Le nez qui coule

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« Mouche ton nez ! » : vous l’avez entendu combien de fois cette phrase-là quand vous étiez enfant ? C’est vrai qu’un gamin avec le nez qui coule, c’est quasiment un incontournable de la petite enfance. Mais pas seulement : à l’âge adulte, pour un pollen qui passe, ou un rayon de soleil de trop, c’est parti… on a le nez qui coule.

Mais qu’est-ce qui fait couler nos nez ? Allergies, virus, microbes… ou tout simplement une petite fragilité vasculaire ? Petit passage en revue des mille et une raisons d’avoir la goutte au nez !

Même si tout le monde sait de quoi il s’agit, le nez qui coule se définit médicalement. Il s’agit d’un écoulement nasal, autrement dit, une rhinorrhée. Cet écoulement peut être antérieur : c’est la goutte au nez, ça coule et c’est gênant. Ou bien, l’écoulement peut être postérieur : c’est dans la gorge que ça s’écoule. Et alors chez les personnes souffrant de troubles pulmonaires, certaines complications risquent de survenir…

Quand on a le nez qui coule, il suffit généralement de prendre son mal en patience, et d’utiliser des traitements symptomatiques en attendant que ça passe. Cependant, des complications peuvent parfois survenir.

Si les mucosités stagnent trop longtemps, elles peuvent se charger de bactéries et provoquer des otites, surtout chez l’enfant.

Chez les personnes souffrant de problèmes pulmonaires, les écoulements internes peuvent, de la même manière, provoquer des surinfections bronchiques.

Nez qui coule : la couleur de l’écoulement

Vous l’aurez remarqué : parfois, on mouche clair, parfois, on mouche « jaune ». Lorsque le nez coule clair, comme de l’eau, il s’agit d’une réaction inflammatoire liée à une allergie ou à un corps étranger… Il n’y a pas d’infection.

Au contraire, lorsque l’écoulement est jaune et plus épais, il y a du pus. C’est le signe d’une infection. Vos défenses immunitaires sont au combat, les globules blancs attaquent l’agent infectieux. Vous pouvez alors avoir de la fièvre et il faudra peut-être prendre des antibiotiques. Le médecin décidera.

Cela dit, dans la plupart des cas, le nez qui coule est un symptôme bénin. Et très courant ! Il peut venir de plusieurs causes.

Nez qui coule : les causes

On peut définir deux grandes causes au nez qui coule : les rhinites aiguës et les rhinites chroniques. Il s’agit toujours d’une sorte de rhume… qui devient rhinite chronique quand cela dure plus de trois mois.

La rhinite aiguë

  • Le rhume ou, en langage savant, le coryza. Il est dû à un virus (un rhinovirus ou un coronavirus) et les antibiotiques n’ont pas d’action sur lui. Ses symptômes sont : nez qui coule, nez bouché, éternuements… Et cela dure comme ça entre 3 et 7 jours.
  • La rhinite allergique ou, en langage courant, le rhume des foins. Elle est souvent saisonnière et elle est due à une allergie aux pollens.
    Lorsqu’il ne s’agit pas d’un vrai rhume des foins, saisonnier, il peut s’agir d’une allergie aux acariens, par exemple ou aux poils de chats, aux plumes, ou à des produits alimentaires… L’écoulement est clair, abondant et associé à des éternuements à répétition.
  • La rhinite vaso-motrice. On a le nez bouché et il coule. Cela arrive parfois chez la femme enceinte, le sujet âgé, ou le soir, quand on s’allonge dans le lit. Ce sont les petits vaisseaux du nez qui se dilatent et qui empêchent l’air de passer : un problème de vaso-dilatation entraînant une turgescence des cornets (replis normaux dans le nez qui assurent le réchauffement, l’humidification, et la filtration de l’air inspiré).

Attention : C’est rare, mais il faut y penser. Après un traumatisme crânien, notamment une fracture du crâne, au niveau de l’étage antérieur, un écoulement clair peut se produire. Ce n’est pas le nez qui coule… mais du liquide céphalo-rachidien qui s’échappe. Et cela peut être grave ! S’il n’y a plus de barrière entre l’intérieur et l’extérieur du crâne, c’est la porte ouverte aux infections et notamment aux infections méningées.

