L’allergie alimentaire chez l’enfant

allergie alimentaire chezPin

« L’ennemi est dans l’assiette. Embusqué, prêt à déclencher une allergie et à s’allier à d’autres allergènes… ». Cette phrase résume bien le combat quotidien des familles confrontées à une allergie alimentaire.

En France, le problème touche plus de 2 millions de personnes, et survient souvent dès l’enfance. Plus de 5 % des enfants de moins de 15 ans souffrent d’une allergie alimentaire.

Le nombre de personnes touchées par les allergies alimentaires a assez fortement augmenté. Cette augmentation est en grande partie due à une meilleure connaissance de l’allergie alimentaire, à un terrain génétique apte à produire des anticorps, à une exposition à de nouveaux aliments ou à des aliments exotiques par l’internationalisation de menus, à la présence d’allergènes masqués dans les plats tout préparés…

Ce qu’il y a d’inquiétant dans ce type d’allergie est qu’en respirant simplement des fumées contenant l’allergène, l’enfant risque de développer une réaction allergique. Par simple contact sur la lèvre, et l’enfant peut là encore hyper-réagir et développer une crise d’allergie (attention de ne pas confondre avec l’intolérance alimentaire – lire plus loin).

Dans cet article rédigé avec un médecin allergologue fait le point sur les causes, les symptômes et les traitements (en particulier le régime) pour les enfants souffrant d’une allergie alimentaire.

Allergie alimentaire chez l’enfant : les causes

L’allergie alimentaire correspond à une réaction exagérée du système immunitaire à un aliment qu’il reconnaît comme étant dangereux. L’allergie alimentaire peut toucher les personnes de tout âge, mais surtout les enfants. Elle a la particularité d’être souvent la manifestation inaugurale de la maladie allergique, et débute généralement avant l’âge de 6 mois.

Dans la plupart des cas, l’allergie alimentaire s’exprime dans les minutes, voire les heures qui suivent l’exposition à l’allergène alimentaire. C’est donc lui qui est en cause. Cette réaction peut survenir quel que soit le mode de contact avec cet aliment :

> Le plus souvent, après avoir consommé l’aliment.

> Après un contact sur la peau : par exemple, un enfant allergique à la cacahuète (arachide), peut développer une réaction après avoir joué avec une console de jeu, utilisée auparavant par un autre membre de sa famille ayant consommé des cacahuètes.

> Après avoir inhalé l’allergène : on peut développer une réaction allergique après avoir respiré des fumées de cuisson de l’aliment allergène.

La cause est une hyper-réaction du système immunitaire à une substance – un allergène – vis-à-vis duquel, l’organisme réagit de manière anormale.

Pour bien comprendre les causes d’une allergie alimentaire chez l’enfant, il faut bien différencier allergie vraie ; et intolérance alimentaire.

Une intolérance alimentaire peut provoquer des symptômes très semblables à ceux d’une allergie alimentaire, mais le système immunitaire n’est pas impliqué de la même façon. Les principaux symptômes d’une intolérance alimentaires (comme par exemple l’ intolérance au lactose) sont des flatulences, des maux de ventre et une diarrhée.

L’allergie alimentaire est la réaction de l’organisme à une substance qu’il considère comme étrangère : l’allergène. Il s’agit d’une réponse du système immunitaire à un aliment après sa consommation, parfois après un contact sur la peau ou simplement en respirant son odeur.
L’intolérance alimentaire est invalidante, mais ne présente pas de risque vital, contrairement à l’allergie alimentaire.

Allergie alimentaire chez l’enfant : les symptômes

Les symptômes d’une allergie alimentaire apparaissent généralement très rapidement (jusqu’à 4 heures après l’ingestion de l’aliment en cause).

Des signes cutanés : la dermatite atopique est la manifestation principale de l’allergie alimentaire chez l’enfant. Il s’agit d’un eczéma, la peau est rouge, parfois même suintante… L’urticaire chez l’adulte et l’enfant, peut être une autre manifestation. Les réactions urticairiennes peuvent être très impressionnantes, surtout s’il s’agit d’une urticaire généralisée ou géante, d’un œdème généralisé ou d’un œdème des muqueuses de la gorge ( œdème de Quincke).

Le syndrome oral : il s’agit d’un picotement du fond de la gorge, d’un gonflement des lèvres et, éventuellement d’une gêne pour avaler. Il est particulièrement fréquent chez les personnes souffrant d’une allergie croisée au pollen.

Des symptômes respiratoires et oculaires : les symptômes touchant le nez (rhinite allergique) et les yeux (conjonctivite allergique) peuvent être à la fois des manifestations de l’allergie alimentaire, et parfois des signes avant-coureurs d’une réaction allergique sévère.
La crise d’asthme atteint les voies pulmonaires et se manifestent par des sifflements à la respiration, une toux, et une gêne respiratoire parfois majeure.

