Une très grande partie de la population adulte est concernée par le mal de dos. Quelle que soit notre activité quotidienne, le dos est souvent mis à rude épreuve.
Bien sûr, en cas de travaux de force, la colonne vertébrale est particulièrement sollicitée. Et pour les sédentaires, qui n’ont pas l’habitude de mobiliser souvent leur dos, il suffira d’un « faux mouvement » pour qu’une douleur survienne. Pas étonnant donc que le « mal de dos » soit l’un des premiers motifs de consultation médicale.
Le dos, ou plus précisément la colonne vertébrale, est l’élément clé de notre organisme, assurant la stabilité de l’ensemble du squelette. Cette colonne se compose de sept vertèbres cervicales, douze vertèbres dorsales et cinq vertèbres lombaires auxquelles il faut ajouter- en bas – les vertèbres sacrées et coccygiennes qui sont soudées.
Le médecin qui prend en charge un patient se plaignant du dos va d’abord s’atteler à détecter un problème aigu comme une hernie discale ou une maladie rare (spondylarthrite, brucellose…). C’est l’ imagerie médicale qui lui donnera les principales informations, éventuellement complétées par une prise de sang à la recherche d’un syndrome inflammatoire. Mais assez souvent les réponses à un mal de dos se trouvent en écoutant et en examinant le patient, en s’intéressant à son mode de vie, sa profession, ses loisirs…
Attention : en cas de mal de dos, un diagnostic précis doit tout de même toujours être posé. Il arrive en effet que des patients traînent des maux de dos, sans que l’on ait établi dès le départ un diagnostic précis. Le danger est de découvrir au bout de plusieurs mois l’existence d’une tumeur…
Mal de dos : les différents types de mal de dos
Vous ne vous rendez certainement pas compte du nombre de fois en une journée, où vous vous baissez, relevez, étirez, courbez, portez une charge lourde. Il suffit qu’un seul élément de votre dos (vertèbre, disque, ligament, articulation, muscle) subisse une modification ou une blessure pour que des douleurs surviennent.
Le dos est entièrement soutenu par la colonne vertébrale.
La douleur peut concerner chaque étage de cette dernière et le mal prend alors le nom de l’endroit touché :
- Les cervicalgies : lorsque la douleur touche la partie supérieure de la colonne vertébrale : les cervicales.
- Les dorsalgies : le milieu du dos, siège de beaucoup de douleurs sur les vertèbres dites dorsales ou thoraciques.
- Les lombalgies : le bas du dos, au niveau des vertèbres lombaires.
Les douleurs ressenties peuvent être de deux types :
- La douleur aiguë qui s’installe d’un coup et intensément et qui est de durée relativement courte.
- La douleur chronique qui se met en place progressivement, avec une intensité moins forte, mais qui s’installe sur la durée ou qui est récidivante.
En pratique, si la douleur aiguë se répète ou si la souffrance se prolonge, l’avis d’un médecin est indispensable pour établir un diagnostic précis.
Attention donc à ne pas rester avec des douleurs lombaires ou dorsales, sans avoir consulté un médecin généraliste, voire un rhumatologue ou un médecin spécialiste en rééducation fonctionnelle, qui pourra éventuellement s’aider d’examens complémentaires (radiographies, scanner, irm, prise de sang…). A un âge assez avancé, même si l’arthrose est un diagnostic fréquent, il est loin d’être le seul !
Mal de dos : les causes
Les causes du mal de dos peuvent être multiples. Elles peuvent, bien sûr, avoir des origines physiques, mais également être liés au stress.
Les causes physiques
Pour comprendre les causes d’un mal de dos, il ne faut pas considérer la colonne vertébrale seule, mais aussi tout ce qui l’entoure : tendons, ligaments, nerfs, et muscles. Ainsi des douleurs dorsales peuvent être uniquement dues à une atteinte des vertèbres (os), en cas d’ostéoporose, par exemple, D’autres fois, ce sont les articulations entre les vertèbres qui peuvent faire souffrir, ou le disque entre les vertèbres, ou encore un muscle à proximité qui souffre d’une contracture.
Si certaines pathologies liées au mal de dos sont facilement identifiables grâce à l’imagerie médicale, comme les hernies discales ou bien encore l’arthrose, il est parfois difficile de retrouver un élément significatif pouvant expliquer l’apparition ou la persistance d’une dorsalgie.
Toutefois, le médecin doit apprécier et rechercher les facteurs pouvant l’expliquer. Ainsi, il peut se produire des contractures musculaires qui déclenchent la douleur, et qui peuvent provoquer une asymétrie vertébrale à l’origine de déplacements vertébraux mineurs. Les contractures apparaissent suite à un déséquilibre musculaire engendré par des activités physiques dissymétriques (sports comme le tennis raquette par exemple), des mauvaises attitudes posturales (travail de bureau, maniement de poids lourds…).
