L’ amnésie vient du grec “amnesia” qui veut dire manque de mémoire. La mémoire étant le stockage et/ou la récupération des informations nouvellement acquises par le système nerveux.
L’amnésie est par conséquent l’incapacité pathologique à apprendre des informations nouvelles ou à se souvenir d’informations déjà acquises.
Il ne faut pas confondre l’amnésie avec l’oubli, qui est le processus par lequel les informations emmagasinées se perdent avec le temps. S’il n’y avait pas l’oubli, notre cerveau serait encombré de tout un tas d’informations inutiles. L’oubli permet donc le délestage d’informations sans intérêt.
La mémoire est un phénomène complexe qui dépend de plusieurs composantes, parmi lesquelles : les capacités d’attention, d’encodage, de stockage et de récupération de l’information. Celles-ci dépendent elles-mêmes de multiples facteurs, à la fois internes et externes. Les capacités cérébrales, bien sûr, mais aussi le contexte environnemental, la forme physique, l’état psychique, l’intérêt pour l’information, etc.
La mémoire peut ainsi être altérée de manière fugace chez tout individu. Cependant, lorsque l’amnésie n’est plus contextuelle, qu’elle se répète au quotidien, et qu’elle dénote par rapport aux simples « trous » de mémoire habituels, il peut être important de consulter.
L’amnésie peut d’ailleurs être le premier symptôme de la démence la plus commune : la maladie d’Alzheimer.
Amnésie : Les symptômes
L’amnésie peut être transitoire ou permanente. On distingue deux catégories temporelles d’amnésie : l’amnésie rétrograde et l’amnésie antérograde.
> L’amnésie rétrograde : c’est l’incapacité à se remémorer des faits anciens (vient d’une racine latine voulant dire “aller vers l’arrière”).
Exemple de symptôme : incapacité à se remémorer des souvenirs de vacances ou de lieux de vie d’il y a dix ans.
> L’amnésie antérograde : c’est incapacité à se remémorer des faits récents (vient d’une racine latine voulant dire “aller vers l’avant”). Le sujet n’arrive donc plus à construire de nouveaux savoirs et apprentissages.
Exemple de symptôme : impossibilité à se rappeler du nom de quelqu’un qu’on vient de rencontrer.
On peut également définir l’amnésie en fonction du type de mémoire concerné. L’homme présente au moins deux types qualitatifs de stockage des informations : la mémoire déclarative et la mémoire non déclarative.
Ces mémoires ne sont pas situées dans les mêmes zones du cerveau. En fonction de la région cérébrale qui sera endommagée, on aura donc différents types d’amnésie :
1) L’amnésie concernant la mémoire déclarative (ou explicite).
La mémoire déclarative concerne le stockage et la récupération de données qui peuvent émerger à la conscience et être exprimées par le langage. Cette mémoire est située dans une région cérébrale appelée “l’hippocampe”. On distingue la mémoire déclarative sémantique et la mémoire déclarative épisodique:
> Mémoire sémantique : c’est la mémoire généralisée.
Exemple de symptôme : oublier le sens d’un mot, le nom du président, etc.
> Mémoire épisodique: c’est la mémoire autobiographique.
Exemple de symptôme : ne plus se souvenir de la date et du lieu des dernières vacances en famille.
2) Amnésie concernant la mémoire non déclarative (ou implicite).
La mémoire non déclarative n’est pas accessible dans les détails à la conscience. Elle comporte différents types de mémoire, localisées chacune dans des endroits précis du cerveau. Parmi celles-ci : la mémoire procédurale. Elle représente les habitudes, les actes que nous avons appris et que nous faisons sans avoir conscience de la façon précise dont il faut les réaliser. Cette mémoire est localisée entre autres dans une zone profonde du cerveau dénommé le “striatum”.
Exemple : rouler à bicyclette, jouer du piano, taper sur un clavier d’ordinateur.
> L’amorçage ou priming : phénomène inconscient qui fait qu’on retient plus facilement les dernières données énoncées.