Des signes digestifs : les symptômes digestifs les plus classiques de l’allergie alimentaire sont les nausées, les vomissements, les diarrhées et les douleurs abdominales.

Le choc anaphylactique : c’est la manifestation clinique la plus grave qui nécessite un traitement médical immédiat. Il débute souvent par une sensation de malaise, avec démangeaisons suivie d’une urticaire et d’une gêne respiratoire. Parfois une perte de connaissance associée à une chute de tension est observée. A l’extrême, il peut se traduire par un arrêt cardiaque.

La voie de l’allergène, la dose d’allergène consommée et la fréquence d’exposition à cet allergène vont influencer le type et la gravité de la réaction allergique.

Allergie alimentaire chez l’enfant : le diagnostic

Le diagnostic de l’allergie alimentaire est parfois délicat.

Lors de la consultation, le médecin commence par poser de très nombreuses questions (sur les antécédents familiaux, sur les conditions de survenue des symptômes…), suivies d’un examen clinique et d’une enquête alimentaire basée à partir du relevé de l’ alimentation sur 7 à 15 jours.

Ces investigations orienteront la réalisation de tests cutanés (prick tests) simples d’utilisation, fiables et non douloureux. Ces tests cutanés sont effectués au cabinet de l’allergologue.

S’ils se révèlent positifs, ces tests cutanés traduisent une sensibilité alimentaire. Ils peuvent éventuellement être complétés par une prise de sang pour un dosage d’anticorps, et par la réalisation, si nécessaire d’un test de provocation mesurant l’hyperréactivité pour le ou les aliments incriminés.

Les tests de provocation orale restent essentiels dans le diagnostic de l’allergie alimentaire. Ils sont réalisés sous haute surveillance, en milieu hospitalier, et utilisés pour confirmer un diagnostic dont on n’est pas sûr.

Allergie alimentaire chez l’enfant : les traitements

Les traitements, les solutions contre les allergies alimentaires sont parfois difficiles à trouver… mais elles existent !

Le seul traitement reste le régime d’éviction. Il consiste à éliminer de l’alimentation toute forme de l’aliment en cause. Cela est facile lorsqu’il s’agit de fraises ou de kiwis, mais moins évident lorsque l’on parle de lait ou d’arachide.

Les allergies croisées compliquent ce régime d’éviction. Car une même substance responsable de l’allergie alimentaire peut se retrouver dans des aliments très différents. Ainsi, plus de 90 % des personnes allergiques à la viande de bœuf, sont également allergiques au lait. Mais à l’inverse, seulement 10 à 15 % des personnes allergiques au lait le sont aussi au bœuf… Dur dur parfois de s’y retrouver !

La décision d’un régime d’éviction se fait après un bilan réalisé par un médecin allergologue. Il s’agit d’une véritable prescription médicale. La remise de documents guidant le régime doit être accompagnée des conseils d’un diététicien ou d’un médecin afin d’éviter les erreurs de régime, et les risques de carences nutritionnelles.

L’allergologue a un rôle très important dans le suivi d’une personne allergique. Innocenter ou prouver la culpabilité d’un aliment est une tâche qui requiert de sa part, attention et prudence. Lui seul peut dire si les symptômes ressentis sont liés à une allergie alimentaire ou non.

Allergie alimentaire chez l’enfant : le traitement d’urgence

Il arrive parfois que, malgré un régime d’éviction bien suivi, une réaction allergique survienne. Dans ce cas, tenez-vous prêt à toute éventualité.

La trousse d’urgence

Il vous est demandé d’avoir une trousse d’urgence en permanence avec vous (domicile, école, crèche, nourrice, lieu de travail…). Cette trousse doit pouvoir arrêter les manifestations de l’allergie et doit comporter :

  • Un médicament corticoïde,
  • Un médicament broncho-dilatateur,
  • Une seringue d’adrénaline

Ces seringues injectables existent maintenant sous forme de stylo auto-injectable en intra-musculaire.
Le médecin vous prescrit ces médicaments.

En cas de voyage 

Pour les déplacements à l’étranger, vous devrez redoubler de vigilance car il n’y a pas forcément d’hôpitaux à proximité. La trousse d’urgence est par conséquent, d’autant plus nécessaire.

Depuis le 11 septembre 2001, les aiguilles sont interdites à bord des avions. Pensez à avoir sur vous la prescription pour transporter la dose d’adrénaline dans le bagage à main.

Et la désensibilisation ?

Par ailleurs, la désensibilisation efficace dans le cas des allergies respiratoires, n’est pas encore applicable pour les allergies alimentaires !

Pour d’autres renseignements, contactez :

AFPRAL (Association française pour la prévention des allergies)

La Ruche, 84 quai de Jemmapes, 75010 Paris
Tél : 01 70 23 28 14
E-mail : secretariat@afpral.fr
Site Internet : www.afpral.asso.fr

L’AFPRAL a des antennes dans différentes régions en France. Pour découvrir l’antenne près de chez vous, consultez le site intrernet de l’association !

