La luxation est un problème articulaire nécessitant un traitement très attentif devant être prodigué par un spécialiste. La luxation concerne les articulations. Elle se définit par le déplacement ou l’écartement produit entre deux surfaces articulaires qui normalement sont face à face. De ce fait, il existe une perte de contact totale entre les surfaces articulaires.
En cas de luxation, ce déplacement reste tel qu’il est, si aucune correction et aucun traitement n’est entrepris.
La luxation est un accident redouté par les sportifs, car la luxation nécessite en plus de la correction de l’espacement des surfaces articulaires (on parle en médecine de réduire la luxation), une immobilisation prolongée suivie souvent d’une rééducation. En pratique, si beaucoup d’articulations peuvent être touchées, certaines sont plus concernées que d’autres. Elles siègent principalement au niveau des genoux et de l’épaule, plus rarement au niveau de la hanche, des phalanges et du coude. Évidemment cette fréquence est fonction du sport pratiqué : les adeptes de sport de combat savent, par exemple, qu’il faut protéger les doigts.
Les luxations traumatiques surviennent lorsque l’articulation est soumise à une tension brusque et forcée, au cours d’un faux mouvement. Cette luxation peut survenir lors de la pratique d’un sport, mais aussi d’un accident (de la route, par exemple). Une luxation peut aussi survenir dans un contexte domestique (à domicile), et concernée une personne âgée victime d’une luxation de hanche ou une luxation de sa prothèse de hanche.
Luxation : les causes
La cause la plus fréquente de luxation est un choc traumatique subi au niveau de l’articulation. Il s’agit, le plus fréquemment, d’un choc subi au cours d’une activité sportive.
Dans la luxation de l’épaule, la cause traumatique la plus fréquente est la réception d’une chute au niveau des coudes ou des bras tendus. Après une première luxation causée par un traumatisme, et corrigée par une manoeuvre de réduction, il n’est pas rare que le sujet souffre d’une instabilité ou de subluxations répétées. C’est-à-dire de luxations partielles et résolutives spontanément.
Une autre cause de luxation de l’épaule est la rupture de la coiffe des rotateurs (muscles qui entourent l’épaule). Cette cause doit être suspectée lors d’une luxation après l’âge de 40 ans.
Quant à la luxation de la rotule, il s’agit d’un accident assez fréquent. Il survient volontiers chez les adolescents ou les jeunes, à l’improviste ou après un traumatisme relativement léger. La rotule sort de sa place qu’elle occupe habituellement dans l’articulation du genou.
Pour le cas particulier de la luxation congénitale de hanche (survenant et découverte chez le nourrisson), la cause est, par définition, congénitale. C’est-à-dire que la luxation se produit dans l’utérus, avant la naissance. Les causes de cette affection pourraient être mécaniques, génétiques, mais aussi hormonales.
Luxation : les symptômes
Le diagnostic de la luxation se fonde sur les circonstances de survenue de l’accident et l’analyse des symptômes que présente le patient. L’articulation concernée est déformée, très douloureuse et les mouvements sont impossibles (impotence fonctionnelle). En dépit de ces symptômes très parlants, des explorations complémentaires s’imposent. Les radios permettent de dépister une éventuelle fracture concomitante. D’autres examens comme l’échographie ou l’IRM ou le scanner apprécient les lésions tissulaires et ligamentaires qui accompagnent toute luxation. Car une luxation risque de comprimer, d’altérer voire de déchirer certains éléments situés dans l’articulation (ligaments, vaisseaux, nerfs…).
Il existe un cas particulier de luxation. C’est la luxation congénitale de la hanche (qui affecte certains nourrissons). Il s’agit d’une pathologie relativement fréquente, variable en fonction des régions et des pays. Elle concernerait entre 6 à 20 enfants pour mille naissances. Il existe un défaut d’emboîtement de la hanche. La tête fémorale de la jambe du bébé n’est pas correctement insérée dans le cotyle, et risque de se luxer. Aujourd’hui, les médecins effectuent un dépistage systématique des nourrissons de luxation de la hanche, en effectuant un examen clinique, avec en plus une radiographie ou une échographie si nécessaire.
Si aucun dépistage n’est entrepris, et qu’il existe une luxation de la hanche, l’enfant souffrira de symptômes tels que : troubles de la marche, boiterie, impotence qui peut être majeure, etc.
Luxation : les traitements
Toute luxation articulaire nécessite une prise en charge urgente. Le traitement comporte trois étapes :
- Réduction
- Immobilisation
- Rééducation
1 – Une fois les examens radiologiques (et d’imagerie médicale) effectués, le médecin généralement peut réduire la luxation, c’est-à-dire remettre en place l’articulation dans sa position initiale. Cette intervention se fait par un médecin expérimenté (le mieux est un orthopédiste – chirurgien spécialiste des os et des articulations). En cas de luxation de l’épaule, le retour de l’articulation à sa position initiale est réalisé par une manipulation. Le patient reste éveillé avec administration de traitements anti-douleurs, ou peut aussi subir une très courte et légère anesthésie générale.
2 – L’immobilisation de l’articulation ou du membre concerné. Une fois l’articulation remise en place, cette immobilisation permet la cicatrisation des ligaments, et le maintien des rapports articulaires. Elle sera plus ou moins longue en fonction de la gravité de l’atteinte et de l’état physique du patient.
3 – Enfin, la rééducation facilitera le retour d’une bonne mobilité articulaire, et évitera les récidives en inculquant aux patients les mouvements, les gestes à proscrire. Il arrive qu’un traitement chirurgical soit nécessaire, en cas de lésion osseuse associée à la luxation, ou en cas de luxation récidivante. Exemple : une butée peut être mise en place au niveau de l’épaule quand une personne est victime de luxation récidivante.
Quant au traitement de la luxation congénitale de hanche, il est assez contraignant. Pour pallier ce problème, le nourrisson doit garder ses membres inférieurs écartés pendant premiers mois. Diverses méthodes sont utilisées. Les opérations chirurgicales nécessitant de corriger cette luxation sont aujourd’hui très rares, et sont généralement indiquées si le diagnostic de luxation de hanche est effectué tard.
Luxation : Sources et notes
– Luxation congénitale de la hanche – la dépister précocement. Conseils pratiques de la Sofcot. N° 5b, novembre 2006.
– P. Grippon et coll. Luxation d’épaule : le point de vue de l’urgentiste. Colloque médical international. Les Arcs. 2002.
– L. Béguin. Luxations volontaires et involontaires de l’e´paule, Revue du Rhumatisme Monographies, Volume 77, Issue 3, June 2010.
Auteurs : Dr Nicolas Evrard, Audrey Amaury et Dr Ada Picard.