Luxation de l’épaule

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Une luxation de l’épaule est un accident assez courant. Il nécessite une prise en charge rapide pour réparer, c’est-à-dire « réduire » la luxation, puis immobiliser le bras durant plusieurs jours.

Une luxation de l’épaule correspond au déboitement complet ou parfois partiel, de la racine du bras (haut de l’humérus) de son attache à l’omoplate.

L’épaule est une articulation assez complexe qui correspond à la jonction entre le membre supérieur et le tronc. Cet amarrage du bras se fait sur la clavicule et l’omoplate. Cette dernière présente une cavité peu profonde, la glène, avec laquelle la tête de l’humérus vient s’articuler pour constituer l’articulation gléno-humérale, articulation principale de l’épaule.

D’autres articulations de moindre importance participent à ce complexe articulaire de l’épaule (dit scapulaire) : l’articulation acromio-claviculaire et l’articulation sterno-claviculaire. En raison de ses caractéristiques anatomiques et géométriques très favorables, l’articulation gléno-humérale permet une très grande amplitude des mouvements du membre supérieur.

Cette mobilité a cependant un « prix » : c’est la fragilité de l’articulation de l’épaule, c’est-à-dire son instabilité qui peut se traduire par une luxation de l’épaule.

La luxation de l’épaule la plus fréquente est la luxation antérieure ou antéro-interne. Cet article rédigé par un chirurgien orthopédiste fait le point sur les causes, les symptômes et les traitements de la luxation de l’épaule.

Luxation de l’épaule : Les causes

La luxation d’une épaule est parmi toutes les luxations d’articulation du corps, la plus fréquente rencontrée par les médecins. Comme on peut s’en douter, les causes d’une luxation d’épaule, sont avant tout traumatiques. La luxation de l’épaule résulte, tout du moins lorsqu’elle survient la première fois chez une personne donnée, d’un accident traumatique.

Lors de l’accident, la transmission des forces vers la racine du bras induit le déplacement de la tête de l’humérus hors de sa cavité dans une position variable suivant la direction de ces forces (antérieure ou plus rarement postérieure).

La cause, l’événement à l’origine de cette luxation peut survenir au cours d’un sport qu’il s’agisse de sports de contact (rugby, judo…) ou de sports à haut risque de chute ( ski, bicyclette ou équitation…) ou encore au cours d’accidents non sportifs (circulation plus particulièrement en moto…) ou enfin au cours d’évènements bien plus banaux comme lors de l’atterrissage d’un faux pas (dans un escalier, sur un rebord de trottoir ou au contact de n’importe quel obstacle au sol…), le bras et la main servent alors de « parachute » d’amorti à la chute inattendue.

Les personnes qui sont victimes d’une luxation de l’épaule ne sont pas en général les plus âgées dans la mesure où ces dernières fracturent plutôt que déboitent leur articulation du fait de la fragilité osseuse inhérente à leur âge.

Luxation de l’épaule : Les symptômes

Les symptômes d’une luxation d’épaule sont souvent assez spécifiques. Et le diagnostic de luxation est rapidement suspecté en présence d’une déformation assez grossière de la morphologie de l’épaule, d’une douleur aiguë sévère et d’une impossibilité quasi-absolue de mouvement quelque fois accompagnée d’une sensation de « bras mort ».

Parfois ces symptômes très évocateurs s’accompagnent d’une tuméfaction ou d’un aspect ecchymotique de cette région corporelle.

Quand ces symptômes surviennent, il y a bien sûr urgence. Et un chirurgien ou un urgentiste sont consultés dans les plus brefs délais. Après quelques questions posées par le médecin déterminant s’il s’agit du premier événement, généralement le diagnostic est porté du premier coup d’oeil, du fait des symptômes décrits plus haut. Le médecin termine son examen clinique en vérifiant qu’il n’existe pas d’étirement nerveux induit par la luxation, en vérifiant que la sensibilité de l’épaule est conservée.

Les examens complémentaires sont peu nombreux :

Une radiographie est immédiatement effectuée pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une luxation de l’épaule. La radiographie permet également de vérifier s’il n’y a pas une fracture concomitante associée.

D’autres examens d’imagerie (scanner, IRM) peuvent être prescrits pour une analyse plus poussée des conséquences de la luxation, mais ils sont rarement indispensables à ce stade aigu.