Association Asthme & Allergies

9 rue de Vanves – 92100 – BOULOGNE
Tel : 01 41 31 61 60 
Site internet : http://asthme-allergies.org/

L’Association Asthme & Allergies est :
– Membre de l’EFA (European Federation of Airways Diseases Patients’ Associations).
– Membre fondateur de la Fédération Française d’Allergologie et membre de la Fédération Française de Pneumologie.

Allergienet.com

Site d’information dédié aux allergies diverses, dont l’allergie alimentaire : www.allergienet.com.

Allergie alimentaire chez l’enfant : les conseils d’un médecin spécialiste

Quels sont les allergènes les plus fréquents chez l’enfant ?

Quelles que soient les allergies dans le monde, les aliments les plus susceptibles d’entraîner une réaction allergique chez l’enfant sont le lait, les œufs, l’arachide, le poisson, les crevettes et les fruits à coque.

A quoi faut-il faire attention quand on a un enfant allergique ?

Si les parents d’enfants allergiques consomment leurs propres préparations, dans ce cas là, pas de souci à se faire. Pour les mamans qui font leurs courses : regardez attentivement les étiquettes sur les emballages des aliments. Depuis 2005, une réglementation oblige à mentionner dans la liste des ingrédients toutes substances ou tous dérivés de substances appartenant à la liste des 12 allergènes à étiquetage obligatoire.

Le point négatif est que, la plupart du temps, les produits ne contenant pas d’ allergène coûtent plus chers…

Comment ça se passe pour l’enfant qui mange à la cantine scolaire ?

Il y a ce qu’on appelle le PAI (Projet d’Accueil Individualisé), une directive qui facilite l’insertion des enfants à l’école. Les parents qui le désirent, peuvent demander sa mise en place auprès du directeur d’établissement. Ce protocole est applicable de la crèche au secondaire, et même dans les centres aérés.

Mais exceptionnellement, la restauration collective est contre-indiquée en cas d’allergie particulièrement sévère ou de comportement inadapté de l’enfant, s’il venait à prendre le repas de son copain, par exemple.

Si l’allergie est due à un seul aliment, l’enfant devra donc l’éviter.

Allergie alimentaire chez l’enfant : le témoignage d’une maman

Dans ce témoignage, Sylvie, maman de Rémi qui raconte les problèmes de son fils, aujourd’hui âgé de 12 ans…

A quoi est allergique votre fils ? A quel âge ces allergies se sont-elles déclarées ?

Les premières allergies ont commencé quand il avait 2 mois. Pendant que je l’allaitais, il faisait des eczémas. J’ai découvert que c’était à cause des yaourts que je mangeais, car quand j’ai voulu lui faire goûter, la réaction allergique a été immédiate !

A 7-8 mois, c’était assez galère. Il était allergique au lait, soja, œufs, bœuf, poisson et bien sûr les yaourts. Heureusement, certaines allergies classiques comme le lait et les œufs ont disparu vers l’âge de 6 ans.

En grandissant, les allergènes ont-ils toujours été les mêmes ?

Le problème, c’est que Rémi est aussi allergique aux acariens et au bouleau. On s’en est rendu compte suite à un choc anaphylactique qui l’a conduit à l’hôpital. Son cœur battait la chamade et ce jour-là, j’ai eu très peur.

Or, cette allergie au bouleau a provoqué une allergie croisée avec certains aliments dont la structure biochimique se ressemble. Du coup, mon fils a développé de nouvelles allergies comme la pomme, la pêche, et aussi certaines épices comme le curry.

Comment avez-vous vécu au quotidien les allergies alimentaires de votre enfant ?

Au début, c’était compliqué. Quand on vous dit qu’il peut en mourir, ça crée beaucoup d’angoisses et c’est difficile à vivre. Ce qui rend les choses plus difficiles encore, c’est que beaucoup d’écoles n’acceptent pas ces enfants. Les parents des autres enfants n’osaient pas inviter mon fils aux goûters d’anniversaire par peur de commettre une bêtise. Il y a un vrai risque d’isolement social !

Du coup, mon fils ne mange pas à la cantine, je lui prépare moi-même ces plats même s’il est très autonome. Il sait ce qu’il ne doit pas manger parce qu’il a grandi avec.

Pour les courses, maintenant j’ai l’habitude et les allergènes sont bien indiqués sur les produits. Mais je ne vous raconte pas les premières fois : je restais pendant 3 heures dans le supermarché !

Allergie alimentaire chez l’enfant : sources et notes

– Allergies alimentaires, Connaissances, clinique et prévention, Afssa, janvier 2004.

– Rancé F., Bidat E., Allergie alimentaire chez l’enfant, Médecine et Hygiène, 2000 Paris.

Yorum yapın