Maigrir : et pourquoi pas une cure thermale ?
C’est vrai qu’on n’y pense pas de prime abord. Et pourtant, les stations thermales spécialisées dans la minceur sont de plus en plus tendance. Car non, les cures thermales ne se limitent pas à des jets d’eau hyperpuissants et à rester immobile dans un bassin d’eau de source souterraine…
Dans ces séjours de bien-être, il existe un aspect détente, certes, mais l’aspect nutritionnel a également gagné du terrain. Ces établissements destinés la détente proposent également des solutions aux personnes en surpoids.
En plus d’un programme pour mincir, des repas équilibrés, des remodelages de la silhouette, et des séances de sport vous attendent dans les stations thermales.
Perdre du poids une fois pour toutes
Ces soins s’avèrent souvent efficaces pour perdre du poids de manière stable et durable. Outre le résultat observable pendant la cure, les bienfaits d’une cure minceur en station thermale peuvent se prolonger au-delà du séjour.
L’apprentissage d’un nouveau mode de vie inspire les personnes à poursuivre une activité physique, mieux manger et à prendre soin de leurs corps, même après le fin de la cure thermale.
Dans ce dossier vous trouverez toutes les informations nécessaires pour choisir la cure thermale la plus adaptée à ses besoins et des conseils pour maigrir tout en profitant d’un séjour sous le signe du bien-être.
Auteur : Hélène Hodac.
Consultants experts : Dr Bruno Friggeri, médecin aux thermes de Brides-les-Bains ; et Anne-Sophie Joly, Présidente du Collectif National des Associations d’Obèse (CNAO).
Janvier 2011.
Maigrir en cure thermale : une cure… c’est quoi au juste?
Qui dit cure thermale, dit d’abord des soins d’eau (c’est le cœur du métier, et ce qui motive le remboursement des cures conventionnées), mais aussi des massages avec ou sans eau, et des stratégies d’amaigrissement fondées essentiellement sur la diététique et l’exercice physique.
Les eaux de la minceur
Les cures pour maigrir ont donc des eaux très spécifiques. Il s’agit d’eau thermale provenant de sources naturelles dont la composition a certaines vertus. Leurs compositions varient selon les sites, mais elles sont toujours très riches en oligoéléments et minéraux particuliers (sulfate, silice…).
Précision importante : le thermalisme est différent de la thalassothérapie. Les eaux thermales proviennent de sources souterraines naturelles. Alors que la thalassothérapie utilise l’eau de mer.
On se sert des eaux thermales de deux façons pour combattre le surpoids.
- En interne pour des cures de boisson :
Considérée comme « médicament » l’eau est prescrite par le médecin de la station à raison de 1 à 3 verres par jour. Elle a souvent une action sur le transit, l’élimination, le drainage. Elle aurait aussi tendance à légèrement combattre l’appétit, ce qui aide à supporter un régime hypocalorique par exemple. - En externe pour des soins d’hydrothérapie :
Il s’agit de bains, de massages sous affusion (massages sous une rampe d’eau), de jets… Bref, de soins qui permettent par osmolarité une tonification de la circulation sanguine et un désengorgement cellulitique.
Les autres soins
Les massages
Prodigués par des kinésithérapeutes, les massages ont pour but d’aider à la vascularisation des zones “endormies” par le surpoids, de relancer la circulation lymphatique, de favoriser l’élimination des déchets.
La diététique
Toutes les stations thermales proposent des consultations avec des diététiciens ou des nutritionnistes pour évaluer ce qu’il faut changer dans l’ alimentation d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Ils font généralement une évaluation de la masse grasse et de la masse maigre par impédancemétrie, des propositions de menu et assurent un suivi pendant la cure. Certaines stations thermales proposent aussi des ateliers de cuisine diététique, des conférences sur la nutrition… Et parfois même des suivis post-cure.
