Un apéritif entre collègues, un petit verre avec les amis, un verre de rouge à l’occasion d’un dîner en amoureux… Pour certain(es), l’alcool fait partie du quotidien. Est-ce un problème ? A partir de quel moment la consommation d’alcool peut poser un problème de santé ? Et à partir de quand parle-t-on d’alcoolisme ou de dépendance à l’alcool ?
On peut parler d’alcoolisme, à partir du moment où la consommation d’alcool entraîne :
- Une dépendance psychique et/ou psychique (c’est-à-dire que l’abstinence entraîne un phénomène de sevrage),
- Un phénomène de tolérance (c’est-à-dire la nécessité d’augmenter les doses pour avoir les effets recherchés).
L’alcoolisme, autrement dit la dépendance alcoolique, est une addiction avec substance. Elle s’associe parfois à d’autres addictions, à des comportements pathologiques, ou des troubles psychologiques. Il existe le plus souvent un terrain psychologique fragile sous-jacent.
Son traitement peut être long, et les cures de sevrage peuvent se répéter. En effet, comme dans toute addiction, la motivation est peu solide, vite bousculée par l’impulsion de consommer de l’alcool. Les bénéfices de la consommation d’alcool doivent être recherchés – intérêt social, anxiolytique, antidépressif, etc. – afin de compenser ce besoin durant le traitement.
Le traitement de l’alcoolisme le plus en vogue actuellement est le Baclofène®. Les médecins peuvent désormais le prescrire officiellement dans cette indication, afin d’aider de réduire la consommation, ou de prévenir une rechute.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) met aussi l’accent, dans sa définition de l’alcoolisme, sur les multiples répercussions de cette maladie. L’alcoolisme est responsable de nombreux problèmes de santé, mais aussi de détresse morale, ou sociale. A savoir qu’en France, l’alcool est à l’origine de plus de 40 000 morts par an : cirrhose, cancer, accidents de la route, suicides, hépatites alcooliques mais aussi homicides, accidents du travail…
Alcool et alcoolisme : les causes
Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux effets de l’alcool. Et certaines personnes sont plus propices que d’autres à développer une réelle dépendance. Différentes causes concourent à ce terrain : elles sont à la fois psychologiques, génétiques et environnementales.
Pour le comprendre, il faut avoir en tête qu’il existe différentes sortes d’alcoolisme :
> Les alcoolites : ils correspondent à 60 % des alcooliques en France. Il s’agit surtout d’hommes. La consommation d’alcool a lieu en société, sans culpabilité. On parle aussi d'”alcoolisme d’entraînement”.
> Les névroses alcooliques ou alcooloses : elles concernent majoritairement les femmes et représentent 30 % des alcooliques. La consommation d’alcool a lieu dans le but de diminuer une angoisse ou un malaise, et se fait dans la culpabilité. Les causes sont le plus souvent environnementales (contexte de vie difficile, conflit, licenciement, burn-out, etc.) et psychologiques (anxiété, dépression, dépendance affective, etc.).
> Les somalcooloses représentent 10 % de l’alcoolisme en France. Il s’agit d’une impulsion brutale de consommer une grande quantité d’alcool. Ce peut même être de l’alcool contenu dans de l’eau de cologne ou de l’alcool à désinfecter. La consommation se fait dans une grande culpabilité avec un dégoût profond de l’alcool. Des troubles psychologiques et une nette impulsivité sont en cause dans cette forme d’alcoolisme.
Enfin, on assiste ces dernières années à un essor regrettable du binge-drinking chez les jeunes de 15-35 ans. Ce trouble n’évolue pas forcément vers un alcoolisme, mais peut tout de même être à l’origine de complications cérébrales. Une impulsivité plus marquée, une fragilité psychologique, un contexte de vie difficile, peuvent renforcer ce comportement.
Alcool et alcoolisme : les symptômes
Quand la concentration d’alcool dans le sang (l’alcoolémie) est de 0,5 g/l, on observe un premier symptôme : la baisse de la vigilance.
Si l’alcoolémie est supérieure à 0,8 g/l : c’est le début de l’ivresse. Ses symptômes sont connus de tous. On est désinhibé, on rit (ou on pleure) et on parle plus facilement… En fonction de la quantité d’alcool bue, on ne tient pas bien debout, on titube, etc.
