L’œil qui pleure

Oeil qui pleurePin

Les larmes sont très importantes pour le bien-être de l’oeil : elles le protègent des agressions externes, en assurent la lubrification et donnent à la surface de la cornée sa qualité optique.

Chez l’adulte, la présence de larmes en quantité adéquate au niveau de l’oeil est liée à une balance entre les larmes sécrétées et les larmes évacuées.

Un déséquilibre dans ce mécanisme provoque un larmoiement : l’oeil devient brillant et les larmes coulent sur les joues. On souffre d’un oeil qui pleure. Un larmoiement excessif peut être assez gênant et provoquer des problèmes pour bien voir…

Les larmes sont produites par :

  • la glande lacrymale qui se situe sous la partie externe de la paupière supérieure : pour la partie aqueuse des larmes ;
  • de multiples autres petites glandes qui secrètent du mucus et des corps gras.

Composées d’eau, de protéines, de glucoses et d’électrolytes, les larmes sont étalées à la surface de l’oeil par le mouvement des paupières : ainsi, les larmes lubrifient la cornée et en assurent la respiration. C’est en effet à travers le film lacrymal que passe l’oxygène nécessaire à la vitalité de la cornée (la partie antérieure transparente du globe oculaire).

Lorsqu’on a l’oeil qui pleure, des larmes en excès se drainent par de petits orifices situés à la partie interne du bord des paupières, début des voies lacrymales qui se jetteront à la fin de leur trajet dans les cavités nasales. Les voies lacrymales sont successivement constituées des canalicules, du sac lacrymal, puis du conduit lacrymo-nasal.

Il faut consulter dès que le larmoiement constitue une gêne. Cette consultation chez un ophtalmologiste devient absolument impérative en cas d’infection : celle-ci est rarement dangereuse, mais les phénomènes infectieux ajoutent leurs symptômes au minimum inconfortables, au pire, sources de complications.

Un oeil qui pleure chez l’adulte peut schématiquement avoir trois causes : un blocage des voies lacrymales d’évacuation (larmoiement par obstruction), une surproduction de larmes par les glandes lacrymales (larmoiement par hypersécrétion) et paradoxalement une sécheresse oculaire.

Bon à savoir : l’anatomie de l’oeil

Anatomie de l'oeilPin

Oeil qui pleure : les causes

Le larmoiement de l’adulte est plus complexe à comprendre et à traiter qu’il n’y paraît au premier examen. C’est le rôle du médecin ophtalmologiste et de lui seul de faire le diagnostic d’une pathologie oculaire expliquant l’irritation et le larmoiement, d’une obstruction de la voie lacrymale dont il faudra discuter la correction chirurgicale et de la sécheresse qu’il ne faut pas méconnaître.

L’oeil qui pleure peut avoir plusieurs causes, on distingue :

> Le larmoiement par obstruction
> Le larmoiement par hypersécrétion
> Le larmoiement provoqué par une sécheresse oculaire

1 – Le larmoiement par obstruction

Chez l’adulte, c’est une cause fréquente d’oeil qui pleure. L’obstruction peut siéger sur le conduit lacrymo-nasal juste en aval du sac lacrymal qui peut alors se dilater et s’infecter (« dacryocystite »). Une opération chirurgicale est souvent nécessaire dans ce contexte.

Il se peut aussi que l’obstruction se situe au niveau des petits canaux qui se trouvent en amont du sac lacrymal, le long de la partie interne du bord palpébral. Ce système de canaux est complexe et forme ce qu’on appelle la pompe lacrymale. Cette pompe évacue les larmes à partir de la surface de l’oeil, et les propulse dans le sac lacrymal. Ces fins canaux sont nettement plus difficiles à réparer.

Les voies lacrymales peuvent également se boucher à la suite :

  • d’une blessure des paupières dans la région du système de drainage des canalicules lacrymaux ;
  • la formation de kystes à l’intérieur du canal lacrymal ;
  • une inflammation ou infection chronique ;
  • des changements liés au vieillissement, qui peuvent causer un rétrécissement des points lacrymaux, une distension des paupières;
  • rarement une tumeur.

Le larmoiement par obstruction est normalement clair et sans irritation majeure, sauf en cas d’infection, de conjonctivite, voire d’une « dacryocystite » qui, si elle est aiguë, constitue un abcès à l’angle interne de l’oeil, avec écoulement de pus.

2 – Le larmoiement par hypersécrétion

Ce sont les circonstances où existe une hypersécrétion permanente ou semi-permanente des larmes. Pour que le larmoiement cesse ou du moins soit suffisamment réduit pour ne plus constituer une trop grande gêne, il faut intervenir sur les causes qui créent ce déséquilibre lacrymal.

L’oeil qui pleure par hypersécrétion peut être provoqué par :

  • une conjonctivite, par exemple allergique : c’est alors une réaction de l’organisme vis-à-vis d’un agent irritant ;
  • la présence d’un corps étranger dans l’oeil (poussière, traces de produits de maquillage, etc.) qui provoque une irritation. Dans ce cas, il est également bon à savoir que les larmes ont pour rôle de contribuer à l’expulsion du corps étranger ;
  • l’exposition à un agent irritant (fumée, oignons, pollution, etc.) ;
  • une pathologie de la surface de l’oeil (irritation, inflammation, conjonctivite, infection) ;
  • des névralgies faciales ou des maladies neurologiques ;
  • la sécheresse oculaire (ce qui peut paraître paradoxal… lire plus loin).