Mais à côté de ces causes d’origine mécanique et qui sont assez courantes, un mal de dos peut avoir pour origine : une infection, un rhumatisme inflammatoire, une tumeur…
Des facteurs psychologiques interviennent aussi dans le mal de dos : un stress, une anxiété, une dépression peuvent également être la cause de problèmes dorsaux, ou les aggraver.
Les femmes sont en première ligne, avec comme facteur déclenchant, voire aggravant, la grossesse. Au fur et à mesure que la femme enceinte avance dans le terme, son ventre prend du volume, le centre de gravité du corps se déplace, et les hormones de grossesse entraînent un relâchement des tissus. Tous ces facteurs accentuent la cambrure du dos, et tendent à favoriser des douleurs locales.
Et à un âge plus avancé, une ostéoporose peut provoquer chez la femme des douleurs vertébrales. C’est généralement après 60 ans que cette affection risque de se manifester. Aujourd’hui, on bénéficie de nombreux traitements très efficaces contre cette maladie.
Le rôle du stress
L’origine psychologique joue un rôle important. Une humeur dépressive et une trop grande anxiété peuvent aggraver votre mal de dos. C’est un cercle vicieux qui se met en place. Plus vous avez mal, moins vous aurez de joie de vivre : plus votre mal de dos persistera, plus vous vous sentirez déprimée, plus vous aurez mal, etc.
> Outre les traitements classiques qui vous seront proposés, n’hésitez pas à vous faire prescrire des massages de relaxation afin d’évacuer le stress. Parfois la solution de l’écheveau dont vous pensez ne pas sortir, se trouvera juste devant vous, dès que vous aurez éliminé certaines “douleurs qui polluent vos pensées”.
> Ne craignez pas de vous tourner vers des professionnels de santé qui sauront vous guider. Une oreille attentive pour vous écouter, et vous comprendre, sera un vrai soulagement, car même si votre pathologie est d’ordre psychosomatique, elle est bien réelle. Parlez-en à votre médecin de famille qui vous orientera peut-être vers un psychologue ou un psychiatre.
> Un sommeil de qualité est réparateur de bien des façons. Investissez donc dans une literie dont vous changerez le matelas tous les dix ans. Une bonne literie entraînera d’une part un sommeil profond et d’autre part, elle vous permettra de ne pas faire souffrir votre colonne vertébrale par une mauvaise position toute la nuit.
Mal de dos : traitements et astuces
Le mal de dos peut se transformer en une douleur longue durée si vous ne traitez pas le problème à la base. Plus tôt vous prendrez votre mal de dos au sérieux en consultant et en ayant les traitements appropriés, plus vous avez de chances que cela ne s’installe pas sur du long terme.
De manière générale, les causes sont diverses, parfois mal connues, nombreuses et associées (contracture musculaire + lésion arthrosique). De même chaque cas est unique, et peut aussi bien être dû à une maladie, à une détérioration arthrosique, à un microtraumatisme à un niveau local ou à du surmenage.
On ne parvient pas toujours à être soulagé de façon efficace, dès la première consultation. Alors n’hésitez pas à demander à être adressé à un médecin spécialiste : rhumatologue, spécialiste de rééducation fonctionnelle, ou encore éventuellement dans un centre de soins spécialisé. Il arrive que le traitement fasse appel à l’intervention de différents professionnels de santé : médecin, kinésithérapeute, podologue…
Les traitements du mal de dos sont nombreux. Si une pathologie précise est identifiée, elle sera traitée en fonction de sa gravité. Ainsi pour une hernie discale : il s’agit du repos au lit associé à des médicaments assez puissants contre la douleur et l’inflammation. En cas d’échec (rare), une intervention chirurgicale est envisagée.
En fonction des douleurs ressenties, et du diagnostic établi par le médecin, il pourra proposer différents traitements :
- Des médicaments contre la douleur (antalgiques, décontracturants musculaires…), éventuellement associés à des anti-inflammatoires et à des myorelaxants.
- La correction des déplacements vertébraux mineurs peut être aussi indiquée. Certaines techniques de manipulation et d’ ostéopathie donnent parfois de rapides résultats. La kinésithérapie, des séances de rééducation avec parfois des massages peuvent aussi être proposées.
- Dans certains cas, on peut vous proposer de porter un corset lombaire.
- Des infiltrations sont parfois préconisées dans le cas de lésions provoquées par l’arthrose, et dans certaines pathologies discales.
- Des exercices à faire régulièrement pour renforcer certains muscles de votre dos et entretenir les mobilités.