La rhinite chronique

  • La rhinite allergique qui ne s’arrête pas au bout de trois mois, entre dans la catégorie des rhinites chroniques. Il faudra alors en trouver la cause exacte et éliminer cette cause. Si l’allergie vient du chat, il faudra laisser le chat dehors ! Pas d’autre solution.
  • La Nares. Vous ne la connaissez peut-être pas. Nares signifie Non Allergic rhinitis whith eosinophilia syndrom… Même si elle est méconnue, elle représente entre 15 et 20% des rhinites chroniques. Elle se présente comme une rhinite allergique, avec son cortège d’éternuements et de rhinorrhée antérieure ou postérieure (c’est-à-dire de nez qui coule). Elle est accompagnée en plus de troubles de l’odorat. La cause est une production de cellules éosinophiles trop élevée dans les sécrétions nasales (les oésinophiles sont une famille des globules blancs). Cette Nares peut être associée à un asthme, et être à l’origine d’une polypose dans le nez. Elle est donc à prendre au sérieux.

Chez la femme enceinte

La rhinite de la femme enceinte est assez fréquente. Elle est liée au désordre hormonal de la grossesse. Le nez se met à couler, comme lors d’une rhinite allergique ou saisonnière.

En fait, il s’agit d’un problème vasomoteur qui peut se manifester par d’autres troubles – en dehors du nez qui coule, dans d’autres parties du corps. D’ailleurs même si le mécanisme est différent : les vaisseaux se dilatent et peuvent provoquer l’apparition de petites veinules ou d’hémorroïdes. C’est la même chose au niveau du nez. Les vaisseaux se dilatent et bouchent le nez. Réaction : le nez se met à couler.

Pensez aux dents

Quand le nez coule d’un seul côté… il faut également penser à un éventuel problème dentaire. Vous avez peut-être déjà vu à quoi ressemble le squelette de la face, avec tous ces petits canaux qui relient les différentes régions du crâne : les yeux, les sinus, les canaux dentaires, etc.

Un problème infectieux sur une dent, peut très bien provoquer une réaction inflammatoire, sous la formoe d’un nez qui coule. Il faut donc y penser et aller consulter son dentiste. L’écoulement cessera avec le traitement de la dent malade.

En consultation, chez le médecin

Quand on a le nez qui coule, il faut d’abord se moucher et ne pas trop s’inquiéter. Dans la plupart des cas, le nez qui coule n’est pas un grave problème. Cela dit, si les symptômes persistent et deviennent trop gênants, des examens peuvent être demandés par le médecin généraliste ou l’ORL.

  • D’abord, en consultation, le médecin pratique un examen clinique. Il peut déjà éliminer bon nombre de pathologies spécifiques.
  • Ensuite, le médecin peut vous demander de vous rendre chez un allergologue, pour effectuer différents tests allergologiques.
  • Le médecin peut aussi vous faire pratiquer une endoscopie nasale à effectuer chez un médecin ORL. Il s’agit d’un examen permettant de vérifier l’état des fosses nasales, tout en pratiquant, si besoin, des prélèvements. Ces prélèvements seront ensuite analysés en laboratoire, pour déterminer la cause de la rhinite.
  • Enfin, dans certains cas, un bilan d’imagerie spécifique sera demandé (scanner, IRM).

Nez qui coule : chez l’enfant

Chez un enfant, lorsque l’écoulement est unilatéral, c’est-à-dire d’un seul côté, il faut toujours penser à la possible présence d’un corps étranger. Vous savez comme sont les enfants… Une perle, une bille, un petit jouet… Mieux vaut vérifier qu’il ne s’est rien mis dans le nez. Le nez qui coule – ou plus précisément une narine qui coule, pourrait alors provenir de la réaction inflammatoire, voire de la réaction infectieuse de la muqueuse, face à ce corps étranger.

Le cas de l’enfant en collectivité

Bien des parents expriment leur inquiétude face à leur enfant perpétuellement enrhumé. C’est vrai que dès l’instant où ils entrent en collectivité, à la crèche ou à l’école, leur nez coule souvent… et les rhinites se multiplient.

En fait, rassurez-vous. Tout cela est tout à fait normal. Votre enfant, en arrivant en collectivité, est confronté à toutes sortes d’agents pathogènes : des virus, des bactéries colportés par les autres enfants. C’est normal. Il doit s’immuniser. Et ce temps de l’immunisation passe par des réactions, comme la rhinite. Votre enfant sécrète des anticorps. Et c’est la réaction inflammatoire, face à cette lutte entre les germes nouveaux et les anticorps de l’enfant qui provoque cet écoulement nasal… ce nez qui coule.

Nez qui coule : les traitements

Le traitement d’un nez qui coule, dépend de l’origine de la rhinite.

