Le syndrome d’hyperactivité

Le syndrome d'hyperactivitéPin

Un enfant inattentif, impulsif, qui n’arrive pas à se concentrer, parfois hyperactif… Peut-être souffre-t-il d’hyperactivité ? Nous faisons le point sur le Trouble du Déficit Attentionnel avec ou sans Hyperactivité, communément appelé “hyperactivité”.

Le syndrome d’hyperactivité est un trouble fréquent qui touche 5 à 10 % des enfants d’âge scolaire et qui débute avant l’âge de 7 ans. Le nom médical pour ce trouble est le TDA/H, qui signifie Trouble du Déficit Attentionnel aves ou sans Hyperactivité. Le trouble est nommé hyperactivité à tort, puisque ce symptôme n’est pas toujours présent, ou tout du moins pas toujours visible. Il est caractérisé par des problèmes d’inattention, parfois d’hyperactivité, et quasi constamment d’une impulsivité. Il existe des types où c’est l’inattention qui prédomine, d’autres où c’est l’hyperactivité. Le TDA/H se manifeste également par une difficulté d’organisation.

L’hyperactivité est invalidante et gêne les bons apprentissages scolaires. Elle altère aussi le fonctionnement social et familial de l’enfant. De plus, il persiste à l’âge adulte dans 30% des cas diagnostiqués dans l’enfance.

En cas de suspicion d’hyperactivité par l’entourage familial, social ou scolaire de l’enfant, il convient de consulter un pédopsychiatre ou un neuropédiatre afin de confirmer ou non le diagnostic. Un traitement multidisciplinaire est indispensable et associe des interventions éducatives et pédagogiques, des rééducations du langage et en psychomotricité, une psychothérapie et un traitement pharmacologique.

Hyperactivité chez l’enfant : les causes

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est un trouble caractérisé par une difficulté à se concentrer et, plus particulièrement à maîtriser son attention.

L’enfant qui souffre d’hyperactivité donne l’impression d’être étourdi, inattentif et impulsif. Ce trouble concerne près de 10% d’enfants. Le trouble est 3 à 4 fois plus diagnostiqué chez les garçons que chez les filles, à l’âge scolaire.

Mais il existe probablement une sous-estimation du TDA/H chez les filles, qui présentent plus souvent la forme inattentive – sans hyperactivité – dite TDA (pour trouble déficitaire de l’attention).

Chez les filles, le TDA/H est moins visible, donc moins bien diagnostiqué. On remarque moins leur air distant ou leurs rêveries. Leur agitation se résume souvent à se “tortiller” sur leur siège, et l’inconscient collectif fait que l’on est moins indulgent avec elles qu’avec les garçons. Il n’empêche qu’elles peuvent tout de même avoir des soucis de concentration et que cela se répercute sur leurs résultats scolaires.

Il n’existe pas une cause précise qui détermine le trouble déficitaire de l’attention. Certaines études suggèrent une cause héréditaire du syndrome d’hyperactivité. Sur un jumeau monozygote souffrant d’un TDA/H, l’autre est également atteint dans 2/3 des cas. Cependant 1/3 des jumeaux monozygotes ne sont pas victimes d’un TDA/H. Ceci signifie qu’il existe un terrain favorable au syndrome d’hyperactivité, mais que ce trouble est également modulé en fonction de l’environnement, et peut avoir des causes différentes d’un patient à l’autre.

Les chercheurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’un trouble neuro-développemental. C’est à dire qu’on retrouve des anomalies neuro-cognitives chez les endants (et adultes) souffrant d’hyperactivité.

Hyperactivité chez l’enfant : quel lien avec un enfant précoce ?

Il est une question que les parents se posent fréquemment : l’hyperactivité est-il lié à une précocité de l’enfant ?

Un enfant qui souffre de TDA/H est toujours le premier à tenter toutes les expériences et le premier à poser beaucoup de questions, couper la parole… De fait, il est justifié de se demander s’il est précoce sur le plan intellectuel.

Certains enfants précoces peuvent souffrir d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, mais tous les enfants hyperactifs ne sont pas précoces !

Le seul moyen de le savoir est de faire passer un test de QI : le Wisc IV. Il est cependant difficile à faire passer à un enfant atteint d’un trouble de l’attention, car il faut tenir compte de la vitesse de traitement de l’information, qui est leur point faible et qui freine leurs aptitudes.

