Une constipation chez un nourrisson suscite assez souvent une inquiétude chez les parents, surtout bien sûr quand le bébé souffre et qu’il le manifeste par des pleurs.
Mais pas de panique ! Une constipation peut arriver à tous les bébés, c’est un phénomène normal. Par épisodes plus fréquents chez les uns que chez les autres, elle se manifeste par une réduction de la fréquence des selles, et un volume réduit de ces dernières.
La constipation peut être favorisée par des changements dans la vie du bébé :
- l’arrêt de l’allaitement,
- le stress,
- un changement d’alimentation de l’enfant ou de la maman,
- des difficultés de l’apprentissage de la propreté…
Il est normal de s’inquiéter quand manifestement votre bébé est vraiment constipé, et surtout si d’autres symptômes surviennent. Si votre enfant souffre d’une fièvre, qu’il perd du poids (plus de 10% de son poids de base), qu’il vomit, qu’il se tort de douleur ou qu’il réagit moins, qu’il paraît fatigué… il est conseillé d’aller consulter afin d’identifier la cause du problème et d’intervenir rapidement pour le soulager.
Quelle est la cause de la constipation de mon bébé ? Votre inquiétude est-elle toujours justifiée ? Et quelles sont les solutions à mettre en place ? Trouvez les réponses à toutes vos questions dans ce dossier.
Bébé constipé : quand parler de constipation ?
Pour être précis, une constipation correspond à la raréfaction de l’émission des matières fécales. Les selles sont déshydratées, elles ont perdu une partie de leur eau et ont perdu leur volume habituel, ce qui entraîne un ralentissement du transit intestinal.
On parle de constipation chez le petit enfant de moins de 18 mois, lorsque le nombre des selles est inférieur à une selle par jour quand il est nourri au sein, et inférieur à trois selles par semaine lorsqu’il est nourri au biberon.
La constipation ” fonctionnelle ” du nourrisson
Dans la plupart des cas, la constipation est dite fonctionnelle, ce qui signifie qu’elle n’est pas liée à une pathologie, à une maladie. Il s’agit alors d’un épisode banal, fréquent et sans gravité, même s’il peut entraîner une grande inquiétude chez les parents.
Pour vous rassurer, vous pouvez reconnaître une constipation fonctionnelle banale quand :
- Il n’y a pas de vomissements associés. Cela signifie qu’il n’y a pas de signes d’ occlusion intestinale.
- Il n’y a pas d’anomalie de la croissance, pas de perte de poids.
- Pas de trouble du développement neuro-moteur. Les réflexes du bébé sont toujours bons, il bouge normalement et répond normalement aux stimulations.
- Pas de ballonnement important. Bébé est peut-être un peu gêné, mais ne se tord pas de douleur quand on lui palpe le ventre.
Lorsque votre bébé ne présente aucun de ces signes, vous pouvez vous tranquilliser, il s’agit très certainement d’une constipation fonctionnelle passagère.
En revanche, si vous constatez l’un de ces signes, vous devez consulter un médecin, surtout si la constipation apparaît dès les tout premiers jours de la vie.
Bébé constipé : les causes
La constipation de bébé peut avoir plusieurs causes.
Lorsqu’un bébé est nourri au sein, ses selles sont particulièrement fréquentes et liquides (jaunes). Il salit ses couches, le plus souvent, au moment des tétées. C’est le cas, pour 90% des bébés nourris au sein.
Cependant, dans 10% des cas, les bébés ont des selles plus rares, notamment quand l’allaitement maternel se prolonge. Lorsque les selles se raréfient, cela signifie tout simplement que le régime maternel entraîne peu de résidus. Son transit est plus lent, dans la mesure où il n’est pas favorisé par l’apport de fibres.
Il peut également présenter un épisode de constipation après une diarrhée. C’est alors un phénomène normal.
Les changements d’alimentation
Tout changement d’alimentation peut être la cause d’une constipation passagère. Lorsque le bébé passe du sein au biberon, par exemple, il n’est pas rare que son transit soit perturbé. Le temps, pour lui, de s’habituer à son nouveau régime alimentaire. C’est le cas, également, au moment de l’introduction des farines dans les biberons, vers six mois.