L’activité physique
Se dépenser ! C’est un facteur clef pour maigrir et ne pas reprendre les kilos perdus. Piscine, salle de fitness, cours d’ aquagym, de yoga, Pilates, coaching… avec des coachs formés pour concocter des programmes vraiment personnalisés. Les propositions des stations thermales sont donc souvent multiples, L’important, c’est de s’y mettre, d’y prendre goût, et de continuer à bouger après sa cure. Les résultats se voient en effet sur la longueur.
Maigrir en cure thermale : cure médicale ou séjour libre ?
Quelle est la différence au juste entre une cure médicale et un séjour libre ?
Une cure conventionnée doit être prescrite par le médecin traitant et acceptée par la sécurité sociale. Elle dure obligatoirement 21 jours (18 jours de soins). Elle est remboursée à hauteur de 65 % par l’ assurance maladie, mais uniquement sur les soins à base d’ eau (cure de boisson + soins d’hydrothérapie) et certains massages.
Le protocole de soins est établi par le médecin de la station thermale. Ce protocole comprend généralement 4 soins/jour. La prise en charge diététique et le programme d’activité physique ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale, mais peuvent être rajoutés en option. L’hébergement, la restauration et le transport restent aussi à la charge du curiste.
Le séjour libre, quant à lui n’offre aucune possibilité de remboursement. Les cures sont plus courtes (1 semaine à 10 jours selon les établissements), mais plus denses. Les prestations visent le haut de gamme : massages d’une heure, coaching physique personnalisé, bilan nutritionnel, suivi diététique inclus, et bien souvent des soins « SPA » pour le bien-être !
Ici, ce qui est recherché n’est pas la perte de kilos en soi, mais un déclic pour parvenir à perdre du poids.
Maigrir en cure thermale : infos pratiques
Quelles démarches pour bénéficier d’une cure conventionnée ?
C’est simple : il faut en parler avec votre médecin traitant. C’est lui qui établit l’ordonnance et la demande de prise en charge auprès de l’assurance maladie. Le médecin indique la station choisie, ainsi que la ou les indications.
On parle d’indication simple AD pour appareil digestif ou de double indication AD + RH (pour appareil digestif + pour rhumatologie ) lorsque le poids génère des problèmes articulaires.
Dans la pratique :
- La demande doit être envoyée à votre Caisse d’assurance maladie,
- Dès que l’accord est obtenu, il faut prendre contact avec la station thermale pour effectuer les réservations.
Avant de partir, il vous faut :
- Emporter votre Carte Vitale + les volets 1 et 2 de l’accord de prise en charge,
- Demander à votre médecin traitant une lettre et votre dossier médical pour le médecin de la station,
- Emporter des chaussures de marche, des vêtements de sports, plusieurs maillots de bain, un bonnet de bain et des sandales antidérapantes,
- Se munir d’un verre en plastique pour les cures de boisson,
- Eventuellement faire l’acquisition d’un podomètre pour objectiver votre activité physique.
Les stations phares pour maigrir
Cinq stations thermales en France sont engagées dans une étude scientifique visant à évaluer l’efficacité des cures dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité :
> Capvern dans les Hautes-Pyrénées : 05 62 39 00 02.
> Brides-les-Bains en Savoie : 04 79 55 23 44.
> Vals en Ardèche : 04 75 37 46 68.
> Vichy dans l’Allier : 0 800 30 00 63 ou 0 800 000 333 (n°vert).
> Vittel dans les Vosges : 03 29 05 20 84.
Sans oublier les thermes de :
> Contrexeville dans les Vosges : 03 29 08 03 24.
> Thonon-les-Bains en Haute-Savoie : 0 811 090 111 (prix d’un appel local), ou 04 50 26 17 22.
> Eugénie-les-Bains dans les Landes : 05 58 05 06 06.
Maigrir en cure thermale : les conseils des spécialistes
Interview du Dr Bruno Friggeri, médecin aux thermes de Brides-les-Bains.
On perd du poids en cure thermale ?
