Le souffle au coeur : quand être alerté ?

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Un souffle cardiaque n’est qu’un symptôme clinique qui doit faire rechercher l’atteinte d’une valvule cardiaque. Les souffles en dehors des malformations congénitales sont le plus souvent bénins chez l’enfant. Chez l’adulte, ils peuvent être liés à une pathologie cardiovasculaire.

Il faut bien comprendre le cheminement du sang avant d’appréhender les souffles cardiaques.
Le coeur est formé de 2 parties, normalement sans communication entre elles : le coeur droit et le coeur gauche.

Chacune des parties du coeur est constituée de 2 cavités :
Oreillettes droite et gauche reçoivent le sang de veines quand le coeur est dans sa phase de repos (diastole) ; et ventricules droit et gauche envoient le sang dans des artères pendant la phase de contraction (systole).

Entre chaque oreillette et ventricule, il y a des valves qui jouent le rôle de clapet et qui s’ouvrent et se ferment selon que le sang arrive ou repart : ce sont les valves mitrales entre l’oreillette et le ventricule gauches, les valves tricuspides entre l’oreillette et le ventricule droits.
Il y a aussi des valves entre les ventricules et les artères qui en repartent : les valves aortiques entre le ventricule gauche et l’aorte, les valves pulmonaires entre le ventricule droit et l’artère pulmonaire.
Le coeur est un muscle qui se contracte et se relâche en permanence à un rythme d’environ 70 battements par minute. La phase de contraction s’appelle la systole, la phase de repos s’appelle la diastole.

Pendant la phase de repos, par le jeu des pressions, les oreillettes droite et gauche aspirent respectivement le sang des veines caves et des veines pulmonaires ; le sang peut se déverser dans les ventricules car les valves entre oreillettes et les ventricules sont ouvertes, celles qui sont entre les ventricules et les artères sont fermées.

Pendant la phase de contraction cardiaque, les ventricules chassent le sang dans l’aorte et les artères pulmonaires car les valves aortiques et pulmonaires sont ouvertes et les valves auriculo-ventriculaires sont fermées.

D’un point de vue mécanique, on peut comparer le fonctionnement des valves et celui de soupapes. Mais il arrive que ces soupapes ne fonctionnent pas normalement… et engendrent un souffle cardiaque.

Souffle au coeur : Les causes

A l’auscultation cardiaque normale, on entend globalement 2 bruits qui correspondent à la fermeture des valves : le premier bruit (B1) correspond à la fermeture des valves auriculo-ventriculaires, le deuxième bruit (B2), lui, correspond à la fermeture des valves aortiques et pulmonaires. Donc entre B1 et B2 c’est la phase systolique et entre B2 et B1 c’est la phase diastolique.

La cause du souffle au coeur : il arrive que les valves aient une fermeture insuffisante, elles ne sont pas totalement hermétiques alors le sang fuit dans le sens contraire. Quand elles sont ouvertes, l’orifice peut être rétréci et le sang a du mal à sortir.

Il apparaît alors un souffle cardiaque : il est entendu à l’auscultation par le médecin et son stéthoscope. Cest un bruit pathologique surajouté aux bruits du coeur normaux.
Il existe toutes sortes de souffles, la plupart du temps une auscultation attentive et expérimentée peut suffire à reconnaître l’origine du souffle.

Très schématiquement : il y a deux sortes de souffles : les souffles systoliques et les souffles diastoliques, les souffles d’insuffisance et les souffles de rétrécissement.

> Un souffle systolique entendu entre B1 et B2 est soit un rétrécissement des valves aortiques ou pulmonaires, soit une insuffisance de fermeture des valves mitrales ou tricuspides.

> Un souffle diastolique entendu entre B2 et B1 est soit un rétrécissement mitral ou tricuspidien, soit une insuffisance valvulaire aortique ou pulmonaire.

Les souffles peuvent être multiples, plusieurs valvules peuvent être touchées. Il peut aussi exister des communications entre le coeur gauche et le coeur droit : au niveau des oreillettes ou au niveau des ventricules.
Il est important de noter leur intensité (notée de 1 à 6), leur localisation, leur irradiation, leur caractère intermittent…

Des pathologies cardio-vasculaires telles que l’hypertension artérielle, l’athérosclérose, l’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque peuvent aussi provoquer des anomalies dans le fonctionnement des valves cardiaques et donner des souffles.

Les pathologies valvulaires ont des conséquences variables : si la lésion est modérée, il n’y a pas de retentissement sur la circulation sanguine, ni sur la fonction cardiaque. Si la lésion est importante, la fonction cardiaque sera mauvaise, elle risque d’entraîner une hypotension artérielle avec la menace d’ischémie des organes, et en particulier du cerveau qui y est très sensible.

S’il existe une communication entre le coeur gauche et le coeur droit, les deux sangs (sang oxygéné, sang riche en gaz carbonique) se mélangent, les organes sont mal alimentés en oxygène, le coeur se fatigue beaucoup, il se produira une insuffisance cardiaque.

C’est un cardiologue qui prend en charge un patient souffrant d’un souffle cardiaque. Une échographie du coeur est le premier examen nécessaire à effectuer.

Souffle au coeur : Les traitements

Le médecin écoute les bruits du coeur avec un stéthoscope. Certains bruits sont normaux, d’autres ne le sont pas. Un souffle cardiaque est le bruit que fait le sang quand il a un mouvement anormal dans les cavités cardiaques. Le stéthoscope est composé de deux pavillons : un avec un diaphragme, l’autre en forme de cloche. Le premier aide à mieux entendre les bruits aigus, le deuxième, ceux de tonalité plus grave.

Aujourd’hui, l’échographie cardiaque permet de visualiser les valves cardiaques sur un moniteur ainsi que leurs lésions éventuelles pour, par la suite, déterminer le type de traitement à prescrire.
Il existe des souffles bénins en particulier le souffle systolique chez l’enfant, signant un coeur bien tonique, la plupart disparaissent avec la croissance.

Les souffles pathologiques sont beaucoup plus rares, il existe des souffles d’origine congénitale, leur dépistage se fait avant la naissance par l’échographie, à la naissance par l’auscultation systématique du coeur.

Les souffles d’origine infectieuse, bactérienne streptococcique avec le rhumatisme articulaire aigu ont quasiment disparu grâce au traitement systématique des angines à streptocoque par les antibiotiques. De même les souffles d’origine syphilitique grâce à la prévention, au dépistage et au traitement minute des primo-infections ne se voient pratiquement plus en France.

Certaines maladies valvulaires nécessitent une intervention chirurgicale : c’est souvent le cas des malformations néonatales, des rétrécissements valvulaires. Parmi les opérations proposées : réparer la valve défectueuse (une opération de plus en plus courante), ou la remplacer. La solution chirurgicale est décidée en fonction de la nature de la malformation valvulaire, mais aussi des conséquences engendrés par ce problème, l’âge du patient, etc.

Auteur : Dr Nicolas Evrard

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