- Si les douleurs proviennent d’une maladie particulière – comme une ostéoporose, des traitements spécifiques peuvent être proposés. Une intervention chirurgicale peut être indiquée en cas d’une tumeur, d’un rétrécissement du canal vertébral, de certaines hernies discales, etc.
- Des soins thermaux sont aussi parfois indiqués.
- Dans les douleurs chroniques, qui quelquefois engendrent des problèmes psychologiques, on peut avoir recours aux traitements antidépresseurs.
Attention : un arrêt maladie n’est absolument pas automatique, il dépendra du type de mal de dos dont vous souffrez.
Bien évidemment, il faut insister sur la prévention, favoriser les sports équilibrés ( natation, vélo), encourager les patients à éventuellement perdre du poids, à se muscler, et à éliminer leur stress. Il faut veiller à bien appliquer les conseils de manipulation d’objets lourds, ou de maintien postural, surtout dans les professions à risque.
Les astuces pour éviter le mal de dos
Après une ou plusieurs grossesses, ne soyez pas étonnée que les “mauvaises” postures et une utilisation constante du dos entraînent des douleurs musculaires et des courbatures. Vous devez apprendre à prendre soin de votre dos tout en continuant les inévitables activités quotidiennes (se baisser, se relever, porter ses enfants, repasser, porter les courses…).
> Commencez par éviter les mauvaises habitudes dans le port des charges. Si vous ne pouvez faire autrement que de porter vos enfants (ou vos courses), apprenez à le faire correctement. Ne vous penchez pas, mais baissez-vous en pliant les genoux, le dos droit, prenez la charge en la portant près de votre corps et relevez-vous.
> Tendre les bras de manière répétitive peut devenir une source de douleur pour votre colonne vertébrale. Même si l’ordinateur n’est pas directement en cause dans les dorsalgies, une mauvaise posture devant un écran, sur un siège non approprié, pendant plus de huit heures d’affilée, répétée sur plusieurs années, peut finir par entraîner des douleurs dorsales et cervicales. Veillez à poser l’écran de façon à le regarder vers le bas et non pas vers le haut et posez vos avant-bras sur le bureau. Votre siège de bureau doit avoir un dossier assez haut de façon à pouvoir vous y adosser tout en vous plaçant au fond du fauteuil.
> Prenez l’habitude de marcher au lieu de prendre la voiture ou les transports en commun. Si vous n’êtes pas une grande sportive ou un grand sportif, faites-le pour une ou deux stations de métro, ou si vous habitez au 10ème étage, descendez ou montez deux ou trois étages à pieds, puis prenez l’ascenseur. Une vie sédentaire entraîne une fonte des muscles, lesquels ne jouent plus leur rôle de maintien du squelette.
Mal de dos : les conseils du médecin spécialiste
Entretien avec le Dr Michel Samson, médecin spécialiste, rhumatologue. Il donne plein de conseils pratiques…
Le travail sur ordinateur est-il un facteur aggravant du mal de dos ?
Certainement pas. Cependant notre façon de vivre a radicalement changé depuis quelques décennies et le travail sur ordinateur est devenu incontournable pour une majorité d’entre nous.
De nombreuses études ont « innocenté » l’ordinateur dans la survenue des lombalgies et dorsalgies. Mais la position assise très prolongée, l’impossibilité de pouvoir se lever et marcher un peu, entraîne des tensions musculaires sources de douleurs, de fatigue, de stress… Certains employeurs devraient être plus sensibles à cette réalité.
Le problème est que très souvent, derrière la plainte concernant l’ordinateur et sa souris, se cache une plainte d’un autre ordre : celle de la monotonie, de l’insatisfaction au travail, du stress, des conflits professionnels ou personnels. Le médecin doit savoir décrypter ces doléances rarement exprimées clairement. Ces facteurs associés contribuent pour une large part à accentuer le mal de dos.
Le surpoids peut-il être une cause de mal de dos ?
Le simple surpoids n’est probablement pas une cause de maux de dos. Il est inutile de culpabiliser les femmes (pas plus que les hommes d’ailleurs) sur ce point.
De plus, on observe souvent que des douleurs apparaissent même plutôt au cours de l’amaigrissement tant désiré. Il faut toujours chercher d’autres causes et ne pas s’arrêter à ce surpoids qui n’est probablement pas le facteur déterminant de ces douleurs.
Il faut rechercher une cause organique lésionnelle bien sûr, mais aussi dépister un éventuel conflit au travail, une éventuelle dépression associée, de façon à orienter au mieux ce patient qui souffre. J’ai observé personnellement que le simple fait de dédramatiser ce problème du surpoids suffisait parfois à améliorer ces douleurs, ou du moins à diminuer leur retentissement, la quête des antalgiques, etc.
Mais en cas d’important surpoids ?
