Le cancer du côlon : deuxième cancer le plus meurtrier en France

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Le cancer du côlon est le 2ème cancer le plus meurtrier en France, avec plus de 42 000 nouveaux cas chaque année : soit à peu près 100 personnes chez qui on établit le diagnostic chaque jour !

Le cancer du côlon est aussi le 2ème cancer le plus fréquent chez la femme, et le 3ème chez l’homme. Il s’agit d’une tumeur maligne qui se développe sur tout le trajet du colon : colon droit, colon transverse, colon gauche, anse sigmoïde.

Le cancer du côlon est une maladie qui guérit la plupart du temps si elle est prise à temps, et que la tumeur est encore circonscrite. Le meilleur moyen de mettre toutes les chances de son côté est de faire un dépistage de façon régulière à partir de 50 ans, voire des coloscopies régulières en cas de cancers coliques dans la famille, de maladie inflammatoire de l’intestin, ou en cas de polypes.

La rectorragie, c’est-à-dire la présence de sang dans les selles ne veut pas dire cancer du côlon, mais nécessite d’effectuer d’autres investigations pour identifier la présence éventuel d’un polype, d’une autre lésion… voire d’un cancer.

Le traitement d’un cancer du côlon s’effectue dans un service hospitalier spécialisé. Différentes solutions sont possibles en fonction de la localisation et du stade de la tumeur : opération chirurgicale, chimiothérapie, médicaments d’anti-angiogénèse ou autre thérapie ciblée… et aussi d’autres traitements qui sont en cours d’expérimentation. C’est notamment le cas des thérapies “personnalisées”, adaptées à l’ADN du cancer.

Avoir une alimentation riche en fibres, avec des légumes verts, une quantité de viande raisonnable, peu de matières grasses animales tout au long de sa vie pourrait limiter les risques d’apparition de cancer colique. Des études ont aussi montré que la vitamine D et la vitamine A seraient bénéfique pour protéger contre le cancer du côlon, ainsi que l’aspirine… 

Heureusement, grâce au dépistage et à de nouveaux traitements, des progrès ont été effectués permettant de guérir plus de patients souffrant d’un cancer colorectal.

Cancer du colon : les causes

Les causes exactes qui sont à l’origine du cancer du côlon n’ont pas été identifiées avec précision. Il existe cependant des facteurs de risque importants qui augmentent les possibilités de développer cette tumeur.

Le cancer du côlon est fréquent dans les pays industrialisés. Il est relativement rare en Asie, Afrique et Amérique du Sud. Il est vraisemblable que l’alimentation dans les pays riches soit en cause : trop de viandes, trop de matières grasses animales, trop de sucres, pas assez de légumes verts et de légumes riches en fibres. Le surpoids, l’obésité, et la sédentarité joueraient par ailleurs un rôle dans la survenue de la maladie.

Les personnes les plus à risque de développer un cancer du côlon sont :

  • Les personnes de plus de cinquante ans : on estime que 94% des cancers colorectaux, surviennent après 50 ans. D’où l’intérêt des campagnes nationales de dépistage. L’âge moyen du diagnostic de cancer du côlon est de 70 ans. Néanmoins, le nombre de cancer du côlon diagnostiqué avant 50 ans serait de plus en plus fréquent.
  • Les personnes ayant déjà souffert d’un adénome (tumeur bénigne), c’est à dire d’un polype, dans le gros intestin de plus d’un centimètre, ou d’un premier cancer colorectal.
  • Les personnes dont un parent proche dit « de premier degré » (père, mère, frère, soeur, ou enfant) a déjà été atteint par un cancer de l’intestin, avant 65 ans, et toutes les personnes dont deux parents en ont été atteints.
  • Les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique), évoluant depuis plus de 20 ans.
  • Les personnes dont la famille souffre d’une polypose adénomateuse familiale (PAF), une maladie qui se caractérise par de très nombreux polypes dans le tube digestif. 
  • Les personnes dont la famille est atteinte du syndrome de Lynch ou HNPCC, une maladie héréditaire rare.
  • Différentes études ont aussi montré qu’un déficit en vitamine D et une alimentation pauvre en fibres, augmente le risque de survenue d’un cancer du côlon.

Cancer du colon : les symptômes

Certains symptômes doivent alerter, mais il est possible que le cancer colorectal reste silencieux de nombreuses années. Grâce au dépistage systématique, les cancers sont diagnostiqués à des stades plus précoces et le taux de guérison en est plus élevé.