Luxation de l’épaule : Les traitements

Même si la personne blessée ou son entourage suspectent fortement la luxation, en attendant d’arriver à un centre médical pour bénéficier des premiers traitements, il est recommandé d’immobiliser le bras même sommairement (plutôt que de se livrer à la moindre manipulation intempestive) et d’apposer sur la zone douloureuse des packs réfrigérés pour tenter de limiter la douleur.

L’accident aigu de luxation de l’épaule exige sa réduction, c’est-à-dire la « remise en place » des pièces articulaires l’une par rapport à l’autre.

Cette réduction est faite le plus souvent par un chirurgien orthopédiste, de façon délicate, et sous anesthésie générale ou plus légère, et après obtention d’un bon relâchement musculaire du blessé. Cette réduction – le plus souvent confirmée et contrôlée par des radiographies, est suivie d’une immobilisation stricte par bandage, écharpe ou gilet « coude au corps ».

La durée de cette immobilisation est d’environ trois semaines. Cette immobilisation initiale est éventuellement suivie de quelques séances de rééducation pour à la fois le regagner de la mobilité et récupérer une bonne musculature de la région de l’épaule.

Pour un bon traitement d’une luxation de l’épaule, le délai d’immobilisation prescrit est d’autant plus impératif qu’il s’agit d’une première luxation chez la personne traitée. Il existe en effet un risque de récidive de luxation d’épaule (on parle alors de luxation récidivante de l’épaule).

Luxation de l’épaule : Récidive de luxation de l’épaule

Une luxation de l’épaule est considérée comme récidivante lorsqu’il s’agit du troisième accident de ce type. Sont incriminés dans les causes de ce caractère récidivant : un manque de rigueur d’immobilisation du premier traumatisme ; des anomalies de morphologie squelettique ou encore des fractures, ou des érosions, lésions des surfaces articulaires de l’épaule en contact survenues lors de la première luxation.

Des récidives de luxation de l’épaule finissent parfois par conduire à une appréhension constante d’utiliser son bras ou sa main lorsque des phénomènes de luxation complète ou partielle se reproduisent pour des gestes de la vie courante : lever d’un objet à bout de bras, accrochage en hauteur d’un rideau ou d’un vêtement… Dans ce cas, la luxation récidivante justifie d’envisager une opération chirurgicale dans la mesure où l’usage du bras est compromis par cette constante appréhension d’une nouvelle luxation.

Les procédés chirurgicaux utilisés pour éviter la récidive de luxation de l’épaule consistent essentiellement : soit en la mise en place d’un greffon ou bloc osseux obturant l’espace dans lequel se produit la luxation (butée osseuse de Latarjet) ; soit en l’effacement de cet espace par bridage des parties molles capsulaires retenant l’articulation en place. Ces dernières interventions d’ancrage plus serré des éléments capsulaires et ligamentaires de retenue de l’articulation, peuvent se faire par une opération classique (dit à ciel ouvert) ou sous arthroscopie.

Ces interventions chirurgicales n’éliminent pas définitivement et totalement le risque de nouvelle récidive, et à ce titre l’intervention de butée osseuse s’avérerait plus radicale et donc plus fiable, mais elle est plus importante. Ces interventions de prévention de la récidive s’adressent également aux autres formes d’instabilité de l’épaule telle que les luxations partielles ou les sub-luxations lorsqu’elles ont tendance à se répéter.

Au total, du fait de sa fréquence la luxation d’épaule peut paraître une affection banale, elle n’en exige pas moins une prise en charge rigoureuse.

Luxation de l’épaule : Sources et notes

– Steven Cutts, Mark Prempeh, Steven Drew, Anterior Shoulder Dislocation, Ann R Coll Surg Engl. 2009 January; 91(1): 2–7.
– Byron Chalidis, Nick Sachinis, Christos Dimitriou, Pericles Papadopoulos, Efthimios Samoladas, John Pournaras, Has the management of shoulder dislocation changed over time ? Int Orthop. 2007 June; 31(3): 385–389.
– Pascal Boileau, Charles-Édouard Thélu, Numa Mercier, Xavier Ohl, Robert Houghton-Clemmey, Michel Carles, Christophe Trojani, Arthroscopic Bristow-Latarjet Combined With Bankart Repair Restores Shoulder Stability in Patients With Glenoid Bone Loss, Clin Orthop Relat Res. 2014.

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