La migraine est un mal de tête bien particulier qui touche environ 10 % de la population. Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes et ce sont principalement les adultes jeunes qui en souffrent.
Bien que ce ne soit pas une maladie grave, ni mortelle, la migraine peut être réellement invalidante. Toutes les personnes concernées le savent trop bien… malheureusement.
En France, plus de sept millions de personnes souffrent de migraines, et moins d’un quart se traite. On pense trop souvent – à tort – qu’il n’y a pas beaucoup de solutions contre la migraine.
Près de la moitié des migraineux ne se soignent pas ou pratiquent l’automédication. Résultats : des crises incapacitantes, longues et mal soulagées. Pourtant, il existe des traitements capables de soulager les crises de migraine et d’en réduire la fréquence.
Si vous êtes migraineux et que vous n’obtenez pas de bons résultats avec vos traitements, consultez un spécialiste (un neurologue) qui vous aidera à faire le point sur cette maladie, et vous donnera les traitements appropriés.
Avant de consulter un spécialiste, notez sur un agenda vos crises, avec la date de leur survenue, leur durée, et les éventuels facteurs déclenchants.
Sachez que dans les cas de migraines sévères provoquant des algies vasculaires de la face, une prise en charge à 100 % peut être établie par votre Caisse d’assurance maladie, sur demande de votre médecin traitant. A noter que beaucoup de ces médicaments existent aujourd’hui sous forme générique. N’hésitez pas à le prendre. L’essentiel est de trouver le bon traitement !
Migraine : les causes
Les causes de la migraine restent encore mal connues même si les spécialistes ont fait de grands progrès dans la compréhension du mécanisme qui déclenche la douleur.
On sait qu’il s’agit souvent d’une affection familiale qui peut sauter une ou deux générations.
Au cours d’une crise migraineuse, il existe une hyperactivité des neurones situés en profondeur dans le cerveau (tronc cérébral), observée au Pet-scan.
Le fait que les femmes soient plus touchées que les hommes suggère aussi l’influence de facteurs hormonaux.
La crise, elle aussi, est déclenchée par des circonstances qui sont variables selon les migraineux.
Le stress et la fatigue sont des facteurs fréquemment cités par les patients.
Mais on retrouve aussi la consommation d’alcool, de certains aliments ou des stimulations visuelles trop fortes comme les lumières des boites de nuit.
La migraine peut survenir à n’importe quel moment et être déclenchée par un ou plusieurs facteurs propres à chaque personne.
A vous d’essayer de trouver les signes entraînant une crise et de les éviter dans la mesure du possible.
Voici une liste non exhaustive des facteurs pouvant déclencher une migraine :
- Le stress,
- Les émotions fortes : positives ou négatives,
- La fatigue et le manque de sommeil (vous pouvez en avoir également les jours de repos, c’est la migraine de décompression),
- La lumière forte ou clignotante,
- Les odeurs entêtantes,
- La fumée de cigarettes,
- Trop de temps passé devant un écran,
- Les actions répétitives,
- Des changements brusques de température,
- Certains aliments (lourds, gras), le chocolat, des fromages…
- L’alcool,
Chez les femmes :
Pour les femmes, les règles, les suites de l’accouchement ou l’arrêt de l’allaitement. peuvent également être des facteurs déclenchant une migraine.
D’ailleurs, des femmes ont souvent des crises pendant la période des règles (souvent juste avant), par contre celles-ci s’atténuent ou disparaissent généralement lors de la grossesse ou à la ménopause. C’est le changement hormonal important qui provoque ce mal de tête.
Pour ces migraines cataméniales, le médecin peut prescrire un anti-migraineux, ou parfois un traitement à base d’oestrogène deux jours avant les règles.
Migraine : les symptômes
Les personnes concernées par la migraine connaissent malheureusement les symptômes par coeur !
