiquer de manière certaine un reflux gastro-oesophagien quand il existe.
L’examen se déroule sur 24 heures, à l’hôpital. Une petite sonde est introduite par le nez du bébé, jusque dans son estomac (rassurez-vous, c’est peu douloureux… même s’il y a plus agréable). La petite sonde est reliée à un boîtier enregistreur.
À l’état normal, le pH de l’œsophage est supérieur à 4. Lorsqu’il devient très acide (au-dessous de 4), et lorsque le reflux irrite la muqueuse oesophagienne trop fréquemment (près de 10% du temps, sur 24 heures), alors, le reflux est pathologique.

> La radio oeso-gastro-duodénale : elle permet de vérifier le transit normal ou non des aliments. Il s’agit d’une radiographie classique. Le bébé avale un produit opaque qui permet au radiologue de visualiser le tube digestif. On peut ainsi vérifier qu’il n’existe pas de malformation, de rétrécissement, par exemple. Cet examen est de moins en moins utilisé.

> La fibroscopie digestive : elle permet de vérifier la présence ou non d’une oesophagite (inflammation de l’œsophage attaqué par l’acidité gastrique). C’est l’examen parfois prescrit dans le cas de manifestations douloureuses ou de rejets sanglants. Le système optique permet de visualiser les éventuelles lésions dans l’oesophage.

> La manométrie oesophagienne : permet de mesurer la pression au niveau du bas œsophage.

A lire aussi notre dossier :
> Soigner son bébé avec l’homéo.

Bébé régurgite sans cesse : Les traitements

D’abord, ne pas paniquer, même si c’est plus facile à dire qu’à faire ! Il est vrai que parfois, les régurgitations sont abondantes et très impressionnantes pour les parents. Ne pas s’affoler n’est pas toujours simple. D’ailleurs, les régurgitations angoissent tellement les parents que c’est la deuxième cause de consultation en pédiatrie.

Voici donc quelques mesures simples si votre bébé régurgite :

> D’abord, fractionner les repas, en respectant des pauses, trois ou quatre pauses pour permettre au bébé de bien faire son rot. Attention, cependant, que les temps de tétées ne deviennent pas trop longs.

> Supprimer le jus d’orange du matin qui favorise l’acidité et les contractions de l’œsophage. De toutes les façons, les laits possèdent des suppléments en vitamine C, largement suffisants pour les besoins quotidiens du bébé.

> Ne pas serrer trop fort les couches ou les vêtements, pour ne pas augmenter la pression abdominale.

> Coucher bébé sur le dos, en surélevant éventuellement la tête du lit de 30° environ.

> Le baby-relax n’est pas conseillé actuellement : il augmenterait la pression abdominale et favoriserait donc le reflux.

> Aérer les pièces d’habitation, notamment la chambre de bébé et surtout, ne pas fumer en présence du bébé : le tabagisme passif diminue le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage !

En plus de ces conseils, ^parmi les traitements, le médecin peut commencer par proposer un lait anti-reflux qui est tout simplement un lait épaissi. Les laits anti-reflux contiennent un agent épaississant : farine de caroube, amidon précuit de riz, ou amidon précuit de maïs.

Ils ne sont pas toujours d’une efficacité remarquable, mais, présentent, au moins, l’avantage de ne pas être toxiques pour le bébé. Seul inconvénient, cependant, ils ont tendance à constiper.

Les médicaments

L’efficacité des traitements est très discutée et semble très limitée dans le cas des régurgitations bénignes.
Plusieurs types de médicaments peuvent être prescrits : ceux qui interviennent sur la motricité de l’œsophage et de l’estomac, les pansements gastriques, les anti-acides ou les anti-émétiques.

> Parmi les stimulants de la motricité gastrique, on a beaucoup prescrit la molécule de cisapride. Elle n’est plus utilisée par les pédiatres aujourd’hui, à cause des effets cardio-toxiques qu’elle provoque à long terme.

> Les pansements digestifs permettent de tapisser la muqueuse et de la protéger de l’acidité.

> Les inhibiteurs de la sécrétion acide : les IPP, traduisez, les inhibiteurs de la pompe à protons. Il s’agit de médicaments dont l’action réduit la production d’acide gastrique. C’est efficace. C’est peut-être le médicament le plus efficace contre les conséquences du reflux gastro-oesophagien. Il présente, cependant, un risque : en diminuant l’ acidité gastrique, on diminue, du même coup, le rôle anti-infectieux de l’acidité. Nos autorités sanitaires (l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) préconisent ce type de traitement sur les seuls reflux pathologiques.

> Les médicaments anti-émétiques (contre nausées et vomissements) n’ont pas démontré une grande efficacité sur les reflux.

Bébé régurgite sans cesse : Les conseils du médecin spécialiste

Les conseils du docteur Georges Picherot, médecin spécialiste, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes.

