Le ronflement, bruit insupportable qui peut nous déranger toutes les nuits. Il s’agit banalement du son de la respiration produit pendant le sommeil. Ce bruit fort en intensité est très dérangeant pour celle ou celui qui partage la chambre du ronfleur, et peut conduire à une mauvaise qualité de l’endormissement et du sommeil pour les deux protagonistes.
Subir un ronflement de proximité peut être une véritable épreuve, à tel point que certaines (car ce sont plutôt les hommes qui ronflent), sont obligées de quitter la chambre matrimoniale pour retrouver la paix et le silence nocturnes.
Mais en dehors de ces nuisances sonores, le ronflement est aussi un symptôme qui peut être lié à un problème de santé qui peut être grave de conséquence : l’apnée du sommeil.
” Anatomie ” de la respiration
L’air que vous inspirez naturellement par le nez et par la bouche, arrive dans la gorge pour aller aux poumons. L’air prend alors le chemin suivant : il arrive au carrefour de la déglutition et de la respiration ; et de là, il va dans la trachée et dans les bronches.
En principe, le passage de l’air ne doit provoquer aucun bruit puisqu’il passe sans difficulté tous ces endroits. Quand, pour une raison bien définie, l’air ne passe plus de façon aussi fluide, il provoque une respiration bruyante par la vibration des tissus. C’est le cas, lorsque vous avez un rhume, par exemple. L’inflammation des tissus provoque un rétrécissement du passage de l’air et une respiration sonore… c’est le ronflement.
Ronflements : Les causes
En plus d’explications détaillées précédemment, certaines causes ou circonstances peuvent favoriser la survenue d’un ronflement, ces ronflements pourront disparaître quand la cause ou le « problème » seront résolus.
Le ronflement ponctuel
Lorsque vous prenez froid ou avez une grippe ou une rhinopharyngite, le nez et la gorge sont congestionnés et donc obstrués. Cette inflammation du pharynx peut être la cause de bruits au moment de l’inspiration de l’air, mais également lors de l’expiration. Ce ronflement est passager et dès que vous serez guéri de votre coup de froid, tout rentrera dans l’ordre.
Le ronflement dû à un surpoids
Le surpoids correspond à un excès de graisse dans tout le corps, y compris au niveau de la base de la langue. La langue qui s’épaissit là où l’air passe, obstrue automatiquement un peu ce passage. D’où une respiration bruyante lors du sommeil, ce qui se traduit par un ronflement. Si ce surpoids est gênant pour la santé, il est recommandé de perdre un peu de poids afin de retrouver un sommeil de qualité (pour soi et pour les autres).
Le ronflement de la personne âgée
Au fur et à mesure que les années passent, les tissus musculaires des organes se relâchent petit à petit. La cavité où passe l’air se rétrécit un peu plus : voilà la cause du ronflement.
Grossesse et ronflement
La grossesse peut entraîner un ronflement chez certaines femmes. Ne vous inquiétez pas, normalement tout devrait rentrer dans l’ordre peu après l’accouchement. Ce charmant ronflement de la femme enceinte est lié à deux principales causes. La classique prise de poids, mais également les hormones de grossesse, comme la progestérone, qui provoquent un relâchement des tissus musculaires.
Ronflements : L’apnée du sommeil
L’apnée signifie « arrêt de la respiration ». Lorsque les voies respiratoires sont complètement obstruées, l’air ne passe plus du tout, et la respiration se bloque pendant 5 à 10 secondes.
On parle d’apnée lorsque cette durée de blocage de la respiration est au minimum égale à 10 secondes. Si ces apnées ne sont pas fréquentes, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Toutefois, au-delà de 5 ou 6 apnées par heure, on évoque un problème pathologique connu sous le terme de syndrome d’apnée du sommeil.
Le déblocage se fait grâce à un mécanisme réflexe. En l’absence d’oxygène arrivant au cerveau, celui-ci par un système de stimulation complexe, provoque ce qui est appelé « micro-réveil » permettant une contraction des muscles et le passage de l’air pour respirer à nouveau.
Comment différencier le ronflement de l’apnée du sommeil ?
Lorsque le ronflement devient quotidien, fréquent tout au long du sommeil et entrecoupé de pauses respiratoires qui durent quelques secondes, ce plusieurs fois par nuit, il faut sérieusement consulter un médecin. Celui-ci pourra vous confirmer ou pas l’apnée du sommeil par enregistrement de votre sommeil.
