Maladie psychosomatique

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Une maladie psychosomatique est une affection physique dont l’origine tient – au moins partiellement – au fonctionnement psychique de l’individu. Le problème physique est avéré, dans le sens où il existe une lésion organique ou un dysfonctionnement se manifestant par des perturbations physiques.

Il n’y a pas de choix, ni conscient ni inconscient, de l’organe touché. La localisation dépendrait essentiellement des prédispositions biologiques sous-jacentes du patient.

Lorsque les manifestations de la maladie psychosomatique sont multiples, on peut parler de trouble somatoforme, et plus précisément de « trouble somatisation ». Il s’agit d’un diagnostic du Manuel de Classification des Maladies Mentales (DSM).

Les symptômes de la maladie psychosomatique peuvent être gastro-intestinaux (nausées, ballonnement, vomissements, diarrhée…), sexuels (douleur, désintérêt, irrégularité des règles…), pseudo-neurologiques (évanouissement, trouble de l’équilibre, de la coordination..), douloureux, etc.

Il ne faut pas confondre les maladies psychosomatiques et…

> La simulation : il n’y a pas de problème organique, le malade le sait et se sert du symptôme qu’il simule dans un but bien précis.

> L’hypocondrie : il n’y a pas de lésion mesurable malgré les plaintes du patient qui est réellement convaincu d’avoir une maladie.

> L’hystérie : le symptôme a une fonction psychique symbolique dans la névrose hystérique, et n’est pas vécu dans l’angoisse.

> Les pathologies organiques : la cause des symptômes vient d’une maladie physique, d’une atteinte d’un organe ou plusieurs.

Auteur : Dr Ada Picard, psychiatre.

Maladie psychosomatique : les causes

Les maladies psychosomatiques sont caractérisées par des atteintes objectivables d’un organe ou de son fonctionnement. La cause de ce dérèglement est de nature psychique, mais l’organe touché était certainement prédisposé biologiquement à être perturbé.

Certains médecins spécialistes attribuent un rôle déclenchant à des événements de vie stressants ou encore à des conflits affectifs.

D’autres insistent sur une plus grande vulnérabilité de ces patients à extérioriser leurs émotions. D’après Jean Laborit, “l’inhibition de l’action” jouerait un rôle primordial dans la genèse de ces affections psychosomatiques. Une auteur psychanalyste et philosophe, Alice Miller, comprend les manifestations psychosomatiques comme l’expression de besoins affectifs inassouvis durant l’enfance. Plus précisément, ce serait la difficulté à reconnaître ses propres besoins et ses émotions qui serait en cause dans les maladies psychosomatique. Ce postulat est confirmé par les études scientifiques, qui mettent en cause l’alexithymie dans l’apparition de tels troubles. L’alexithymie est un fonctionnement psychique qui se traduit par une difficulté à ressentir et à exprimer des émotions.

Enfin, il semblerait que certains types de personnalités soient plus à même de souffrir d’une maladie psychosomatique. Par exemple, les personnes compétitives et hyperactives auraient une susceptibilité accrue à l’hypertension artérielle et aux coronaropathies. Et les personnes soumises, ayant un esprit de conciliation exagéré, seraient plus fréquemment victimes de cancer.

Maladie psychosomatique : les symptômes

Il peut exister une ou plusieurs plaintes somatiques, présentes ou non, de manière simultanée. Les maladies psychosomatiques les plus fréquemment rencontrées sont : l’asthme, les maladies auto-immunes, les maux de tête, la colopathie fonctionnelle, le vaginisme, certains cancers, etc. Les symptômes varient donc en fonction de l’organe touché.

Dans le « trouble somatisation » (DSM), le patient souffre d’un cortège de symptômes somatiques qui ne peuvent e^tre expliqués de manière adéquate par un examen physique ou des examens complémentaires. Cette affection débute le plus souvent autour de 30 ans. Pour répondre à ce diagnostic, le patient doit pre´senter, pendant l’e´volution du trouble, au moins 4 symptômes douloureux : 2 symptômes gastro-intestinaux, un symptôme sexuel et un symptôme pseudo-neurologique.

À cela s’ajoute le sentiment d’avoir été malade pendant la plus grande partie de son existence. Et d’autres symptômes psychologiques, comme l’anxiété et la dépression, sont souvent associés.

L’évolution est variable. Elle fluctue entre des périodes d’exacerbation des symptômes et des périodes d’accalmie. Le plus souvent, les symptômes réapparaissent, ou s’aggravent dans des contextes de stress (travail, problèmes relationnels, etc.) et se calment lorsque le stress s’amenuise (en vacances, etc.). Mais il arrive également que le stress ne soit pas ressenti de manière consciente par l’individu.

Le trouble peut entraîner un retentissement socioprofessionnel et affectif, parfois disproportionné par rapport aux symptômes présentés.

​​​​​Diagnostic

Il est primordial de réserver les maladies psychosomatiques à un diagnostic d’élimination, c’est-à-dire après avoir recherché des maladies graves purement physiques“, prévient le Dr Paul Malekpour. Un interrogatoire médical permet d’identifier d’éventuelles causes psychologiques ou émotionnelles (angoisse, anxiété, surmenage ou encore émotivité…). Le médecin peut ainsi être amené à interroger son patient sur son mode de vie, sur de récents événements ou sur d’éventuels facteurs stressants ou traumatisants. Toute autre cause purement somatique peut être éliminée en effectuant des analyses biologiques ou des examens complémentaires. Un examen physique complet est donc recommandé. 

Comment guérir d’une maladie psychosomatique ?

Les maladies psychosomatiques doivent être traitées à deux niveaux : une prise en charge des symptômes physiques avec un traitement ciblé sur les symptômes de la maladie initiale, et une prise en charge psychologique ou psychiatrique avec des psychotropes dans les cas les plus invalidants. “On ne peut pas guérir d’une maladie psychosomatique stricto sensu, en revanche l’objectif est d’atteindre une rémission de celle-ci, c’est-à-dire qu’elle reste silencieuse et invisible“, nuance le psychiatre.

Traitement médical

Un traitement médical adapté permet de soulager des symptômes psychosomatiques lorsqu’ils le nécessitent, ou pour atténuer la crise : anti-inflammatoires, antiallergiques, régulateurs de transit… Ces médicaments sont prescrits en fonction des symptômes observés. La prise d’antidépresseurs et d’anxiolytiques peuvent également s’avérer utile dans certains cas. Ces traitements nécessitent un suivi médical et un accompagnement psychologique. 

Prise en charge et suivi psychologique

En fonction des symptômes et de l’état de santé du patient, les causes d’une maladie psychosomatique peuvent être traitées par une thérapie et un suivi régulier par un psychologue ou un psychiatre. La somatopsychologie est aussi une alternative. 
Une meilleure hygiène de vie est recommandée afin de réduire le stress et l’anxiété : alimentation équilibrée, sommeil de qualité, activité physique. Certaines techniques de gestion du stress peuvent être efficaces (relaxation, yoga, hypnose…). 

Merci au Dr Paul Malekpour, psychiatre à la clinique des Boucles de la Seine

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