Voici certains symptômes qui doivent vous mettre en alerte :

  • Si vous constatez la présence de sang dans les selles. C’est ce que l’on appelle une rectorragie. Des hémorroïdes peuvent en être la cause, mais il vaut mieux vérifier. La présence de sang peut être importante et se retrouver dans la cuvette des wc.
  • Si vous souffrez depuis peu de douleurs abdominales ou de récents du transit : une diarrhée ou une constipation inhabituelles, ou encore l’alternance d’une diarrhée et d’une constipation.
  • Si vous êtes amaigri, de manière inexpliquée.

Si l’un de ces signes apparaît ou plusieurs d’entre eux, vous devez aller consulter votre médecin. Il vous enverra peut-être consulter un gastro-entérologue qui décidera si une coloscopie doit être réalisée.

Le cancer du côlon peut se révéler d’emblée par une complication : le syndrome occlusif. Ce dernier se manifeste par une constipation totale, un arrêt des matières et des gaz et des vomissements, des douleurs abdominales, des ballonnements, une perforation de l’intestin ou une infection de la tumeur avec la formation d’un abcès.

Un cancer du côlon peut aussi être découvert à un stade avancé de la maladie devant l’apparition de symptômes sans rapport avec le gros intestin, révélant une métastase, c’est-à-dire l’envahissement d’un autre organe par cellules cancéreuses coliques. Les métastases du cancer du côlon peuvent concerner le foie, le poumon, le cerveau et se révéler par les symptômes correspondants : une jaunisse, une toux, une paralysie…

Le cancer du côlon peut aussi être découvert de façon fortuite à l’occasion d’un examen coloscopique systématique à la recherche de polypes chez une personne ayant des antécédents familiaux de cancer du côlon ou chez une personne en bonne santé dont le test de dépistage s’est révélé positif.

Cancer du colon : Dépistage cancer colorectal

Aujourd’hui, en France, on propose à tous les hommes et les femmes de plus de 50 ans, un dépistage du cancer du côlon à réaliser tous les 2 ans.

Comment le cancer est-il dépisté ? En recherchant de manière systématique du sang dans les selles par un test très simple : le test OC Sensor®. Ce test est simple, rapide et se fait à domicile. En pratique, ce test va rechercher des traces de sang dans les selles. C’est un test immunologique qui détecte la présence de sang dans les selles. En pratique, il s’agit de frotter une sorte de batônnet à la surface des selles, de le placer ensuite dans un tube de prélèvement, et de l’envoyer dans un sachet de protection, à l’intérieur d’une enveloppe pré-affranchie fournie avec le test. Les résultats seront transmis au patient ainsi qu’à son médecin une quinzaine de jours plus tard. C’est ainsi qu’un saignement non visible peut être détecté, signe d’un polype intestinal (pas forcément cancéreux) ou d’un cancer. Si le test est dit « positif », une coloscopie doit être organisée.

Le dépistage qui a été étendu à tout notre pays en 2008, est simple à réaliser et gratuit. En clair, toutes les personnes de 50 à 74 ans, reçoivent, par courrier, une invitation à aller retirer un test chez leur médecin traitant. C’est l’occasion, pour le médecin, d’expliquer le mode d’emploi de ce test. Parfois, ce test peut même vous être envoyé par courrier.

Une fois ce test effectué, vous envoyez le tout par la poste. La réponse sera adressée, à vous et à votre médecin traitant.

  • Si le test est dit « négatif », il devra être renouvelé deux ans plus tard.
  • Si le test est dit « positif », une coloscopie est prescrite.

Dans tous les cas, les traitements et la guérison sont étroitement liés à la précocité de découverte du cancer. Les cancers détectés au stade 1 ont un taux de survie à 5 ans de plus de 90%. Même si ce test n’est pas fiable à 100%, il permet, de réduire de près de 30% la mortalité due à ce cancer. Ce test doit impérativement être répété tous les deux ans.

Chez des personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou de cancer colo-rectal, ou encore ayant eu des rectorragies (du sang dans les selles), des coloscopies seront faites précocement ou plus fréquemment pour surveiller l’apparition d’un cancer et le traiter le plus tôt possible. Et mettre ainsi toutes les chances de son côté pour le guérir.

Les patients atteints de MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin), c’est-à-dire la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique sont aussi suivis de près, car les lésions inflammatoires de ces maladies peuvent se cancériser.

Cancer du colon : la coloscopie

La coloscopie est un examen fondamental pour rechercher et diagnostiquer un cancer colique. Elle se fait sous anesthésie générale légère (la personne est à peine endormie – sédation profonde) pour le confort du patient et du médecin.

La coloscopie a un double intérêt : le diagnostic et le traitement. En effet, non seulement la coloscopie est le premier examen fiable, mais, elle permet en plus, de retirer un ou des polypes qui peuvent être ou non cancéreux.

L’endoscopiste (un gastro-entérologue) dispose des instruments nécessaires pour retirer la lésion, quand elle est superficielle (qu’elle n’a pas commencé à s’étendre dans la paroi en profondeur). Pendant longtemps, on ne pouvait retirer à la coloscopie que certaines formes de polypes dits « pédiculés », ceux qui avaient une forme de champignon avec un chapeau et un pied.

A présent, de nouvelles techniques (mucosectomie) permettent de retirer la plupart des autres polypes plus plats que les pédiculés. Pour cela, lorsque le polype n’a pas une forme de champignon, lorsque sa base est très large, le médecin injecte, à l’aide d’une aiguille, un liquide, sous le polype pour le soulever. Cela permet d‘éloigner le polype du muscle auquel il est attaché, et de l’extraire sans risque de perforer le muscle du côlon. Le médecin place un lasso autour de la base du polype, le plus près possible de la paroi du côlon. Puis il fait circuler un faible courant électrique dans cette anse métallique qu’il resserre afin de couper le polype. Le courant électrique empêche le saignement, puis le polype est retiré et examiné au microscope.

Comment se passe une coloscopie ?

En plus du gastro-entérologue, vous devez rencontrer le médecin anesthésiste pour une consultation préparatoire. La veille de l’intervention, vous devrez nettoyer votre intestin. Pour cela, le médecin vous aura prescrit un liquide laxatif à boire. Le jour de la coloscopie, vous arrivez à l’hôpital ou à la clinique, à jeun, le matin ou quelques heures avant l’examen.

L’anesthésie est de très courte durée et surperficielle (sédation profonde). Sauf problème, vous rentrez chez vous le soir même. Pendant l’intervention, un tube souple muni d’une très fine caméra est introduit par l’anus, et votre côlon est gonflé d’air pour bien visualiser l’intérieur de votre intestin.

Et après la coloscopie ?

Le ou les polypes qui vous auront été retirés devront être analysés, afin de vérifier s’ils sont cancéreux ou pas. Si les polypes ne sont pas cancéreux, une simple surveillance suffit. Si les polypes sont cancéreux, tout dépend du stade d’invasion. Si le cancer n’atteint pas la profondeur de la sous-muqueuse, la coloscopie peut être suffisante : aucune chirurgie ne sera envisagée.

S’il y a un risque d’invasion des ganglions, on devra retirer une partie du côlon avec les ganglions autour et envisager, en fonction des cas, une chimiothérapie post-opératoire dite « adjuvante ».

Tout ce qui a été enlevé lors de la coloscopie (polype ou autre tumeur) est ensuite analysé dans un laboratoire d’anatomopathologie pour rechercher des cellules tumorales en particulier malignes.

Cancer du colon : les traitements

Le traitement du cancer du côlon différe en fonction du stade d’évolution lors de la découverte et du diagnostic du cancer. L’opération chirurgicale est le traitement de référence important de ce cancer.

Généralement, si un cancer colique est découvert, une intervention chirurgicale sera programmée pour traiter la maladie. Il faut retirer la partie du côlon atteinte par la maladie. Une colectomie partielle est nécessaire.

Il y a encore quelques années, la seule opération chirurgicale se faisait par laparotomie, c’est-à-dire l’ouverture de l’abdomen ; il est désormais possible d’effectuer une colectomie par coelioscopie. Le chirurgien intervient sur l’intestin du patient, sans avoir à ouvrir la paroi abdominale.

Le chirurgien réalise trois ou quatre petites incisions au niveau du ventre dans lesquelles il introduit une petite caméra, ainsi que des instruments chirurgicaux à l’intérieur de l’abdomen. La caméra est reliée à un écran extérieur et le chirurgien opère en regardant l’écran. Du gaz carbonique est insufflé dans la cavité abdominale, ce qui permet de créer un espace entre la paroi abdominale et les viscères, et de laisser au chirurgien la place pour utiliser les instruments nécessaires. L’intérêt de cette technique est d’être moins agressive, de diminuer la durée de l’hospitalisation et le risque de complications.

Le choix entre les deux façons d’opérer (laparotomie ou coelioscopie) dépend de la localisation du cancer, mais aussi des habitudes et de l’expérience du chirurgien.

Tout ce qui est retiré lors de l’opération chirurgicale est ensuite analysée dans un laboratoire spécialisé, ce qui aide pour effectuer le bilan d’extension du cancer. Le bilan d’extension est effectué aussi en réalisant des examens complémentaires : analyses de sang, scanner… Le traitement dépendra du stade du cancer. Plus le cancer est diagnostiqué à un stade précoce de son évlotion, plus le traitement sera simple.

Voici les principaux stades du cancer du côlon :

  • Stade 1 : le cancer est localisé à la paroi du tube digestif.
  • Stade 2 : le cancer a dépassé la paroi du tube, mais les ganglions ne sont pas atteints.
  • Stade 3 : Les ganglions sont atteints et la gravité du cancer dépend du nombre de ganglions touchés. Plus ils sont nombreux, plus c’est grave.
  • Stade 4 : Le cancer a créé des métastases. Le plus souvent, ces métastases sont situées au niveau du foie, des poumons ou du péritoine.

Cancer du colon : en cas de métastases

Les éventuelles métastases (présence de cellules cancéreuses à distance de la tumeur initiale) peuvent se trouver sur différents organes en fonction du stade d’évolution du cancer : ganglions, péritoine, foie, poumons… Les traitements varient selon du stade d’évolution.

Tant que les ganglions ne sont pas atteints, l’opération chirurgicale suffit. Une chimiothérapie complémentaire est prescrite quand il existe des métastases ou une atteinte ganglionnaire.

  • Au stade 1 : les lésions cancéreuses doivent être retirées soit par coloscopie, soit par chirurgie selon la profondeur de l’atteinte.
  • Au stade 2 : la colectomie partielle doit être envisagée par laparotomie (ouverture de l’abdomen) ou par coelioscopie, en fonction de la pratique du chirurgien. Une chimiothérapie peut être prescrite si la tumeur est agressive.
  • Au stade 3 : une chimiothérapie adjuvante est nécessaire. Le cancer et les ganglions ont été retirés grâce à l’opération chirurgicale, donc, a priori, il n’y a plus de cancer, mais la chimiothérapie diminue, à ce stade, les risques de récidive et améliore ainsi les chances de guérir.

Dans ce cas, une chimiothérapie est proposée, la plupart du temps, en hôpital de jour. Cela signifie qu’il faut se rendre à l’hôpital pour recevoir son traitement pendant seulement quelques heures et que l’on peut rentrer chez soi le soir. La durée de la chimiothérapie est variable d’un patient à l’autre.

Il existe 9 différents médicaments aujourd’hui utilisés dans les traitements du cancer du côlon, utilisés seul ou en association. La chimiothérapie de référence, le FOLFOX, associe 3 médicaments (5 Fluoro-Uracil (5 FU), acide folinique et oxaliplatine), perfusée en intra-veineuse par cure de 2 jours, tous les 14 jours, pendant six mois (12 cures). Une autre chimiothérapie de référence est la protocole FOLFIRI : 5FU, irinotécan, acide folinique. 

Néanmoins, l’idée est désormais de personnaliser le plus possible la prise en charge, et donc d’adapter les protocoles de chimiothérapie pour chaque personne. En cas de métastases, les protocoles thérapeutiques différent en fonction de nombreux paramètres, comme l’état de santé du patient, son âge, l’étendue du cancer… mais aussi en fonction de certains biomarqueurs surtout quand à la chimiothérapie s’ajoutent des médicaments ciblés.

Pour ce qui concerne le cancer du côlon, aucune radiothérapie n’est nécessaire avant une intervention chirurgicale (c’est souvent le cas, en revanche, pour les cancers du rectum).

Cancer du colon : les nouveaux médicaments

Grâce à la recherche sur cancer du côlon, on peut désormais proposer des médicaments ciblés, qui s’attaquent de façon plus spécifique aux cellules cancéreuses, en épargnant davantage les cellules saines. Ces thérapies ciblées doivent cependant être associées aux chimiothérapies classiques.