Il n’en est certainement pas de même pour la véritable obésité (IMC supérieure à 30). Dans ce cas, l’appareil musculo-squelettique est dépassé par la charge de travail qu’on lui demande, des déformations s’installent, les disques s’écrasent, les muscles s’atrophient.
Ceci est caractérisé par une cambrure excessive, un ventre proéminent sans muscles, un dos qui s’arrondit… Amaigrissement, rééducation fonctionnelle, traitements antalgiques, voire des infiltrations s’imposent alors, si on veut éviter ce cercle vicieux « douleur-immobilité-augmentation de la surcharge pondérale ».
Pourquoi le repos est-il aujourd’hui contre-indiqué en cas de mal de dos ?
Pendant de nombreuses années les médecins ont préconisé le repos en premier lieu en cas de mal de dos. On s’est aperçu récemment que, si le repos peut rester indispensable pendant une courte période (deux à trois jours) dans les lombalgies aiguës (lumbagos), il s’avère rapidement néfaste s’il est trop prolongé, et peut même favoriser le passage à la chronicité.
En un mot, en cas de mal de dos, mieux vaut bouger, changer et adapter ses positions de travail, reprendre une activité sportive adaptée, que de se mettre au lit ou au fauteuil. C’est sur ce concept de réadaptation à l’effort que travaillent maintenant les écoles du dos et les kinésithérapeutes.
Mal de dos : les conseils du kinésithérapeute
Entretien avec José Curraladas, masseur-kinésithérapeute, qui donne plein de conseils…
Doit-on obligatoirement voir un kiné ou prendre des médicaments pour venir à bout des dorsalgies ?
C’est la pratique quotidienne depuis de nombreuses années d’exercice en cabinet de ville qui me fait dire que dans ces douleurs mécaniques, la prise de médicaments (anti-inflammatoires ou myorelaxants) n’est pas le traitement le plus efficace, même si il est préconisé en première intention par les médecins généralistes.
Trop souvent nous voyons arriver dans nos cabinets, des patients qui, ayant épuisé l’arsenal médicamenteux, sont orientés en dernière intention vers nous. Le plus souvent nous arrivons à les soulager (10 à 15 séances selon les cas) et sans recours à de nouveaux médicaments.
Pourtant les médicaments fonctionnent quelquefois ?
A la phase aiguë, la prise d’anti-inflammatoires et d’antalgiques peut être une arme efficace contre la douleur. Dans l’idéal, il faudrait que les patients soient orientés vers un masseur kinésithérapeute dès l’apparition des douleurs, car dans nos cabinets nous effectuons un bilan morpho-statique, un bilan ergonomique et très souvent par quelques mobilisations, des techniques manuelles et de la physiothérapie antalgique (électrothérapie et thermothérapie), nous soulageons efficacement et durablement.
Que proposez-vous comme rééducation pour retrouver une vie normale quand on souffre de dorsalgies ?
Il n’y a pas de « traitement type » car chaque individu est un cas unique. L’idée qui consisterait à trouver un standard de traitement avec un nombre idéal de séances de masso-kinésithérapie est une « fausse bonne idée » . En effet, les facteurs déclenchants des douleurs peuvent être différents selon la personne, son âge, son activité professionnelle, sa condition physique, et la réponse au traitement dépend de facteurs non maîtrisables.
Il faut donc adapter le traitement des dorsalgies en fonction de la personne que l’on a en face de nous et après avoir effectué un bilan précis et adapté, organiser un traitement. Celui-ci peut comporter des massages, de la physiothérapie, de la thermothérapie, des tractions vertébrales douces, de la musculation, des étirements.
Peut-on faire des exercices faciles au bureau ou chez soi, ou en faisant les courses, par exemple ?
Oui bien sûr. Au bureau, s’accorder des petites pauses toutes les heures pour effectuer des « auto-grandissements » est une technique extrêmement efficace contre les douleurs dorsales et cervicales.
La technique est simple : restez assis, redressez-vous et, en soufflant, abaissez les épaules et poussez votre crâne vers le plafond en maintenant un « double menton ». Cet exercice simple permet de stimuler les petits muscles de la colonne vertébrale et d’éliminer les tensions dues à la posture prolongée devant l’écran.
Mal de dos : Sources et notes
– Mal de dos, Guide Pratique, INPES. (Consulté en 2014).
– Les lombalgies, Impact Médecin Hebdo, 7/7/1995.
– Chenard J.-R., Lavignolle B., Charest J. Lombalgie : dix étapes sur les chemins de la guérison. Paris : Masson, 1991.
Auteurs : Joël Ignasse, Ladane Azernour-Bonnefoy et Dr Nicolas Evrard.
Consultant expert : Dr Michel Samson, rhumatologue.