Le pénis tordu

Le pénis tordu, le sexe déformé… les médecins parlent de verge coudée. Peu importe le nom que l’on donne à cette déformation de l’anatomie masculine, ce pénis tordu qui apparaît en érection, provoque une réelle inquiétude toute légitime, accompagnée assez souvent d’une douleur.

Même si l’incident est traumatisant et angoissant, même s’il peut s’avérer douloureux et invalidant, il n’est pas grave. Il faut oser en parler et aller consulter un médecin urologue qui saura vous conseiller et vous aider. La déformation provient d’une plaque scléreuse, non extensible, lors de l’érection.

Le pénis tordu est le plus souvent due à la maladie de Lapeyronie concerne surtout les hommes après 50 ans. Et cela s’explique : avec le temps, les fibres de collagène sont plus fragiles et plus rigides. Les tissus sont donc plus sensibles aux traumatismes et se régénèrent plus difficilement.

Si les médicaments ne sont pas très efficaces, la chirurgie, elle, l’est. Il faut seulement se munir d’un peu de patience. Dans la mesure où la maladie peut guérir spontanément, l’urologue attendra un an et quelques mois, avant d’envisager une intervention. C’est lorsque la courbure se sera stabilisée, que l’opération pourra être prévue.

Et, surtout, pas de honte, pas de gêne ! Ce problème de pénis tordu est relativement fréquent !

On estime qu’au moins 1% des hommes en sont atteints. Mais d’après certains spécialistes, ce serait entre 4 et 5% de la population masculine qui en souffrirait. Et il semble que la maladie soit de plus en plus fréquente. Peut-être, simplement, ose-t-on davantage en parler !

Pénis tordu : les causes

Une verge courbée peut avoir deux origines : une cause congénitale – rare, et une cause acquise, le plus souvent due à la maladie de Lapeyronie.

Les courbures congénitales

Dans le cas des courbures congénitales, c’est généralement au moment des premiers rapports sexuels, à l’adolescence, que l’on s’en aperçoit. Dans la plupart des cas, ces courbures, même si elles sont jugées inesthétiques ou gênantes, ne nécessitent pas d’intervention chirurgicale. Il faut alors simplement apprendre à vivre avec et faire en sorte que la partenaire lui trouve un charme unique !

Ce n’est que lorsque la courbure est gênante, au point d’empêcher les rapports sexuels, que l’on envisage une opération. Le plus souvent, ces courbures sont ventrales.

Les courbures acquises

Dans le cas des courbures acquises, c’est le plus souvent la maladie de Lapeyronie qui en est la cause. Une maladie décrite par le baron de Lapeyronie, au temps de Louis XIV. Il s’agit d’une infiltration scléreuse du tissu conjonctif, plus ou moins étendue, entraînant une déviation de la verge, voire une dysfonction érectile.

Dans la plupart des cas, la cause d’un pénis tordu est liée à un traumatisme de la verge. Lors d’un rapport trop brutal, par exemple, ou lors d’un mauvais mouvement. Le traumatisme peut passer inaperçu, d’où l’angoisse au moment de la découverte de la déformation.

Une micro-hémorragie s’est formée dans l’enveloppe des corps caverneux. La cicatrisation s’est mal faite, et les tissus se sont sclérosés. Une plaque s’est constituée qui va entraîner la déformation.

La plaque rigide moins élastique que le tissu normal, empêche l’allongement symétrique de la verge, au moment de l’érection. Le pénis s’allonge normalement du côté sain, qui devient ainsi plus long et reste, comme enroulé, autour de la plaque scléreuse. Si cette plaque se trouve sur un côté de la verge, la courbure sera latérale, si elle se trouve postérieure, la verge sera déformée vers l’avant, etc.

Pénis tordu : le diagnostic

Lorsque la verge est au repos, tout va bien. Aucun symptôme n’est perceptible : pas de douleur et pas de déformation. C’est lorsque la verge est en érection que la douleur se fait sentir et que la courbure apparaît. Une courbure plus ou moins importante. Parfois, tellement importante que la verge se trouve courbée à 40 ou 45°, empêchant tout rapport sexuel.

Le diagnostic de la maladie de Lapeyronie, déjà fortement orienté par les symptômes du patient (déformation et douleurs) se fait par la palpation de la plaque fibreuse. Mais il faut que le médecin visualise la déformation.

