Le cancer de l’œsophage

Le cancer de l’œsophagePin

Le cancer de l’oesophage fait partie des cancers digestifs. Il s’agit d’un cancer relativement rare.

S’il y avait un message à retenir, ce serait celui-ci : s’il vous arrive de ressentir une gêne pour avaler, ce que les médecins appellent une dysphagie, vous devez immédiatement aller consulter votre médecin. Plus tôt le cancer de l’oesophage est dépisté, meilleures sont les chances d’en guérir. Et les traitements seront moins complexes

L’oesophage se situe juste après la bouche, il est le début de notre tube digestif. L’oesophage est un muscle, de deux à trois centimètres de diamètre, et de 25 à 30 cm de longueur, qui relie notre gorge (notre larynx et pharynx) à notre estomac.

C’est donc par lui que passent les aliments que nous mangeons. En fait, nos aliments ne descendent pas dans notre estomac par la seule action de la gravitation ! Ce sont les muscles de la paroi oesophagienne, qui, se contractant, poussent les aliments jusqu’à notre estomac (les ondes formées par ces contractions sont appelées ondes péristaltiques).

L’entrée et la sortie de l’oesophage sont fermées par des sortes d’anneaux musculaires que l’on appelle les sphincters. Lorsque ces sphincters fonctionnent mal, on peut souffrir d’un reflux gastro-oesophagien. A noter qu’un reflux gastro-oesophagien non traité peut favoriser la survenue d’un cancer de l’oesophage.

Lire notre article sur le cancer de l’oesophage, rédigé avec un médecin gastro-entérologue spécialiste des cancers digestifs…

Auteur : Sylvie Charbonnier
Consultant expert : professeur Olivier Bouché, service d’hépato-gastroentérologie et de cancérologie digestive au CHU de Reims.

Cancer de l’œsophage : les causes

Le cancer de l’oesophage est dû à la formation d’une tumeur maligne dans les tissus de la paroi de l’oesophage. Il s’agit d’une maladie des cellules de l’oesophage.

Au départ, la première cellule est normale, puis elle se met à se multiplier de manière anarchique. C’est cette multiplication cellulaire anarchique qui finit par former une masse : la tumeur.

Il est évident que si rien n’est fait, à ce moment-là, la tumeur va continuer à se développer. Les cellules malignes peuvent alors se détacher et migrer vers d’autres organes ou vers des ganglions et former de nouvelles tumeurs à distance : les métastases.

Il existe deux types de cancer de l’oesophage : le carcinome épidermoïde, le plus fréquent ; et l’adénocarcinome.

1 – Le carcinome épidermoïde touche les cellules de la paroi interne de l’oesophage (les cellules de la muqueuse qui recouvre l’oesophage). Ce cancer se situe le plus souvent dans la partie haute de l’oesophage.

2 – L’adénocarcinome touche, lui, des cellules glandulaires (qui ressemblent aux cellules de l’estomac, qui fabriquent le mucus). Ce cancer se situe le plus souvent dans la partie basse de l’oesophage.

Le carcinome épidermoïde se rencontre dans 65% des cas de cancer de l’oesophage, mais sa fréquence tend à diminuer (du fait de l’hygiène de vie : moins d’alcool et moins de tabac associés).

L’adénocarcinome, lui, se rencontre dans 26% des cas, mais, à l’inverse, il tend à augmenter (il est souvent lié à l’obésité et au reflux gastro-oesophagien).

Le cancer de l’oesophage épidermoïde est parfois engendré par des antécédents de radiothérapie.

On compte, chaque année, en France, plus de 4 000 nouveaux cas de cancer de l’oesophage. Dans 75% des cas, il s’agit d’un homme, de plus de 50 ans.

Cancer de l’œsophage : les adénocarcinomes de l’oesophage

Les adénocarcinomes, moins fréquents que les formes épidermoïdes du cancer de l’oesophage, sont cependant en pleine évolution. Pourquoi ?

En France, comme dans la grande majorité des autres pays, de plus en plus de personnes se trouvent en surpoids ou sont obèses. Or, quand l’estomac est trop rempli, c’est mécanique, il a tendance à refluer. C’est un phénomène de trop plein. Les aliments sont renvoyés de l’estomac vers l’oesophage, à l’origine d’aigreurs ou de brûlures que vous ressentez parfois…

Lorsque ces reflux sont trop fréquents, ils finissent par agresser et irriter l’oesophage, c’est l’oesophagite. En réaction à cette irritation, les cellules qui tapissent l’oesophage peuvent être remplacées par des cellules glandulaires, comme celles qui tapissent l’estomac.

C’est ainsi que, dans bien des cas, peut se former un adénocarcinome. Pour éviter ces problèmes, il est donc important de surveiller son poids et de traiter un éventuel supoids. Le reflux est également favorisé par le tabagisme.

Les symptômes

Malheureusement, dans la plupart des cas, le diagnostic de cancer de l’oesophage est (trop souvent) posé à des stades déjà avancés. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas prêté attention à des signes qui auraient pu mettre en alerte.

  • Une dysphagie : c’est le premier signe d’un cancer de l’oesophage. Les aliments « accrochent » quand on les avale. On a du mal à déglutir. Il faut s’y reprendre à plusieurs fois. Lorsque cela persiste, il faut, le plus rapidement possible aller consulter son médecin.
  • Des régurgitations (des renvois) : cela peut être le signe d’un reflux gastro-oesophagien. Un hoquet persistant. Une haleine fétide : cela peut provenir de la stagnation des aliments dans l’oesophage. Ils ne « descendent » pas assez vite et ça se sent.
  • Des douleurs au niveau du thorax ou des brûlures d’estomac régulières.
  • Un enrouement de la voie qui persiste plus de deux semaines ou une toux chronique.
  • Des vomissements de sang.
  • Une altération de l’état général : on n’a pas faim, on se sent fatigué et on perd du poids. Il faut aller consulter.