  • S’il s’agit d’un rhume, le traitement sera symptomatique : des antipyrétiques, des gouttes pour le nez, des collutoires.
    Il existe aujourd’hui des alternatives efficaces avec des produits à base de plantes, indiqués dans le traitement symptomatique du rhume, comme l’écoulement nasal ou le nez bouché.
  • S’il s’agit d’une rhinite allergique, il faudra éliminer, écarter l’allergène. C’est parfois difficile ou même douloureux, lorsqu’il s’agit d’un animal de compagnie, mais c’est la seule solution pour en finir avec l’allergie. En complément, un traitement anti-allergique oral et ou local peut être proposé. Enfin, des traitements de désensibilisation peuvent être éventuellement proposés.
  • S’il s’agit d’une rhinite vasomotrice : dans les phases aiguës de la rhinite, vous pouvez utiliser des pulvérisations d’un vasoconstricteur. Ces vasoconstricteurs en pulvérisation, sont très efficaces pour déboucher le nez.

Mais attention : les vasoconstricteurs présentent, ce qu’on appelle, un effet rebond. Cela signifie qu’après l’effet vasoconstricteur, la vasodilatation est d’autant plus forte. D’où la possibilité d’une accoutumance. Le nez reste alors tout le temps bouché.

Et attention : si l’effet est vasoconstricteur sur les muqueuses nasales, il l’est aussi sur les vaisseaux cardiaques. N’utilisez donc pas de vasoconstricteur quand vous avez le nez qui coule, si vous souffrez d’une pathologie cardiaque.

Le traitement chez l’enfant

Lorsque votre enfant a le nez qui coule, mouchez-le. D’où la fameuse phrase : « mouche ton nez ». Cela n’a pas qu’une vertu esthétique. Cela empêche les mucosités de stagner et d’éventuellement s’infecter.

Vous pouvez aussi laver le nez de votre enfant avec du sérum physiologique. Il ne s’agit pas de le laver toutes les cinq minutes. Uniquement lorsque son nez est plein et bouché. Le fait de laver le nez est la meilleure prévention contre les otites. Comme on l’a dit, les différentes régions (cavités) du crâne communiquent. Les sinus et les cavités de l’oreille aussi.

Le traitement de la rhinite chronique

Les glucocorticoïdes (cortisone) ont une action anti-inflammatoire. Ils sont préférés aux vasoconstricteurs vis-à-vis desquels ils présentent moins d’effets secondaires. Si cela est insuffisant, des anti-histaminiques pourront être utilisés (qu’il y ait une allergie ou non).

Le traitement chirurgical

Pour un nez qui coule, le médecin ne vous proposera pas un traitement chirurgical en première intention… Ce n’est que lorsque les autres traitements auront échoué, qu’il pourra éventuellement vous proposer une opération.

Si vous souffrez d’une obstruction permanente des fosses nasales, liée à une déviation de la cloison nasale, par exemple, ou d’une hypertrophie des cornets (ces replis ostéo-muqueux situés dans les fosses nasales), alors, une intervention chirurgicale est possible.

Le volume des cornets peut ainsi être diminué, ce qui permettra à l’air de passer plus facilement. On peut réaliser une rétraction des cornets à l’aide de radio-fréquence ou laser (turbinoplastie), ou retirer une partie du cornet (turbinectomie). La technique de la radio-fréquence consiste à envoyer un courant électrique à l’intérieur du cornet, ce qui provoque une rétraction de ce cornet.

L’intervention est pratiquée sous anesthésie locale. C’est peu douloureux pendant et après l’intervention. Des soins post-opératoires à type de lavages de nez au sérum physiologique sont indispensables afin d’éliminer les croûtes.

La technique du laser suit le même principe, sauf qu’elle fait appel à une onde laser, plutôt qu’un courant électrique.

Néanmoins, l’ablation des cornets doit être partielle afin de ne pas altérer leur rôle propre (filtration, réchauffement, humidification de l’air).

Ces différentes interventions s’effectuent sous contrôle vidéo endoscopique (par les voies naturelles).

Nez qui coule : Sources et notes

> Bousquet J., et al. European Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI).“Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (ARIA)”. Allergy, 2003 Mar ; 58 (3) : 192-7.

> Recommandations de l’AFSSAPS : « antibiothérapie par voie générale en pratique courante » Méd. Mal. Infect, 2001.

> Antibiothérapie, Ameli.fr, 20 janvier 2014.

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