La constipation du bébé peut également découler d’un changement d’alimentation de la maman, lorsqu’elle le nourrit au sein. Votre bébé mange ce que vous mangez. Si vous-même changez brutalement votre alimentation, il en subit les conséquences.
La constipation peut être également liée à un stress. C’est vrai chez les plus grands, mais c’est vrai aussi chez les nourrissons. Un bébé gardé par sa mère, par exemple, et qui entre en garderie ou en crèche peut exprimer son stress par un épisode de constipation.
La constipation peut encore être liée aux difficultés de l’apprentissage de la propreté, vers 18 mois. Si l’on demande trop tôt à l’enfant un effort de propreté qu’il n’a pas encore intégré, cela peut entraîner une sorte de blocage. En effet, l’enfant est naturellement propre. L’apprentissage du pot n’est qu’une aide des parents à un phénomène naturel. Même sans apprentissage, l’enfant ne ferait pas indéfiniment sur lui ! Mais tous les enfants ne sont pas prêts au même moment. Cela dépend des bébés : certains sont plus rapides que d’autres pour être propres, et demander cet effort trop tôt peut engendrer un stress et donc une constipation.
Un apport en eau insuffisant
Autre facteur fréquent favorisant une constipation fonctionnelle : un apport en eau insuffisant. Le bébé prend le sein, ou boit son biberon et il nous semble que cette alimentation liquide est suffisante pour l’hydrater.
Mais, lorsque l’alimentation se diversifie, que l’on y introduit des farines ou que l’on passe du biberon aux premières purées, l’enfant peut alors manquer d’eau et cela peut être la cause d’une constipation.
Le bébé ne sait pas toujours signaler qu’il a soif. Il faut donc penser, surtout pendant l’été, à lui donner un petit biberon d’eau pour lui permettre de s’hydrater. Cet apport en eau aura pour effet d’hydrater ses selles et de prévenir une éventuelle constipation.
Bébé constipé : en rapport avec une maladie, une occlusion ?
Les maladies qui engendrent une constipation sévère du nourrisson sont rares. Lorsqu’un nourrisson présente une constipation, dans les premiers jours de sa vie, les médecins penseront à une éventuelle maladie de Hirschsprung.
Même si c’est rare, c’est la pathologie la plus fréquente en cause dans les constipations. Il s’agit d’une aganglionose, une anomalie du système nerveux touchant le tube digestif (il s’agit d’une absence des ganglions innervant le côlon). En effet, dans les tissus qui entourent le côlon (gros intestin), se trouve tout un réseau de ganglions nerveux qui régit la motricité intestinale.
Dans le cas d’une maladie de Hirschsprung, ces ganglions sont absents. La motricité intestinale est donc nulle et peut entraîner une occlusion intestinale. Dans la plupart des cas, l’occlusion est néo-natale. Mais il peut arriver que des formes de la maladie soient d’apparition plus tardive. C’est donc une pathologie à laquelle il faut penser, dans le cas d’une constipation grave.
Le traitement est chirurgical : il consistera à introduire une fine sonde dans le rectum, dans un premier temps, et éventuellement à mettre en place un « anus artificiel » par abouchement à la peau, d’une portion du côlon en attendant l’intervention définitive.
Les autres maladies sont encore plus rares : d’éventuelles malformations anales, ou des hypothyroïdies (baisse du fonctionnement de la glande thyroïde dont le dépistage est systématique à la naissance). Ou encore une sténose de l’intestin (diminution du calibre de l’intestin), des causes neurologiques.
Et une occlusion ?
En cas de constipation, beaucoup de parents redoutent… un problème d’occlusion. En fait, chez le très jeune enfant, une occlusion intestinale correspond généralement à un problème spécifique qui n’a rien à voir avec une constipation qui s’installerait de manière progressive.
Chez le nourrisson, l’occlusion intestinale est assez souvent provoquée à une invagination de l’intestin.
Les signes sont généralement des pleurs liés aux douleurs abdominales, des vomissements, un refus de s’alimenter, une pâleur, un mauvais état général de l’enfant, voire du sang dans les selles… Il arrive que ces symptômes surviennent par épisodes.