La migraine est une douleur touchant une moitié du crâne, et déclenchée par un facteur propre à chaque personne. Quelque fois, la douleur s’intensifie tellement qu’elle finit par se propager dans toute la tête.
La migraine peut provoquer des effets désagréables parfois importants tels que :
- des malaises,
- des nausées et vomissements,
- et même des absences.
Certaines migraines entraînent des :
- paralysies passagères des membres,
- des troubles psychiques,
- une vision diminuée,
- voire une absence de vision périphérique. Dans ce dernier cas, on parle alors de migraine ophtalmique.
Les médecins dénomment la survenue des symptômes annonciateurs de “migraine avec aura” qui prévient de son arrivée. Les personnes concernées savent reconnaître les signes de leur future migraine.
Ces symptômes sont propres à chaque individu et peuvent prendre la forme de :
- d’hallucinations visuelles,
- de l’impression de sentir une odeur spécifique,
- d’entendre des bruits,
- de souffrir de maux de tête furtifs ou de ventre,
- d’une peau sèche, etc.
Si vous êtes dans la catégorie des migraineux avec aura, vous pouvez stopper la crise en apprenant à en reconnaître les signes, et en prenant vite un traitement avant qu’elle ne s’installe vraiment. La migraine sans aura elle, arrive sans aucun signe avant-coureur.
Migraine : le diagnostic
Le médecin commencera par poser des questions précises sur vos douleurs, les facteurs déclenchants, leur durée : il fera un examen clinique, avec prise de la tension artérielle, et vous demandera peut-être de faire quelques examens afin de poser avec certitude le diagnostic de migraine.
Vous serez éventuellement orienté vers un ophtalmologiste afin de bien s’assurer qu’aucun trouble visuel n’est en cause. Une radiographie des sinus et/ou du cou (rachis cervical) est parfois nécessaire.
Vous aurez peut-être un doppler pour vérifier vos vaisseaux du cou. Si vos maux de tête ont connu des modifications, ou qu’à l’issue de l’examen fait par votre médecin, des symptômes neurologiques particuliers ont été détectés, le médecin peut vous prescrire un scanner cérébral, voire une IRM (ou angio-IRM). Ces examens sont faits pour confirmer l’absence de problème spécifique, comme une éventuelle anomalie vasculaire.
A partir du moment où votre médecin généraliste aura diagnostiqué une migraine, il peut vous orienter vers un neurologue qui est le spécialiste de la migraine (surtout si le traitement prescrit en premier par votre médecin traitant ne fonctionne pas, ou encore si vous consommez beaucoup de médicaments sans effet vraiment probant).
Vous pouvez aussi prendre rendez-vous en cabinet ou dans un hôpital ou une clinique, dans les centres anti-migraines ou anti- céphalées.
A noter qu’il existe un centre d’accueil pour les petits migraineux à partir de 3 ans à l’hôpital Trousseau, à Paris. Il aidera à une bonne prise en charge de votre enfant qui souffre de migraines.
Migraine : les astuces anti-migraine
La migraine ne se soigne pas véritablement, une crise est toujours à redouter. C’est pour cela que les migraineux doivent s’appliquer à éviter les facteurs qui déclenchent chez eux la crise, et essayer de limiter les situations de stress, de manque de sommeil…
Quand la crise survient, la douleur est souvent insupportable. Des petites astuces, de petits gestes peuvent aider à rendre la crise supportable.
En premier lieu, il faut s’isoler dans une pièce calme à l’abri de la lumière et du bruit. L’application de froid sur la zone douloureuse (des glaçons enveloppés dans une serviette) peut diminuer la douleur. Boire un café noir réussit aussi à certains migraineux.
Chez certains migraineux, la caféine est miraculeuse. Un petit expresso sucré avec une aspirine (si vous n’avez pas de contre-indication) vous sera salutaire. Si vous ne supportez pas le café, pensez au Cola gazeux caféiné. Le petit « truc » des migraineux est le café sucré posé sur la table de nuit pour le lendemain, au cas où la journée débute par une migraine.