Ces nouveaux médicaments de thérapie ciblée sont indiqués pour les stades avancés du cancer du côlon avec des métastases.

On dispose de deux sortes de nouveaux médicaments :

  • Des médicaments contre les vaisseaux qui alimentent le cancer

Ce sont les anti-angiogéniques. Leur cible n’est pas la cellule cancéreuse elle-même, mais les petits vaisseaux qui la nourrissent. Ces médicaments bloquent la formation des néo-vaisseaux, ces petits vaisseaux sanguins dont la mission est de fournir à la tumeur l’énergie dont elle a besoin pour grandir. Normalement, les petits vaisseaux se développent autour de la tumeur car cette dernière libère une protéine VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) qui stimule le développement des micro-vaisseaux dans la tumeur.

Le bevacizumab est un médicament, un anticorps monoclonal anti-VEGF, qui bloque ou empêche la formation de vaisseaux dans la tumeur qui, privée de nutriments, finit par régresser. Il existe aussi l’aflibercept, une protéine de fusion anti-VEGF.

Ces nouveaux médicaments peuvent engendrer des effets secondaires indésirables comme une hypertension artérielle, des saignements…

  •  Un médicament contre une protéine qui tend à stimuler le développement tumoral

Les cellules, saines ou non, se multiplient sous l’effet de plusieurs facteurs de croissance. L’un de ces facteurs a pour nom l’EGF : un puissant stimulant de la prolifération cellulaire qui peut être surexprimé dans certains cancers du côlon, c’est-à-dire beaucoup plus présent à la surface des cellules cancéreuses. 

Le principe du médicament est de bloquer le récepteur de l’EGF comme une clé ou un aimant dans une serrure. Ce sont les anti-EGF récepteurs. Il s’agit d’anticorps : le cetuximab ou le panitumumab dont le but est de bloquer la croissance cellulaire.

Cette thérapie anti-EGF est proposée à la carte en fonction du cancer dont on souffre. On peut prédire les cancers qui seront résistants au traitement. Après examen moléculaire de la tumeur (recherche d’une mutation), finalement environ 60% des personnes atteintes d’un cancer du côlon avec métastases pourront bénéficier de cette thérapie.

La peau étant riche en récepteur EGF, cette biothérapie entraîne des effets indésirables cutanés : boutons qui ressemble à de l’acné, peau sèche, panaris…

Cancer du colon : les conseils du médecin spécialiste

Interview du Pr Olivier Bouché est médecin spécialiste, gastro-entérologue et cancérologue digestif au CHU de Reims, coordonnateur de l’unité de médecine ambulatoire. Il livre ses conseils…

Doit-on toujours avoir aussi peur du cancer du côlon ?

Certes, le cancer colorectal reste une maladie grave et qui concerne de plus en plus de personnes. L’espérance de vie est meilleure dans notre pays, on vit plus vieux et on a donc plus de risques de développer ce genre de cancer. Cependant, les progrès de ces dernières années sont considérables avec presque deux tiers de malades guéris.

Les progrès ne sont pas seulement liés au dépistage…

À partir de 50 ans, tout le monde a la possibilité d’effectuer un test simple, un Hémoccult® pour vérifier s’il existe une présence de sang dans les selles. Ce dépistage systématique doit permettre de diagnostiquer beaucoup plus précocement, bon nombre de cancers colorectaux par coloscopie.
Ensuite, des progrès considérables ont été faits sur les techniques endoscopiques et chirurgicales. On peut quasiment tout opérer maintenant. Même les métastases chez environ un malade sur trois. Pour finir, les thérapies ciblées ont révolutionné l’approche de la maladie. On peut utiliser de nombreux médicaments, les anti-angiogéniques, les anti-EGF récepteur, les chimiothérapies classiques. On peut associer plusieurs stratégies de traitements, médicales, chirurgicales, radiologiques, ce qui laisse des possibilités considérables. Aujourd’hui, on peut guérir d’un cancer du côlon, même métastasé.

Peut-on vivre normalement après un cancer du côlon ?