Cela nécessite de passer un examen particulier en structure hospitalière, pendant une nuit entière et se nomme la polysomnographie. Vous devrez dormir dans une chambre où une lumière infra-rouge permet au technicien de vous surveiller. Vous serez branché à des électrodes sur les extrémités de vos doigts, sur certaines parties de votre corps, sur le crâne.
Tous vos mouvements seront enregistrés afin d’être analysés plus tard et déterminer en fonction des différents paramètres pour savoir si vous effectuez de réelles pauses respiratoires.
Les conséquences
L’apnée du sommeil est considérée comme une pathologie car ses conséquences sont importantes en termes de santé générale. D’une part les réveils partiels permettant de re-oxygéner le corps et notamment le cerveau, ne sont pas forcément conscients. C’est-à-dire que les personnes ne se rendent pas compte qu’il y a eu un réveil. Mais si cela passe inaperçu… notre organisme, lui, en souffre, et les lendemains sont douloureux !
Le sommeil n’est pas de bonne qualité, il se fait en surface, d’où ce manque de repos. Les maux de tête et/ou migraines s’invitent alors de plus en plus fréquemment chez la personne qui ronfle par apnée. La fatigue et l’envie de dormir, dues aux micro-réveils, sont de plus en plus courantes avec le risque de s’endormir réellement dans des cas extrêmes et de provoquer des accidents graves.
De plus, les personnes souffrant d’apnée du sommeil, présentent plus souvent une augmentation de la tension artérielle, ainsi que la complication de maladies cardiaques.
Ronflements : Le ronflement chez un enfant
Normalement les enfants ne sont pas supposés ronfler, en dehors d’épisodes ponctuels de rhinopharyngites. Si cela arrive de façon continue, il vous faut prendre rendez-vous auprès d’un oto-rhino-laryngologiste (ORL) qui vérifiera qu’il n’y a pas de problème pathologique, comme des végétations ou des amygdales trop grosses, résultat de trop nombreuses infections (otites, angines…).
Ronflement et apnées du sommeil chez l’enfant
Tout comme pour les adultes, une mesure des apnées du sommeil sera faite chez l’enfant, car le défaut d’oxygénation du cerveau peut entraîner des troubles du développement cognitif, de l’apprentissage mais aussi des problèmes de croissance.
La mesure des apnées du sommeil peut se faire au domicile de l’enfant. Il sera branché à un polygraphe qui mesure les éventuelles pauses respiratoires et leur durée.
Ronflements : Les astuces pratiques
Pour lutter contre le ronflement, les astuces pratiques sont nombreuses… et précieuses. Voici, les principaux conseils à appliquer :
- Vous pouvez dormir sur le côté ou sur le ventre afin d’empêcher l’obstruction des voies respiratoires et permettre à l’air de passer.
- Eviter la prise de somnifères qui entraînent un relâchement des tissus et empêchent l’air de passer.
- Eviter la prise d’ alcool qui pourrait provoquer également un relâchement des tissus musculaires et avoir le même effet que les somnifères.
- Si le surpoids est trop important, il faut perdre des kilos afin d’éviter la mise en place des apnées du sommeil, aux conséquences autrement plus graves que le ronflement.
- Il faut arrêter de fumer. En effet la cigarette ou la pipe entraînent l’irritation et l’inflammation des tissus, d’où le ronflement.
- Humidifier la pièce dans laquelle vous dormez. L’air sec provoque également une irritation des voies respiratoires.
- Le repos est indispensable. La fatigue peut provoquer des ronflements par relâchement des tissus.
- Si vous dormez en compagnie d’un/une ronfleur(se), vous pouvez éventuellement et si la configuration de votre habitat le permet, dormir dans une chambre séparée afin de ne pas signer l’arrêt de votre couple.
- Et bien entendu, vous pouvez prendre l’avis d’un médecin, surtout si vous présentez des signes d’ apnée du sommeil.
Ronflements : Les traitements
Si après élimination des causes provoquant les ronflements, ceux-ci persistent, votre médecin peut vous orienter vers un chirurgien pour envisager un traitement chirurgical contre le ronflement. Celui-ci ne sera pas pris en charge par votre centre d’ assurance maladie.