Un avis médical en urgence est nécessaire.
Bébé constipé : les traitements
Dans la plupart des cas, la constipation du nourrisson est liée à son alimentation. Avant d’intervenir avec un traitement, c’est par l’alimentation que l’on pourra y remédier.
Chez un enfant dont l’alimentation est déjà diversifiée. Il faudra vérifier :
- qu’il n’y a pas trop de farines dans les biberons.
- que le bébé est suffisamment hydraté. Ne pas oublier les biberons d’eau.
- que son alimentation est suffisamment fractionnée. De trop gros repas peuvent compliquer le transit intestinal. Mieux vaut plusieurs repas légers, plus faciles à évacuer.
- que les laits lui conviennent bien. Certains laits favorisent le transit. Si le bébé est constipé, autant lui proposer ces laits-là. C’est à voir avec votre pédiatre ou le pharmacien. Cela dit, il ne faut pas en attendre des miracles. C’est juste une aide supplémentaire.
Autres conseils :
- Certaines eaux minérales sont plus laxatives que d’autres. On sait que l’Hépar® favorise le transit. On peut l’utiliser pour la préparation des biberons, en sachant cependant que cette eau contient beaucoup de magnésium et qu’il faut donc l’utiliser avec pondération : pas plus de 200 ml par jour, soit la moitié d’un biberon, deux fois par jour.
- Evitez le riz et les carottes.
- Donnez des légumes verts contenant des fibres (haricots verts, épinards…).
- Donnez du pain de son et des pruneaux.
Faut-il donner des médicaments ?
En fait, il est rarement utile d’avoir recours à des traitements. Et dans tous les cas, lorsqu’on y a recours, cela doit être sur avis médical.
- Par voie orale, seront recommandés les médicaments qui entraînent une hydratation des selles, comme ceux à base de macrogol. Le traitement est prescrit dans le cas d’une constipation réelle et uniquement sur avis médical.
- Par voie orale on pourra utiliser des lubrifiants (comme le Lansoÿl®, à base de paraffine) qui pourront aider au passage et à l’évacuation des selles…
- Les autres laxatifs ne sont pas conseillés. Ils sont irritants et dangereux.
- Les lavements doivent également être pratiqués dans des cas exceptionnels et de préférence par des personnels soignants.
Bébé constipé : quand consulter un médecin ?
Il est impératif d’aller consulter un médecin lorsque le bébé présente :
- Moins de deux selles par semaine.
- Des vomissements associés à la constipation. Cela peut être le signe d’une occlusion intestinale.
- Une perte de poids.
- Des troubles du développement psychomoteur.
- Des douleurs abdominales à la défécation ou en palpant son ventre.
Et, dans tous les cas quand la maman est trop inquiète. Il vaut mieux une maman rassurée et calme, qu’une maman anxieuse et guettant les selles de son bébé. C’est un facteur réel d’amélioration pour le bébé !
Le médecin consulté aura recours à des examens complémentaires dans le cas seulement où il suspecte une maladie précise.
Bébé constipé : les conseils du médecin spécialiste
Quels conseils pourriez-vous donner aux parents inquiets ?
D’abord, ne pas s’affoler. Et surtout, éviter les gestes agressifs comme les lavements ou toutes les manipulations anales. Il y a plusieurs raisons à ce conseil. Vous le savez, la région anale est très fragile, surtout chez le tout petit enfant.
Les lavements, les suppositoires peuvent provoquer une irritation de l’anus. Ils peuvent également provoquer une fissure anale, très douloureuse pour l’enfant et qui peut, à son tour, induire une constipation. Cela se comprend. L’enfant a mal à la défécation et il se retient.
La zone anale est également une zone fragile au plan psychologique. Il est donc déconseillé, notamment à la maman, d’avoir des gestes répétés à cet endroit. D’autant qu’habituer son enfant à des lavements ou des suppositoires, peut entraîner un réflexe pavlovien. L’enfant va associer le geste à la défécation et, si cela revient trop souvent, il ne pourra déféquer qu’après avoir subi le geste en question, lavement ou suppositoire.
Et au plan purement physiologique, les lavements peuvent induire des troubles électrolytiques. Il doit donc toujours s’agir de gestes exceptionnels, sur de courtes périodes et toujours sur avis médical.