Le café déshydrate, l’expresso contient plus de caféine, les grains foncés font un café plus forts…
Qu’en est-il vraiment ? Voici la vérité sur 9 mythes autour du café !
Bien sûr, en dehors de ces petits “trucs”, un traitement médicamenteux est souvent nécessaire. Et malheureusement, encore trop peu de personnes consultent pour des migraines.
Les migraineux auraient assez souvent tendance à se “bricoler” des soins en mixant des médicaments. Un conseil : ne prenez pas ce risque dangereux pour votre santé ! Adressez-vous à un médecin qui vous prescrira les produits qui vous conviennent.
Migraine : les traitements
Plusieurs traitements sont à la disposition des médecins pour lutter contre la migraine. On distingue les traitements crise et les traitements de fond. :
Les traitements de crise
Ils concernent les crises de migraine. Pour des douleurs modérées, l’aspirine et le paracétamol sont proposés en premier lieu. Pour les migraines un peu plus puissantes, un anti-inflammatoire non stéroïdien tel que l’ibuprofène peut vous être prescrit, éventuellement accompagné d’un médicament anti-nauséeux.
Dans le cas de l’inefficacité de ces traitements, le médecin vous proposera soit des anti-douleurs comportant de la codéine, soit des dérivés d’ergot de seigle, soit des triptans. Ces derniers ont démontré leur efficacité dans la migraine mais gare aux effets pervers de l’accoutumance. Une trop longue utilisation de ces médicaments peut entraîner des migraines de manque, et s’installe alors un cercle vicieux qu’il est difficile de briser sans une aide médicale extérieure.
Si un médicament comme un triptan ne donne pas le résultat attendu, il ne faut pas hésiter à reconsulter. Quand les médicaments indiqués en cas de crise, s’avèrent insuffisants, si les crises sont trop répétées, un traitement dit de fond, à prendre tous les jours peut être nécessaire (comme de bêta-bloquants à petite dose). Il n’est pas toujours facile de trouver le bon médicament tout de suite.
Les traitements de fond
Ils sont généralement prescrits quand les crises migraineuses sont rapprochées. Ces traitements sont destinés à enrayer les migraines en les anticipant. Ne soyez donc pas surpris si votre médecin vous prescrit un bêta-bloquant (en principe pour le coeur), ou un anti-dépresseur, peut-être même un anti-épileptique.
Migraine : les médecines douces
S’il en voit la nécessité, votre médecin peut vous prescrire des séances de kinésithérapie ou d’ostéopathie. L’acupuncture peut aussi permettre d’obtenir de bons résultats. Certaines migraines ont des origines qui peuvent nécessiter l’intervention de myothérapies (telle que la méthode Mézière qui est une rééducation ayant pour but la relaxation musculaire).
> Les solutions homéo
Si vous préférez l’homéopathie, sachez que le traitement doit vous être prescrit par votre homéopathe car chaque migraine est individuelle et demande une prise en charge adaptée. Les traitements les plus souvent proposés sont à base de Cyclamen 5 CH, Menyanthes 5 CH, Iris Versicolor 5 CH, Nux Vomica 5 CH, Kalium Bichromicum 5 CH, Spigelia 5 CH, Niccolum 5 CH, ou Sanguinaria 5 CH.
> Les plantes
Avant d’attaquer la médication classique sur ordonnance, sachez que la menthe poivrée ou la camomille romaine, sous forme d’infusions ou d’huiles essentielles en application locale, ainsi que la grande camomille sous forme d’infusion (ou de gélules) peuvent permettre de calmer les crises.
La valériane et la passiflore interviendraient sur les migraines liées au stress, le rhizome sur les migraines liées aux règles, et le radis noir sur les migraines avec des symptômes digestifs.
