Les consultations anti-tabac. C’est pour vous ?

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Et si pour arrêter de fumer, vous faisiez appel à des spécialistes. Depuis 1998, les pouvoirs publics ont mis en place des consultations anti-tabac ? Elles sont environ 600 dans toute la France.

Ouverts à tous, les centres anti-tabac vous aident à vous sevrer de la consommation de tabac. Souvent conseillés par le médecin traitant, il est important de suivre la route vers l’arrêt complet le plus assidument possible, afin d’obtenir de bons résultats.

Le calendrier est rythmé, en général, par une consultation hebdomadaire, au même coût qu’une consultation chez un médecin généraliste. Il est important de savoir que cette démarche est remboursée par l’ assurance maladie.

La durée du suivi et la forme du traitement dépendront de la dépendance de départ du patient au tabac. Un soutien psychologique est indispensable et dans certains cas, la psychothérapie peut s’avérer nécessaire.

Dans ce dossier, découvrez le fonctionnement de ces centres anti-tabac, le moyen pour en trouver un près de chez vous, et les traitements qui vous y seront proposés. Obtenez encore plus d’infos pratiques et lisez les conseils d’une tabacologue et d’une ex-fumeuse qui après avoir consulté, a stoppé il y a plus de deux ans… et qui n’a pas rechuté depuis.

Auteur : Nathalie Mathieu.
Consultant expert : Dr Joëlle Visier, tabacologue.
Remise à jour : janvier 2011.

Les consultations anti-tabac. C’est pour vous ? : Comment ça se passe ?

De l’aide pour arrêter de fumer
Ces consultations anti-tabac sont ouvertes à tout le monde. Elles se situent dans les centres hospitaliers, centres de réadaptation cardiologique, maternités, centres municipaux de santé, d’ addictologie, associations, établissements de thalassothérapie, etc.

Vous ne serez peut être pas forcément accueilli tout de suite par un médecin. D’autres soignants pourront commencer par vous expliquer comment se déroule le sevrage lors de séances d’information qui se déroulent en groupe. Ensuite, les consultations sont individuelles.

Avant de vous rendre dans un centre spécialisé anti-tabac, il est conseillé de vous adresser à votre médecin traitant. Cette consultation est recommandée pour bien suivre le parcours de soins, et obtenir ainsi le meilleur remboursement !

La fréquence des consultations

Le fréquence des consultations est hebdomadaire ou tous les quinze jours, le premier mois. Puis elles s’espacent à une consultation mensuelle. Chez les très gros fumeurs, le suivi dure au minimum six mois jusqu’à plus d’un an. Le coût de la consultation à l’hôpital est de 21 euros, remboursé par l’ assurance maladie. Différents traitements peuvent être proposés en fonction du fumeur, de son “degré” de dépendance, de son état de santé général…

Une adresse près de chez vous

Demandez à votre médecin ou à votre pharmacien de vous communiquer les coordonnées du centre le plus proche ou allez sur le site de l’Office français de prévention du tabagisme. Il existe environ 600 adresses. Un exemple : en Saône-et-Loire, trois consultations sont répertoriées par cet organisme : une à Mâcon, les deux autres à Chalon-s/Saône (une à l’hôpital, l’autre en cabinet privé).

On dit que les délais d’attente sont longs. En fait ils sont variables. Nous avons testé pour vous (en Bourgogne), et nous avons pu avoir un rendez-vous dans les 15 jours.

Les consultations anti-tabac. C’est pour vous ? : Les solutions proposées

Toutes sortes de traitements de sevrage tabagique peuvent être indiquées en fonction de chacun, de sa dépendance au tabac ou à d’éventuels autres produits, de ses antécédents médicaux…

Les médecins prescrivent généralement des traitements nicotiniques de substitution, ou d’autres médicaments. Un soutien psychologique plus ou moins important est indispensable, avec parfois la mise en place d’une thérapie de type cognitivo-comportementale.

Quant aux méthodes plus “marginales” comme l’ acupuncture ou l’ hypnose, elles peuvent être une solution intéressante, mais sont très rarement proposées dans une consultation d’un hôpital.

Patchs, gommes…

Ces traitements nicotiniques de substitution sont bien tolérés par la majorité des fumeurs, et donc très largement utilisés. Sous forme de gommes, comprimés, inhaleurs ou patchs, ils diffusent de la nicotine dans l’organisme. Ils sont indiqués chez les fumeurs dont la dépendance à cette substance est avérée (test de Fagerström supérieur à 3-4).

Si le traitement n’est pas efficace au bout de six mois, il est préférable d’envisager autre chose. Son coût, environ 62 euros par mois, est pris en charge par l’ Assurance maladie depuis le 1er février 2007 à hauteur de 50 euros par an et par bénéficiaire. Certaines mutuelles ou assurances complémentaires prennent en charge le sevrage tabagique.

Pour en savoir plus, lisez notre dossier spécial sur les substituts nicotiniques.

Le Zyban®

Le bupropion commercialisé depuis 2001 sous le nom de Zyban®, est un dérivé des amphétamines employé à l’origine dans le traitement des dépressions. Dans le cadre du sevrage tabagique, il n’a pas cet effet anti-dépresseur et ne doit donc pas être prescrit s’il existe un état dépressif avant la démarche d’arrêt. On ne connaît pas précisément son mécanisme d’action mais il agirait sur certains neuromédiateurs (dopamine et noradrénaline) et aiderait à mieux supporter le manque de tabac.

