Les acariens sont des insectes microscopiques. Il existe des centaines d’espèces d’acariens, mais ceux qui sont responsables des allergies respiratoires les plus fréquentes sont les acariens de la poussière de maison.
Ces insectes invisibles à l’oeil nu vivent dans des endroits un peu confinés, comme les literies, les matelas, les oreillers, les rembourrages de canapé, tous ces lieux qui sont à l’abri de la lumière et de l’aération, et qui sont en contact avec la peau humaine. Les débris de peau morte sont en effet une nourriture de choix pour les acariens, de plus la température et l’humidité du lit sont idéaux pour eux.
Ils ne vivent que trois mois, mais ils peuvent se reproduire par millions dans les habitations, en profitant de la chaleur et de l’humidité. Ils sont rares dans des environnements de montagne au-delà de 1 200 mètres d’altitude, ainsi que dans les zones désertiques.
Les personnes les plus exposées à ce type d’allergie sont celles qui ont un terrain allergique favorable (qui ont déjà des problèmes d’asthme ou d’ eczéma, par exemple), ou qui ont un terrain allergique familial.
L’environnement dans lequel on vit peut également avoir un poids dans le développement d’une allergie aux acariens : si on passe beaucoup de temps dans des endroits riches en acariens, on a plus de risques de développer une réaction allergique par rapport à ces insectes microscopiques.
Allergie aux acariens : Les causes
La cause de l’allergie aux acariens est leur présence dans nos habitations : ils sont responsables d’environ 50% des manifestations allergiques chez l’homme. Ces insectes sont présents même dans les environnements les plus propres, avec des pics à la fin de l’automne et en hiver, quand les habitations sont plus chauffées et moins aérées.
Le système immunitaire des personnes allergiques aux acariens perçoit ces insectes, normalement bien tolérés par l’homme, comme dangereux. L’allergie est une réaction inflammatoire inappropriée de l’organisme contre cet allergène. La réaction allergique va être déclenchée par le fait qu’on entre en contact avec des acariens ou de débris d’acariens, qui peuvent pénétrer dans les voies respiratoires, dans les yeux et dans la bouche.
En présence d’acariens, l’organisme va dans un premier temps s’y sensibiliser, c’est-à-dire programmer des réactions de défense, ensuite chaque contact déclenchera des symptômes (en général respiratoires), dus à la libération de substances inflammatoires.
Il n’y a pas un âge spécifique auquel on peut développer une allergie aux acariens. Toutefois, ce type d’allergie se manifeste souvent dès la petite enfance. Elle devient au contraire plus rare après 65 ans environ.
Les personnes qui souffrent d’une allergie aux acariens ont souvent une prédisposition personnelle ou familiale aux allergies. Par exemple, les asthmatiques sont souvent concernés par une allergie à ces insectes.
Allergie aux acariens : Les symptômes
Les symptômes de l’allergie aux acariens sont les mêmes des autres allergies respiratoires :
- éternuements,
- larmoiements,
- nez qui coule,
- nez qui gratte,
- nez qui se bouche,
- toux,
- palais qui gratte,
- conduits auditifs qui démangent,
- conjonctivite,
- yeux rouges
- yeux qui grattent.
Dans les cas les plus graves, on peut même développer un asthme.
Quand ces symptômes se présentent fréquemment et de façon persistante, avec un pic en automne et en hiver (les moments dans lesquels on a tendance à aérer moins les espaces), ils évoquent une allergie aux acariens.
Les signes de l’allergie aux acariens se manifestent plus souvent la nuit et au petit matin, les moments où on passe le plus de temps à contact avec la literie.
Si les symptômes s’aggravent dans des endroits peu aérés et où il y a une vieille literie, c’est-à-dire des lieux où les acariens se développent beaucoup plus (par exemple, dans des vielles maisons de campagne, dans des greniers…), c’est un signe d’allergie aux acariens.
Au contraire, ils disparaissent en montagne, puisque les acariens n’arrivent pas à survivre au-delà de 1 200 mètres d’altitude.
Si de tels symptômes surviennent, il faut consulter, son médecin généraliste bien sûr, mais aussi un allergologue. Le médecin examine le patient et propose d’éventuels examens complémentaires.
Allergie aux acariens : Le diagnostic
Le diagnostic de l’allergie aux acariens, comme tout diagnostic allergologique, repose sur trois critères. Le premier critère repose sur les réponses aux questions du médecin : en présence de symptômes évocateurs d’une allergie respiratoire dans des situations où on est particulièrement exposé à la poussière, il est conseillé de consulter un allergologue, qui commencera par poser au patient des questions pour se faire une idée de son état de santé et des facteurs déclenchants de l’allergie.
