En fait, le terme d’épine calcanéenne n’est pas approprié… Quand on parle d’épine calcanéenne, il s’agit plus précisément d’une inflammation de l’aponévrose plantaire (du dessous du pied).
Cette aponévrose est un genre de lame fibreuse qui sert à amortir les chocs et à permettre la dynamique du pied. Cette aponévrose s’attache à l’arrière sur l’os du talon, appelé le calcanéum. Il existe à cet endroit une ossification de la zone d’insertion de cette aponévrose : d’où le terme d’épine calcanéenne. A la radiographie, on peut voir un prolongement anormal en avant du calcanéum, qui fait comme une épine.
A côté de cette membrane fibreuse, il existe aussi un petit muscle : le court fléchisseur plantaire. Ce muscle peut faire aussi l’objet de micro-lésions, surtout à l’endroit où il s’insère sur l’os du talon (le calcanéum).
Lors d’un surmenage, de la pratique sportive, cette aponévrose peut devenir inflammatoire au niveau de la jonction avec l’os du talon ou au niveau du tendon du gros orteil : on appelle cela une « aponévrosite plantaire », c’est ce terme qui devrait être utilisé. On l’appelle encore fascite plantaire.
Elle se révèle par des douleurs qui surviennent sous le pied, ou plutôt le talon. On parle aussi de talalgie (pour douleur au talon).
Après un examen clinique, le médecin peut prescrire des examens complémentaires, comme une IRM, ou une échographie pour visualiser la zone douloureuse, une prise de sang.
Auteur : Ide Parenty,
Consultant expert : Docteur Philippe Tauveron, rhumatologue.
Epine calcanéenne : les causes
La cause d’une « épine calcanéenne » (ou aponévrosite plantaire) est liée à un surmenage du pied, souvent associé à des spécificités anatomiques du pied qui rendent cette région fragile. En effet, les lésions de l’aponévrose à l’endroit où elle s’insère sur l’os du talon (le calcanéum) résultent de plusieurs facteurs. Ce sont surtout des causes biomécaniques qui engendrent ce problème.
Cette souffrance bio-mécanique engendre une inflammation de l’aponévrose.
Parfois, cette aponévrosite résulte d’une hyper-sollicitation lors d’efforts de marche prolongée, de sports de course, de sauts, ou parfois après un choc.
Par exemple, à la suite de chocs répétés du talon à chaque pas, lors de marches, il se produit à la longue des problèmes surtout quand existe à ce niveau une certaine fragilité (troubles de la statique et de la dynamique plantaires). Ainsi, les causes, ou plutôt les facteurs favorisants peuvent être un pied trop creux, ou au contraire trop plat.
Puisque la cause mécanique est importante, il faut aussi citer comme facteur favorisant : le surpoids.
N. B. : même si à la radio, on peut visualiser parfois l’épine calcanéenne par une excroissance pointue devant le calcanéum, elle n’est pas forcément responsable de la douleur de l’aponévrosite. C’est bien des lésions fibreuses de cette aponévrose, associées à une inflammation qui fait d’abord souffrir…
Epine calcanéenne : les symptômes
Les symptômes d’une « épine calcanéenne » (ou aponévrosite plantaire) sont des épisodes douloureux plus ou moins importants situés à la plante du pied, ou plus précisément sur le talon. L’appui sous le talon, au niveau de la zone d’attache de l’aponévrose, peut être très douloureux, et s’aggravet lors d’un effort. La douleur donne l’impression d’un clou sous le pied, c’est ce que l’on appelle une « talalgie ». Rappelons-le : si les radiographies montrent parfois une petite ossification en forme d’épine (d’où le terme d’épine calcanéenne), ce n’est pas cela qui est douloureux, mais l’aponévrose fragilisée !
Chez les sportifs par exemple, la douleur s’accentue au cours de l’activité sportive. Puis peut disparaître. Mais parfois, la douleur se réveille dès l’arrêt de l’activité physique.
Il existe parfois des formes rebelles qui peuvent être liées à plusieurs affections : la compression d’un nerf de la face interne de la cheville, une autre lésion comme la fracture de fatigue, ou parfois, une déchirure de l’aponévrose. Dans ces formes persistantes, des examens complémentaires seront nécessaires (IRM, électromyogramme…).
Enfin, en cas de douleurs aux deux talons survenant chez un homme jeune, il faut vérifier que cela n’est pas lié à un rhumatisme inflammatoire : une spondylarthrite ankylosante.
Epine calcanéenne : les traitements
Le traitement d’une « épine calcanéenne » (ou aponévrosite plantaire) dépend des symptômes, des gênes qu’elle engendre chez le patient. L’ « épine calcanéenne » est une affection bénigne qui se traite par du repos, et la prescription de semelles amortissantes (celles-ci ont parfois une partie creuse limitant ainsi l’appui sur la zone douloureuse).
Des séances de rééducation fonctionnelle peuvent être efficaces, agissant sur la cicatrice lésionnelle de l’aponévrose. Des exercices d’étirement de la plante du pied peuvent être réalisés.
Certains praticiens ou kinésithérapeutes peuvent essayer des traitements locaux utilisant des ondes de choc (traitement indolore).
Dans les formes persistantes, un traitement par une à deux infiltrations de dérivés de cortisone pourront être nécessaires. Ces injections sont effectuées par un rhumatologue ou par un spécialiste de la rééducation fonctionnelle.
Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens sont, quant à eux, assez peu efficaces. Ils sont en plus le désavantage de risquer d’engendrer des effets secondaires, comme des saignements digestifs…
Il est aussi important d’éviter une récidive, car les symptômes d’une « épine calcanéenne » peuvent redémarrer. La meilleure prévention est la correction par une semelle (orthèse plantaire) adaptée et amortissante, ainsi qu’un bon chaussage de ville et de sport.
Epine calcanéenne : Sources et notes
> Pathologie de l’aponévrose plantaire superficielle et maladie de Ledderhose, EMC podologie, Elsevier, 2000.
> Dr Barbara Piclet-Legré et al, document d’information sur l’aponévrosite plantaire ou fascia plantaire, centre du pied, Marseille, 2014.
Auteur : Ide Parenty,
Consultant expert : Docteur Philippe Tauveron, rhumatologue.