Il peut arriver que le cancer de l’oesophage ne donne aucun signe. Il peut alors être découvert dans le cadre d’un bilan médical, dans le cadre du suivi à distance d’un cancer des voies respiratoires ou dans le cadre du bilan d’une cirrhose alcoolique.

Cancer de l’œsophage : les examens

D’abord, votre médecin va vous examiner. Il va vous poser des questions sur vos habitudes de vie : tabac, alcool… Il va effectuer un examen clinique à la recherche de ganglions (des adénopathies) au niveau du cou ou dans le creux des clavicules.

Il va également tâter votre foie pour vérifier s’il a grossi ou non (une éventuelle hépatomégalie).

En cas de doute, le médecin vous fera effectuer une endoscopie, avec biopsie.

On vous fait avaler un petit tube muni d’une mini-caméra et d’un fin canal permettant d’introduire une petite pince : la caméra permettra au médecin de visualiser, sur un écran, l’intérieur de votre oesophage. La petite pince permettra de prélever un peu de tissu oesophagien pour l’analyser ensuite en laboratoire.

L’analyse au microscope de la biopsie permettra de déterminer de quel type de cancer il s’agit (s’il existe bien un cancer).

Le scanner thoraco-abdominal et l’écho-endoscopie ont pour objectif d’évaluer l’extension de la maladie.

Cancer de l’œsophage : les traitements

Les deux traitements possibles d’un cancer de l’oesophage sont la radio- chimiothérapie ou la chirurgie. Mais cette chirurgie peut être précédée d’un traitement de chimiothérapie (pour faire diminuer la taille de la tumeur avant l’intervention, par exemple). Dans certains cas, les médecins choisiront de combiner plusieurs traitements : la chimio, la radiothérapie et la chirurgie.

1 – La chirurgie

Le chirurgien peut être amené à retirer tout ou une partie de l’oesophage.
Si la tumeur est superficielle, un gastro-entérologue peut ne retirer que la partie atteinte, au cours d’une endoscopie. Cela n’est possible que dans le cas de tumeurs de petit volume et très superficielles.

Si la tumeur est plus avancée, le chirurgien pourra retirer une partie de l’oesophage (ou sa totalité). Cela dépend de l’emplacement de la tumeur. Si la tumeur est située tout en bas de l’oesophage et qu’elle risque de contaminer l’estomac, l’estomac devra également être retiré.

Une fois l’oesophage enlevé, le chirurgien devra relier ce qu’il en reste à l’estomac.

Parfois, il sera nécessaire de remplacer l’oesophage par un morceau d’intestin.

Dans les cas où l’intervention est impossible, la tumeur étant trop envahissante, un tube (prothèse) peut être introduit dans l’oesophage pour l’écarter et permettre aux aliments de passer.

L’intervention chirurgicale effectuée pour un cancer de l’oesophage est une opération assez importante. Après l’opération, la dysphagie peut éventuellement réapparaitre. Pour la traiter, une dilatation de l’oesophage ou la pose d’une prothèse peuvent être nécessaires.

Une diarrhée persistante peut être traitée par des antidiarrhéiques.

Le syndrome du petit estomac (la satiété précoce, on est vite rassasié) nécessite de fractionner les repas.

2 – La chimiothérapie et radiothérapie.

Dans les stades avancés d’un cancer de l’oesophage, les médecins pourront associer 2 autres traitements, radiothérapie et chimiothérapie : soit, sans opération, soit avant l’intervention chirurgicale, pour diminuer la taille de la tumeur, soit après l’intervention, pour éliminer les éventuelles cellules cancéreuses restantes. La radio-chimiothérapie est de plus en plus souvent recommandée pour les adénocarcinomes.

Il faut savoir que la stratégie thérapeutique ne vous est pas imposée par un médecin seul. Elle est proposée par une équipe pluridisciplinaire après discussion en réunion (une « RCP »). Elle n’est démarrée qu’avec votre accord. Il est important que vous soyez informé de ce qui va vous être fait et des effets plus ou moins gênants que cela entraîne.

Pour cela, un programme personnalisé de soin (PPS) vous est remis, ainsi qu’à votre médecin traitant. C’est votre feuille de route personnelle pour le traitement du cancer de l’oesophage.

Cancer de l’œsophage : suivi et surveillance

Après les traitements, le suivi, une surveillance médicale du patient sont mis en place. L’examen clinique est le plus important : tous les trois mois pendant 2 ans, tous les six mois, ensuite avec surveillance de votre poids.

Les autres examens sont facultatifs :

  • La fibroscopie (endoscopie) : tous les 6 mois pendant 2 ans, tous les ans ensuite.
  • Le scanner : tous les 6 mois pendant 2 ans.
  • L’examen ORL : tous les ans.

Si les symptômes réapparaissent, les douleurs, l’amaigrissement, la dysphagie, la toux, vous devez immédiatement aller consulter. Il peut s’agir d’une récidive.

Sources et notes

– Site de l’Institut National du Cancer, 2014.

– Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique, Cancer de l’oesophage, Guide – Affection de longue durée, HAS, 2011

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