Deuxièmement, le patient sera soumis à un test allergologique : un test que l’on fait sur la peau du bras, où on dépose une petite goutte des allergènes qu’on veut tester, en faisant une petite griffe superficielle. Cela ne fait pas mal ! On attend un quart d’heure et si la personne est allergique à un allergène, sa peau deviendra rouge et légèrement gonflée. Ces tests cutanés allergologiques peuvent être effectués dès les premières années de vie.
Si, malgré les résultats des tests cutanés, on a un doute sur la nature de l’allergie, on peut procéder avec une prise de sang, afin de doser les anticorps qui sont responsables des allergies (IgE), dirigés contre les acariens.
En fonction du diagnostic et si une allergie aux acariens est établie, le médecin propose des solutions…
Allergie aux acariens : Les traitements
En cas d’allergie aux acariens, plusieurs traitements sont possibles. Il y a des différents niveaux d’intervention.
Une fois que le diagnostic de l’allergie a été établi, la première chose à faire est d’essayer de diminuer la quantité d’acariens présente dans l’environnement à travers des mesures d’éviction : faire un ménage fréquent et soigné de l’habitation, en utilisant un aspirateur ayant un filtre anti-acariens HEPA 13 (High Efficiency Particulate Air), éviter d’avoir une accumulation de poussière en dépoussiérant avec un chiffon humide, bien aérer les pièces, renouveler souvent la literie et les oreillers, en privilégiant des tissus anti-acariens (il faut savoir que après deux ans d’utilisation, 10% du poids d’un oreiller est constitué d’acariens !).
Si on fait des travaux, il faut opter pour des matériaux lavables (parquet ou carrelage au sol au lieu qu’une moquette). Il faut éviter de cumuler de la tapisserie et des tissus qui retiennent la poussière et qui sont difficiles à laver.
Le deuxième niveau d’action consiste à administrer des médicaments qu’on appelle symptomatiques, c’est-à-dire qui agissent sur les symptômes de l’allergie en les soulageant. Il s’agit en général de médicaments de la famille des antihistaminiques. On peut acheter ces médicaments en pharmacie en vente libre par boites de 7 comprimés.
Souvent, toutefois, en cas d’allergie aux acariens, le patient a besoin d’un traitement prolongé qui peut être prescrit par le médecin généraliste ou par l’allergologue. Les antihistaminiques actuellement en commerce ne provoquent – pour certains – plus de somnolence. Ce traitement peut être complété par des gouttes antiallergiques, ou à base de cortisone, à mettre dans les yeux ou dans le nez, pour soulager les sensations de gêne. En cas d’asthme, il faut mettre en place un traitement spécifique.
Un autre traitement intéressant est de se faire désensibiliser.
Allergie aux acariens : La désensibilisation aux acariens
Enfin, il y a la désensibilisation, le seul traitement qui agit sur le mécanisme de l’allergie et qui peut stopper les réactions allergiques vers l’allergène. Tout en étant efficace contre les symptômes de l’allergie, ce traitement agit également sur les réactions immunitaires, en particulier en installant progressivement une tolérance aux acariens : il vise à réapprendre à l’organisme à supporter la présence de ces insectes.
La désensibilisation diminue le risque d’apparition d’autres allergies : les muqueuses respiratoires étant moins irritées, elles sont moins perméables aux autres allergènes. Elle est également utile pour prévenir l’apparition d’un asthme, surtout chez les enfants. On peut se faire désensibiliser à partir de 5 ans.
Ce traitement, remboursé par la Sécurité sociale, existait autrefois uniquement sous forme injectable et maintenant sous forme de gouttes sublinguales qu’on prend tous les jours. Il commence à montrer son efficacité au bout de trois ou quatre mois, et il faut le poursuivre pendant environ trois ans.
La durée d’action du traitement est variable, mais en général elle couvre plusieurs années (3 à 5). Les effets secondaires sont rares et minimes : il peut y avoir des picotements ou des gonflements sous la langue, qui durent quelques minutes. En général, on peut dire que le traitement de désensibilisation aux acariens est assez bien toléré.
Allergie aux acariens : Sources et notes
– Le grand livre des allergies, Fédération française d’allergologie, Ed. Eyrolles, 2014.
– L’élimination des acariens à la maison, Société canadienne de l’asthme, 2010.
– Asthme, allergies et maladies respiratoires, Afsset, 2006.
Auteur : Elide Achille
Consultant expert : Dr Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue.