Souvent méconnue et mal diagnostiquée, la maladie de Verneuil se caractérise par l’apparition de nodules et d’abcès douloureux situés essentiellement dans les zones de pli de la peau (régions axillaires et périnéo-inguinales).
Les personnes les plus touchées par cette maladie sont en général relativement jeunes. La maladie de Verneuil peut aussi bien toucher les hommes que les femmes et démarre en général après la puberté, mais elle s’observe le plus souvent autour des 30-40 ans.
Les sujets concernés ont souvent des problèmes de surpoids et sont des fumeurs. Elle a une composante génétique, souvent les personnes atteintes par cette pathologie ont des personnes touchées dans la famille.
Le début de la maladie se manifeste généralement après la puberté. Une acné sévère peut être associée à la maladie de Verneuil. L’évolution de la maladie et son atteinte dépendent d’une personne à l’autre.
Cette pathologie peut-être très handicapante à vivre quotidiennement, les nodules peuvent être très douloureux et devenir suppurants. Elle n’est pas contagieuse, ni sexuellement transmissible.
Cet article rédigé avec un dermatologue spécialiste fait le point sur les causes, les symptômes et les traitements de la maladie de Verneuil.
Maladie de Verneuil : les causes
La maladie de Verneuil n’est pas liée à un manque d’hygiène. Elle n’est pas contagieuse, puisqu’il ne s’agit pas d’une pathologie infectieuse. Ses causes exactes ne sont pas encore bien connues.
Dans 15 à 20 % des cas, il s’agit de formes familiales. On a identifié trois gènes pour cette pathologie, donc on pense que cette maladie est multi-génétique.
Au niveau de la peau, une occlusion se produit au niveau de l’orifice du follicule pilo-sébacé et/ou de la glande apocrine pour des raisons mal identifiées. La sueur va alors se trouver enfermée dans une poche, et elle va en irriter les parois et induire la formation d’un kyste, un nodule inflammatoire qui va ensuite se rompre en profondeur.
Il se peut qu’une infection par une bactérie se manifeste aussi, surtout lors des stades précoces de la maladie, sans pour autant en être la cause initiale. Des bactéries interviennent, mais c’est une conséquence de l’occlusion. Elles prolifèrent et induisent une inflammation locale.
Pourquoi cette occlusion se développe chez certaines personnes ? On ne le sait pas encore. Les problèmes de surpoids et le tabagisme peuvent être des facteurs aggravants de la maladie de Verneuil : 90 % des patients ont un surpoids et/ou une dépendance au tabac.
Maladie de Verneuil : les symptômes
Les signes de la maladie de Verneuil, qui en font souvent la difficulté diagnostique, sont des furoncles. Les symptômes qui doivent faire penser à une maladie de Verneuil : des nodules inflammatoires débutant en général au niveau des plis axillaires et inguinaux.
Au fur et à mesure que la maladie évolue, les nodules peuvent s’infecter et devenir suppurants. S’ils ne peuvent pas “éclater”, des petites fistules peuvent se former et libérer du sang et du pus.
Lors des premières poussées, les nodules ne sont pas suppurants, mais leur apparition peut être douloureuse. Et lorsque les poussées deviennent chroniques, elles peuvent alors provoquer des plaques et des cicatrices, parfois même des fistules.
La gravité de la maladie de Verneuil varie selon les personnes. Toutefois, si on n’intervient pas dès le début de la maladie, il se peut que des cas modérés évoluent vers des formes chroniques et invalidantes. On aura alors une multiplication des nodules qui vont augmenter de volume et s’enflammer de plus en plus fréquemment. Ils vont pouvoir fusionner entre eux en créant des abcès chroniques. Les périodes des poussées inflammatoires vont s’alterner avec des périodes de rémission.
Sur le plan de la qualité de vie, la maladie va devenir difficile à vivre pour le patient : les éruptions vont être douloureuses et malodorantes. Le patient va devoir porter des pansements en permanence pour protéger les fistules et les cicatrices.
Maladie de Verneuil : les traitements
Malheureusement, on ne dispose d’aucun traitement curatif de la maladie de Verneuil.
Parfois des traitements locaux peuvent être proposés pour les cas très légers, mais en cas de lésions profondes ces traitements s’avèrent inefficaces.
En cas de formes nodulaires pas trop inflammatoires, des traitements à base de zinc à fortes doses peuvent être proposés, à condition d’être pris en continu. Ces traitements toutefois ne sont pas curatifs.
En cas de grosses poussées inflammatoires, sans arrêter le zinc, des thérapies antibiotiques sont possibles, pour endiguer les poussées chroniques. Elles peuvent être associées à des médicaments anti-inflammatoires pour atténuer et calmer les poussées.
Lorsque les lésions sont sévères mais bien localisées, un traitement chirurgical peut être proposé. On intervient assez profondément pour retirer le nodule ou la fistule, en enlevant jusqu’aux glandes apocrites. Ensuite, on recouvrira par une petite greffe de peau, ou par un soin de cicatrisation dirigé.
Malheureusement, les nodules se localisent souvent sur des zones axillaires (aisselles) et inguinales (aines) qui ont tendance à se rétracter. Suite à une opération chirurgicale, il peut donc y avoir une réduction de l’amplitude des mouvements du patient.
En plus de ces traitements spécifiques, certains conseils d’hygiène de vie sont importants. Arrêter de fumer est conseillé, mais attention alors de ne pas prendre de poids (ce qui peut arriver).
D’ailleurs, la perte de poids est conseillée. Le contrôle du poids est un élément important chez les personnes qui souffrent de la maladie de Verneuil et qui ont une alimentation déséquilibrée. Avec l’aide du médecin traitant, et éventuellement d’un diététicien-nutritionniste, il est préconisé de mettre en place un programme de perte de poids. Il s’agit souvent d’un changement difficile mais inévitable qui peut avoir un effet positif sur la maladie.
Il est également conseillé d’opter pour des vêtements et des sous-vêtements en coton, en évitant le port de vêtements trop serrés qui peuvent favoriser la macération.
Maladie de Verneuil : Sources et notes
> Association française pour la recherche pour l’hidrosadénite.
> D. Soudan, La maladie de Verneuil, dossier thématique, Le Courrier de colo-proctologie – Volume II – n° 1 – mars 2001.
Auteur : Elide Achille.
Consultant expert : Pr Brigitte Dréno, Responsable UF de Dermato-Cancérologie, Directeur Unité Thérapie Cellulaire et Génique, Vice Doyen à la Recherche à la Faculté de Médecine de Nantes.