Les douleurs pelviennes chroniques sont des douleurs qui siègent au bas ventre et qui gênent, voire handicapent vraiment au quotidien.
Ces douleurs se définissant par leur caractère chronique (généralement de plus de 6 mois) et par l’absence de maladie particulière. On parle aussi de douleurs périnéales ou encore de douleurs pelvi-périnéales.
Les douleurs pelviennes peuvent toucher les femmes comme les hommes et concerner différents organes : digestifs, urologiques ou gynécologiques chez la femme.
Pendant très longtemps, l’approche des médecins a été celle d’une pathologie d’organe, notamment d’ordre infectieux ou inflammatoire. L’idée d’un concept plus global, de “douleurs fonctionnelles” est plus récente. Et en fait, la prise en charge des patients devra être le plus souvent pluridisciplinaire, et traiter des différentes composantes.
Les personnes souffrant de douleurs pelvi-périnéales chroniques peuvent être prises en charge par des médecins généralistes, mais aussi des médecins spécialistes. Ils sont bien sûr des “spécialistes d’organes” (urologues, gynécologues, ou gastro-entérologues, par exemple), bien que l’on n’arrive pas toujours à retrouver une affection spécifique qui touche un organe en particulier.
Selon un travail effectué par les urologues sur ces douleurs pelvi-périnéales, il est recommandé aux médecins de raisonner non en terme d’organe, mais plutôt en fonction des mécanismes à l’origine de la douleur à un niveau local, régional ou central ; il s’agira d’identifier et de traiter les composantes neurologiques, émotionnelles, etc.
Douleurs pelviennes chroniques : les causes
Si un patient sur deux se plaint de douleurs pelviennes dites isolées, chez beaucoup de patients, il arrive qu’il y ait une association de différents symptômes, qui peuvent être dus à plusieurs causes.
Les associations sont très fréquentes entre différentes affections douloureuses :
- cystites interstitielles,
- vestibulodynies,
- syndrome du côlon irritable,
- fibromyalgie, etc.
A côté des causes proprement dites, il existerait des terrains propices à ressentir ces douleurs pelviennes : fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, migraines, anxiété, dépression, des antécédents de chirurgies pelviennes…
Douleurs post-opératoires
Les douleurs pelvi-périnéales post-opératoires sont assez fréquentes, et peuvent être parfois difficiles à traiter.
Ces douleurs peuvent être en rapport avec l’abord chirurgical (incision) ou la mise en place de matériel prothétique. Le médecin ou le chirurgien doit bien sûr y penser en cas de souffrance, et éventuellement ne pas hésiter à pratiquer rapidement l’ablation du matériel dans les jours suivant l’intervention.
A noter que certains patients ont des risques plus importants de douleurs post-opératoires (fibromyalgiques, antécédents d’algodystrophie…).
Le cas particulier de la prostatite chronique
Pour les urologues, c’est un terme que l’on ne doit pratiquement plus utiliser : on peut parler de prostatite chronique bactérienne si une infection est mise en évidence (environ 10 % des patients concernés). En l’absence d’infection, on parle de “syndrome douloureux pelvien chronique”. Des mécanismes spécifiques interviennent dans ce phénomène (neurologiques, inflammatoires…).
La névralgie pudendale
Cette névralgie se manifeste par des douleurs dans la région périnéale : verge ou clitoris jusqu’à l’anus ; douleur positionnelle, augmentée en station assise, douleur qui ne réveille pas la nuit, absence de diminution de la sensibilité à l’examen du périnée.
Douleurs pelviennes chroniques : les traitements
L’approche thérapeutique des douleurs pelviennes chroniques doit être multidisciplinaire avec différents issues de différents traitements : médicaments, techniques rééducatives, ou de neurostimulation, utilisation de l’hypnose, de thérapies brèves…
Le traitement dépendra de la cause qui est à l’origine de la douleur. Toutefois, le patient prend souvent en auto-médication des antalgiques adaptés au type de douleur et à la localisation, qui pourront soulager ce symptôme. Mais souvent quand ces symptômes sont sévères ou répétitifs cette solution n’est pas suffisante, ni satisfaisante…
L’approche globale des douleurs pelvi-périnéales doit inciter à une amélioration des connaissances de ces douleurs de la part des médecins spécialistes, avec aussi bien sûr une amélioration de la formation des praticiens.
Pour commencer, le praticien pose de nombreuses questions au patient concernant ses douleurs, et l’examine dans le but de:
- Rechercher un élément déclenchant, un terrain favorisant,
- Détecter d’éventuels troubles neurologiques,
- Analyser la dimension psychologique et comportementale des douleurs pelviennes chroniques.
Ces facteurs déclenchants ou favorisants orienteront le diagnostic, et permettront donc de prescrire les traitements (médicaments, kinésithérapie, infiltrations…).
Une composante anxieuse peut parfois aggraver les douleurs pelviennes chroniques : quelle que soit l’origine de la douleur, des techniques de relaxation (méditation, sophrologie, hypnose…) peuvent être utiles.
Douleurs pelviennes chroniques : sources
> Rapport du Congrès de l’AFU 2010, « Douleurs pelvipérinéales chroniques en urologie : mieux comprendre pour mieux traiter », J Rigaud, D Delavierre, L Sibert, JJ Labat. Prog Urol, 2010, 20, 12, 833-1174.
> Jean-Marie Wenger, Maria Zormpa, Patrick Dällenbach, Laura Weber, Place de l’endométriose dans le diagnostic différentiel des douleurs pelviennes chroniques, Rev Med Suisse 2012;8:1998-2002.
> Kennedy S, Bergqvist A, Chapron C, ESHRE Special Interest Group for Endometriosis and Endometrium Guideline Development Group. ESHRE guideline for the diagnosis and treatment of endometriosis. Hum Reprod 2005;20:2698-704.
> Williams RE, et al. Prevalence and characteristics of irritable bowel syndrome among women with chronic pelvic pain. Obstet Gynecol 2004;104:452-8.