On a tous ressenti des brûlures d’estomac au moins une fois : on a une sensation d’aigreur et d’acidité au niveau de l’estomac, et on sent souvent que cette acidité remonte vers le fond de la gorge.
Cela gêne, ça fait mal et comme le nom l’indique : ça brûle. Pas grave, la plupart du temps, mais suffisamment gênantes pour vous gâcher la vie, les brûlures d’estomac sont très fréquentes. Cela brûle au niveau du creux épigastrique.
En fait, notre estomac est conçu pour supporter des conditions d’acidité extrêmes. Il est même une espèce d’usine à acide. Et, pour cela, les cellules qui tapissent la paroi de l’estomac sont constamment renouvelées. Pourtant, parfois, quand le taux d’acidité est trop élevé, le remplacement des cellules n’est pas assez rapide, et c’est la brûlure.
Quand la douleur se limite au niveau de l’estomac, on parle de brûlures d’estomac. Quand on ressent cette espèce de remontée acide dans l’oesophage, on parle alors de pyrosis.
Si la paroi de l’estomac est faite pour supporter ce taux élevé d’acidité, en revanche, l’oesophage, lui, n’est pas fait pour ça. Lorsque les remontées acides sont trop fréquentes, elles peuvent entraîner des lésions oesophagiennes.
Quand les symptômes reviennent trop souvent, plus d’une fois par semaine, mieux vaut traiter. D’abord pour éviter la gêne et aussi pour éviter des problèmes secondaires. Si autrefois, seuls les médecins pouvaient prescrire les traitements les plus efficaces, il est maintenant possible de s’automédiquer avec l’aide du pharmacien…
Brûlures d’estomac : les causes
Les causes des brûlures d’estomac sont multiples :
> Le reflux gastro-oesophagien.
Un Français sur trois en ressent les symptômes, au moins une fois par an. Lorsque vous mangez, les aliments passent de votre bouche à l’oesophage et de l’oesophage à l’estomac. Entre l’oesophage et l’estomac, se trouve un petit sphincter qui empêche le bol alimentaire de remonter. Si ce sphincter ne fonctionne pas correctement, le liquide gastrique – très acide – peut remonter.
> Il peut s’agir d’une pathologie fonctionnelle.
On parle de dyspepsie. On a du mal à digérer, avec des brûlures. L’origine peut être une mauvaise alimentation, d’un trop plein de stress ou encore de trop d’alcool ou de trop de tabac. Parfois, une meilleure hygiène de vie peut considérablement améliorer la situation.
> Il peut s’agir d’une gastrite, une irritation de l’estomac.
Cette irritation peut provenir d’une affection bactérienne, virale ou allergique. Elle peut aussi être d’origine toxique, à cause de l’alcool, notamment. Ou elle peut être causée par des médicaments : des anti-inflammatoires, l’aspirine… Le stress, l’anxiété, peuvent également provoquer des gastrites.
> Il peut s’agir d’un début d’ulcère.
Dans ce cas, la plupart du temps, les brûlures gastriques se calment quand on mange, pour reprendre une à deux heures après le repas.
> Il peut aussi s’agir d’un début de cancer de l’estomac. S
i les brûlures apparaissent après 60 ans, alors qu’on n’a jamais souffert de ce type de douleur, mieux vaut aller consulter rapidement son médecin. Il est impératif d’aller consulter également lorsque les brûlures s’accompagnent d’une perte de poids.
Brûlures d’estomac : les conséquences
Les brûlures d’estomac en soi sont déjà douloureuses et les remontées plutôt désagréables. Mais en plus, elles peuvent engendrer des problèmes collatéraux, et avoir des conséquences importantes.
L’oesophage n’est pas fait pour supporter un taux d’acidité trop élevé. Résultat : si les remontées sont trop fréquentes, la paroi de l’oesophage peut finir par s’irriter, se léser, s’abîmer : c’est l’oesophagite. C’est ce qui arrive dans 40% des cas.
Sans un traitement, la muqueuse de l’oesophage risque de s’ulcérer davantage, voire de se scléroser, jusqu’à aboutir, dans certains cas, à un rétrécissement du conduit de l’oesophage. Il faut savoir que les modifications de la muqueuse peuvent faire le lit de maladies plus graves, comme le cancer. D’où l’importance de prendre un traitement pour éviter ou pour traiter cette oesophagite.
Autre conséquence : en cas de brûlures de l’estomac avec un reflux, le pharynx risque d’être irrité, et à la longue des sécrétions gastriques risquent même de passer dans la trachée et les bronches (voies aériennes), provoquant une toux (sutout après déjeuner, quand la personne se penche en avant…).
Brûlures d’estomac : les traitements
Il existe deux grands types de traitements contre les brûlures d’estomac : les anti-acides et les anti-sécrétoires.
1 – Les anti-acides
Ce sont ces médicaments type Maalox®, Gaviscon®, Rennie®… qui apaisent presque immédiatement lorsqu’on les prend. Les antiacides ont pour effet de neutraliser le surplus d’acide. En fait, une réaction chimique va s’opérer, et va équilibrer le pH de l’estomac.
En l’occurrence, l’acide gastrique étant un acide chlorhydrique, l’antiacide contient généralement du magnésium ou de l’aluminium, des métaux qui compensent l’acidité. Ils forment une sorte de couche gélatineuse sur la paroi gastrique et protègent donc de l’acidité. Il est toujours possible d’en avoir un petit paquet dans la poche. Cela peut toujours servir. Mais l’idéal est de n’avoir à en prendre qu’occasionnellement. Si vous êtes obligé d’en absorber plusieurs fois par jour, tous les jours, pour tenir le coup, mieux vaut envisager un traitement plus efficace.
2 – Les anti-sécrétoires
C’est l’autre façon de traiter les brûlures d’estomac. Les anti-sécrétoires sont des produits dont le rôle est d’inhiber la sécrétion d’acide chlorhydrique, soit en bloquant l’enzyme responsable de la sécrétion acide, soit en bloquant les récepteurs membranaires.
Il existe donc deux types d’anti-sécrétoires :
- les anti-sécrétoires anti-H2, ceux qui bloquent les récepteurs membranaires H2 à l’histamine,
- les anti-sécrétoires IPP (inhibiteurs de la pompe à protons).
> Les anti-H2
Les anti-H2 sont d’intensité modérée. L’inhibition de la sécrétion acide est surtout le fait d’une sécrétion basale. Leur action dure environ six heures. Cependant, si on les consomme avec trop de régularité et de fréquence, leurs effets ont tendance à diminuer : on s’y accoutume.
> Les IPP
Les IPP ont une action anti-sécrétoire puissante, d’une longue durée d’action. Ils maintiennent le pH gastrique au-dessus de 4 pendant 10 à 14 heures. En revanche, ils contrôlent mal l’acidité nocturne.
Il semble, à l’heure actuelle que les IPP aient la préférence, par rapport aux anti-H2. Autrefois, ces médicaments étaient réservés à la prescription médicale. On peut désormais les utiliser en automédication avec l’aide du pharmacien. Ce médicament est le Pantozol Control®. Pris en automédication, il n’est remboursé par l’Assurance maladie.
Mais attention, cet achat de médicament doit être encadré par le pharmacien. En effet, on ne peut utiliser ce traitement que sous certaines conditions :
- les brûlures gastriques sont associées à des remontées acides,
- les symptômes apparaissent plus d’une fois par semaine,
- on a moins de 60 ans,
- on ne souffre d’aucune perte de poids, d’aucune gêne à la déglutition, d’aucun vomissement associé.
Le traitement ne doit pas être administré en cas d’ulcère, par exemple. Le pharmacien aura donc pour mission de surveiller votre poids et l’effet du médicament sur vos symptômes. Il a été formé pour cela. Le soulagement des brûlures doit être obtenu en deux jours et être total en une semaine.
Le médicament est sensé fonctionner neuf fois sur dix. Si les symptômes ne régressent pas, dans ce délai, il est impératif d’aller consulter le médecin.
Brûlures d’estomac : les conseils de prévention
Pour parvenir à une bonne prévention des brûlures d’estomac, et éviter qu’elles surviennent, et réapparaissent, voici quelques conseils pratiques :
> D’abord, attention à ce que vous mangez. Les aliments frits ou trop gras, le fromage au lait entier, les viandes grasses, par exemple. Tout cela est difficile à digérer et fatigue votre estomac. Pour être digérées, les graisses vont nécessiter la sécrétion de davantage de sucs gastriques. Du coup, l’intérieur de votre estomac plus acide, peut finir par brûler.
De même, si vous avez l’estomac sensible, évitez les oranges, les pamplemousses ou les tomates, très acides. Le café, le thé (surtout s’il est fort) sont également à consommer avec modération. Évitez aussi les plats trop épicés ou les oignons.
> Après l’alimentation, la grande cause des brûlures d’estomac, est la consommation excessive de tabac ou d’alcool. Avec le tabac, on a moins de salive. Or la salive compense un peu l’acidité des sucs gastriques. Avec l’alcool, c’est le sphincter inférieur de l’oesophage qui risque de se relâcher. En cas de brûlures d’estomac, il est donc conseillé de limiter la consommation de tabac.
> Gare à la sieste après le repas ! Vous coucher tout de suite après manger, n’est pas une bonne idée. Le bol alimentaire risque de remonter plus facilement. Mais faire de la gym et se pencher en avant, tout de suite après manger, peut provoquer les mêmes effets. Prenez le temps de digérer calmement. Une petite marche digestive est une bonne chose.
> Attention à votre poids ! Une surcharge pondérale au niveau de l’abdomen, appuie sur l’estomac, comprime et a tendance à faire remonter le bol alimentaire. Les femmes enceintes en savent quelque chose !
> Gare au stress. Le système digestif est commandé par le système nerveux. L’anxiété provoque une augmentation de la sécrétion des sucs gastriques. A lors autre conseil de prévention : si vous vous sentez trop nerveux et que les brûlures apparaissent, parlez-en à votre médecin qui pourra vous conseiller des traitements anxiolytiques.
Brûlures d’estomac : Sources et notes
> DeVault KR, Castell DO. Updated guidelines for the diagnosis and treatment of gastroesophageal reflux disease. Am J Gastroenterol 2005; 100: 190-200
Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Professeur Robert Benamouzig, chef du service de gastro-entérologie à l’hôpital Avicenne de Bobigny.