Les règles abondantes

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Une perte de sang excessive pendant les règles peut inquiéter une femme. Mais quand peut-on parler de règles abondantes ?

La définition de règles « normales » ou « abondantes » est souvent très subjective. Certaines femmes croient avoir des saignements abondants, alors qu’elles ont des règles tout à fait normales.

Toutefois, s’il est facile de chiffrer la durée des règles, il peut être compliqué d’évaluer la quantité de sang qu’on perd chaque mois.

Des pertes de sang « normales » devraient durer de deux à six jours et entre 40 et 80 millilitres. Au-delà de ces quantités, on peut parler de règles abondantes, ou de ménorragies (en terme médical).

Le score de Higham permet de quantifier le degré d’abondance des règles pendant les différents jours du cycle. Ce score est fondé sur le nombre de protections hygiéniques ou de tampons utilisés chaque mois, et sur leur niveau d’imprégnation.

Généralement, les femmes qui souffrent de règles abondantes ont souvent des douleurs associées au bas du ventre, doivent changer leurs protections hygiéniques plusieurs fois par heure, et sont même obligées d’utiliser de différents types de protection en même temps (serviettes plus tampons, par exemple) pour éviter de tacher les vêtements et les draps.

Il y a deux types de ménorragies : lorsque les règles sont très abondantes en volume, mais leur durée reste normale (de 2 à 6 jours), on parle d’hyperménorrhée. Puis il y a les ménorragies caractérisées par une augmentation de la durée des règles.

La plupart des consultations pour règles abondantes sont liées à des phénomènes d’hyperménorrhée. Très souvent, les patientes consultent lorsqu’il y a une modification de l’abondance de leurs règles, sans pour autant justifier d’une réelle hyperménorrhée.

Règles abondantes : les causes

Le cycle menstruel de chaque femme a ses spécificités, on peut parfois avoir des règles plus abondantes de façon sporadique sans qu’il y ait une véritable cause. Si les saignements abondants deviennent fréquents, il est important d’identifier la cause qui est à l’origine de ce trouble.

En tout premier lieu, en cas de saignement anormal qu’il soit pendant ou en dehors des règles, un test de grossesse doit être réalisé, en particulier pour diagnostiquer une éventuelle fausse couche ou grossesse extra-utérine.

Les règles abondantes peuvent être d’origine fonctionnelle (physiologique) ou organique. Les causes fonctionnelles apparaissent fréquemment à l’adolescence ou bien à partir de la quarantaine dans le cadre de la péri-ménopause.

Parmi les causes organiques des règles abondantes, il peut y avoir différentes pathologies de l’utérus :

  • les fibromes,
  • les polypes,
  • l’hyperplasie de la muqueuse utérine,
  • l’adénomyose…

Dans le cadre de ces troubles organiques, les règles abondantes sont fréquemment accompagnées de saignements inter-menstruels (métrorragies). Dans ces cas, les saignements peuvent être très prolongés, et on peut avoir du mal à différencier les saignements des règles. On parle alors de ménométrorragie.

Certaines pathologies de la coagulation du sang (troubles de l’hémostase) peuvent également être la cause de règles abondantes.

Les patientes qui ont entre 40 et 55 ans sont particulièrement exposées à des problèmes de règles abondantes : pendant la péri-ménopause, un déséquilibre hormonal s’installe. On commence alors à avoir des cycles sans ovulation. L’organisme fabrique moins de progestérone. Un déséquilibre dans la répartition oestrogène/progestérone s’installe, entraînant une augmentation de l’épaisseur de la muqueuse utérine pendant le cycle, responsable d’une augmentation de l’abondance des menstruations.

Chez les femmes en péri-ménopause, ce trouble des règles est souvent associé à une pathologie organique très fréquente et bénigne : l’adénomyose qui favorise de son côté les saignements.

Parmi les autres causes fréquentes des règles abondantes, il y a également l’utilisation du stérilet au cuivre. Cette méthode contraceptive peut être à l’origine d’une augmentation du volume des règles. Au contraire, le stérilet avec un réservoir de progestérone réduit habituellement le volume des règles, mais peut être associé à des phénomènes de spotting (petits saignements entre les règles).

Règles abondantes : les traitements

Les traitements des règles abondantes dépendent de la cause et de l’origine de ce trouble.

Une modification de l’abondance des règles ne doit pas être prise à la légère : il est important de consulter un gynécologue afin d’en identifier la cause et d’intervenir avec le traitement le plus adapté.

Certains médicaments peuvent agir sur le volume des saignements comme les antifibrinolytique (acide tranexamique qui est l’Exacyl®, étamsylate qui est la Dicynone®).

Les différents traitements hormonaux vont également permettre de réguler les déséquilibres hormonaux pouvant s’installer au cours des différents moments de la vie d’une femme (adolescence ou péri-ménopause) et diminuer l’abondance des menstruations.

Traitements en cas de règles abondantes d’origine fonctionnelle

En cas de règles abondantes d’origine fonctionnelle, certains anti-inflammatoires non-stéroïdiens (ibuprofène) peuvent soulager les douleurs abdominales qui sont associées.

Traitements en cas de règles abondantes d’origine organique

Bien évidemment, lorsque les saignements abondants ont une origine organique (comme un fibrome), il faut intervenir et en traiter la cause en recourant le plus souvent à une intervention chirurgicale qui peut se réaliser dans la plupart des cas en chirurgie ambulatoire.

Quand les règles abondantes causent une anémie

Les règles abondantes peuvent parfois être à l’origine d’une anémie. Lorsqu’une patiente consulte pour une problème de règles abondantes, il est important que son praticien ait le réflexe de lui prescrire une numération formule sanguine associée à un dosage de la feritinémie, afin de dépister une anémie par carence en fer (par une prise de sang). En cas d’anémie, un traitement avec fer (carburant de l’hémoglobine et du globule rouge) devra être prescrit.

Règles abondantes : sources et notes

– Bernard Blanc, Charles Sultan, Christian Jamin, Traité de gynécologie médicale, Springer Science & Business Media, 2004, p. 156.

– Item 243 : Hémorragie génitale chez la femme, Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).

Auteur : Elide Achille
Consultant expert : Dr Grégory Akerman, chirurgien gynécologue et obstétricien
Centre de gynecologie obstétrique Jean Richepin, Paris.

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