Les larmoiements par hypersécrétion peuvent être clairs ou chargés de sécrétions, cela dépend de la cause. Ils sont souvent accompagnés par une sensation de sable dans les yeux et rougeurs.

Oeil qui pleure : la sécrétion lacrymalePin

Ce schéma explique où les larmes sont produites (glande lacrymale) et comment elles s’évacuent en passant par le canal lacrymal, et en s’écoulant dans la cavité nasale. On comprend alors pourquoi on se mouche quand on pleure…

3 – La sécheresse oculaire… et l’oeil qui pleure

Curieusement, une des raisons les plus fréquentes de l’oeil qui pleure chez l’adulte est la sécheresse oculaire. Cela peut paraître paradoxal, mais effectivement la sécheresse oculaire entraîne volontiers des accès de larmoiement par réaction à l’irritation de l’oeil « mal lubrifié ».

Le manque de larmes s’accompagne d’une modification de la constitution chimique des larmes, expliquant l’irritation. Une composante allergique est également très fréquemment retrouvée. Il faut savoir qu’à partir de 50-60 ans, à peu près 15% de la population souffre de sécheresse oculaire symptomatique.

Ainsi donc, la sécheresse de l’oeil peut provoquer une irritation, voire même une altération de la cornée et le larmoiement par hypersécrétion constitue une forme de défense de l’oeil. C’est un diagnostic important pour prendre les bonnes mesures thérapeutiques.

Il est essentiel de savoir que ce type de larmoiement peut être provoqué par :

  • une diminution de la quantité des larmes sécrétées (larmoiement par hyposécrétion),
  • une altération de la composition des larmes,
  • une diminution de la stabilité du film lacrymal,
  • une involution sénile de la glande lacrymale.

En cas de sécheresse oculaire, le larmoiement s’accompagne généralement d’une sensation d’irritation (sable dans les yeux), de gêne à la lumière et de rougeurs et démangeaisons. Souvent, le problème s’aggrave pendant l’hiver, avec le chauffage quand l’atmosphère surchauffée des pièces est particulièrement sèche. Un même mécanisme est incriminé pour la climatisation des lieux de travail, où en plus la diminution du clignement lors de l’utilisation des écrans, vient contribuer à la sensation d’inconfort et donc d’oeil qui pleure.

De nombreux médicaments modifient aussi les larmes et aggravent le cercle vicieux sécheresse-irritation-larmoiement réactionnel. Il faut en débattre la suppression s’ils ne sont pas indispensables, ce qui est en grande partie le cas.

Oeil qui pleure : les traitements

Le traitement du larmoiement chez l’adulte dépend de la cause qui est à son origine.

En cas d’obstruction du canal d’évacuation des larmes, le type de traitement indiqué dépend de la cause et du segment où se trouve le rétrécissement. La première étape du diagnostic cherche à préciser la cause de cet oeil qui pleure.

Si la sténose (c’est-à-dire le rétrécissement) des voies lacrymales n’est pas trop importante, on peut intervenir par la simple pose d’une sonde. On fait ce qu’on appelle une « intubation lacrymale », en utilisant un tube en silicone qui sera laissé en place pendant plusieurs jours, semaines ou mois selon les indications.

En cas de sténose plus importante ou de dacryocystite, on réalise une dérivation entre le sac et le nez : c’est la dacryocystorhinostomie, de plus en plus souvent réalisée par voie endonasale, évitant une cicatrice sur le visage, éventuellement apparente et potentiellement inesthétique.

Si le rétrécissement se situe au niveau des petits canaux très fragiles qui se trouvent en amont du sac lacrymal, il faut d’abord évaluer la balance avantages/inconvénients d’une intervention. Dans les cas jugés éligibles, une intervention micro-chirurgicale sera envisagée.

En cas d’hypersécrétion par irritation, il faut en traiter la cause. S’il s’agit d’une conjonctivite, on cherchera tout d’abord à comprendre si elle est d’origine allergique ou infectieuse. On adoptera un traitement le mieux adapté, le plus souvent local, par collyre.

Le traitement de la sécheresse oculaire avec hypersécrétion réactionnelle de larmes n’est que le traitement du symptôme car à l’heure actuelle on ne sait pas en traiter les causes. Ce traitement repose sur des substituts de larmes qui ne reproduisent que très imparfaitement la structure complexe du film lacrymal.

Des progrès récents ont néanmoins permis d’améliorer la situation : ils sont liés à la forme de l’excipient, ou plus récemment à l’apparition de nouvelles molécules plus efficaces (corrigeant le ph des larmes, cyclosporine locale, pilocarpine par voie générale d’utilisation en réalité très controversée).

Un point désormais acquis et fondamental est la proscription de tous les collyres contenant des agents conservateurs, c’est-à-dire les collyres présentés sous forme de mono-dose.

Enfin, l’environnement de l’atmosphère ambiant doit être surveillé afin d’éviter la présence d’allergènes ou d’une atmosphère trop sèche à cause du chauffage en hiver, de la climatisation en été.

Oeil qui pleure : sources et notes

> Site de la Société Française d’Ophtalmologie, 2013.

> Van Haeringen NJ, Clinical biochemistry of tears [archive], Surv Ophthalmol, 1981.

> Walter C., Pourquoi pleurons-nous ?, Cerveau et Psycho 2007, no 20.

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