Il faut savoir que cette proposition se fait en dernier recours car les suites sont souvent très douloureuses. De plus, il y a inévitablement une perte de poids inhérente à l’impossibilité d’avoir une alimentation solide pendant au moins une dizaine de jours.
Solution chirurgicale
Si les amygdales ont grossi suite à des infections répétitives, on peut proposer leur ablation, que l’on appelle amygdalectomie (une opération presque banale chez les enfants mais beaucoup moins chez l’adulte). D’autre part, pour aider l’air à passer de manière plus fluide, on peut retirer une partie ou la totalité de la luette.
Les jours qui suivent l’intervention, il faut être très vigilant quant à un éventuel saignement, comme c’est le cas pour toute intervention se faisant dans la zone de la gorge.
Une opération au cabinet du médecin
L’équivalent de cette intervention, au laser, se fait sous anesthésie locale et au cabinet du médecin. Elle n’est pas souvent proposée, car les suites sont aussi douloureuses que le traitement chirurgical au scalpel et avec une efficacité moindre.
D’autres méthodes de traitements moins invasifs ont vu le jour. L’une d’elle, la somnoplastie, se fait en plusieurs séances au cabinet même de l’ORL. Après une anesthésie locale, le médecin introduit des électrodes en plusieurs endroits dans le voile du palais. L’appareil envoie des ondes de radiofréquence qui provoquent une rétractation des muscles et rendent le voile du palais plus tonique, d’où l’arrêt des ronflements dans 3 cas sur 4.
Ronflements : Les conseils du médecin spécialiste
Interview du Dr Rémy Vautrin, médecin ORL et chirurgien cervico-facial, sur le ronflement, ses causes et ses traitements. A lire les conseils de ce médecin spécialiste…
Pourquoi les hommes sont-ils plus concernés par le ronflement que les femmes ?
Une relative étroitesse du pharynx chez l’homme par rapport à celui de la femme est un argument souvent avancé, expliquant ainsi la nette prédominance du ronflement chez l’homme avant 40 ans. Avec l’âge, la prise de poids, la perte d’élasticité des tissus mous ont tendance à limiter cette prédominance masculine du ronflement.
Est-ce que certaines personnes seraient plus sujettes au ronflement que d’autres ?
Le surpoids fait apparaître ou renforce un ronflement : le traiter reste certainement le moyen le plus efficace d’en atténuer l’intensité. Anatomiquement, il existe des facteurs favorisant l’apparition d’un ronflement : un cou court et large, un rétrognatime (recul marqué du menton) qui favorise la chute de la base de langue en position allongée, une grosse langue (magroglossie), une luette de grande taille et épaissie, de grosses amygdales. Les patients qui présentent une obstruction nasale chronique (déviation importante de la cloison nasale, des maladies inflammatoires du nez et des sinus), privilégient une respiration buccale stricte la nuit, et sont donc particulièrement exposés à développer un ronflement.
Les produits vendus en pharmacie contre le ronflement sont-ils efficaces ?
Ces médications que l’on applique localement le plus souvent sur le voile du palais avant le coucher n’ont pas fait l’objet de validation de résultats dans des publications médicales ou scientifiques (à ma connaissance). Elles entraîneraient une diminution de la vibration des tissus mous responsables du ronflement… L’échec quasi constant de ces thérapies amène les patients à consulter un médecin spécialiste afin de trouver une solution.
Dans les traitements non chirurgicaux exposés au patient « ronchopathe », j’insiste sur l’efficacité quasi constante d’un amaigrissement lorsqu’il existe un surpoids. J’indique pour d’autres patients qui présentent une rétrognatie ou une bascule de la base de langue en position allongée, la possibilité d’utiliser une orthèse d’avancée mandibulaire qui est dans ces cas très efficace ! L’orthèse d’avancée mandibulaire est un appareillage en résine adapté sur mesure sur les arcades dentaires du patient, et permettant en position allongée de « propulser » en avant la mandibule et ainsi d’éviter lors du sommeil, la chute en arrière de la base de langue responsable du ronflement.
Est-ce que les ronflements trop sonores sont révélateurs d’un syndrome d’apnée du sommeil ou cela n’a aucun rapport ?
Un ronflement sévère et quotidien amène souvent le patient à consulter spontanément ou le plus souvent sous la pression de son entourage : il est effectivement l’un des principaux signes évocateurs d’un syndrome d’apnée du sommeil (SAS), surtout si le médecin retrouve des autres signes évocateurs du syndrome d’apnée du sommeil et en tout premier lieu cette fameuse fatigue matinale et la somnolence diurne liées à un sommeil non réparateur.