Il est donc déconseillé que la maman, angoissée par la constipation de son bébé, ne multiplie les gestes dans cette région.
Dans le cas où le médecin prescrirait quand même des lavements ou des suppositoires, il est conseillé de laisser un personnel soignant se charger du geste.
Quel rôle peuvent jouer les parents, lors d’une constipation de leur enfant ?
Encore une fois, ne pas s’affoler. On dit qu’il y a des familles de constipés, c’est peut-être vrai. On n’en sait trop rien. Ce qui est vrai, c’est qu’il existe des familles particulièrement inquiètes de leur transit. Où le sujet est une véritable préoccupation quotidienne. Une source d’inquiétude. Ces parents-là auront tendance à surveiller avec trop d’angoisse, les selles de leur bébé. L’enfant pourra le ressentir et devenir stressé à son tour.
Il faut savoir que les maladies liées à la constipation sont très rares. Un épisode de constipation chez un bébé est le plus souvent banal, comme chez l’adulte. Il faut donc dédramatiser ces épisodes. Et ne pas craindre de consulter son médecin quand l’inquiétude est trop grande. Dans la plupart des cas, il donnera les conseils alimentaires nécessaires et saura rassurer les parents.
Bébé constipé : le témoignage d’une maman
Jocelyne, maman inquiète de 28 ans, raconte son expérience.
Vous avez dû conduire votre bébé aux Urgences, après une constipation. Racontez-nous…
Mon fils avait sept mois, quand c’est arrivé. Cela faisait quelques petites semaines que j’avais commencé à diversifier son alimentation. Je mettais des farines dans les biberons, je commençais les bouillies, les purées. Je l’ai allaité au sein pendant trois mois. Le passage aux biberons n’avait pas posé de problèmes. Et puis là, pendant cinq jours, rien ! Plus de selles. Il n’était pas mal, mais je voyais bien qu’il avait mal au ventre, mais je le trouvais ballonné. Et puis, vous savez quand vous commencez à vous inquiéter, vous voyez tout de travers. Je lui trouvais mauvaise mine, il pleurait beaucoup. Bref, j’ai fini par avoir une peur panique de l’occlusion.
Vous en avez parlé autour de vous ?
J’en ai parlé avec ma mère. Moi, c’était mon premier bébé, elle en a eu trois. Elle m’a conseillée de lui mettre des suppositoires, comme elle avait fait pour moi, quand j’étais petite. Alors, je lui en ai mis un.
Cela a marché un peu. Il faisait des efforts pour pousser et ça donnait une toute petite selle. Alors j’ai recommencé plusieurs fois. Mon mari ne voulait pas, mais j’étais tellement inquiète que je le faisais en cachette pour soulager mon bébé. Mais cela ne s’est pas amélioré… Il avait en plus une petite fissure anale.
Alors ? Vous l’avez conduit aux Urgences ?
En fait, à l’hôpital, on m’a vite rassurée. On m’a dit que ce n’était pas grave et on m’a donné des conseils. D’abord, sa constipation était liée à son changement d’alimentation. Alors, je lui ai donné plus de légumes verts et une eau minérale. Pour traiter la petite fissure anale, on m’a donné une pommade à base de vitamine A. Cela s’est vite passé, heureusement. Au début, l’ infirmière a mis un peu de lubrifiant pour l’aider à évacuer ses selles. Et puis, tout est rentré dans l’ordre.
J’ai compris, aussi que ça venait un peu de moi. Moi, j’étais constipée quand j’étais petite, et ça inquiétait beaucoup ma mère. Je crois que j’ai un peu répété ça sur mon bébé. J’essaie de faire moins attention à ça, et je me rends compte qu’aujourd’hui tout va mieux.
Bébé constipé : Sources et notes
– Eve Bonard Condoret, Modalités de prise en charge de la constipation fonctionnelle de l’enfant en soins primaires : étude menée auprès de 68 médecins généralistes hauts-normands, Human health and pathology, 2012.
– Afzal A N, Tighe P M, Thomson A M, Constipation in children, Italian Journal of Pediatrics – 2011 37 (13) 28.