Bien sûr. Les techniques chirurgicales sont de moins en moins agressives. On peut retirer des cancers superficiels par coloscopie sans chirurgie. La coelioscopie présente des avantages importants à la fois sur le plan esthétique mais surtout pour les suites plus simples après l’opération. Nous avons parlé du traitement, mais n’oublions pas la prévention. Certaines habitudes de vie augmentent le risque de cancer du côlon, mais également probablement de sa récidive : le tabagisme, l’alcoolisme, l’alimentation trop calorique, trop riche en graisses animales, et inversement trop pauvre en fibres alimentaires, en fruits et légumes, l’inactivité physique ou encore le surpoids. Après une opération d’un cancer du côlon, on peut donc vivre normalement, mais il faut faire attention à ce que l’on mange, essayer de ne pas trop grossir, en ayant une activité physique d’au moins 30 minutes par jour.

Quand est-il nécessaire de mettre en place un anus artificiel ?
La nécessité de poser un anus artificiel appelé colostomie (une poche externe abouchée à l’intestin, à gauche de l’abdomen) est fréquente dans le cas des cancers du rectum, mais très rares dans le cas des cancers du côlon. Cependant, lorsque l’intervention chirurgicale doit être effectuée en urgence, après une péritonite ou une occlusion intestinale, par exemple, alors pour protéger la suture et éviter les risques infectieux, un anus artificiel provisoire peut être posé à droite ou à gauche de l’abdomen. Il sera retiré lorsque la cicatrisation aura été faite le plus souvent 3 mois après l’opération.

Cancer du colon : le témoignage d’un patient

Nicole, 62 ans, raconte pourquoi elle a passé une coloscopie… A lire son témoignage.

Comment a été découvert votre cancer ?

Il y a trois ans, avant la campagne d’information sur le cancer du côlon. Tout allait bien. Je n’ai jamais eu aucun problème digestif, jamais eu mal au ventre… Et puis, un jour, je suis allée aux toilettes, comme d’habitude. Rien de particulier. Sauf, qu’au moment de tirer la chasse d’eau, j’ai vu, dans la cuvette des WC, une drôle de couleur. Rouge foncé. Mon coeur s’est arrêté. J’ai tout de suite pensé à ça. A une hémorragie. Mais, je me suis dit que j’avais dû laisser un truc coloré dans les toilettes. Que ça ne venait pas de moi. Et puis, quelques jours plus tard, ça a recommencé. J’ai eu une peur ! Je suis tout de suite allée voir mon médecin généraliste. 

Que vous a indiqué ce médecin ?

Il m’a rassurée. Il m’a dit de faire un test de dépistage. J’ai fait ça. Cela n’a rien donné. Je voulais passer une coloscopie. Mais, je voyais bien que mon médecin ne prenait pas ça très au sérieux. Il pensait que je m’inquiétais pour rien…

La coloscopie a t-elle été pénible ?

Non. Pas vraiment. Le plus pénible, c’était la veille, avec les laxatifs. Mais, la coloscopie en elle-même, rien du tout. Je suis arrivée. On m’a anesthésiée. Quelques minutes plus tard, je me réveillais, comme une fleur. Je suis rentrée chez moi, sans aucun souci. Le chirurgien m’a dit qu’il avait retiré deux polypes qui devaient être analysés. Quelques jours plus tard, il m’a rappelée. Les polypes étaient cancéreux. Mais comme ils étaient très superficiels et qu’il les avait retirés à la coloscopie, il n’y avait rien d’autre à faire. J’en suis là. Tout va bien. Je surveille. On refait des coloscopies régulièrement. Je pense qu’il ne faut pas éviter d’avoir recours à cet examen.

Cancer du colon : Sources et notes

– Inca, site visionné en 2016.

– Eude sur les délais de prise en charge des cancers du côlon et de la prostate dans plusieurs régions de France en 2012, Inca, juin 2013.

– Digestive Disease Week. “Colorectal cancer rate rising among younger people: Researchers find cancers are more advanced in those diagnosed before 50.” ScienceDaily. ScienceDaily, 24 May 2016.

– Xiaoyun Liang et al. Metabolic Phenotype and Risk of Colorectal Cancer in Normal-Weight Postmenopausal Women. Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, January 2017

– Nupur Bhattacharya et al. Normalizing Microbiota-Induced Retinoic Acid Deficiency Stimulates Protective CD8 T Cell-Mediated Immunity in Colorectal Cancer. Immunity, August 2016

Auteurs : Sylvie Charbonnier et Dr Nicolas Evrard.
Consultant expert : Pr Olivier Bouché, gastro-entérologue et cancérologue digestif au CHU de Reims, coordonnateur de l’unité de médecine ambulatoire.

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