Un ronflement même très sonore peut ne pas être associé à un syndrome d’apnée du sommeil, et en fonction des réponses données par le patient ronfleur, on pourra envisager d’effectuer l’examen du sommeil (polygraphie ou polysomnographie) permettant de dépister un syndrome d’apnée du sommeil associé au ronflement, et surtout d’en définir la sévérité (syndrome d’apnée du sommeil léger, modéré ou sévère) pour adapter le traitement.
Les conséquences d’une apnée du sommeil peuvent-elles être graves ?
Sans hésitation oui ! La somnolence diurne liée au syndrome d’apnée du sommeil non traité, peut entraîner l’endormissement au volant et peut donc engager le pronostic vital de la personne dans ses déplacements quotidiens.
A moyen terme, les risques cardiovasculaires du syndrome d’apnée du sommeil sévère non traité, sont de mieux en mieux connus, avec en particulier l’apparition :
- d’une hypertension artérielle,
- d’une athérosclérose,
- d’une maladie coronarienne (angine de poitrine, infarctus),
- d’ accidents vasculaires cérébraux,
- de troubles du rythme cardiaque et
- d’une insuffisance cardiaque…
Même s’ils ne mettent pas en jeu la vie des patients, il faut noter que les troubles cognitifs (troubles de l’humeur, dysfonctionnement intellectuel global, troubles de la mémoire à court et long terme) sont très fréquents dans les syndromes d’apnée du sommeil modérés et sévères non traités…
Ronflements : Le témoignage d’un patient
Agnès nous livre son témoignage concernant le ronflement de son mari…
Vous vivez avec un ronfleur ?
Oui, quand j’ai connu mon mari et au début de notre mariage, il ne ronflait pas. C’était une jeune et bel homme tout mince. Nous avons eu notre premier enfant, toujours rien, puis le deuxième… Mon mari a pris du poids pour cette grossesse… Ses ronflements ont débuté à ce moment-là. Ils étaient encore légers et tout à fait supportables.
Le ronflement de votre mari s’est-il empiré ?
Avec le temps… Troisième enfant et troisième prise de poids. Il y a 4 ans, mon mari était à 8 kilos de plus. Ajoutez à cela un travail intense et 3 enfants qui dorment peu, ce qui donne pas mal de fatigue accumulée… Les ronflements ont suivi le même chemin, ils se sont intensifiés ! Aujourd’hui nous frôlons la catastrophe. Il a 13 kilos supplémentaires et des horaires de fou. Il est au bureau de 8 h 00 à 1 h 00 du matin. Parfois j’ai l’impression de dormir à côté d’une usine d’équarrissage, c’est l’horreur pour moi !
Comment gérez-vous cela ?
J’avoue que l’idée de faire chambre à part me tente parfois, mais à 40 ans je trouve cela dommage car malgré ses ronflements, j’aime bien l’avoir à mes côtés dans le lit ! Après avoir réfléchi à plusieurs solutions, j’ai donc mis au point une stratégie : je dois absolument être endormie avant que mon mari ne monte se coucher, sinon je peux oublier le sommeil ! Et si par malheur (ce qui m’arrive souvent) je me réveille pour une raison nocturne ou une autre (…) à 3 heures du matin, eh bien c’est mort !!! Il a donc droit aux classiques coups de pied dans les jambes ou aux coups de coude dans les côtes ! Lui ne se rend compte de rien, il dort comme un bébé.
Je ne désespère de lui faire perdre un peu de poids afin qu’il arrête de ronfler et que je puisse enfin avoir à nouveau des nuits calmes…
Ronflements : Sources et notes
– Viot-Blanc V. Syndrome d’ apnée du sommeil en neurologie : chez qui et comment le rechercher ? Comment et pourquoi le traiter ? Neurol.com. 2009;1(3):79-83.
– Boutremans E, Medin Rey S, Loeb L. Prise en charge du syndrome des apnées du sommeil. Rev Med Brux. 2008;(29):277-80.
– Ballivet de Régloix S, Pons Y, Chabolle F, Clément P, Maurin O, Conessa P. Syndrome d’apnée obstructive du sommeil. Rev Prat. 2010;60(5):669-82.