Après les horribles événements de vendredi 13 novembre, le choc est violent, les blessures sont profondes.
Et nous ne parlons pas uniquement des blessures physiques dont souffrent les victimes, mais aussi des conséquences psychologiques : en effet, des événements d’une telle violence peuvent provoquer un vrai traumatisme (ou stress post-traumatique) chez les victimes directement touchées par les attentats ou par leurs proches. Ce même type de stress peut aussi survenir chez des personnes qui ont vécu de près l’assaut entrepris par le Raid quelques jours plus tard contre les terroristes à Saint-Denis.
L’état de stress post-traumatique est un trouble psychologique pouvant survenir après un événement traumatisant : un accident, une blessure grave, une agression…
L’Association Américaine de Psychiatrie définit l’état de stress post-traumatique comme “un état morbide survenu au décours d’un événement exceptionnellement violent, capable de provoquer de la détresse pour quiconque. Par exemple, être menacé pour sa vie ou pour celle de ses proches, être agressé, être victime d’un accident ou d’une catastrophe”. Il existe souvent un temps entre l’événement stressant et la survenue de l’ESPT : la “phase de latence”.
Il y a trois principaux syndromes de stress Post Traumatique.
> Le syndrome de répétition dit aussi de reviviscence: sa présence signe l’état de stress post traumatique. L’événement est constamment revécu : le jour, le patient a des flash-back ou encore n’arrive pas à parler d’autre chose. La nuit, il revit les scènes traumatiques à travers des cauchemars.
> Le syndrome d’évitement : le sujet fait des efforts importants pour éviter toute pensée, conversations ou situations associés au traumatisme. Ce syndrome d’évitement est associé à une fatigue, une réduction nette des intérêts pour les activités habituelles, un repli sur soi et, au final, des altérations du fonctionnement socio-professionnel ou familial.
> Le syndrome d’hypervigilance anxieuse : la personne reste en état d’alerte permanent. Il n’y a plus de distinction entre les bruits dangereux et les bruits neutres, ce qui entraîne des réactions de sursauts exagérés. Le sujet a l’impression qu’un nouvel événement grave peut arriver à tout instant. Il existe souvent des troubles de la concentration et du sommeil.
> Le syndrome de culpabilité du survivant apparaît surtout lors des grandes catastrophes collectives et pourrait s’exprimer en « j’ai trahi mon groupe ou mes proches en ne mourant pas avec eux ».
Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) : Les causes
Les causes capables déclencher un état de stress post-traumatique sont des traumatismes plus ou moins violents et catastrophiques : un accident, une agression, la mort soudaine d’un être cher, une guerre…
Certains causes psychologiques du stress post traumatique seraient associés aux états de stress post-traumatiques : une séparation précoce enfant / parents, des antécédents de troubles anxieux, phobiques, obsessionnelles ou hystériques. L’existence de dépressions ou de traumatismes antérieurs semble également favoriser la survenue d’un ESPT.
Différentes anomalies biologiques concernant des molécules impliquées dans le stress pourraient aussi avoir un rôle (le cortisol, ou encore un neurotransmetteur cérébral comme la noradrénaline).
Il existerait également des variables dites modératrices : un réseau social élargi, des stratégies actives de confrontation ou encore un style d’attribution à des causes externes.
La durée du trouble post-traumatique dépend de l’intensité du problème et peut aller de quelques semaines et plusieurs années. Dans les cas les plus graves, les symptômes du stress post-traumatique peuvent même devenir chroniques.
Les symptômes non spécifiques de l’ESPT peuvent être :
> Des crises d’angoisse aiguës récurrentes.
> Des symptômes phobiques, obsessionnels ou hystériques qui sont souvent présents avant mais à un moindre degré.
> Des troubles psychosomatiques (exemples : réaction cutanée, ulcère gastrique).
> Des troubles des conduites alimentaires : anorexie et/ou boulimie.
> Des abus de substance: toxicomanie, alcoolisme.
> Des conduites antisociales (le syndrome de Rambo).
Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) : Les traitements
Un état de stress post-traumatique peut survenir après un événement exceptionnellement violent qui met en péril la vie du sujet ou de ses proches. Cette pathologie est caractérisée par une reviviscence, le jour comme la nuit, de la scène traumatique. Heureusement, il existe des traitements qui permettent d’intervenir et soulager un état de stress post traumatique.
Une prise en charge précoce pourrait permettre d’enrayer ce processus pathologique de la répétition. Certains préconisent par exemple une prise en charge précoce des sujets victimes de catastrophes. La verbalisation des horreurs qu’ils ont vécues les aiderait à “digérer” l’événement et éviterait la stigmatisation de celui-ci en traumatisme psychique. Une fois installé, l’ESPT est souvent difficile à soigner. Les mesures psychosociales sont alors très importantes. Elles permettent le maintien du meilleur fonctionnement socioprofessionnel et familial possible pour ces sujets.
Plusieurs types de traitements psychothérapeutiques peuvent être utiles pour intervenir sur des états de stress post-traumatiques : la thérapie comportementale, l’hypnose, la thérapie cognitive ou encore l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing).
Dans les cas les plus graves, avant de pouvoir intervenir par ces thérapies, il est nécessaire de faire recours à des médicaments psychotropes, comme des antidépresseurs, pour stabiliser l’état psychologique du patient et soulager les symptômes du stress post-traumatique. Ces médicaments agissent sur les neurotransmetteurs du cerveau et aident à mieux gérer les émotions, ainsi que les fonctions cognitives.
Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT) : Sources et notes
> American Psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-IV, Washington, DC, American Psychiatric Association,? 1994.
> Babette Rothschild, The Body Remembers: The Psychophysiology of Trauma and Trauma Treatment, New York, W.W. Norton & Company,? 2000.
> Monfort, E., Tréhel, G., Symptômes de stress post-traumatique au cours du très grand âge, Revue Francophone du stress et du Trauma, 2007.