> L’apprentissage associatif (pavlovien) : un chien dont le son d’une cloche est associé au moment du repas va, au bout de quelques jours, saliver au son de la cloche.
> L’apprentissage non associatif (voies réflexes).
Toute atteinte de la région cérébrale impliquée dans l’une de ces quatre catégories de mémoire implicite pourra donc entraîner une amnésie particulière portant sur les facultés permises par le type de mémoire lésée.
Amnésie: Les causes
De nombreuses formes d’atteintes cérébrales peuvent endommager la mémoire et altérer de nouveaux apprentissages :
> Un accident ou un traumatisme physique touchant le cerveau,
> Des maladies atteignant le cerveau, comme un accident vasculaire cérébral, une tumeur cérébrale, une infection cérébrale, la maladie d’Alzheimer, la syphilis avec atteinte neurologique, d’autres démences, l’ épilepsie, etc.
> Une opération neurochirurgicale avec une ablation d’une partie du cerveau.
> Les causes toxiques : intoxication alcoolique aigue, intoxication au cannabis ou autres substances neurotoxiques, syndrome de Korsakoff, intoxication au monoxyde de carbone…
En fonction de la zone cérébrale endommagée, le type de mémoire atteint sera différent. Par exemple, toute atteinte de la région de l’hippocampe pourra entraîner une amnésie sémantique et /ou procédurale. C’est le cas dans la maladie d’Alzheimer, où l’hippocampe diminue peu à peu de volume, et perd progressivement de plus en plus de neurones, jusqu’à s’étendre à d’autres zones du cerveau. C’est pourquoi les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer concernent la mémoire.
Les causes d’une amnésie peuvent également être psychiques. Il en existe plusieurs types : conversion hystérique, somatisation, amnésie dissociative. Cette dernière est une sorte de « trou noir » qui survient après un choc psychologique ou un traumatisme.
Quant aux simples trous de mémoire, qui arrivent à tout un chacun, sans qu’ils aient un caractère pathologique, les causes peuvent être très variées : fatigue, désintérêt, manque de concentration, stress, manque de confiance en soi, manque de sommeil, etc.
Amnésie : Les traitements
Le traitement de l’amnésie est celui de sa cause. Car l’amnésie est plus un symptôme qu’une maladie. C’est pourquoi, devant une amnésie, le médecin devra d’abord analyser attentivement le type d’amnésie, et effectuer un examen clinique poussé.
En fonction du type d’amnésie, des antécédents, et de l’existence, ou non, d’autres symptômes neurologiques, le médecin pourra envisager une cause plus précise. Aussi, un examen attentif des fonctions cognitives permettra d’évaluer l’existence ou non d’une démence. Face à une amnésie avérée, la prescription d’une imagerie (scanner, IRM) s’avère le plus souvent nécessaire. Même si certaines atteintes cérébrales de la mémoire ne sont pas visibles à l’imagerie.
Si l’amnésie est le symptôme d’une lésion cérébrale, le traitement sera médicamenteux, ou neurochirurgical (si tumeur par exemple), le souvent dans le cadre hospitalier.
Si l’amnésie témoigne d’un début de maladie d’Alzheimer, le traitement médicamenteux devra être mis en place le plus précocement, afin de ralentir l’évolution de la maladie. Et bien sûr d’autres traitements spécifiques de la maladie seront mis en place…
Si l’amnésie est consécutive à une prise de produits toxiques (drogues), celle-ci devra être sevrée, parfois dans un cadre hospitalier.
Enfin, si l’amnésie est d’origine psychique (lorsque les autres causes cérébrales ont été éliminées), le traitement le plus approprié est la psychothérapie, ou tout au moins le soutien psychologique.
Amnésie: Sources et notes
– C. Derouesné, Sémiologie des troubles de la mémoire, Encyclopédie Médico-chirurgicale psychiatrie, 2007.
– Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs. Recommandation de bonne pratique. HAS. 2009.