C’est pourquoi il est très important que ce soit un psychologue familier des enfants intellectuellement précoce et/ou avec un TDA/H qui fasse passer le test Wisc IV.

Même si tous les enfants souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, ne sont pas forcément précoces, ce sont bien souvent des enfants curieux, intelligents, capables d’empathie… mais parfois démissionnaires car découragés à l’avance face à leur difficulté d’apprentissage.

Les enfants hyperactifs sont le plus souvent lucides sur leur difficulté à se concentrer, et se rendent compte qu’ils font de la peine à leur entourage. La perte de confiance en soi est alors un risque, qu’il faut prévenir et prendre en comtpte.

Hyperactivité chez l’enfant : les symptômes

Dès qu’un enfant est un peu turbulent ou qu’il n’arrive pas à rester assis, on lui colle une étiquette d’« hyperactif ». Or le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, est un vrai trouble du comportement qui est caractérisé par 3 groupes de symptômes.

Si vous constatez que votre enfant a l’ensemble des symptômes suivants, prenez rendez-vous chez un médecin spécialisé pour une consultation :

  • Le déficit de l’attention :
    Votre petit est distrait, il ne vous entend pas, il n’arrive pas à se concentrer, il oublie aussitôt ce qu’on lui dit. Il perd plus souvent que les autres ses affaires : bonnet, gants, cahier, stylos, jouets. Il oublie de mettre son manteau avant de sortir. Un jour sur trois, il oublie de prendre son cartable le matin. Il oublie souvent ses affaires de piscine ou de sport… De même, l’enfant TDA/H peut souffrir de difficultés à gérer ses émotions. 
  • L’agitation excessive :
    C’est d’ailleurs sous le nom d’hyperactif que l’on reconnaît plus souvent le trouble déficitaire de l’attention. L’enfant bouge sans cesse, il ne tient pas assis. On dit de lui qu’il est remuant, car quand on lui demande, exaspéré, de se poser calmement, il continue de bouger ses jambes dans un mouvement compulsif. Il gesticule même quand il regarde un dessin animé. Cependant, cette agitation excessive ne se retrouve pas de manière systématique (l’enfant peut être très lent). Elle peut être parfois localisée : l’enfant mange son stylo, tape du pied, se tripote les cheveux, se ronge les ongles, etc. On observe également des difficultés d’organisation (au lever le matin, durant les devoirs, etc.) liées à l’hyperactivité physique, mais aussi mentale (ou cognitive).
  • L’impulsivité :
    Cette spontanéité un peu brusque n’est pas uniquement motrice. Les enfants souffrant de ce trouble sont capables d’interrompre sans scrupule une conversation et d’attendre une réponse immédiate à leur demande. Laquelle, quelle que soit son importance, est une urgence pour eux. On appelle cela : l’impulsivité cognitive.

Tous ces symptômes peuvent signer un TDA/H, donc les critères sont très spécifiques pour établir un diagnostic… Un test élaboré auprès du spécialiste peut permettre de confirmer ce diagnostic.

Hyperactivité chez l’enfant : Le diagnostic

Le diagnostic peut se faire de diverses manières. Un entretien clinique peut suffire pour confirmer le diagnostic. Voici les symptômes le plus souvent recherchés pour confirmer l’hyperactivité.

1 – Six des symptômes suivants d’inattention (ou plus) ont persisté pendant au moins six mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant :

  • Ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités.
  • A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux.
  • Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement.
  • Ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (cela n’est pas dû à un comportement d’opposition, ni à une incapacité à comprendre les consignes).
  • A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités.
  • Évite, a en aversion, ou fait à contrecoeur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu.
  • Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités.
  • Se laisse facilement distraire par des stimulus externes.
  • A des oublis fréquents dans la vie quotidienne.

2 – Six des symptômes suivants d’hyperactivité/impulsivité (ou plus) ont persisté pendant au moins six mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant :

  • Remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège.
  • Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis.
  • Court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié (chez les adolescents ou les adultes, ce symptôme peut se limiter à un sentiment subjectif d’impatience motrice).
  • A du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir.
  • Est souvent sur la “brèche” ou agit souvent comme s’il était “monté sur ressorts”.
  • Parle souvent trop.
  • Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée.
  • A souvent du mal à attendre son tour.
  • Interrompt souvent les autres ou impose sa présence.

Il est important pour poser le diagnostic, que les symptômes aient entraîné une gêne ou une altération significative de fonctionnement dans les domaines scolaire ou social ou familial.

Des évaluations complémentaires peuvent être demandées face à une suspicion de TDA/H : évaluation scolaire (auprès de l’équipe scolaire), quotient intellectuel, bilan orthophonique, orthoptique, psychomoteur, etc.

Hyperactivité chez l’enfant : les traitements

Le traitement de l’hyperactivité est multidisciplinaire: psychothérapeutique, interventions pédagogiques et éducatives, rééducations psychomotrice et du langage, traitement médicamenteux 

La ritaline ou méthylphénidate

Les parents concernés sont souvent terrorisés par le médicament le plus connu pour le traitement d’un enfant hyperactif : le méthylphénidate (Ritaline® ou Concerta®). Il est pourtant bien connu car il est prescrit depuis près de cinquante ans. Il n’y a pas d’effet de dépendance et il peut être arrêté à n’importe quel moment. La seule dépendance connue est relative à la meilleure qualité de vie qu’il entraîne.

La Ritaline dispose d’effets secondaires non négligeables : maux de tête, troubles de l’appétit, dépression… Et ses effets à long terme sur le cerveau et le coeur n’ont pas été suffisamment étudiés. 

Le méthylphénidate est efficace sur le comportement de l’enfant, plus précisément sur l’impulsivité et l’attention. Il a tendance à “poser” les enfants qui en prennent. Les enfants qui arrêtent ce médicament pendant les week-ends ou les vacances, demandent parfois eux-mêmes sa reprise pour canaliser leur attention. Paradoxalement, même si le méthylphénidate gêne l’endormissement, il favorise la qualité du sommeil, ce qui n’est pas négligeable quand on sait que ces enfants souffrent terriblement d’insomnies.

Ce traitement ne peut être prescrit que par un praticien hospitalier, après avoir confirmé le trouble déficitaire de l’attention par des tests, après s’être renseigné auprès de son entourage (nourrice, crèche, enseignant maternelle/école) et après avoir effectué un bilan pré-thérapeutique (cardio-vasculaire notamment). 

Il existe d’autres formes de méthylphénidate que la Ritaline. Elles portent des noms différents : Quazym, Concerta, etc.

Attention, la prescription de méthylphénidate n’est pas systématique en cas de TDA/H, elle dépend de beaucoup de facteurs : le tempérament de l’enfant, les aides apportées par la psychomotricité, l’orthophonie, etc. Si toutefois le pédopsychiatre hospitalier décide de le prescrire, sachez qu’il peut être renouvelé pour une durée d’un an par un médecin généraliste.

Les autres traitements

Très fréquemment, il est bénéfique de prescrire de la mélatonine (hormone du sommeil) afin de favoriser le sommeil – souvent difficile – des enfants TDA/H. Par ailleurs, il existe un nouveau traitement médicamenteux du TDA/H, nommé Atomoxétine (nom commercial : Strattera). Son efficacité et innocuité sont également insuffisamment validées, par rapport à des traitements non médicamenteux de l’hyperactivité. Il existe en effet de nombreuses prises en charge non médicamenteuses de ce trouble.

Hyperactivité chez l’enfant : quand l’enfant est lent ?

Même si cela peut paraître paradoxal : l’enfant peut souffrir d’un trouble déficitaire de l’attention SANS hyperactivité. Il faut savoir que le trouble déficitaire de l’attention peuvent entraîner une lenteur d’exécution chez certains enfants.

Ce qu’il faut absolument vérifier est que cette lenteur ne soit pas due à des troubles moteurs, comme la dyspraxie par exemple, ou des troubles de la vision, qui sont totalement indépendants de leur (bonne) volonté.

Une fois ces éventuels problèmes écartés, ne bousculez surtout pas l’enfant pour le presser, même si vous n’en pouvez plus qu’une séance d’habillage dure des heures… Mieux vaut l’encourager en l’aidant : “commence par enlever ton pyjama, puis tu mettras ton pantalon”, etc. Pas après pas ! En affirmant votre autorité de manière non violente.

Il faut également informer le corps enseignant. Une tendance naturelle est de laisser l’enfant terminer son travail pendant la récréation alors que les autres descendent jouer. Ce qui va doublement pénaliser l’enfant, qui se sent déjà assez sanctionné de ne pas aller au même rythme que les autres. Il risque d’être carrément mis à l’écart.

Il faut essayer de mettre en place une aide en classe – une auxiliaire à la vie scolaire – pour qu’il puisse avancer sans se sentir un poids pour le reste de la classe et pour lui-même.

Hyperactivité chez l’enfant : Comment réagir ?

Face à l’hyperactivité, l’attitude doit être autoritaire, aimante et de bon sens. Comme pour tous les enfants ! Sauf qu’elle est plus difficile à mettre en pratique…

Les enfants hyperactifs sont exceptionnellement sensibles et lucides. Ils souffrent de ne pouvoir canaliser leur énergie là où d’autres y parviennent si naturellement.

  • Commencez par vous assurer que votre enfant ne souffre pas de troubles associés, tels que les troubles de l’apprentissage : dyslexie, dyscalculie, dysorthographie ou de la dyspraxie. En fonction de ce qui a besoin d’être corrigé, ne craignez pas de faire appel à des spécialistes pour des séances d’orthophonie, de psychomotricité, etc.
  • Bannissez de votre vocabulaire le : « concentre-toi, voyons ! ». Vous ne demandez pas à une personne myope de lire une page sans ses lunettes. Appliquez cela à votre enfant dès que vous sentez votre patience vous quitter (c’est-à-dire plusieurs fois par jour).
  • Positivez chacun de ses efforts. Même si vous êtes réticent au système de « récompense », sachez qu’il fonctionne particulièrement bien pour les enfants souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Proposez-lui de mettre en place un système de bons points avec à la clé une petite récompense. Un bon point s’il s’habille tout seul en un temps réparti avec un minuteur. Un autre bon point s’il arrive à rester assis lorsque vous devrez attendre avec lui dans la salle d’attente du médecin. Surtout, tenez vos promesses car sa déception risque d’être spectaculaire.
  • Ne le réprimandez pas sans cesse, ne revenez pas sans arrêt sur ses « bêtises » passées (même si cela n’est pas évident à faire !). Au contraire, projetez-le vers ses actions positives. Complimentez-le, assurez-le de tout votre amour et ne craignez pas de le lui manifester plus que de mesure afin qu’il se sente entouré, encouragé et aimé, « malgré » ce qu’il considère lui-même comme un défaut.

Hyperactivité chez l’enfant : Les conseils de l’expert

Entretien avec le Dr François Bange, pédopsychiatre, médecin spécialiste, praticien attaché à l’hôpital Robert Debré, à Paris. Il apporte des conseils relatifs au syndrome d’hyperactivité.

A partir de quel âge peut-on poser un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ?
Cela dépend, c’est en général vers 4 ans et demi ou 5 ans, qu’on peut commencer à se poser des questions. Avant 2 ou 3 ans c’est carrément exclu !

Quelle est la différence entre un enfant hyperactif et… un enfant mal élevé ?
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) ne s’explique pas par une mauvaise éducation. On peut ne pas souffrir de ce trouble et être très mal éduqué, tout comme on peut souffrir d’un TDA/H et être bien éduqué.

Est-ce qu’une IRM du cerveau peut révéler ce trouble ?
Non, une IRM ne donne pas un diagnostic d’un trouble déficitaire de l’attention. Le diagnostic n’est que clinique, par l’analyse des symptômes. L’IRM n’est envisageable que dans le domaine de la recherche. On peut l’utiliser pour chercher et étudier éventuellement certaines particularités.

Peut-on guérir de ce trouble ?
Le verbe « guérir » est inapproprié car il ne s’agit pas d’une maladie mais d’une particularité qui est ce besoin de bouger, cette agitation et impulsivité. Il faut savoir que les choses évoluent en grandissant : l’agitation baisse, mais l’impulsivité beaucoup moins. Ce qui reste gênant, pour certains plus que d’autres, est le trouble de l’attention.

Que pouvez-vous dire aux parents (épuisés !) des enfants souffrant de ce trouble ?
Il faut les rassurer, leur épuisement s’explique. Ce ne sont pas de mauvais parents mais des parents épuisés de devoir se répéter plusieurs fois en raison du trouble de l’attention, de l’agitation de leur enfant. Il faut donc les déculpabiliser et les encourager à se faire aider par des personnes, des professionnels qui connaissent bien ce syndrome.

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