Puis au-delà de 4 g/l, le sujet perd conscience et tombe dans le coma éthylique. Chez les personnes dépendantes, la tolérance est plus haute, et le coma peut ne survenir qu’au dessus de 6 g/l…
A noter que l’alcoolémie diminue de 0,15 grammes/l en une heure.
Certaines ivresses peuvent être pathologiques. L’ivresse peut être très agitée et violente, ou s’associer à l’exacerbation d’un trouble psychiatrique : manie, dépression, paranoïa, délire, hallucinations visuelles, suicide.
A long terme, peuvent apparaître des complications cérébrales : un syndrome de Korsakoff (amnésie antérograde, fabulations et fausses reconnaissances), une encéphalopathie de Gayet Wernicke, une démence ou encore un délire interprétatif de jalousie ou de persécution.
Le sevrage à l’alcool peut être parfois très grave s’il n’est pas traité. C’est le “malheureusement connu” delirium tremens. Les symptômes sont brutaux et assez caractéristiques. C’est un délire avec des hallucinations, en particulier visuelles (animaux menaçants), accompagné de tremblements, parfois d’une crise d’épilepsie, et de déshydratation. Il peut engendrer de graves séquelles neurologiques, voire le décès. Cet état qui survient généralement deux à quatre jours après l’arrêt du dernier verre chez une personne très alcoolo-dépendante, nécessite une hospitalisation d’urgence. Ce delirium tremens est heureusement moins fréquent aujourd’hui.
Les complications de l’alcoolisme sont graves et multiples :
- digestives : gastrite, pancréatite.
- hépatiques : hépatite, cirrhose et cancer.
- métaboliques : baisse du glucose, augmentation des lipides, carence en vitamines.
- sanguines : diminution des plaquettes, trouble de la coagulation, varices oesophagiennes.
- maladies cardiaques : comme une cardiomyopathie, par exemple.
- cancers : bouche, larynx, pharynx, oesophage, estomac, foie…
- pendant la grossesse : risque de prématurité, de fausse couche, de retard de croissance.
Alcool et alcoolisme : les traitements
Le traitement de l’alcoolisme repose sur un triple socle représenté par la motivation du malade, l’accompagnement psychologique et médicamenteux.
Une cure physique de désintoxication peut permettre de faciliter l’arrêt de la consommation. Celle-ci aura lieu assez souvent à l’hôpital et nécessite au moins dix jours. Des traitements médicamenteux seront prescrits pour éviter le sevrage (des anticonvulsivants et tranquillisants, des vitamines et une très importante hydratation). Le Baclofène® est un de ces médicaments, dont l’efficacité sur l’alcoolisme est variable.
Mais avant de soigner l’alcoolisme en tant que tel, la prise en charge doit passer par une période de préparation très importante. La personne peut être déprimée, peut avoir perdu l’estime d’elle-même… autant d’éléments qui doivent être pris en compte par l”équipe soignante. Le traitement de l’alcoolisme devra ainsi passer par la prise en charge des troubles sous-jacents, tels que la dépression.
Des foyers de post-cure peuvent ensuite être proposés pendant plusieurs mois.
Dans tous les cas, un suivi spécialisé, auprès d’un médecin addictologue, un psychiatre ou un psychothérapeute, est plus que nécessaire pour limiter les rechutes. Des associations existent également faisant intervenir des groupes de parole (Alcooliques anonymes, par exemple).
Sachez que les épisodes de rechute sont fréquents en période de sevrage. Ils ne constituent pas l’échec absolu ! Avec le thérapeute, vous analyserez les raisons de cette rechute pour trouver des parades, et ensemble vous pourrez prévoir un nouveau sevrage.
Si vous constatez un problème de dépendance à l’alcool, n’hésitez pas à en parler à un médecin, ou contactez une association (Alcooliques anonymes).
Des consultations spécialisées pour les problèmes d’addiction, et des services spécialisés référents sont en train d’être mis en place un peu partout en France. Il s’agit des Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie en ambulatoire (CSAPA).