L’artérite, ou Artériopathie Obstructive des Membres Inférieurs (AOMI), est une affection chronique et évolutive des artères des membres inférieurs (dans les jambes), les vaisseaux qui conduisent le sang du coeur vers les organes et les membres inférieurs. Cette pathologie entraîne le rétrécissement progressif des artères des jambes, qui peut aller jusqu’à leur occlusion complète. Ce rétrécissement va provoquer une douleur à la marche chez le patient, parce que si les artères sont obstruées il y a moins de sang qui arrive aux muscles.
L’artérite est malheureusement une pathologie très répandue en France, mais trop souvent sous-diagnostiquée, sous-traitée et sous-évaluée.
Environ 1 patient sur 5, ayant plus de 65 ans et présentant des facteurs de risque cardio-vasculaires, a une artériopathie. Il s’agit souvent de lésions artérielles très modérées qui vont malheureusement s’aggraver avec le temps, si ces personnes ne changent pas leur mode de vie.
Un diagnostic au stade initial de la maladie permet de faire en sorte que son évolution ne soit pas péjorative. Le dépistage précoce de la maladie à un stade asymptomatique est donc recommandé chez les sujets à risque : la mesure de l’Index de Pression à la Cheville chez tout patient à risque cardio-vasculaire devrait être un geste réflexe. Pour en savoir plus, lire cet article rédigé avec un médecin vasculaire…
Artérite : Les causes
La cause de l’artérite est multifactorielle. Les artères se rétrécissent progressivement à cause de dépôts d’athérome (sang, tissu fibreux, graisse, dépôts calcaires), qui font que les parois artérielles vont s’épaissir, jusqu’à obstruer. Cela entraîne une diminution de l’arrivée de sang dans les artères des membres inférieurs.
Le facteur de risque numéro 1 est le tabac : 85% des personnes qui souffrent d’artérite sont ou ont été des fumeurs. Le cholestérol, l’hypertension, le diabète, la sédentarité, le surpoids et l’hérédité sont également des facteurs de risque. S’il y a des précédents d’artérite dans la famille, une personne aura plus de risques de développer cette pathologie.
La prise de la pilule anticonceptionnelle, par contre, n’est pas un facteur de risque de l’artérite des membres inférieurs. La pilule peut provoquer des accidents vasculaires chez des femmes présentant certains facteurs de risques, mais ils sont déclenchés par un mécanisme complètement diffèrent.
L’Artériopathie Obstructive des Membres Inférieurs (AOMI) peut être associée, dans 60% des cas, à une atteinte poly-vasculaire. Le patient peut, en effet, avoir des lésions touchant les artères coronaires, carotidiennes, cérébrales. Un rétrécissement sévère de ces artères peut provoquer un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde (selon l’artère touchée).
Quand on a une artérite dans les jambes, le médecin va rechercher les éventuelles autres localisations potentielles de la maladie, même quand la maladie en est à son début.
Si elle n’est pas traitée, l’artérite provoque une occlusion des artères qui peut entraîner une gangrène, voire une amputation de membre.
Artérite : Les symptômes
Dans son stade initial, l’Artériopathie Obstructive des Membres Inférieurs (AOMI) ne présente pratiquement pas de symptômes.
Le premier signe d’une artérite se manifeste quand l’apport de sang dans les artères commence à être insuffisant, avec une claudication d’effort : une douleur intense aux mollets à la marche, semblable à une crampe, qui oblige le patient à s’arrêter. Quand ils sont soumis à un effort, les muscles ont besoin de recevoir davantage de sang et d’oxygène, ce qui n’est pas possible à cause du rétrécissement des artères. C’est donc ce manque d’apport sanguin dans les membres inférieurs qui provoque la douleur.
Le périmètre de marche (PM : distance d’arrêt de la marche) sera l’indicateur de l’état d’évolution de la maladie. Si la claudication est « large » et se situe à 500-700 mètres, l’artérite est modérée ; elle devient « serrée » à partir de 50-100 mètres, et indique que la maladie se trouve à un stade beaucoup plus évolué.
Si le patient commence à avoir mal en permanence, cela veut dire que la maladie est à un stade ultime de gravité, où le patient risque sérieusement une ischémie. Dans ce cas, il faudra intervenir en urgence : la chirurgie ou un geste endovasculaire représentent les traitements de référence.