Migraine : les conseils du médecin spécialiste
Entretien avec le docteur Marc Schwob, neuropsychiatre et fondateur de l’association France Migraine.
Concrètement, à partir de quand doit-on consulter pour une migraine ?
Dès qu’elle commence à devenir handicapante. C’est à la personne concernée par la migraine de décider du seuil de handicap. En général, je recommande de consulter le plus tôt possible, car plus vite se fera la prise en charge, plus il y a de chance de s’en sortir. C’est encore plus vrai pour les enfants, dont 10 % sont migraineux.
Les migraineux ont-ils plus ou moins de risques de développer une tumeur au cerveau ou un accident vasculaire cérébral ?
C’est vrai qu’il y a un peu plus de risques d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les migraineux, notamment chez les migraineuses fumeuses sous pilule contraceptive. Mais en ce qui concerne la tumeur, il n’y a guère plus de risque d’en développer une que le reste de la population. L'”avantage” d’être migraineux, est que l’on est en principe plus surveillé médicalement que les autres personnes, ce qui implique que dans le cas d’un éventuel problème, celui-ci sera détecté plus tôt et on pourra ainsi y remédier plus vite.
Que pensez-vous des médecines dites parallèles ou douces (acupuncture, homéo, voire hypnose) pour régler le problème des migraines ?
J’y suis très favorable en complément. Elles sont efficaces pour accompagner des traitements classiques. L’hypnose notamment, donne de très bons résultats en 3 ou 4 séances, pour se soulager pendant les crises.
Peut-on guérir des migraines ?
Je dis que oui : on peut définitivement guérir des migraines, mais il faut un certain temps pour y arriver, et ne pas hésiter à reconsulter si le traitement n’apporte pas satisfaction.
Migraine : le témoignage d’un patient
Laure, 25 ans, est migraineuse depuis l’adolescence. Elle nous livre son témoignage…
Comment se sont révélées vos migraines ?
Je suis migraineuse depuis que j’ai 13 ans. Au début les migraines étaient espacées. J’en avais au moment des règles, puis au fur et à mesure que le temps passait, j’en avais de plus en plus. Soupçonnant un dérèglement hormonal, mon médecin m’a prescrit la pilule. J’ai dû l’arrêter parce qu’elle provoquait une augmentation de mon cholestérol. Les migraines sont revenues de plus belles.
Elles se sont aggravées ?
J’en étais à un médicament anti-migraineux par jour, au lieu des 4 à 6 maximum par mois. Je n’avais plus de vie, je n’osais plus sortir par crainte de ces crises qui pouvaient survenir n’importe où. Je suis même allée voir un radiesthésiste, un magnétiseur… mais sans aucun effet.
Et comment les choses se sont améliorées ?
J’ai été prise en charge par un centre anti-migraine. Le médecin a commencé par m’aider à arrêter de fumer, il a ensuite stoppé tous mes traitements, puis m’a mise sous anti-dépresseur, même si je soutenais ne pas être déprimée. Il m’a conseillé de faire des séances de sophrologie pour maîtriser un peu mon stress. Parallèlement, il m’a prescrit des traitements à prendre au moment des règles. A ce jour, je revis. J’ai enfin retrouvé ma joie de vivre et j’ai même pu reprendre mes études que j’avais dû arrêter car j’avais trop de migraines pour réviser !
Migraine : sources et notes
– Agence nationale d’accréditation et dévaluation en santé (ANAES). Recommandations pour la pratique clinique. Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et chez l’enfant. Recommandations, octobre 2002.
– Henry P. et al, Prevalence and clinical characteristics migraine in France, Neurology, 2002, 59, pp 232-37.
– Géraud G. et al, Tomographie par émission de positons dans la migraine. Rev. Neurl 2005 ; 161, pp 666-70.
Adresses utiles :
> www.sosmigraine.com
> www.lamigraine.org
> www.migraine.crp-sante.lu
> www.migraine-cephalee.com