Quel conseil pourriez-vous donner aux parents, dans le cas d’une régurgitation du nourrisson ?

D’abord, ne pas trop s’inquiéter. Je sais que cela peut être parfois très impressionnant, surtout pour de jeunes parents. Mais il faut savoir que dans la très grande majorité des cas, c’est bénin. C’est même normal.

Ce qui me semble logique, en cas de doute, ou d’angoisse, est d’éliminer les problèmes pathologiques. De voir un médecin pour vérifier qu’il n’y a pas de maladie ou de malformation. De bien surveiller la courbe de poids du bébé. Quand votre bébé grossit normalement, c’est que tout va bien. Et alors, il faut attendre que ça passe. Cela passe forcément avec l’âge, avec le changement d’alimentation qui devient plus solide, avec l’âge du bébé et ses fonctions digestives qui deviennent matures, et avec la position verticale qui, mécaniquement, vient tout arranger.

Les médicaments ne sont pas forcément la solution à privilégier…

Le pire, je pense, est de trop vouloir donner de médicaments dans le cas de régurgitations banales. Le pire est de donner des produits qui peuvent être toxiques à terme pour traiter un reflux sans danger.
Et avant de se lancer dans des traitements compliqués, il faut que les parents vérifient bien, en tout premier, que leur bébé n’est pas tout simplement suralimenté. Il y a des bébés voraces !

La grande angoisse des parents, c’est le lien possible avec la mort subite. Qu’avez-vous à dire sur ce sujet ?

On ne connaît toujours pas les mécanismes de la mort subite du nourrisson. Il est certain que les méthodes de couchage des bébés ont beaucoup fait diminuer le nombre des morts subites. On sait qu’il est préférable de coucher son bébé sur le dos, c’est ce qui est largement préconisé, avec succès, depuis plusieurs années maintenant. Cela dit, le lien direct entre le reflux gastro-oesophagien et la mort subite du nourrisson n’est pas établi.

Bébé régurgite sans cesse : Le témoignage d’une maman

Le témoignage de Stéphanie 29 ans, maman du petit Léon âgé de 9 mois.

Votre bébé a souffert d’un reflux gastro-oesophagien. Racontez nous.
Dès les premières semaines, il s’est mis à recracher de grandes quantités de lait. En fait, à chaque tétée, quasiment, il recrachait. C’était très inquiétant. J’avais l’impression qu’il rejetait tout ce qu’il buvait.
Je faisais attention pourtant de bien lui faire faire son rot, au milieu des tétées, pour qu’il digère mieux. Mais, rien n’y faisait. Il vomissait facilement. Sans effort, sans malaise, mais comme un jet. Cela me faisait très peur. D’autant que j’avais entendu parler du lien possible entre le reflux gastro-oesophagien et la mort subite du nourrisson. Donc, je le surveillais tout le temps : pendant son sommeil je n’étais jamais tranquille, j’avais peur qu’il s’étouffe.

Vous en avez parlé au médecin ?
Oui. Bien sûr, mais il n’était pas très inquiet. Mon bébé grossissait normalement. Il avait bonne mine, il était joyeux et bien éveillé… Donc, rien, dans son comportement qui puisse inquiéter le médecin.
Mais un jour, un soir exactement, il a vomi d’une manière terrible. J’étais chez des amis ce soir-là. J’alternais le sein et les biberons, à cause des régurgitations. Et là, la régurgitation a été tellement puissante, tellement violente, que le lait lui sortait par le nez, et même par les yeux. Je vous assure ! Alors j’ai vraiment paniqué et je l’ai emmené aux urgences.

Quels examens lui a-t-on fait ?
Une PHmétrie. Il a passé 24 heures à l’hôpital. On lui a fait passer une petite sonde par le nez, jusque dans l’estomac et on a pu enregistrer son taux d’acidité. En effet, il avait un léger reflux gastro-oesophagien. Sans cause particulière et sans effet secondaire non plus. Pas d’oesophagite, pas de problèmes respiratoires. Rien. Les médecins m’ont proposé d’épaissir son lait, tout simplement.
Je l’ai aussi couché sur le dos, évidemment, comme je le faisais déjà, mais en inclinant son lit. En surélevant la tête du lit. Ce n’était pas très pratique, parce qu’il avait tendance à rouler au bas du lit. Je le maintenais donc avec des couches attachées au matelas. En tout cas, avec les laits épaissis et le bon couchage, ça s’est passé très vite. Et dès qu’il a pu manger des aliments solides, cela s’est tout à fait terminé. Mais quelle angoisse, les premiers mois !

Bébé régurgite sans cesse : Sources et notes

– Consensus factuel international sur la définition du reflux gastro-œsophagien pathologique en pédiatrie, 2009-2010.
– Vandenplas Y., et al.: «Concepts et notions actuels sur la prise en charge des régurgitations chez le nourrisson: réévaluation». Acta Pediatrica, 1996; 85: 531-534.

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