En raison de ses effets secondaires, le bupropion ne peut être délivré à tout le monde et impose un suivi médical étroit : maux de tête, insomnie, troubles digestifs, anxiété, vertiges, moins souvent de l’ hypertension artérielle, des allergies et des convulsions. Le traitement dure sept semaines sauf cas particuliers. Il coûte en moyenne 90 euros par mois et n’est pas remboursé.

Le Champix®

La varénicline, commercialisée depuis 2006 sous le nom de Champix®, agit sur les récepteurs nicotiniques au niveau cérébral. En clair, ce médicament soulage les symptômes de manque et diminue le “plaisir” de la cigarette. C’est un médicament assez souvent prescrit par les médecins. Le traitement, sous forme de comprimés de 0,5 mg et 1 mg, commence deux semaines avant l’arrêt et dure 12 semaines minimum et 24 semaines maximum. Son coût est évalué à environ 5 € par jour, remboursé par l’ assurance maladie à hauteur de 50 € par an.

Les effets secondaires connus sont des nausées (un tiers des patients), maux de tête et troubles du sommeil… En l’absence de recul suffisant, la varénicline ne doit pas être prescrite chez les moins de 18 ans et les femmes enceintes. En décembre 2007, l’Afssaps* a demandé au laboratoire de reformuler la notice du Champix®, en indiquant que des symptômes de dépression, des pensées suicidaires seraient apparus chez certains patients.

*Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.

Résultats des médicaments

Ces résultats sont controversés. Deux études menées sur 2000 fumeurs ont montré que 44 % des patients étaient abstinents à la fin du traitement par Champix® et 30 % par Zyban® (source : rapport européen public d’évaluation de l’European medicines agency).

Mais selon la revue Prescrire, le bupropion ne serait efficace que dans 15 % des cas et la varénicline autant que les substituts nicotiniques après un an de sevrage.

La psychothérapie

Elle peut être plus ou moins nécessaire en fonction du type de dépendance, d’une addiction à d’éventuelles autres substances, du profil psychologique de la personne… Différents types de soutien peuvent être indiqués. Parfois une aide très spécifique avec une psychothérapie de type cognitivo-comportementale doit être engagée.

Les consultations anti-tabac. C’est pour vous ? : Les conseils d’un tabacologue

Dr Joëlle Visier, tabacologue.

A quoi sert le premier entretien ?
C’est une réunion d’information. On explique pourquoi on devient dépendant, les méfaits du tabac et les bénéfices de l’arrêt, pourquoi aussi on a tant de mal à arrêter… Cela permet de déculpabiliser le fumeur et de combattre des idées fausses, comme l’idée que le traitement de substitution doit se terminer au bout de trois mois ou qu’il est dangereux d’associer timbres et gommes.

Comment déterminez-vous le traitement ?
En cernant le profil du fumeur : consommation, ancienneté du tabagisme, nombre d’arrêts déjà effectués, niveau de dépendance, motivation à l’arrêt, bénéfices envisagés, craintes ( stress, prise de poids, irritabilité, problème de concentration…). En posant ces questions, on laisse au patient le temps de réfléchir sur ce qui l’a amené à fumer et ce qui peut l’aider à arrêter.

De quelle façon se fait le soutien psychologique ?
On repère les situations à risque (stress, pause café…) et on met en place des stratégies d’évitement : respirer profondément, sortir et marcher, passer un coup de fil, discuter avec un collègue, prendre une gomme à la nicotine, etc. Il faut souvent dédramatiser, surtout quand le fumeur « craque » au cours du traitement, et l’aider à trouver ce qu’il aurait pu faire pour l’éviter. Le but est de provoquer une rupture avec la cigarette en la remplaçant par des activités sources de plaisir.

Les consultations anti-tabac. C’est pour vous ? : Le témoignage d’une fumeuse

Témoignage de Cécile, 37 ans, qui ne fume plus depuis deux ans et demi.

“J’étais une grosse fumeuse (un à deux paquets par jour). J’ai fait plusieurs tentatives d’arrêt avant de me décider à consulter. Par hasard, une consultation spécialisée s’ouvrait près de chez nous dans un centre de santé. Je me suis renseignée et j’ai pris rendez-vous.

Ça n’a pas été facile tout de suite. J’ai craqué dès 15 jours. On a augmenté la dose de nicotine avec deux patchs au lieu d’un (21 mg + 7 mg) et des gommes. Au bout de quatre mois, on a commencé à diminuer les doses. Mais je sentais que j’étais fragile. J’ai eu besoin de continuer les séances pour ne pas rechuter, notamment à cause de la prise de poids. Ça a duré un an. Puis, j’ai arrêté quand je me suis rendue compte que je ne pensais plus au tabac. “

Sources et notes :
– Boutin Christian, Faut Il Vraiment Arreter De Fumer, ed. Laffont, 2000.
– L’office français de prévention du tabagisme, Tabac info service, Rapport 2007-2011 sur la prise en charge et la prévention des addictions.

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