Les curistes qui viennent en cure conventionnée de 21 jours, perdent en moyenne 5 % de leur poids initial. Sachant que les femmes perdent plutôt autour de 3 à 5 %, et les hommes plutôt entre 5 à 10 %. C’est un amaigrissement honorable sur 21 jours, mais notre objectif est surtout d’obtenir un changement de mode de vie. Pour faire simple, on essaie de convaincre les personnes d’adopter une alimentation un cran au-dessous de leur alimentation habituelle, et une activité physique, un cran au-dessus.
Le régime très hypocalorique n’est plus de mise ?
Non, cela ne marche pas sur le long terme. La restriction freine le métabolisme et entraîne une perte de contrôle alimentaire : les personnes ” craquent ” et leur organisme stocke d’autant plus que la restriction a été rude. Après plusieurs années de yo-yo*, la marge de manoeuvre pour maigrir devient délicate car les patientes ont très souvent déjà des apports caloriques contrôlés et un métabolisme qui fonctionne à bas régime. Il faut donc repartir sur de bonnes bases. C’est-à-dire repenser son alimentation pas seulement en ” moins “, mais aussi en ” mieux “. Trois semaines permettent de faire la démonstration que c’est possible et reproductible chez soi.
*En raison de la succession de régimes, le poids diminue, puis augmente, puis rediminue… c’est effet yo-yo.
Interview d’Anne-Sophie Joly, Présidente du Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO).
Pourquoi aller en cure ?
Pour beaucoup de personnes, c’est un peu la carte de la dernière chance, lorsqu’on a l’impression d’avoir déjà tout tenté (régimes, nutritionniste…). En cure, l’approche est pluridisciplinaire et associe une réflexion sur la santé, sur la corporalité, indispensable pour abandonner la carapace des kilos. C’est comme plein de mini déclics : mieux manger, bouger plus, apprendre l’automassage, se regarder. Et puis, comme tout le monde est en surpoids on peut envisager un croisement des ressentis, et ça c’est extrêmement réparateur.
Comment choisir sa station ?
Le bouche à oreille, c’est bien ! Regarder ce qui est proposé au-delà de la cure conventionnée, aussi. C’est-à-dire les activités qui vont permettre de sortir du cadre : piscine, spa, discothèque, les possibilités de marche… Se renseigner aussi sur d’éventuels ateliers, des conférences d’organisées, des groupes de parole, la possibilité d’avoir accès à un « psy » spécialisé dans l’ obésité.
Quels conseils donneriez-vous pour réussir sa cure?
D’abord, faire confiance aux professionnels en face de soi tout en ayant une démarche pro-active : ne pas être tendu par rapport à un objectif de perte de podis, mais savoir lâcher prise, accepter les massages. Et aussi tenir son journal quotidien, pour qu’une fois rentré chez soi, on puisse retrouver des informations et des repères de « bonne conduite ».
Maigrir en cure thermale : témoignage
Témoignage de Marc, 45 ans qui pesait plus de 150 kg.
Vous appréciez particulièrement la prise en charge proposée en station thermale…
Les professionnels de la station me disent souvent que je suis le cas idéal : pas d’objectif de perte de kilo trop ambitieux, pas d’ allergie au sport, et un problème de poids qu’on a bien ciblé – j’étais un gros mangeur aimant festoyer !
Vous allez souvent en cure ?
Je viens en cure tous les ans depuis 5 ans. Je perds environ 10 kg pendant la cure et 2 ou 3 dans l’année. Je suis passé ainsi de 174 à moins de 110 kg. Je me sens mieux, mes problèmes de santé sont derrière moi, avec les kilos perdus.
J’ai fait une modification de mon mode de vie en douceur, sans avoir trouvé que cela me demandait des efforts phénoménaux.
Et maintenant que faites-vous ?
Je continue à appliquer ce que j’ai appris aux thermes pour conserver le poids que j’ai actuellement. Ce n’est pas la minceur, mais pour moi qui revient de loin, c’est mon “poids forme”.
Sources :
– Site du CNETh (Conseil National des Exploitants Thermaux) http://www.medecinethermale.fr/
– Surpoids et obésité, Les fiches Info-Santé, octobre 2007.