Artérite : Le diagnostic
Le premier examen est clinique : généralement c’est le médecin généraliste qui diagnostique l’artérite. Le patient va souvent le voir en décrivant une claudication (une boiterie). Il va analyser son état général, prendre la tension artérielle, palper les pouls, évaluer la température de la jambe.
L’examen le plus simple pour diagnostiquer une artérite, et qui peut être réalisé par tout médecin, est la mesure de l’Index de Pression à la Cheville (IPS) avec une sonde doppler. Il s’agit d’un petit appareil qui permet d’écouter et d’enregistrer le passage de sang dans l’artère. Cet examen prend 8-10 minutes : le médecin met un appareil à tension au niveau de la cheville du patient et, ensuite, il rapporte la valeur de sa pression à la cheville avec celle qu’on mesure au bras. Définition de l’artérite : un patient qui a une claudication et qui a un index de pression à la cheville qui est inférieure à 0.90.
Une fois l’artérite confirmée par l’index de pression à la cheville, il faut faire un écho-doppler complet. Cet examen va se faire sur les artères des membres inférieurs, l’aorte, les carotides. Cet examen est indolore et ne présente pas d’effets secondaires.
La prévention
Pour toute personne à risque d’artérite la prévention s’avère importante et se base surtout sur des habitudes de vie très simples qui caractérisent une bonne hygiène de vie.
La prévention de l’artérite repose sur la correction des facteurs de risques cardio-vasculaires : arrêter de fumer, perdre du poids, faire de l’activité physique, corriger le cholestérol, traiter l’hypertension artériellle, etc.
La recommandation la plus importante est de faire au moins 30 minutes par jour de marche active : plus il va marcher, plus le patient va développer une circulation collatérale accessoire, qui va assurer un pontage physiologique des artères.
Plus on met en pratique ces consignes, plus on corrige ces facteurs de risque cardio-vasculaires, moins on a de risques de développer des lésions sur les artères périphériques.
Artérite : Les traitements
Pour prévenir la survenue de graves problèmes cardio-vasculaires, il est recommandé que tout patient souffrant d’une artérite suive à vie trois traitements pharmacologiques (trithérapie) :
– Un anti-agrégant plaquettaire (aspirine ou clopidogrel), un médicament qui évite les dépôts sur les artères en fluidifiant le sang.
– Une statine en cas d’ hypercholestérolémie, il agit comme protecteur cardio-vasculaire.
– Un inhibiteur de l’enzyme de conversion, protecteur cardiovasculaire général.
Quand on décide qu’il n’y a pas d’autre traitement à mettre en place que le traitement pharmacologique, le médecin vasculaire revoit les patients une fois par an. En revanche, il est préconisé que le médecin généraliste voit le patient plus souvent : une fois par trimestre.
Le traitement chirurgical
75-80% des patients qui ont une artérite au stade de la claudication ne sont traités qu’avec les médicaments. Les 20-25% restants peuvent faire l’objet d’une revascularisation chirurgicale par deux techniques différentes et complémentaires :
– L’ angioplastie : une dilatation artérielle réalisée par voie endo-vasculaire, souvent associée à la mise en place d’un stent (ressort qui évite la récidive de rétrécissement de l’artère). Ce procédé permet la dilatation des artères en cas de rétrécissement très isolé.
– Le pontage artériel : une technique qu’on réalise chez les patients qui ont des lésions complexes et très diffuses, surtout de l’aorte et de l’artère iliaque fémorale.
Les patients qui seront soumis à ces interventions devront suivre à vie le même traitement médicamenteux que les autres (voir plus haut). Et cela parce que la chirurgie intervient sur une situation ponctuelle, mais elle ne traite pas la maladie.
Artérite : Sources et notes
> Recommandations pour la pratique clinique. Prise en charge de l’artériopathie chronique oblitérante athéroscléreuse des membres inférieurs (indications médicamenteuses, de revascularisation et de rééducation). avril 2006, HAS.
> Haute Autorité de Santé. Prise en charge de l’artériopathie oblitérante athérosclérotique des membres inférieurs. Indications médicamenteuses, chirurgicales et de rééducation. HAS ; 2006.
Auteur : Elide Achille
Consultant expert : Dr Jean-Pierre Laroche, Médecin vasculaire, CHU Montpellier.