Cela peut se faire de deux manières :

> soit le patient prend des photos de sa verge au repos et en érection, et montre les clichés au médecin lors de la consultation suivante,

> soit le praticien effectue une petite injection de prostaglandine dans la verge (dans les corps caverneux), afin de provoquer une érection, et de vérifier l’importance de la courbure et surtout l’étendue de la plaque.

Sachant que la maladie peut guérir spontanément dans les mois qui suivent, le médecin proposera toujours d’attendre, avant d’envisager un traitement.

C’est lorsque les symptômes persistent et que la courbure entraîne une gêne ou une douleur trop importante, qu’il peut être nécessaire de traiter médicalement ou chirurgicalement.

Pénis tordu : les traitements

Si un traitement est nécessaire pour corriger un pénis (trop) tordu. Plusieurs peuvent être envisagés :

Le traitement médicamenteux

Il n’existe malheureusement pas de traitement médical efficace de la maladie de Lapeyronie. Le seul traitement relativement efficace, est la Vitamine E. Le traitement doit être pris durant plusieurs mois, et son résultat est relativement aléatoire.

Pour un pénis tordu, des injections de cortisone (corticoïdes) ont été pratiquées par des médecins, sans réel résultat. La cortisone, injectée au niveau de la plaque, risque, au contraire, d’accentuer encore la sclérose.

Si le traitement à base de vitamine E s’avère inefficace, deux possibilités sont envisagées :

  • Si la gêne n’est pas trop importante, on reste comme cela, sans autre traitement particulier.
  • Si les rapports sexuels sont gênés, douloureux pour l’un ou l’autre partenaire, si l’érection devient difficile ou si la douleur est trop importante, on peut envisager une intervention chirurgicale.

Le traitement chirurgical

En cas de pénis tordu, si une opération chirurgicale est préconisée, les interventions peuvent être de deux types :

1 – Une intervention de redressement de la verge

Pour redresser la verge, deux méthodes : soit on rallonge le côté trop court, en intervenant sur la plaque ; soit on raccourcit le côté trop long (avec une perte de longueur d’un à deux centimètres).

Tout dépend de la taille de la verge au départ ! Cela dit, rares sont ceux qui demandent à leur chirurgien, un raccourcissement de leur verge ! Mais, les deux interventions sont possibles. Le principe est que la verge ait partout la même longueur. Lors de l’intervention chirurgicale, la verge est « déshabillée » et ensuite redressée.

Que faire de la plaque ? On peut enlever la plaque scléreuse, responsable de la déformation, ou, tout simplement, la fendre. Dans les deux cas, on remplacera le tissu manquant par une petite greffe qui aujourd’hui utilise des tissus biologiques, résorbables.

Lorsque la plaque est située sur l’un des côtés de la verge, l’opération ne présente pas de grandes difficultés. En revanche, lorsque la plaque est située sur le dessus de la verge, l’opération est plus délicate. En effet, de nombreux nerfs, circulent à cet endroit. Le praticien devra relever les nerfs, pour intervenir.

2 – La pose d’une prothèse pénienne

Dans le cas où l’érection est absente et ne reprend pas normalement, ou dans le cas où la déformation n’est pas suffisamment réparable sans un tuteur interne, une prothèse d’érection peut être posée. On peut alors, faire « craquer » la plaque sur la prothèse.

Cette intervention, évidemment, se fera sous anesthésie générale ou régionale.

À savoir : tous les chirurgiens urologues ne sont pas formés pour cette intervention. Vous devrez donc avant toute indication d’opération, tâcher de vous informer de la compétence de votre urologue sur cette intervention particulière indiquée en cas de pénis tordu.

Les suites opératoires :

L’intervention chirurgicale peut être réalisée sous anesthésie générale ou sous rachi-anesthésie. L’opération peut être faite en ambulatoire (on entre le matin, et on ressort le soir), ou nécessiter une courte hospitalisation de 24 à 48 heures.

Après l’intervention, aucun médicament ne sera prescrit pour empêcher les érections. Les érections spontanées permettront à la verge de bien se déplier. Les rapports sexuels peuvent reprendre au bout de quelques semaines.

Pénis tordu : sources et notes

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Professeur Pierre Costa, président de l’Association inter-hospitalo-universitaire de sexologie, et urologue au CHU de Nîmes.

Sources :

– C. Ze Ondo et coll. Maladie de Lapeyronie : Aspects cliniques et thérapeutiques à propos de 17 cas, African Journal of Urology.
– Fritsch Andrieu N., at al., Traitement de la maladie de Lapeyronie, Prog Urol, 2009. Site Afu.

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